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Frères Bihari

Les frères Lester, Jules, Saul et Joe Bihari sont des hommes d'affaires américains d'origine juive hongroise[1]. Ils sont les fondateurs du label de musique Modern Records à Los Angeles et de ses filiales, telles que Meteor Records, basée à Memphis. Les frères Bihari sont des acteurs importants de la l'évolution du rhythm and blues vers le rock 'n' roll, qui séduit le public blanc dans les années 1950.

Origines

Leurs parents sont des émigrés juifs hongrois venus d'Autriche-Hongrie[2]. Leur père, Edward Bihari (1882–1930) naît à Budapest. Esther « Esti » Taub (1886–1950) naît à Homonna, Hongrie (aujourd'hui Humenné, Slovaquie). Ils se marient à Philadelphie (États-Unis) en 1911. Ils ont quatre fils :

Ils ont également quatre filles. Trois d'entre elles, Florette, Rosalind et Maxine, travaillent dans l'entreprise des frères Bihari. Ce n'est pas le cas de la quatrième, Serene, qui épouse le développeur immobilier new-yorkais Irving M. Felt.

Carrières

Après avoir vécu un certain temps à Tulsa, Oklahoma, la famille Bihari déménage à Los Angeles en 1941. Jules obtient un travail d'entretien et d'exploitation de juke-box dans le district de Watts[4] et peine à trouver et à stocker les enregistrements de blues que ses clients lui réclament[5]. Lui et ses jeunes frères, Saul et Joe, fondent un nouveau label, Modern Records, en 1945. Ils construisent Modern comme une maison de disques major consacrée au blues et au R&B. Leur premier succès est Swingin' the Boogie de Hadda Brooks[6]. Ils achètent une usine de pressage et se répartissent les tâches, Jules étant responsable de la recherche et de l'enregistrement des talents, Saul de la fabrication et Lester de la distribution. Joe travaille avec Ike Turner en tant que recruteur de talents dans la région de Memphis, découvrant Johnny « Guitar » Watson, entre autres.

Au dĂ©but des annĂ©es 1950, le Bihari lancent plusieurs filiales : RPM Records, Flair Records et Meteor Records, crĂ©Ă©e Ă  Memphis en 1952 et dirigĂ©e par Lester Bihari[4]. Saul Biharl fonde et dirige l'Ă©phĂ©mère Blues & Rhythm Records (fĂ©vrier Ă  octobre 1952)[7]. Les artistes Ă  succès sur les labels Bihari comprennent B. B. King, Elmore James, John Lee Hooker, Etta James, Lightnin' Hopkins, Lowell Fulson, Rufus Thomas, Donna Hightower et Charlie Feathers.

Ces entreprises sont toujours restĂ©es petites et dirigĂ©es personnellement. B. B. King a dĂ©clarĂ© qu'il avait toujours senti les frères accessibles : « La sociĂ©tĂ© n'a jamais Ă©tĂ© plus grande que l'artiste. Je pouvais toujours leur parler »[8].

Plus tard, ils lancent d'autres filiales : Crown Records (avec des artistes tels que Vic Damone, Trini Lopez avec Johnny Torres, The Dave Clark Five) et United/Superior Records. Dans les annĂ©es 1960, ils lancent une autre filiale, Yuletide Records, spĂ©cialisĂ©e dans les disques de NoĂ«l (principalement avec Johnny Cole et le Robert Evans Chorus).

Au milieu des années 1960, Modern Records fait faillite et cesse de fonctionner, mais le catalogue accompagne la direction dans ce qui devient Kent Records. Après la mort de Saul, Lester et Jules Bihari, le catalogue du label est concédé sous licence à Ace Records au milieu des années 1980, puis acheté par un consortium dirigé par Ace en 1991[4].

Pseudonymes et royalties

Bien qu'ils ne soient pas eux-mêmes auteurs-compositeurs, les Bihari achètent ou revendiquent souvent la co-paternité de chansons qui figurent sur leur catalogue, ajoutant ainsi les droits d'auteurs à leurs autres sources de revenus.

Ces chansons sont parfois d'anciens standards renommés (l'interprétation de Rock Me Baby par B. B. King en est un exemple), des jams anonymes, comme avec BB's Boogie, ou des chansons d'employés du label, tel le chef d'orchestre Vince Weaver. Les Bihari utilisent un certain nombre de pseudonymes pour les crédits de composition de chansons : Jules est crédité sous le nom de Jules Taub (Taub étant le nom de jeune fille de la mère des Bihari), Joe comme Joe Josea et Saul comme Sam Ling[9]. Par exemple, Down Child, une chanson de John Lee Hooker, est uniquement attribuée à Taub, Hooker ne recevant aucun crédit pour cette chanson. Une autre, Turn Over a New Leaf est créditée à Hooker et Ling.

Les Bihari ajoutent leur nom aux crĂ©dits d’écriture mĂŞme quand ils n'ont eu aucune contribution Ă  l'Ă©criture de la musique ou des paroles. B. B. King dĂ©clare : « La compagnie avec qui j’étais savait beaucoup de choses qu’ils ne me disaient pas, que je n’ai apprises que plus tard... Sur certaines des chansons que j'ai Ă©crites, ils ont ajoutĂ© un nom au moment d'enregistrer les droits d'auteur (...) Comme « King and Ling » ou « King and Josea ». Il n'y avait pas de Ling ou de Josea. Rien de tel. De cette façon, la sociĂ©tĂ© pouvait rĂ©clamer la moitiĂ© de votre chanson »[10]. Ike Turner est un jeune dĂ©couvreur de talents pour les Bihari et est Ă©galement musicien de session et assistant de production. Turner, ignorant tout des royalties, Ă©crit Ă©galement des chansons que les Bihari protègent par le droit d'auteur sous leurs pseudonymes. Turner estime qu'il a « Ă©crit 78 disques Ă  succès pour les Bihari[11] ».

Dans la culture

Les frères Bihari apparaissent en tant que personnages dans le film de Netflix, Dolemite Is My Name en 2019 : Aleksandar Filimonovic joue le rôle de Joe, Ivo Nandi joue Julius, Michael Peter Bolus incarne Lester et Kazy Tauginas est Saul.

Notes et références

  1. (en) William Yardley, « Joe Bihari, Who Put Early R&B on Record, Dies at 88 », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Robert Siegel, « Arbre généalogique de la famille Schoenbrun », sur Université Stanford, (consulté le )
  3. La plupart des sources affirment que Julius était le frère aîné, mais d'après les preuves généalogiques citées ici, cela semble être une erreur.
  4. (en) Colin Larkin, The Virgin Encyclopedia of Fifties Music, Third, , 543 p. (ISBN 1-85227-937-0), p. 42
  5. (en) Larry Birnbaum, Before Elvis : The Prehistory of Rock 'n' Roll, Lanham, Md., Scarecrow Press Inc., , 463 p. (ISBN 978-0-8108-8628-5, lire en ligne), p. 238
  6. Nick Tosches (trad. de l'anglais par Jean-Marc Mandosio), Héros oubliés du rock'n'roll : les années sauvages du rock avant Elvis [« Unsung Heroes of Rock N' Roll: The Birth of Rock in the Wild Years Before Elvis »], Paris, Allia, coll. « Musique », , 324 p. (ISBN 2-84485-046-4, lire en ligne), p. 209
  7. (en) Stefan Wirz, « Blues & Rhythm Records discography », sur Wirz' American Music (consulté le )
  8. (en) Arnold Shaw, Honkers and Shouters : The Golden Years of Rhythm and Blues, New York, Macmillan Publishing Company, , 555 p. (ISBN 0-02-061740-2, lire en ligne), p. 223
  9. (en) Gérard Herzhaft, Encyclopedia of the Blues, Fayetteville, Arkansas, University of Arkansas Press, , 513 p. (ISBN 1-55728-252-8, lire en ligne), « Blues Standards », p. 435
  10. (en) Wayne Robins, « Talking to the Boss: His Majesty Mr. King » [archive du ], sur Blues Access, (consulté le )
  11. (en) Ike Turner et Nigel Cawthorne, Takin' Back My Name : The Confessions of Ike Turner, Londres, Virgin, , 271 p. (ISBN 1-85227-850-1)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Santelli Larkin, Frank Scott et Gary Paulsen, « Joe and Jules Bihari », Blues Unlimited, nos 73 et 75,‎ , p. 9-12 et 11

Liens externes

Bases de données et notices

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