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Fatou Bensouda

Fatou Bensouda, née Nyang le à Banjul (Gambie), est une avocate gambienne, procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI) de 2012 à 2021[1]. Elle est auparavant procureure adjointe de la CPI de 2004 à 2012 sous Luis Moreno Ocampo.

Fatou Bensouda
Illustration.
Fatou Bensouda en 2008.
Fonctions
Procureure générale de la
Cour pénale internationale
–
(9 ans)
Président Song Sang-hyun
Silvia FernĂĄndez de Gurmendi
Chile Eboe-Osuji
Piotr HofmaƄski
Prédécesseur Luis Moreno Ocampo
Successeur Karim Khan
Ministre gambienne de la Justice
Procureure générale
–
(2 ans)
Président Yahya Jammeh
Prédécesseur Hawa Sisay-Sabally
Successeur Pap Cheyassin Secka
Biographie
Nom de naissance Fatou Bom Nyang
Date de naissance
Lieu de naissance Banjul (Gambie)
Nationalité Gambienne
DiplÎmée de Université Obafemi-Awolowo
Profession Avocate
Religion Islam

Fatou Bensouda
Procureurs de la Cour pénale internationale

Biographie

Enfance

Fatou Bensouda naßt à Banjul au sein d'une famille musulmane polygame[2]. Son pÚre a six enfants de l'une de ses épouses (la mÚre de Fatou) et sept enfants de sa seconde épouse[3]. Son pÚre est fonctionnaire, sa mÚre travaille dans le service de restauration scolaire d'un lycée[3].

Formation

Fatou Bensouda est trĂšs jeune intĂ©ressĂ©e par la dĂ©fense des droits des personnes, notamment des femmes et assiste Ă  des procĂšs[3]. AprĂšs une scolaritĂ© secondaire brillante, elle devient quelque temps greffiĂšre au tribunal de Banjul[4]. GrĂące Ă  une bourse de l'État gambien, elle entreprend des Ă©tudes de droit au NigĂ©ria, d'abord de 1982 Ă  1986 Ă  l'universitĂ© d'Ife, aujourd'hui nommĂ©e UniversitĂ© Obafemi-Awolowo. Puis Ă  la Nigerian Law School de Lagos, oĂč, en 1987, elle obtient un diplĂŽme de droit, dit barrister at law[5].

AprÚs trois années d'activité professionnelle, en 1990 elle s'inscrit à l'International Maritime Law Institute basé à Malte, une agence des Nations Unies qui lui décerne son diplÎme de droit maritime en 1991[6].

En 1987, elle est admise au barreau en Gambie. La mĂȘme annĂ©e, elle est nommĂ©e conseillĂšre auprĂšs du gouvernement de Gambie de Dawda Jawara. En fĂ©vrier 1994, elle obtient un poste de procureur.

RÎle dans le régime de Yahya Jammeh

AprĂšs le coup d'État de juillet 1994, elle joue un rĂŽle central en tant que solliciteur gĂ©nĂ©ral et conseillĂšre juridique auprĂšs du prĂ©sident Yahya Jammeh. Elle est promue en 1996 procureur principal, jusqu'en 1998 oĂč elle devient procureur gĂ©nĂ©ral de Banjul et ministre de la Justice du gouvernement gambien[5] - [7], fonction qu'elle occupe jusqu’à son licenciement en mars 2000.

Le régime de Yahya Jammeh est dénoncé pour son non respect des droits de l'homme[8] et est parfois considéré comme l'« une des pires dictatures du monde »[9]. Le régime est accusé par des organisations des droits de l'homme pour différents crimes[10] et pour avoir persécuté l'opposition et la presse[11].

Elle est remise en cause pour son rÎle dans les crimes de la dictature militaire[12] - [13] - [14]. Fatou Bensouda a « catégoriquement nié » les accusations concernant son rÎle dans les crimes et les cas de tortures commis par le régime dont elle faisait partie[15].

Domaine privé

AprÚs sa fonction dans le régime de Yahya Jammeh, elle ouvre un cabinet d'avocat et prend la direction d'une banque de 2000 à 2002.

TPIR

En mai 2002, elle devient conseillÚre juridique et substitut du procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda, à Arusha en Tanzanie[16].

Cour pénale internationale

Depuis 2004, elle est en poste Ă  la Cour pĂ©nale internationale de La Haye. Elle y est d'abord procureure adjointe du procureur gĂ©nĂ©ral Luis Moreno Ocampo[1], puis elle lui succĂšde, comme procureure gĂ©nĂ©rale le , et prĂȘte officiellement serment le . Elle a Ă©tĂ© choisie par les 120 États membres du tribunal, au terme d'un processus de sĂ©lection auquel participaient 52 candidats.

Elle est interdite de visa par le gouvernement amĂ©ricain Ă  partir d'avril 2019. Ceci fait suite Ă  la dĂ©cision de son Bureau d’ouvrir une enquĂȘte sur des crimes de guerre prĂ©sumĂ©s commis par l'armĂ©e amĂ©ricaine en Afghanistan[17].

En dĂ©cembre 2019, le Premier ministre israĂ©lien l'accuse de « pur antisĂ©mitisme », dĂ©clarant : « On dit que les Juifs n’ont pas le droit de vivre dans le pays des Juifs, dans la Terre d’IsraĂ«l. Eh bien, nous disons, honte Ă  vous ». Elle avait affirmĂ© ses intentions de mener une enquĂȘte sur le conflit israĂ©lo-palestinien qu'elle dĂ©crit comme « une enquĂȘte sur la situation en Palestine » et que des responsables israĂ©liens, ainsi que des groupes armĂ©s palestiniens, avaient peut-ĂȘtre commis des crimes de guerre dans les zones revendiquĂ©es par les Palestiniens[18]. La Cour pĂ©nale internationale (CPI) se dĂ©clare compĂ©tente le 5 fĂ©vrier 2021, dans un vote deux voix contre une, pour investiguer les faits survenus dans les territoires palestiniens occupĂ©s pour crimes de guerre. Cette dĂ©cision est applaudie par l'AutoritĂ© palestinienne[19], ce qui conduit Ă  l'ouverture d'une enquĂȘte le 3 mars 2021[20].

Le 2 septembre 2020, Fatou Bensouda est listĂ©e dans la base de donnĂ©es des personnalitĂ©s faisant l'objet de sanctions des États-Unis (liste SDN), ce qui interdit Ă  tous les citoyens et les entreprises amĂ©ricaines de faire des affaires avec elle[21].

Son départ mÚne à la nomination du Sénégalais Mandiaye Niang, qui devient le seul Africain de l'équipe de Karim Khan, nouveau procureur de la Cour pénale internationale[22].

Haut-commissaire de la Gambie au Royaume-Uni

Elle est haut-commissaire de la Gambie au Royaume-Uni depuis 2022[23].

Distinctions

  • Elle figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes au monde en 2012 selon le magazine Time.
  • Jeune Afrique l’a dĂ©signĂ©e comme « l’une des 50 femmes africaines qui, de par leurs actions et leurs initiatives dans le cadre de leurs fonctions respectives, font avancer le continent africain (2014 et 2015) »[24].

Vie privée

Elle est mariĂ©e Ă  un Ă©conomiste et gĂ©ographe maroco-gambien[3], devenu industriel. Ils ont deux enfants[25]. Son fils George, 33 ans, est tuĂ© en 2017 aux États-Unis dans une affaire de drogue[26].

Fatou Bensouda est musulmane pratiquante[27]. Interrogée en 2011 sur le rÎle de l'islam dans sa nouvelle fonction de procureure générale, elle a répondu : « Absolument, assurément. L'islam, comme vous le savez, est une religion de paix et il vous donne cette force intérieure, cette capacité intérieure et un sens de la justice. Avec mon expérience, cela aidera beaucoup »[28].

L'une de ses sƓurs est parlementaire, une autre fut la premiĂšre femme journaliste Ă  prĂ©senter le journal tĂ©lĂ©visĂ© en Gambie, une autre travaille pour un programme des Nations unies destinĂ© aux femmes[3].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « La Gambienne Fatou Bensouda élue procureure de la CPI », Le Monde et AFP, 12 décembre 2011.
  2. « AFRIQUE 3.0. Fatou Bensouda, Gambie », sur Courrier international, (consulté le )
  3. Annick Cojean, « Le monde Ă  juger », M, le magazine du Monde,‎ , p. 42-44 (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. « Oped Armed Conflict Fatou Bensouda », ONU Femmes | Le Programme d’action
    de Beijing a 20 ans
    ,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) David Perfect, Historical Dictionary of The Gambia, Rowman & Littlefield, , 5e Ă©d., 614 p. (lire en ligne), p. 59-60
  6. IMLI "Serving the Rule of International Maritime Law" page 6 « Class of 1991 : Ms. Fatou Bensouda (The Gambia) »
  7. « Mme Fatou Bensouda, procureur de la CPI Â», site officiel de la CPI, consultĂ© le 7 mai 2016.
  8. (en) Pa Nderry M'Bai, Gambia: The Untold Dictator Yahya Jammeh's Story, iUniverse, (ISBN 978-1-4759-6154-6, lire en ligne)
  9. (en-US) « President Yahya Jammeh: The Worst Dictator You've Never Heard Of », sur news.yahoo.com (consulté le )
  10. (en) « Gambia pulls out of ‘racist’ ICC amid fears of a mass African exodus », sur The Independent, (consultĂ© le )
  11. (en-GB) « Africa's Fatou Bensouda is new ICC chief prosecutor », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. « Fatou Bensouda interpellée sur les crimes commis sous Jammeh en Gambie », sur allAfrica.fr, (consulté le )
  13. « Bensouda accusée d'avoir tu les crimes commis sous Jammeh », sur amp.dw.com (consulté le )
  14. « Fatou Bensouda affrontera-t-elle la Commission vérité en Gambie ? », sur www.justiceinfo.net (consulté le )
  15. « Gambie : Fatou Bensouda peut-elle ĂȘtre inquiĂ©tĂ©e par l’enquĂȘte sur le rĂ©gime de Yahya Jammeh ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consultĂ© le )
  16. CĂ©cile Sow, « CPI : la Gambienne Fatou Bensouda favorite pour succĂ©der Ă  Moreno-Ocampo », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  17. « CPI : Fatou Bensouda interdite de visa par les États-Unis », sur Africanews,
  18. « Fatou Bensouda : l'accusation d'antisémitisme de Netanyahu est "regrettable" », sur The Times of Israël, (consulté le )
  19. Antoine Malo, « Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale qui défie Benjamin Netanyahou », sur Le JDD,
  20. Louis Imbert, « L’ouverture par la CPI d’une enquĂȘte sur les territoires palestiniens provoque un sĂ©isme diplomatique », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  21. « Washington sanctionne la Gambienne Fatou Bensouda, procureure de la CPI », sur VOA (consulté le )
  22. « Mandiaye Niang, un procureur sĂ©nĂ©galais Ă  la CPI – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consultĂ© le )
  23. Awa Macalo, « Former ICC prosecutor appointed ambassador to UK », standard.gm, 2 juin 2022.
  24. Fatou Bensouda – AttĂ©nuer les guerres et les conflits, autonomiser les femmes, site Beijing20.unwomen.org, [lire en ligne]
  25. Alfred de Montesquiou, « Fatou Bensouda, procureur de la CPI Â», in Paris Match, du 28 juin au 4 juillet 2012, n°3293, page 107.
  26. « Scandale: La CPI secouĂ©e par les rĂ©vĂ©lations sur l’assassinat du fils du procureur Bensouda, dans une affaire de drogue aux Etats Unis », sur IvoireBusiness.net,
  27. « Fatou Bensouda, trait d’union entre la Cour et l’Afrique », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consultĂ© le )
  28. (ar) « ICC’s new prosecutor on Arab conflicts, how Islam plays a role in guiding her and her vision for the international court », sur Ű§Ù„ŰčŰ±ŰšÙŠŰ©,‎ (consultĂ© le )
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