Accueil🇫🇷Chercher

Figuration libre

La figuration libre est un mouvement artistique du début des années 1980, apparu dans un contexte d'art « sérieux », minimaliste et conceptuel.

Introduction historique

Créateur des principales manifestations artistiques réunissant les artistes fondateurs de la figuration libre, Hervé Perdriolle est considéré comme le promoteur[1] de ce mouvement ainsi que Bernard Lamarche-Vadel qui réunit les auteurs de la figuration libre dans une célèbre exposition, « Finir en beauté ».

Ce mouvement, très médiatisé dans les années 1980, s'est constitué autour de figures marquantes comme Robert Combas, Hervé Di Rosa, Richard Di Rosa, Rémi Blanchard, François Boisrond, Louis Jammes, Catherine Viollet[2], Pascal Le Gras, Costa. Entre 1982 et 1985, ces artistes exposent à plusieurs reprises avec leurs homologues américains : Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Kenny Scharf, Tseng Kwong Chi, Samantha McEwen et, entre autres, Crash,(expositions à New York, Londres, Pittsburgh, Paris…). En 1985, le mouvement est représenté à la Biennale de Paris.

Dans plusieurs pays, de jeunes artistes proposent une peinture figurative et colorée. Néo-expressionnistes ou Nouveaux Fauves en Allemagne, Trans-avant-garde en Italie, Bad Painting aux États-Unis avec Julian Schnabel, figuration libre en France. Celle-ci s’inscrit dans le prolongement d’artistes et de mouvements historiques dont la spécificité a été l'ouverture à des formes d’expression marginalisées, comme le cubisme s'était ouvert à l’art africain et océanien, l' art brut aux dessins d’enfants et à l’art des fous, le pop art à la publicité et à la bande dessinée.

Les artistes de la figuration libre ont, à travers leurs œuvres, pris la « liberté » de faire « figurer » toutes formes d’art sans frontière de genre culturel et d’origine géographique, sans hiérarchie de valeurs entre haute et sous-culture. Leurs œuvres convient tour à tour, les beaux-arts et les arts appliqués, l’art brut et l’art cultivé, l’art occidental et non occidental.

Cette nouvelle génération de peintres est animée par un enthousiasme et une désinvolture qui contrastent avec la sévérité des années 1970 (art minimal et conceptuel, Arte povera, Supports/Surfaces, etc.). Cependant, à la différence de la Transavangardia italienne et des néo-expressionnistes allemands, ces peintres ne se réfugient dans aucune nostalgie. Ils s'inscrivent sans honte ni culpabilité dans l'actualité de leur temps, avec un style coloré, graphique et simplifié inspiré de la bande dessinée, de la science-fiction, des dessins d'enfants et de la culture des banlieues. Les artistes de la figuration libre restent cependant moins influencés par les graffitis que les Américains. Leur peinture fait davantage référence aux « arts populaires » : monstres et robots pour Di Rosa ; art brut et imagerie arabe et africaine pour Combas ; contes et légendes, cirque pour Blanchard ; publicité et objets industriels pour Boisrond.

Chronologie[3]

Années 1970

Robert Combas et Hervé Di Rosa fréquentent les ateliers de dessins de l'école municipale des Beaux-Arts de Sète, dont ils sont tous deux originaires. Ils ne se connaissent pas encore. Des plasticiens, tels que Pierre François, pratiquent alors à Sète même une figuration débridée sur des supports aussi divers que des costumes, des pavois de joute, des toiles classiques ou des cartes postales. En 1976, Combas, les frères Di Rosa et Catherine Brindel (dite Ketty) se lient d'amitié autour du mouvement punk. Ketty Brindel, Robert Combas et Richard (« Buddy ») Di Rosa fondent « Les Démodés », un groupe rock. En 1978, Hervé Di Rosa est admis à l'École nationale supérieure des arts décoratifs où il fait la connaissance de François Boisrond. L'année suivante, Hervé Di Rosa, Robert Combas et Ketty Brindel créent Bato, journal tiré à cent exemplaires qui dure quatre numéros. Il est constitué de collages, d'objets sous plastique, de photocopies. En 1980, Hervé publie dans Charlie Mensuel, Libération et Marie-Claire.

1980

1981

  • Robert Combas et HervĂ© di Rosa font leurs premières expositions internationales Ă  la Galerie Eva Keppel Ă  DĂĽsseldorf et Ă  la Galerie Swart Ă  Amsterdam.
  • Le critique d'art Bernard Lamarche-Vadel organise dans son loft parisien l'exposition « Finir en beautĂ© »[4] Ă  laquelle participent Di Rosa, Boisrond et Combas, ainsi que Jean-Michel Alberola, Jean-Charles Blais, Jean-François Maurige, Catherine Viollet et RĂ©mi Blanchard.
  • Toujours en 1981, Ben, qui crĂ©e pour l'occasion l'expression « figuration libre »[5], organise Ă  Nice l'exposition « 2 SĂ©tois Ă  Nice : Ben expose Robert Combas et HervĂ© Di Rosa ».
  • D'autres expositions sont organisĂ©es : en octobre 1981, « To end in a Believe of Glory ou le Paris australien » est prĂ©sentĂ©e par HervĂ© Perdriolle Ă  l'Espace des Blancs Manteaux Ă  Paris, avec Combas, Blanchard, Boisrond, Di Rosa, C. Viollet.
  • Exposition « Ateliers 81-82 », avec Combas, Di Rosa au MusĂ©e d'art moderne de la ville de Paris.

1982

  • Le critique Otto Hahn organise l'exposition « Statements New York 82. Leadinq contemporary artists from France » Ă  New York, oĂą apparaissent Blanchard, Combas, Di Rosa, Boisrond, qui pour l'occasion rencontrent Keith Haring, Tseng Kwong Chi, Kenny Scharf, etc.
  • Sur une idĂ©e de Ben, Marc Sanchez organise l'exposition « L'Air du Temps. Figuration libre en France » Ă  la galerie d'art contemporain de Nice. Une quinzaine d'artistes y participent.
  • Combas expose chez Yvon Lambert, HervĂ© Di Rosa Ă  la galerie Gillepsie-Laage-Salomon.
  • La galerie Swart Ă  Amsterdam organise l'exposition « Figuration libre ».

1983

  • « Figures imposĂ©es Hiver 83 » Ă  l'ELAC (Espace lyonnais d'art contemporain) rĂ©unit dix-sept artistes dont Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa.
  • Importante exposition « Blanchard, Boisrond, Combas, Di Rosa » au musĂ©e de Groningue Ă  Groningue.
  • Di Rosa et Boisrond obtiennent une bourse de rĂ©sidence et sĂ©journent Ă  New York.
  • Premières expositions personnelles Ă  New York de Combas Ă  la galerie Leo Castelli, de Boisrond chez Annina Nosei et de HervĂ© Di Rosa chez Barbara Gladstone, puis chez Tony Shafrazi oĂą il rĂ©alise avec Buddy sa première grande installation.
  • Première monographie d'HervĂ© Di Rosa Ă  l'occasion de son exposition personnelle Ă  Paris chez Gillepsie-Laage-Salomon.
  • Exposition « Images de la France, Bilder aus Frankreich » organisĂ©e Ă  InnsbrĂĽck par la galerie Krinzinger.

1984

  • Première grande exposition personnelle de Combas Ă  la galerie I'ARCA, Ă  Marseille, Ă  l'occasion de laquelle est publiĂ©e la première monographie de l'artiste. Avec son frère cadet Richard, dit « Buddy », HervĂ© Di Rosa transforme la Robert Frazer Gallery de Londres en un monumental « Dirozoo », par la suite reconstituĂ© Ă  I'ARC.
  • François Boisrond et Keith Haring participent, dans le cadre des 24 Heures du Mans, Ă  une performance organisĂ©e par les membres de l'association mancelle Art Provisoire et HervĂ© Perdriolle.
  • HervĂ© Di Rosa et François Boisrond participent Ă  l'exposition « French Spirit Today » prĂ©sentĂ©e Ă  l'USC Fischer Art Gallery de Los Angeles et au musĂ©e d'art contemporain de La Jolla puis Ă  la biennale de Sydney en Australie.
  • New Attitudes, Paris-New York au Center for the Arts de Pittsburgh. Exposition organisĂ©e par Sandy Deitch et Tseng Kwong Chi avec Kenny Sharf, Louis Jammes, RĂ©mi Blanchard, Tseng Kwong Chi, Dan Friedman, HervĂ© Di Rosa, Keith Haring et Samantha McEwen.
  • Ouverture de la première boutique L'Art modeste, rue Beaubourg Ă  Paris par HervĂ© et Richard Di Rosa associĂ©s Ă  HervĂ© Perdriolle. Tous les personnages de Di Rosa sont transformĂ©s en figurines ou reproduits sur toutes sortes de produits dĂ©rivĂ©s.
  • Au MusĂ©e d'art moderne de la ville de Paris, l'exposition « 5/5 : figuration libre, France-USA » (organisĂ©e par Otto Hahn et HervĂ© Perdriolle) orchestre la confrontation des Ĺ“uvres de Basquiat, Blanchard, Boisrond, Combas, Crash, les Di Rosa, Haring, Jammes, Tseng Kwong Chi et Scharf.

1985

1986

  • Exposition « Les Piliers de La Coupole », initiĂ©e par la galerie Beau LĂ©zard, oĂą Combas, HervĂ© Di Rosa, Keith Haring, Blanchard, entre autres, sont soumis Ă  une compĂ©tition pour remplacer l'une des fresques endommagĂ©e de 1927 des piliers, laquelle sera remportĂ©e par Ricardo Mosner.

1987

  • Combas, Boisrond, HervĂ© Di Rosa et Blanchard rĂ©alisent une fresque Ă  l'occasion du 40e anniversaire de la cave de la coopĂ©rative de vins de Cahors, les CĂ´tes d'Olt.
  • En juin 1987, Ă  l'occasion du 10e anniversaire du Centre Pompidou, l'exposition "Free Art, l'annĂ©e Beaubourg" rĂ©unit 95 artistes au "Free-Time" de la rue Saint-Martin, Ă  Paris, dont Robert Combas, François Boisrond, Rafael Gray, Miss Tic, SP 38, les VLP, JĂ©rĂ´me Mesnager, PaĂ«lla Chimicos, FrĂ©dĂ©ric Voisin, Ody Saban, Jef AĂ©rosol, Jean Starck, Banlieue-Banlieue, Pascal Barbe, Lolochka, Daniel Baugeste, Henri Schurder, Epsylon Point, Daniel Cueva…

1988

  • Publication par Combas, HervĂ© et Richard Di Rosa et Blanchard du petit livre Les Rita Mitsouko illustrĂ©s paru aux Ă©ditions Virgin.

2000

RĂ©trospective

En 2015, La figuration Libre, historique d'une aventure, Combas, Di Rosa, Blanchard, Boisrond, Basquiat, Haring... au Musée Paul Valéry à Sète (catalogue).

En 2017, l'exposition « Libres figurations, années 1980 », du Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture à Landerneau propose un panorama de La figuration libre en France et des différents mouvements contemporains des années 1980 à travers le monde comme les Nouveaux Fauves allemands, la scène new-yorkaise, les artistes soviétiques[6] (catalogue).

Notes et références

  1. Et auteur de Figuration libre, une initiation à la culture mass medias publié aux éditions Axe-Sud en 1984.
  2. Nadine Labedade, « Catherine Viollet », sur http://www.frac-centre.fr,
  3. Rédigée à partir des notes mises en ligne à l’occasion de l’exposition « Il était une fois… la figuration libre », organisée par Philippe Piguet du 29 novembre au 28 février 2002 à la Fondation Coffim, Paris.
  4. Site de l'exposition.
  5. Catherine Flohic, « Hervé Di Rosa », Eighty, no 17,‎ , p. 62 (ISSN 0294-1880) « […] a réuni de tout jeunes artistes qui ont en commun ce que Ben à l'exposition de Nice ce même été 81 appellera sans doute hâtivement « La figuration libre »… Il y avait Alberola, Blais, Blanchard, Boisrond, Combas, Di Rosa, Maurige, et Catherine iollet… »
  6. Mikaël Faujour, « « Libres figurations, années 80 », au Fonds Hélène et Édouard Leclerc de Landerneau », sur toutelaculture.com,

Voir aussi

Articles connexes

Se sont parfois associés à la figuration libre, même s'ils n'étaient pas présents dans les expositions historiques, Jacques Pellegrin, le groupe Bazooka, les Frères Ripoulin, Les Musulmans fumants et Francky Boy, Christophe Decourt Tag Production, Speedy Graphito, Rafael Gray, les VLP (Vive La Peinture), le groupe Nuklé-Art, Kriki, Kim Prisu, Captain Cavern, Groupe Dix10, créé en 1982 (Roma Napoli et J.J. Dow Jones), Didier Chamizo, Placid et Muzo, Sébastien Lhopital, Le Groupe ManoMano, Nina Childress, Frédéric Voisin, Paëlla Chimicos, Banlieue-Banlieue, Daniel Baugeste, Jérôme Mesnager, Blek le rat, Etherno, Marie Rouffet, Miss.Tic, SP 38, Gérard Zlotykamien, Jacques Savary, Benjamin Spark ou Frédéric Iriarte.

Lien interne

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.