Fossa regia
La Fossa regia ou fossé de Scipion était un fossé tracé par les Romains en Afrique du Nord à des fins de délimitations administratives.
Histoire
Le fossé fut initialement tracé après la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., par les troupes de Scipion Émilien. Ce dernier fut assisté d'une commission de dix membres pour fixer les limites de la province et matérialiser la frontière entre le territoire conquis par Rome, et transformé en province romaine et le territoire laissé aux rois numides alliés de Rome. Le fossé partait de l'estuaire de l'Oued el-Kebir vers Thabraca (Tabarka), descendait vers le sud, passait en deçà de Vaga (Béja) et Thugga (Dougga) et après avoir contourné par le sud le Djebel Zaghouan, débouchait dans la petite Syrte, au sud de Thaenae (Henchir Tina), laissant Sfax en dehors du territoire provincial. Le tracé reprenait celui de la frontière punico-numide après les conquêtes numides de -149.
Après 46 av. J.-C., la partie occidentale de la Fossa regia servit de limite entre la province d'Africa nova, à l'ouest, et la province d'Africa vetus à l'est[1]. L'union de ces deux provinces au sein de l'Afrique Proconsulaire, sous Auguste, n'enleva pas toute signification au fossé. Il subsista et jouait toujours un rôle puisqu'il fut recreusé sous les Flaviens. On a en effet retrouvé, entre 1893 et 1938, neuf bornes[2] datant du règne de Vespasien et montrant qu'il avait chargé, lors de sa censure en 74, deux légats de recreuser le tracé de l'ancienne frontière. Il s'agissait d'une opération cadastrale qui permettait de délimiter des terres attribuées antérieurement (centuries) et d'identifier celles qui revenaient à l'État : la fossa regia, telle que recreusée sous Vespasien, marquait en effet la limite entre plusieurs centuriations : l'empereur procédait à la remise en ordre de l'ager publicus en Afrique. Les légats étaient l'ancien consul Caius Rutilius Gallicus et le légat de la légion IIIa Augusta, Sextus Sentius Caecilianus.
Notes et références
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, V, 25.
- Par exemple, CIL VIII, 23048 et 25967.
Source littéraire antique
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, V, 25 : « Ea pars quem Africam appellavimus dividitur in duas provincias, veterem ac novam, discretas fossa inter Africanum sequentem et reges Thenas usque perducta » ↔ La partie (située entre l'embouchure de l'Ampsaga flumen, limite orientale de la province de Maurétanie Césarienne, et la Cyrénaïque) que nous avons appelée Afrique est divisée en deux provinces, l'Ancienne (Africa Vetus) et la Nouvelle (Africa Nova), séparées par un fossé qui fut tracé, à la suite d’un accord entre le second Africain (Scipion Émilien) et les rois (de Numidie), (de l'embouchure du Tusca flumen) jusqu'à Thenae.
Sources archéologiques et épigraphes
Les neuf bornes vespasiennes :
- Henchir el Baghla : CIL 8, 14882
- Chigarnia / Uppenna : CIL 8, 23048
- Dashrat Chetlou : CIL 8, 25967 | AE 1902, 44
- Sidi Abdallah Bou el-Behaim : AE 1912, 148 | AE 1912, 149 | AE 1912, 150 | AE 1912, 151
- Sidi Ghrib : AE 1936, 28
La borne milliaire :
Bibliographie
- Marcel Le Glay, « Les Flaviens et l'Afrique », Mélanges d'archéologie et d'histoire (MAH), LXXX (1968), pp. 201-246.
- Ginette Di Vita-Évrard, « Fossa regia », dans Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité, Paris, Presses universitaires de France (PUF), coll. Quadrige, 2005, p. 937.
- Ginette Di Vita-Évrard, « La fossa regia et les diocèses d'Afrique proconsulaire », dans Attilio Mastino (dir.), L'Africa romana, III, Sassari, Gallizzi, 1986, pp. 31-58.
- Naïdé Ferchiou, « Fossa regia », dans Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, Aix-en-Provence, Édisud, 1998, t. XIX, pp. 2897-2911.