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ForĂȘt d'Alice Holt

La forĂȘt d'Alice Holt (anglais : Alice Holt Forest) est une forĂȘt royale du Hampshire, Ă  km au sud de Farnham, dans le Surrey. Cette ancienne chĂȘnaie Ă©tait particuliĂšrement rĂ©putĂ©e pour la qualitĂ© de son bois dans les chantiers navals de la Royal Navy aux XVIIIe et XIXe siĂšcles. Elle est aujourd'hui surtout riche en conifĂšres. La Commission des forĂȘts du Royaume-Uni a pris en charge l'exploitation de ce massif en 1924, et l'ancienne maison de chasse d'Alice Holt Lodge abrite depuis 1946 un centre de recherche. La forĂȘt fait dĂ©sormais partie du parc national des South Downs, crĂ©Ă© le 31 mars 2010, et occupe la pointe nord du parc.

ForĂȘt d'Alice Holt
Image illustrative de l’article ForĂȘt d'Alice Holt
Un chemin forestier d'Alice Holt.
Localisation
CoordonnĂ©es 51° 10â€Č 05″ nord, 0° 50â€Č 35″ ouest
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Comté Hampshire
GĂ©ographie
Superficie 6 270 ha
Compléments
Protection parc national des South Downs
Essences pin laricio, chĂȘnes
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
ForĂȘt d'Alice Holt

Toponymie

On pense que la premiĂšre partie du nom, Alice, dĂ©rive d'Ælfsige, Ă©vĂȘque de Winchester en 984, dont le diocĂšse possĂ©dait des droits sur la forĂȘt et gĂ©rait la forĂȘt pour le compte de la Couronne d'Angleterre. Le nom aurait Ă©tĂ© corrompu pour devenir Alfsiholt, terme que l'on retrouve dans des sources antĂ©rieures Ă  la conquĂȘte normande (puis de nouveau en 1169), puis Alfieseholt (1242), Halfyesholt (1301), Aisholt[1] (1362-63) et enfin Alice Holt[2] en 1373. La fin du nom est un mot vieil anglais : holt signifie bois ou fourrĂ© Ă  essence unique.

On a proposĂ© d'autres Ă©tymologies, plus ou moins plausibles[3] : Alice serait une corruption du vieil anglais alor (« trĂšs ancien »), ou ysel (« cendres » [d'un foyer]). Sur les cartes d’État-major (SĂ©rie n° 1, feuille 8 de mai 1816), la forĂȘt est dĂ©signĂ©e comme Alder Holt Wood [4].

GĂ©ologie et Ă©cologie

L'Ă©tang de Lodge Pond, dans la forĂȘt d'Alice Holt.

La forĂȘt se trouve dans le Weald occidental et s'Ă©tend Ă  travers un vallon de l'argile du Gault, encadrĂ© par la crĂȘte crayeuse sĂ©parant Farnham et Alton et les collines grĂ©seuses (sable vert) ou hangers (du vieil anglais hangra, « bois en pente ») des alentours de Binsted. Elle recouvre un plateau peu Ă©levĂ© aux coteaux pentus, oĂč des dĂ©pĂŽts du PlĂ©istocĂšne et de vestiges de la terrasse alluviale prĂ©-glaciaire de la proto-Wey, recouvrent l'argile saturĂ©e du Gault.

Alice Holt Forest a trĂšs longtemps Ă©tĂ© rĂ©putĂ©e pour ses chĂȘnes, qui plongeaient leurs racines dans les Ă©pais bancs argileux du Gault. Au XVIIIe siĂšcle, un cĂ©lĂšbre naturaliste qui rĂ©sidait Ă  Selborne, Gilbert White, opposait Alice Holt Ă  la forĂȘt voisine de Woolmer en ces termes : « Bien que ces deux forĂȘts ne soient sĂ©parĂ©es l'une de l'autre que par une bande Ă©troite de bocage, on ne peut trouver deux sols plus diffĂ©rents ; car celui du Holt est un limon savonneux, couvert d'une herbe drue, et abondant de chĂȘnes aux troncs bien dĂ©veloppĂ©s ; alors que Woolmer n'est qu'une Ă©tendue de sable famĂ©lique, couverte de bruyĂšre et de fougĂšres... et ne compte pas un seul arbre[5]'. »

C'est aujourd'hui principalement une forĂȘt de rĂ©sineux. Selon la Commission ForestiĂšre, le parc s'Ă©tend aujourd'hui sur 851 ha plantĂ©s essentiellement de pin laricio, mais conservant quelque 140 ha de chĂȘnes (plantĂ©s en 1815). Quelques arbres de haute futaie ont Ă©tĂ© rĂ©introduits dans le cadre d'un programme de rĂ©gĂ©nĂ©ration[6].

Archéologie et histoire

Urne cinéraire romaine de la maniÚre d'Alice Holt (IIe siÚcle), mise au jour prÚs de la gare de Farnham en 1902.

Des vestiges d'outillage palĂ©olithique tĂ©moignent de la frĂ©quentation de la rĂ©gion par des chasseurs prĂ©historiques au cours des interglaciaires, mais la forĂȘt, telle que nous la connaissons aujourd'hui, ne s'est formĂ©e qu'au cours de la pĂ©riode atlantique, lors des Ă©pisodes chauds et humides qui ont suivi le retrait des derniers glaciers de Grande-Bretagne, il y a 7 000 ans. Quelques rares silex mĂ©solithiques attestent que des tribus de chasseurs-cueilleurs ont chassĂ© dans cette forĂȘt, mais malgrĂ© quelques tumulus de l'Âge du fer, elle est restĂ©e inhabitĂ©e jusqu'Ă  l'occupation romaine, sans doute parce qu'impropre Ă  l'agriculture.

Plusieurs fours de potier et leurs puits d'argile, qui datent de l’occupation romaine, ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Un amateur d'histoire locale, le commandant A.G. Wade, a entrepris quelques recherches superficielles dans les annĂ©es 1930 et 40, mais les fouilles les plus importantes ont Ă©tĂ© menĂ©es par Malcolm Lyne et Rosemary Jefferies dans les annĂ©es 1970. Elles ont montrĂ© que cette forĂȘt et ses environs Ă©tait l'un des principaux centres de production de cĂ©ramiques domestiques en Bretagne Romaine, puisqu'elle fournit plus de 60 % des cĂ©ramiques retrouvĂ©es dans les fouilles menĂ©es Ă  Staines et Londres ; elle circulait dans tout le sud-est de l'Angleterre tout au long de la pĂ©riode allant de 60 apr. J.-Chr. jusqu'au dĂ©but du Ve siĂšcle, qui marque l'interruption de l'industrie cĂ©ramique. Alice Holt a donnĂ© son nom Ă  un type de poterie de la pĂ©riode romaine, qui se caractĂ©rise par une teinte grise, un aspect grĂ©seux et l'absence d'ornementation[7] - [8].

La forĂȘt, comme celle, voisine, de Woolmer, devint une forĂȘt royale Ă  partir de Guillaume le ConquĂ©rant[9]. Au Moyen Âge, les forĂȘts d'Alice Holt et de Woolmer, sĂ©parĂ©es seulement par une prairie et un Ă©troit bocage, Ă©taient confondues en une seule terre, ayant toujours Ă©tĂ© administrĂ©es par un seul mĂ©tayer depuis des temps immĂ©moriaux[10] - [11], et on les dĂ©signait en effet comme Royal Forest of Alice Holt and Woolmer.

Tout au long du Moyen Âge, la prĂ©sence de cerfs et de daims y est attestĂ©e mais le premier recensement ne date que de 1635, et il Ă©tablit que la surface totale des bois est de 6 270 ha; la situation n'Ă©volua guĂšre jusqu'au recensement suivant, en 1790, mais alors 2 751 ha avaient Ă©tĂ© vendus.

AprĂšs 1770, les forĂȘts d'Alice Holt et de Woolmer furent intensĂ©ment exploitĂ©es pour fournir du bois de charpente aux arsenaux de la Royal Navy, malgrĂ© le manque d'entretien du massif au cours des dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes et l'Ăąge des sujets. La charge de Lieutenant gĂ©nĂ©ral de la ForĂȘt fut supprimĂ©e en 1811 et remplacĂ©e quatre ans plus tard par l'Office of Woods, qui entreprit un programme massif de replantation de chĂȘne sur 650 ha d’Alice Holt. Les rĂŽles de chargement de bois durant les guerres napolĂ©oniennes indiquent que les grumes n'Ă©taient pas expĂ©diĂ©es Ă  Portsmouth, le port le plus proche, mais Ă  16 km dans l'arriĂšre-pays pour ĂȘtre chargĂ©s ou flottĂ©s sur la Wey Ă  Godalming, dans le Surrey, jusqu'aux docks de la Tamise Ă  Londres.

La plupart des chĂȘnes plantĂ©s en 1815 Ă©taient encore debout 100 ans plus tard, mais ils furent abattus en grande quantitĂ© au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale. Ces chĂȘnes ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des conifĂšres dĂšs l'Entre-deux-guerres, mais le mouvement s'est accĂ©lĂ©rĂ© au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Attractions

La forĂȘt est, de toutes celles gĂ©rĂ©es par la Commission ForestiĂšre, l'une des plus frĂ©quentĂ©es, avec plus de 290 000 promeneurs chaque annĂ©e. Les infrastructures d'accueil comportent un cafĂ©, des espaces de jeux pour les enfants, une location de vĂ©los, et plus de 12 km de chemins et pistes cyclables. Tous les samedis, une course de km est organisĂ©e par Parkrun, et rassemble environ 230 compĂ©titeurs[12]. L'Ă©quitation peut se pratiquer sur une partie du massif forestier.

Notes

  1. Cette forme particuliÚre du nom a été relevée par Gilbert White (1789) dans sa The Natural History and Antiquities of Selborne, (9e lettre 9 à Thomas Pennant, écuyer, hiver 1362-63) : « Rot. Inquisit de statu forest in Scaccar. 36 Edward III ». Selon White, Ayles Holt se retrouve dans des documents lus anciens encore.
  2. Cf. « History of Alice Holt Lodge, from which this sequence of place-names, apart from Aisholt, is taken. », sur Forestry Commission (consulté le ).
  3. Forestry Commission website, 'About Us'. Retrieved 2011-10-13
  4. Cf. « OS Map Series 1 Map 8 Surrey », sur Vision of Britain: Ordnance survey maps (consulté le )
  5. Gilbert White (1789) The Natural History and Antiquities of Selborne, Letter 9 also to Thomas Pennant, Esq. et Letter 6 also to Thomas Pennant, Esq.
  6. « Environmental Change Network: Alice Holt. Retrieved 2011-10-13 », sur http://www.ecn.ac.uk/sites/ecnsites.asp?site=T09 (consulté le )
  7. Cf. « Alice Holt », sur New Archaeology (version du 18 avril 2008 sur Internet Archive)
  8. Cf. « Alice Holt in the Roman Period », sur Alice Holt, (version du 5 mai 2009 sur Internet Archive)
  9. « Environmental Change Network website: Alice Holt », sur Environmental Change Network (ECN) (version du 6 avril 2007 sur Internet Archive)
  10. Ralph Whitlock (1979) Historic Forests of England Bradford on Avon: Moonraker Press, pp. 133-134.
  11. Thomas Hinde (1985) Forests of Britain London: Victor Gollancz, pp. 100-133.
  12. « Alice Holt parkrun » (consulté le )
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