Facteur nod
Les facteurs nod sont des lipochitooligosaccharides (LCO), formĂ©s dâune suite de 4 ou 5 unitĂ©s de N-acĂ©tyl-D-glucosamine rĂ©unies par des liaisons ÎČ(1 â 4) (structure de la chitine), et comprenant une chaĂźne lipidique (acetil).
RĂŽle
Les facteurs nod interviennent dans le phénomÚne de nodulation. Dans la nature, les plantes sont incapables de fixer l'azote atmosphérique, qui représente pourtant une source considérable (78 % de l'air). Des symbioses se mettent alors en place entre des bactéries capables de fixer l'azote atmosphérique, dite diazotrophes, et les plantes (généralement des légumineuses).
La symbiose se caractérise par une nodulation, c'est-à -dire la formation de nodules ou nodosités, contenant les bactéries. La plante « infectée » fournit les sucres et l'énergie issus de la photosynthÚse, et bénéficie en retour des acides aminés produits par les bactéries par fixation de l'azote atmosphérique.
Cette symbiose Ă bĂ©nĂ©fice rĂ©ciproque va permettre aux bactĂ©ries de bĂ©nĂ©ficier d'un microhabitat exceptionnellement favorable, les lĂ©gumineuses leur procurant un apport en substrats carbonĂ©s issus de la photosynthĂšse. En Ă©change, les bactĂ©ries vont fixer et rĂ©duire lâazote atmosphĂ©rique en ammonium, directement assimilable par les plantes hĂŽtes.
L'interaction commence avec la colonisation de jeunes poils absorbants par les diazotrophes et un Ă©change de molĂ©cules signal. Les bactĂ©ries reconnaissent des flavonoĂŻdes et dâautres molĂ©cules sĂ©crĂ©tĂ©es par la plante-hĂŽte.
Génétique
ParallÚlement dans les bactéries, on trouve des gÚnes spécifiques de la nodulation, appelés opéron nod. Ces opérons regroupent en fait trois catégories de gÚnes :
- Les gĂšnes rĂ©gulateurs (nod D) : ils codent les protĂ©ines constituant le facteur de transcription. Chez les diazotrophes, ce gĂšne sâexprime de maniĂšre constitutive. Les facteurs de transcription sont donc continuellement synthĂ©tisĂ©s, que la bactĂ©rie soit en symbiose ou non ;
- Les gÚnes communs (nod A, B, C) : ils sont synthétisés par tous les diazotrophes sans exception, et codent des enzymes, catalysant la synthÚse du facteur de nodulation, ou facteur nod (synthÚse du squelette de la molécule) ;
- Les gÚnes spécifiques (nod H) : on rencontre différents gÚnes spécifiques chez différents genres de bactéries, leur rÎle étant de coder des enzymes catalysant la synthÚse du facteur de nodulation, ou facteur nod (modification du squelette de la molécule) ;
Les flavonoĂŻdes pĂ©nĂštrent dans les bactĂ©ries et rĂ©agissent avec des facteurs de transcription synthĂ©tisĂ©s par les gĂšnes rĂ©gulateurs de l'opĂ©ron nod. Ceci dĂ©clenche un rĂ©trocontrĂŽle positif, entrainant lâexpression des gĂšnes communs et spĂ©cifiques. Les facteurs nod sont alors synthĂ©tisĂ©s par les bactĂ©ries. Ceci dĂ©clenche le programme de nodulation chez la plante-hĂŽte.
Les facteurs nod sont synthĂ©tisĂ©s grĂące aux enzymes des gĂšnes communs, puis modifiĂ©s par les enzymes des gĂšnes spĂ©cifiques, qui introduisent des fonctions ou des molĂ©cules sur le squelette oligosaccharidique. Ainsi, Ă partir dâun mĂȘme squelette, chaque diazotrophe va le modifier pour se lâapproprier et le rendre spĂ©cifique.
Travaux
Plusieurs expériences ont été menées afin de démontrer la spécificité des facteurs nod.
- Introduction dâune mutation dans les gĂšnes spĂ©cifiques : la bactĂ©rie synthĂ©tise les facteurs nod, mais ceux-ci ne sont plus spĂ©cialisĂ©s. La bactĂ©rie ne peut dans ce cas pas vivre en symbiose avec sa plante.
- Parfois, lâintroduction dâune mutation dans les gĂšnes spĂ©cifique entraine lâexpression dâun facteur nod diffĂ©rent. Dans ce cas, la bactĂ©rie qui le synthĂ©tise ne vit plus en symbiose avec son hĂŽte favori, mais avec une autre plante reconnaissant ce nouveau facteur de nodulation.
In vitro, on a pu Ă©tudier lâaction des facteurs nod. Ils agissent en effet Ă trĂšs faible concentration :
- DĂ©formation des poils absorbants
[nod] â 10^-9 Ă 10^-12 M
- Division des cellules corticales
[nod] â 10^-7 Ă 10^-9 M
- Expression de gĂšnes symbiotique de la plante
[nod] â 10^-10 Ă 10^-13 M
- Formation de véritables nodules
[nod] â 10^-7 Ă 10^-9 M
Notes et références
Bibliographie
- Jean Pelmont, Bactéries et environnement : adaptations physiologiques, Presses universitaires de Grenoble, coll. « Grenoble sciences », , 899 p. (ISBN 978-2-7061-0502-9)