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FĂ©lix Viallet (industriel)

Félix Viallet né le à Grenoble et mort le à Voiron, est un industriel dans le secteur de l'hydroélectricité qui a été maire de Grenoble du au . Dans l'histoire industrielle grenobloise, son patronyme est resté attaché à celui de son principal associé, Joseph Bouchayer.

FĂ©lix Viallet
Fonction
Maire de Grenoble
-
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  70 ans)
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Activité
Vue de la sépulture.

Parcours industriel

La famille de Félix-Antoine-Justin Viallet est originaire du plateau Matheysin au sud de Grenoble. Son père, Pierre, est entrepreneur et a épousé Catherine Gaillard. Le jeune Félix fait de brillantes études littéraires à Grenoble, latiniste, helléniste, il sort par la suite diplômé de l'école Centrale des Arts et Manufactures de Paris en 1861, et se marie avec Berthe Calvat le avec qui il aura trois fils et une fille.

Sortie de l'usine Bouchayer-Viallet
Conduite forcée Bouchayer-Viallet

En 1870, il s'associe avec un autre industriel de la ville, Joseph Bouchayer, installĂ© de son cĂ´tĂ© depuis 1868 rue de Vizille, et crĂ©ent ensemble une sociĂ©tĂ© en nom collectif, les Ateliers de construction Bouchayer et Viallet. Leur mise de fonds est de 80 000 francs rĂ©partis Ă  parts Ă©gales et l'acte officiel prĂ©cise que l'objet de la sociĂ©tĂ© est la construction et l'installation d'appareils de chauffage et de ventilation, la construction et l'exploitation d'usines Ă  gaz, l'exploitation d'une fonderie de fer[1]. La fabrication de tuyaux et de conduits qui fera la renommĂ©e de leur sociĂ©tĂ© n'est pas mentionnĂ©e dans l'acte puisque l'activitĂ© dĂ©bute vers 1880. Grâce Ă  l'apport de capitaux de FĂ©lix Viallet, la sociĂ©tĂ© Bouchayer et Viallet s'installe sur un terrain de 13 000 m2 le long de l'avenue de la gare, une artère ouverte douze ans auparavant pour desservir la gare ferroviaire.

L'association des deux hommes est féconde, on associe à Joseph Bouchayer la prudence, le travail sur le tas, le culte du bas de laine, et à Félix Viallet, la culture, un talent d'orateur et sa clairvoyance[2]. C'est d'ailleurs à l'initiative de Félix Viallet qu'ils envisagent d'investir dans les sociétés productrices d'électricité, ce qui va apporter à l'affaire une influence certaine pour l'obtention de commandes[1].

En 1896, ils acquièrent un nouveau terrain rectangulaire de 13 800 m2 situĂ© au bout du cours Berriat Ă  Grenoble, entre les digues du Drac et le chemin des 120 toises[3], afin de construire de nouveaux bâtiments industriels[4]. Le [5], les deux hommes associĂ©s Ă  une douzaine d'hommes d'affaires dont le banquier Georges Charpenay, crĂ©ent une autre sociĂ©tĂ©, la SociĂ©tĂ© des forces Motrices et Usines de l'Arve dont l'objet est la construction, la location, la vente et l'exploitation d'usines Ă  force puissantes, destinĂ©es Ă  l'Ă©lectrolyse. FĂ©lix Viallet en devient le prĂ©sident du conseil d'administration[5]. L'inauguration de l'Ă©quipement hydroĂ©lectrique et de l'usine a lieu en . Mais l'annĂ©e suivante en janvier, son principal associĂ© Joseph Bouchayer meurt Ă  l'âge de 62 ans au moment oĂą les ateliers de construction Bouchayer et Viallet comptent dĂ©jĂ  300 ouvriers. Ă€ ce moment, FĂ©lix Viallet âgĂ© de 59 ans a dĂ©jĂ  pris une certaine distance avec ses Ă©tablissements et possède d'autres centres d'intĂ©rĂŞt. De plus, associĂ©e Ă  parts Ă©gales Ă  l'origine, sa famille ne peut rivaliser avec les Bouchayer, ni en nombre ni par leur talent. Les actionnaires Viallet, dont son fils Maurice, deviennent peu Ă  peu minoritaires Ă  chaque renouvellement des conventions de sociĂ©tĂ© au profit de la famille Bouchayer. Mais, souhaitant que la nouvelle gĂ©nĂ©ration prenne les rĂŞnes de l'entreprise, FĂ©lix Viallet ne cherche pas Ă  s'imposer Ă  la direction. Pour une courte pĂ©riode de transition, c'est Eugène[6], le frère cadet de Joseph Bouchayer qui va diriger l'entreprise de chaudronnerie, puis la laisser bien vite entre les mains d'AimĂ© Bouchayer, le fils aĂ®nĂ©[7].

La société servira temporairement de fabrique d'obus durant la Première Guerre mondiale[8], grâce à son approvisionnement hydraulique. Le groupe emploie 3000 personnes, dix fois plus, en 1918[9]. Aimé Bouchayer fonde, après la guerre de 14-18, l’Association des Producteurs des Alpes Françaises (APAF) qui réunira jusqu’à sept cents industriels. Féru de recherche, Auguste Bouchayer obtient dans les années 1920, le titre de meilleur hydraulicien de France en raison de ses travaux sur les conduites forcées et joue un rôle de précurseur en matière de technique qui consiste à utiliser l’énergie des centrales thermiques produite en période creuse pour remonter l’eau du bassin aval des centrales hydro-électriques vers la réserve en amont.

Parcours politique

Création de l'Institut électrotechnique en mars 1910

Félix Viallet qui demeure au 6 rue de la Liberté à Grenoble[10] est aussi un excellent alpiniste et fonde la section iséroise du Club alpin français.

Parallèlement Ă  son activitĂ© industrielle, FĂ©lix Viallet est juge au tribunal de commerce de 1878 Ă  1887 puis est attirĂ© par la vie politique grenobloise. Il devient Ă  48 ans adjoint au maire du au sous la mandature d'Auguste GachĂ©, mais Ă©galement quatre ans plus tard du au sous le mandat de StĂ©phane Jay et parvient enfin au poste de maire Ă  la suite de l'Ă©lection du . Inscrit sur la liste de l'Action libĂ©rale, il est Ă©lu maire dans la sĂ©ance du [11] par une Ă©crasante majoritĂ© de 35 voix en sa faveur contre 1 voix pour son adversaire, Nestor Cornier et prend ainsi la suite de son prĂ©dĂ©cesseur Charles Rivail. Malheureusement, sa femme Berthe morte le Ă  l'âge de 66 ans ne le verra pas maire. En marge de son activitĂ© de maire, FĂ©lix Viallet devient l'un des administrateurs de la SociĂ©tĂ© des lignes Ă©lectriques le dont l'objet est de construire et d'exploiter une ligne Ă©lectrique de 60 000 volts dans les Alpes, avec un siège situĂ© 2 rue du lycĂ©e Ă  Grenoble.

Affiche du décès de Félix Viallet

Outre le parachèvement du rĂ©seau Ă©lectrique de la ville, la principale rĂ©alisation de son mandat a Ă©tĂ© l'amĂ©nagement en 1909 par l'architecte Jean Ginet du Jardin des dauphins tel qu'on le connaĂ®t actuellement, ainsi que la construction des immeubles de la rĂ©cente rue FĂ©lix-Poulat. Il participe Ă©galement au montage du dossier administratif et financier de la construction du nouvel hĂ´pital civil. C'est Ă©galement sous sa mandature en 1910 que s'achève le transfert de l'hĂ´pital militaire du centre ville Ă  La Tronche, que dĂ©marrent les chantiers du nouvel Institut d'Ă©lectrotechnique sur l'avenue de la gare et celui de l'Ă©cole des arts industriels dans la rue Lesdiguières[12], Ă  la suite du legs de 700 000 francs de mademoiselle Berthe de Boissieux[13].

Mais FĂ©lix Viallet ne va pas terminer son mandat. Souhaitant se prĂ©senter aux prochaines Ă©lections lĂ©gislatives, il se rend Ă  une rĂ©union publique Ă  Voiron le oĂą il meurt brutalement Ă  l'âge de 70 ans. Il venait de scander Ă  la foule « Ce qu'il faut au pays, c'est moins de politique, ce qu'il lui faut, ce sont des finances saines... ». Soudain, après ces paroles, il s'affaisse, mort[14]. Par un singulier hasard, la ligne Ă©lectrique de 60 000 volts dont il Ă©tait l'un des administrateurs est mise sous tension le lendemain de sa mort[15].

Félix Viallet est inhumé les jours suivants au cimetière Saint-Roch de Grenoble et le , une délibération du conseil municipal présidé par son successeur Nestor Cornier attribue à l'avenue de la gare, le nom de Félix Viallet.

Archives des sociétés

De nos jours, les archives des sociétés de Félix Viallet sont conservées aux Archives départementales de l'Isère par le biais du fonds d'archives de Louis Le Chatelier qui a épousé en 1919 la fille d'Aimé Bouchayer et qui a été administrateur de Bouchayer-Viallet[16].

Hommage

L'avenue Félix-Viallet, située à Grenoble et qui relie la gare au centre-ville, a été baptisée à son nom, l'année même de sa mort survenue en 1910.

Notes et références

  1. Bulletin de l'histoire de l'électricité, no 14, 1990, page 25.
  2. Bulletin de l'histoire de l'électricité, no 13, 1989, page 8.
  3. Ce chemin des 120 toises, aujourd'hui rue Ampère, représentait la distance inconstructible le long du Drac depuis la fin du XVIIe siècle, mais cette limite commençait à ne plus être respectée.
  4. Hervé Bienfait, Une industrie dans la ville, Bouchayer & Viallet à Grenoble, page 12.
  5. Selon Archives départementales de l'Isère, cote 11 U 426.
  6. Eugène Bouchayer rejoindra Félix Viallet à la municipalité en occupant le poste de troisième adjoint au maire en 1908.
  7. Joseph Bouchayer a eu quatre fils, Aimé (1867-1928), Hippolyte (1872-1957), Auguste Bouchayer (1874-1943), Louis (1877-1902) et quatre filles.
  8. Hervé Bienfait, Une industrie dans la ville, Bouchayer & Viallet à Grenoble, page 80.
  9. Jean et Henry Le Châtelier, « Conduites forcées : les innovations de l’entreprise Bouchayer-Viallet à Grenoble », Encyclopédie de l'énergie, février 2016
  10. Son adresse en 1895 était au N°2 route d'Échirolles.
  11. Archives municipales de Grenoble, cote 2C 215.
  12. Archives municipales de Grenoble, cote 4M 306.
  13. Berthe de Boissieux est décédée le 23 janvier 1898 et la réception définitive des travaux de l'École des arts industriels aura lieu le 11 novembre 1913.
  14. Paul Dreyfus, Les rues de Grenoble
  15. Jean Linossier, « Une famille d'industriels dauphinois », Bulletin de l'histoire de l'Ă©lectricitĂ©, no 13, page 15.
  16. archives-isere.fr Fonds Louis Le Châtelier (140 J), 1813-1963.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Linossier, « Une famille d'industriels dauphinois Â», Bulletin de l'histoire de l'Ă©lectricitĂ©, no 13, , Bibliothèque municipale de Grenoble, cote V 39356
  • Robert Smith, « Bouchayer & Viallet », Bulletin de l'histoire de l'Ă©lectricitĂ©, no 14, 1990, Bibliothèque municipale de Grenoble, cote V 34717
  • HervĂ© Bienfait, Une industrie dans la ville, Bouchayer & Viallet Ă  Grenoble, Impr. Dumas-Titoulet, Saint-Étienne, 2004
  • Paul Dreyfus, Les rues de Grenoble, Éditions GlĂ©nat, Grenoble, 1992

Articles connexes

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