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Fontagre

Fontagre est le premier roman de Jean Orieux, publié en 1944 aux éditions de la Revue Fontaine. Il a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française en 1946.

Fontagre
Auteur Jean Orieux
Pays France
Genre Roman
Éditeur Fontaine
Date de parution 1944
Nombre de pages 232

Genèse du roman

Jean Orieux a commencé à écrire Fontagre en , lors de son séjour dans le Limousin où il était inspecteur de l'enseignement primaire. Dans le contexte de la Drôle de guerre et sur fond de nostalgie, il a éprouvé le besoin d'écrire quelque chose de vital[1]. Il s'est alors raccroché à ses racines, à sa mémoire, à des souvenirs de conversation et à des histoires que lui racontaient dans son enfance de vieilles parentes, d'anciennes domestiques et surtout sa grand-mère maternelle qui a joué un rôle éminent dans sa formation littéraire. En 1941, alors qu'il venait d'arriver en Algérie, il en a poursuivi la rédaction et l'a achevée à Tlemcen en septembre.

Remarqué par Max-Pol Fouchet, Fontagre a été publié intégralement en cinq feuilletons dans la revue Fontaine, à Alger, de mai à , puis édité aux éditions de la revue Fontaine en 1944, et repris en 1946 par les éditions Flammarion qui publieront la quasi-totalité de son œuvre à venir. Fontagre a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française en .

Ce roman est le premier d'un cycle intitulé Les Fontagre qui réunit trois autres livres : Cinq filles et un fusil (1950), La Mal Mariée (1953) et Les Bonnes Fortunes (1955). Mais dans l'ordre chronologique de l'histoire qui se déroule de 1876 aux années 1930, c'est le dernier, et dans l'édition définitive de l'ensemble qui a paru en 1973 dans une version revue, il a pour titre Le Ciel d'autrefois. Jean Orieux raconte dans ces quatre romans l'histoire d’une vieille famille de la noblesse rurale du sud du Périgord qui, à travers trois générations et les destins de personnages aux caractères très différents, essaie vainement de maintenir son rang et l’unité de son domaine.

Résumé

Comme chaque année, Louis de Puyvilhem, le narrateur, alors âgé de 14 ans, se rend chez ses cousins à Fontagre pour y passer les vacances d’été. Nous sommes au début des années 1930. Pour effectuer ce voyage à la fois fatigant et délicieux, il prend le train à Bordeaux où il habite avec sa mère. À Fontagre, domaine viticole situé dans le Bergeracois, près de Monbazillac, il retrouve sa famille et ses racines auxquelles il est viscéralement attaché. Il y a d’abord sa tante Élia - sa cousine pour être plus précis - qu’il aime et admire, son oncle Élie avec qui il essaye ses premiers fusils, son cousin André, un être vulnérable qui cache mal ses amours et qui aime aussi la chasse. Il y a Marinette, la servante dévouée qui est au service de la famille depuis toujours et qui est un peu le double d’Élia car elles se ressemblent sur bien des points. Tous forment un bloc. Il y a enfin Odette, l’épouse d’André, l’intruse, la seule qui ne soit pas Fontagre ; c’est la fille d’un pharmacien enrichi, M. Ladureau, qui voulait que sa fille fût comtesse, mais Élia la rejette à cause de sa fadeur, et en retour, elle se montre désagréable parce qu’elle est malheureuse.

Depuis des dĂ©cades, Ă  cause de leur lĂ©gèretĂ© et de leur insouciance, les Fontagre croulent sous les emprunts et les hypothèques ; les prĂŞteurs habituels ne se bousculent plus pour remĂ©dier temporairement Ă  leurs maux. Au moment oĂą commence le rĂ©cit, Élia doit trouver 210 000 livres dans le plus bref dĂ©lai, et elle ne dispose pas de cette somme. Elle a l’idĂ©e de l’emprunter Ă  sa cousine, la marquise de Palpins, que l’on croit riche parce qu’elle vend des meubles anciens Ă  Paris. On l’invite, mais au lieu de prĂŞter l’argent tant dĂ©sirĂ©, elle expertise les meubles et emporte des nippes pour seulement 30 000 francs. Cet Ă©chec est aussi dĂ» Ă  l’insolence et aux maladresses d’Élia Ă  l’égard du conseiller et amant noir de sa cousine. On pense alors Ă  demander 250 000 francs au duc de Lorgefort, un vieil ami d’Élie, amateur de chasse et de bonne chère, mais le duc, contrairement aux apparences, n’a pas un sou. Après ces deux Ă©checs, on accepte de recevoir M. Ladureau pour lui demander cet argent : il est prĂŞt Ă  rĂ©gler toutes les hypothèques et Ă  se rendre acquĂ©reur d'une mĂ©tairie qu’il donnera en dot Ă  sa petite-fille Sylvie, ce qui permettra de garder le domaine intact. Mais Élia refuse catĂ©goriquement cet arrangement. Peu après Élie meurt. Le bruit court que sa femme l’a empoisonnĂ©, mais c’est sa maĂ®tresse, la Barbafer, une Espagnole qui vit dans le pays, qui l’a tuĂ© car elle n’a pas pu obtenir de l’argent de lui, et pour se venger, elle a reportĂ© la responsabilitĂ© sur Élia, sans prĂ©voir les consĂ©quences de la haine de cette dernière. Mais rien ne peut empĂŞcher la vente de Fontagre. AndrĂ© et Odette vont s’installer Ă  Bordeaux, les mĂ©tairies sont achetĂ©es sĂ©parĂ©ment par de petits propriĂ©taires ou des fermiers, le domaine est dĂ©membrĂ©, et Élia garde la jouissance d’une partie du château oĂą elle vit avec sa bonne.

RĂ©ception critique

Henri Bosco écrit dans L'Arche : « Les qualités en sont vraiment romanesques. […] Car les choses douées de vie vivent d’abord de l’air qu’elles respirent. Pas d’atmosphère, pas de vie. Et « Fontragre » a surtout des vertus d’atmosphère. On y boit un air tout particulier, l’air Fontagre. Cet air, cette atmosphère, restent dans l’indéfinissable. C’est le souffle créateur[2] ». Pour André Billy, critique au Figaro, le roman déploie : « une cruauté à la Mauriac dans la peinture des mœurs de province ; du pittoresque à la Pesquidoux pour décrire la terre de Gascogne ; une once d’Alain-Fournier, dans certaines rêveries du narrateur en culottes courtes. Et pour finir, on n’omettrait pas de qualifier de balzaciennes certaines scènes de ce drame domestique. […] Ce premier livre n’est pas dépourvu ni de longueurs, ni de gaucheries ; (ni même de fautes d’orthographe). Il révèle un talent certain, pour peindre de curieuses vérités de la France provinciale[3] ».

Éditions

  • Fontagre, parution dans la revue Fontaine de mai (no 22) Ă  novembre (no 25) 1942 ; publication aux Ă©ditions de la revue Fontaine en 1944 (Alger), rĂ©Ă©dition en 1945 (Paris) ; repris par Flammarion en 1946 ; publication en feuilleton dans Lisez-moi du (no 64) au (no 68) ; rĂ©Ă©dition J'ai lu, 1961 ; nouvelle Ă©dition Bruxelles, Club international du livre, s. d., illustrations de Claude-RenĂ© Grosjean ; nouvelle Ă©dition Cercle du Bibliophile, 1969, prĂ©face de Martine Cadieu, frontispice de Daniel Briffaud ; Ă©dition anglaise Londres, The Bodley Head, 1949, traduction de Naomi Walford.
  • Repris sous le titre Le Ciel d'autrefois dans l'Ă©dition dĂ©finitive du cycle Les Fontagre, Ă©ditions Flammarion, 1973, et dans le second volume de la rĂ©Ă©dition de celui-ci intitulĂ©e Fontagre, J’ai lu, 1990.

Notes et références

  1. Pierre Paret, « Jean Orieux : Du Bugue à Marrakech… », Sud Ouest Dimanche du 26 septembre 1982
  2. « Fontagre par Jean Orieux », L’Arche, no 4, juillet-août 1944, p. 154
  3. « Fontagre, par Jean Orieux », Le Figaro, 18 novembre 1944.
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