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FenĂȘtre de Snell

La fenĂȘtre de Snell (ou « cercle de Snell »[1], ou « trou optique »[2]) est un phĂ©nomĂšne d'optique subaquatique liĂ©e aux propriĂ©tĂ©s de l'interface eau/atmosphĂšre, Cette expression fait rĂ©fĂ©rence Ă  la Loi de Snell (aussi dĂ©nommĂ©e Loi de Snell-Descartes), dĂ©veloppĂ©e par le mathĂ©maticien et physicien nĂ©erlandais Willebrord Snell van Royen (ou Snellius), collectionneur d'instruments astronomiques et d'optiques, et passionnĂ© par les questions d'optique.

Exemple de fenĂȘtre de Snell, en mer. La pĂ©riphĂ©rie de l'image concentrĂ©e dans la fenĂȘtre ronde est quasiment noire
Ici en raison des vagues, l'image est dĂ©formĂ©e dans la fenĂȘtre de Snell (on distingue le ciel rĂ©fractĂ© et une structure, en bleu-gris Ă  droite).
Et hors de la fenĂȘtre (sur la gauche) c'est le fond/dĂ©cor qui est rĂ©flĂ©chi sous la surface comme s'il s'agissait d'un miroir souple et mouvant.
En bordure de la fenĂȘtre la lumiĂšre semble disparaĂźtre et le bleu devient plus foncĂ©
Le phĂ©nomĂšne peut ĂȘtre perçu dans un grand aquarium (ici Ă  St Louis)
Les lois de la rĂ©fraction prĂ©disent qu'au-delĂ  d'une certaine inclinaison, les rayons ne franchissent plus le dioptre : ils sont rĂ©flĂ©chis. Ceci explique l'effet miroir observĂ© au niveau de la surface quand celle-ci est observĂ©e de dessous, hors de la fenĂȘtre de Snell

C'est le phĂ©nomĂšne par lequel un spectateur situĂ© Ă  plusieurs mĂštres sous l'eau et regardant vers la surface ne voit ce qui est au-dessus de la surface qu'Ă  travers un cĂŽne de perception de la lumiĂšre large d'environ 96 degrĂ©s[3]. La zone situĂ©e Ă  l'extĂ©rieur de cette « fenĂȘtre de Snell Â» apparait Ă  ce spectateur subaquatique soit complĂštement sombre soit rĂ©flĂ©chit le dĂ©cor subaquatique ou la partie infĂ©rieure d'objets semi-immergĂ©s.

Formation de l'image dans la fenĂȘtre de Snell

En conditions idĂ©ales, un observateur regardant la surface de l'eau Ă  partir du dessous et exactement au-dessus de lui verrait une image parfaitement circulaire reprĂ©sentant le dĂ©cor d'un horizon Ă  l'autre. En raison de la rĂ©fraction de la lumiĂšre qui se produit Ă  la limite atmosphĂšre/eau, la fenĂȘtre de Snell comprime le dĂ©cor visible dans un angle de vision de 180°, ce qui donne un effet similaire Ă  celui d'un objectif fisheye de 97°. La luminositĂ© de l'image chute brutalement Ă  sa circonfĂ©rence/horizon car la lumiĂšre incidente Ă  des angles rasants faibles est rĂ©flĂ©chie plutĂŽt que rĂ©fractĂ©e (cf. Ă©quations de Fresnel).

En rĂ©alitĂ©, la rĂ©fraction est extrĂȘmement sensible Ă  la moindre perturbation ou irrĂ©gularitĂ©s de la planĂ©itĂ© de la surface (rides, houles, objets flottants). Ceci entraĂźne des distorsions locales et mouvantes de l'image voire sa dĂ©sintĂ©gration complĂšte.
De plus, dans la nature l'eau est trÚs rarement totalement limpide ; Plus elle est turbide, plus la matiÚre en suspension va voiler l'image dans le halo de lumiÚre diffusée.

Biologie, Ă©cologie

Du point de vue perceptif pour les animaux marins, la fenĂȘtre de Snell agit comme un puits de lumiĂšre[4]. Certains poissons, comme les Tylosurus, peuvent sauter en l'air avant de plonger pour bĂ©nĂ©ficier ainsi d'un effet de surprise sur leurs proies [5].

Par temps ensoleillĂ© ou pleine lune, de nombreux animaux subaquatiques (comme la crevette Palaemonetes vulgaris Ă©tudiĂ©e de ce point de vue[4]) sont capables de percevoir des motifs de polarisation du ciel visible Ă  travers la fenĂȘtre de Snell, et de les utiliser pour s'orienter ou se rĂ©orienter (notamment quand le milieu est turbulent ou en pĂ©riode de migration), ceci bien que le motif de polarisation cĂ©leste soit perpĂ©tuellement dĂ©formĂ© par les vagues ou les ondes de surface, et modifiĂ© Ă  l'interface air-eau par la rĂ©fraction et la repolarisation dans le « puits de lumiĂšre »[4].

Certains phénomÚnes de pollution lumineuse ou des pollutions par film d'hydrocarbures peuvent négativement interférer avec ces phénomÚnes.

Photographie subaquatique

Le photographe sous-marine (ou en eau douce) peut exploiter ce phĂ©nomĂšne, notamment avec un objectif grand-angle en photographiant un sujet situĂ© « au zĂ©nith » entre le photographe et la fenĂȘtre de Snell qui donnera un effet de rĂ©troĂ©clairage mettant l'accent sur le sujet, un flash permettant que ce dernier ne se dĂ©coupe pas uniquement en ombre chinoise sur le fond clair de la surface. Si la surface est parfaitement claire et calme, le dĂ©cor situĂ© au-dessus de la fenĂȘtre et Ă  ses abords est visible (sinon sa vision est dĂ©formĂ©e par les vagues et remous).

Modélisation

Le degrĂ© et la direction de polarisation linĂ©aire, le facteur de transmission et la forme de l'image dĂ©formĂ©e par la rĂ©fraction polarisation peuvent ĂȘtre calculĂ©s et modĂ©lisĂ©s en fonction de la distance du zĂ©nith du soleil (ou de la lune) et selon que le ciel soit dĂ©gagĂ© ou plus ou moins couvert[4]. Il est ainsi possible de produire des images de synthĂšse crĂ©dibles pour le cinĂ©ma, des prĂ©sentations pĂ©dagogiques ou pour des jeux vidĂ©o.

Ces modÚles de réfraction-polarisation peuvent aussi aider à comprendre comment les organismes animaux s'orientent et perçoivent leur environnement[4].

Notes et références

  1. Dave Hughes (1990). Tactics for Trout. Stackpole Books. (ISBN 0-8117-2403-4).
  2. David K. Lynch and William Livingstone (2001). Color and Light in Nature. Cambridge University Press. p. 79. (ISBN 0-521-77504-3)
  3. Martin Edge and Ian Turner (1999). The Underwater Photographer. Focal Press. (ISBN 0-240-51581-1).
  4. GĂĄbor HorvĂĄth & Dezsö VarjĂș (1995) Underwater refraction-polarization patterns of skylight perceived by aquatic animals through Snell's window of the flat water surface ; Vision Research ; Volume 35, Issue 12, juin 1995, Pages 1651–1666 doi:10.1016/0042-6989(94)00254-J
  5. Recension d'un article du Journal of Fish Biology dans "Fish bring death from above", Nature, 527, 137 (12 November 2015) doi:10.1038/527137d

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


Bibliographie


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