Feng Zicai
Feng Zicai (Chinois traditionnel : 銟ćæ, Chinois simplifiĂ© : ćŻćæ, Pinyin: FĂ©ng ZÇcaÄ«, Wade-Giles:Feng Tzu-ts'ai) (1818-1903) est un gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e impĂ©riale de la dynastie Qing qui s'illustra au cours de la rĂ©volte des Taiping et lors de la guerre franco-chinoise.
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çż äș, ććčč |
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ćæŻ
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Chef militaire |
La rébellion Taiping
La famille de Feng Ă©tait originaire de Bobai, prĂ©fecture de Qinzhou, au sud-ouest de la province du Guangxi, Chine. Devenu orphelin trĂšs jeune, il y fit ses dĂ©buts comme bandit local. Il s'enrĂŽla ensuite dans l'armĂ©e impĂ©riale et gravit les Ă©chelons au cours des campagnes de Jiangnan contre les Taiping. En 1856, au cours de cette rĂ©bellion, Feng Ă©tait lieutenant colonel, Ă la tĂȘte d'un rĂ©giment stationnĂ© au nord du Jiangsu. Alors que les forces rebelles progressaient vers le nord en traversant la riviĂšre Yangtze, ils leur infligea plusieurs dĂ©faites.
En , il ne put empĂȘcher la mort du gĂ©nĂ©ral Zhang Guoliang (en)[1], son ami de longue date et son supĂ©rieur dans l'ArmĂ©e de l'Ătendard Vert[2]. Feng fut promu lieutenant gĂ©nĂ©ral en 1864.
Maintien de l'ordre mandchou au Guangxi
Ă l'automne 1867, il Ă©tablit sa base de commandement Ă Nanning, capitale de sa province d'origine, oĂč il s'employa Ă combattre les bandits, les rebelles, les Hmong et les nombreux autres groupes qui menaçaient alors l'empire Qing en Chine du sud et au Tonkin.
La guerre franco-chinoise
Quand la guerre franco-chinoise fut dĂ©clarĂ©e en , il fut mis Ă la tĂȘte d'une unitĂ© en Chine du sud. Celle-ci Ă©tait composĂ©e essentiellement de Zhuang, principalement des paysans des environs, et de quelques membres des troupes impĂ©riales qui avaient combattu antĂ©rieurement sous les ordres de Feng.
En , ses troupes étaient placées à quelques kilomÚtres à l'est de Dong Dang pour bloquer une passe secondaire. Quand la 2e Brigade du général François Oscar de Négrier attaqua et prit la ville et la vallée jusqu'à la frontiÚre chinoise (Porte de Chine) le , les troupes de Feng restÚrent sur leurs positions, ce qui contribua en grande partie à la défaite de l'armée du Guangxi[3].
Ses troupes furent engagĂ©es Ă la bataille de Bang Bo (passe de Zhennanguan) dans la province du Guangxi lors d'une incursion française en Chine Ă partir du Tonkin en . Feng prit position dans le camp retranchĂ© de Yen Cua Ai, occupĂ© par ses 10 bataillons et les forces lĂ©gĂšrement infĂ©rieures du gĂ©nĂ©ral Wang Xiaochi (çćç„ș).
Il fit construire un parapet de 1,5 km sur environ 3,50 m de hauteur pour barrer la passe Ă Guanqianai[4] et mit en place cinq batteries d'artillerie le long des berges surplombant la passe.
Dans la nuit du 21 au , ses forces attaquÚrent les avant-postes français à Dong Dang, environ 13 km au nord de Lang Son, mais furent repoussées par le 2e bataillon de la Légion étrangÚre du chef de bataillon Diguet, sous les ordres du lieutenant-colonel Paul Gustave Herbiger.
Le Ă l'aube, les troupes françaises du gĂ©nĂ©ral Oscar de NĂ©grier attaquĂšrent Ă©nergiquement avec environ 1.600 hommes, capturĂšrent plusieurs batteries et firent reculer les dĂ©fenseurs chinois. Les hommes de Feng contre-attaquĂšrent avec l'aide des troupes du gĂ©nĂ©ral Wang Debang (çćŸ·æŠ) qui occupait avec 3.500 hommes le village de Cua Ai Ă 15 km Ă l'est, et reprirent deux des batteries.
Le , les Français renouvelĂšrent leur attaque. Quand ils parvinrent au mur de Guanqianai, les troupes de Feng Zicai[5] contre-attaquĂšrent dans un corps-Ă -corps sanglant, et furent repoussĂ©s, alors que les troupes de Herbinger, qui devraient attaquer les chinois de flanc se perdaient dans le brouillard. Feng avait proclamĂ© Ă ses troupes « PlutĂŽt mourir que de voir l'armĂ©e française envahir le sol chinois ! »[6]. Au dire du capitaine Verdier, « pendant tout le combat de , les Chinois montrĂšrent un acharnement dont ils ne nous avaient pas donnĂ© dâexemple jusquâalors »[7].
Le combat se poursuivit jusqu'au lendemain. Au , les Chinois étaient redevenus maßtres de la passe de Zhnenanguan. Une centaine d'hommes avaient été tués du cÎté français[8] parmi les 1 600 engagés dans la bataille, et les troupes victorieuses de Feng (32 000 hommes) avaient perdu entre 2 000 à 3 000 tués et blessés.
à la suite de ce succÚs, Feng continua sa pression sur les troupes françaises en repli et attaqua le les positions françaises prÚs de Ky Lua, à moins de 3 km au nord de Lang Son, du cÎté tonkinois de la frontiÚre. L'attaque fut repoussée par les hommes de Herbinger, sous les ordres d'Oscar de Négrier. L'affaire avait été horriblement sanglante ; si les Français avaient eu 7 morts et 38 blessés, les Chinois avaient subi environ 1 200 morts et 6 000 blessés, et l'armée de Feng fit retraite vers Dong Dang.
Si Feng avait été impressionné par la puissance de feu des Français, le Lieutenant-Colonel Herbinger[9], probablement affecté par l'horrible boucherie et convaincu que les troupes de Feng - loin de se replier - allaient le contourner et l'encercler, ordonna lui aussi la retraite. Celle-ci, restée célÚbre comme le " désastre de Lang Son", déclencha « l'affaire du Tonkin », la chute de Jules Ferry, la signature d'un protocole de paix entre la France et la Chine le et, enfin, « l'affaire Herbinger ».
La postérité
Feng Zicai est restĂ© un hĂ©ros du nationalisme chinois, et ses exploits ont Ă©tĂ© enjolivĂ©s d'Ă©lĂ©ments mythiques que les historiens tentent de dĂ©mĂȘler. Il est enterrĂ© Ă la fin d'un chemin bordĂ© de statues au sommet d'une petite butte proche du village de Niqiao, Ă 13 km de Qinzhou[10].
En 2017, le film chinois The War of Loong met en scÚne la lutte du général Feng Zicai contre les troupes françaises à la frontiÚre de la province de Guangxi.
Notes
- Un ancien bandit, lui aussi.
- Celui-ci, ayant fait retraite sur Danyang, avait tenté une sortie pour opérer une jonction avec Feng Zicai mais avait été encerclé et s'était suicidé.
- Lung Chang, 1993, p. 335
- Des sources chinoises (reprises entre autres par Williamson, 2008) indiquent que le mur aurait été construit par « plus de 50 000 paysans locaux », chiffre qui parait surprenant en vue de la densité de population dans la région.
- La tradition rapporte que Feng Zicai et ses deux fils participĂšrent en personne Ă l'action. Les historiens sont plus sceptiques.
- 毧æ»äžćżèŠæłè»äŸ”ć „äžććąć §! (NĂng sÇ bĂč rÄn jiĂ n FÇjĆ«n qÄ«nrĂč ZhĆngguĂł jĂŹngnĂši!). Lung Chang, 1993, p. 336. La phrase restera cĂ©lĂšbre et est gravĂ©e sur un rocher du mont Wuzhi, la plus haute montagne de la province de Hainan
- Harmant, 1892, p. 212.
- D'aprÚs les sources chinoises, les pertes françaises auraient été de plus de mille selon les uns, plus de deux mille selon les autres.
- Qui prit la succession de De Négrier, blessé.
- Guangxi Travel Guide. Feng Zicai: the Senior General
Références
- Armengaud, Jean-Louis (1901) (Capitaine). « Lang-Son: journal des opérations qui ont précédé et suivi la prise de cette citadelle. » R. Chapelot, Paris, 1901.
- Bonifacy, Auguste (Ltd-Colonel) (1931). « Ă propos d'une collection de peintures chinoises reprĂ©sentant divers Ă©pisodes de la guerre franco-chinoise de 1884-85 et conservĂ©es Ă lâĂ©cole française dâExtrĂȘme Orient ». HanoĂŻ, Imprimerie d'ExtrĂȘme-Orient, 1931,41 pp.
- Harmant, Jacques [capitaine Verdier] (1892). « La vĂ©ritĂ© sur la retraite de Lang-Son. MĂ©moires dâun combattant », A. Savine, 1892, xi + 339 pp.
- Lecomte, Jean-François-Alphonse (Commandant) (1895). « Lang-Son, combats, retraite et nĂ©gociations ». Ăditions Charles-Lavauzelle, Paris, Limoges, 1895, 555 pp. Re-edited, 2008 (Vol.1, 236 pp.; Vol.2, 344 pp.).
- Lung Chang [éŸç« , LĂłng ZhÄng], "è¶ćèäžæłæ°ç" [YuĂšnĂĄn yĂș ZhĆngfÇ zhĂ nzhÄng, « Le ViĂȘt Nam et la guerre franco-chinoise »], publiĂ© par èșçŁććć°æžé€š, Taipei, 1993, 1996.
- Maury, A.-P (1888). « Mes campagnes au Tong-King ». Vitte et Perrussel, Lyon, 1888, 323 pp.
- Williamson, Mitch "1884-1885 Franco-Chinese War", March 6, 2008.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :