Ethos
L’éthos (ou ethos[1], du grec ancien ἦθος ễthos, « coutume ») désigne d'abord le lieu familier, la demeure d'un individu[2], mais aussi le caractère habituel, la manière d'être, l’ensemble des habitudes d'une personne. Il se rapproche du comportement[3].
Pour les Grecs, les « arts » (μιμητικαὶ Ď„Îχναι mimĂŞtikaì tĂ©khnai), comme la musique, la danse, les arts visuels, la tragĂ©die ou la comĂ©die imitent des Ă©thos. C'est ce qu'explique Aristote dans la PoĂ©tique[4] et dans la Politique (livre VIII).
Rhétorique
Pour l’art rhétorique, l’éthos est l'image que le locuteur donne de lui-même à travers son discours[5]. Il s’agit essentiellement pour lui d’établir sa crédibilité par la mise en scène explicite ou implicite (au moyen de marqueurs discursifs et de métaphores) de qualités morales comme la vertu, la bienveillance ou la magnanimité. Tout acte (discursif ou non) qui contribue à rendre manifeste un tempérament ou des traits de caractère participe de l’éthos.
L’éthos représente le style que doit prendre l’orateur pour capter l’attention et gagner la confiance de l’auditoire, pour se rendre crédible et sympathique. Il s'adresse à l'imagination de l'interlocuteur. Aristote définit le bon sens, la vertu et la bienveillance comme étant les éléments favorisant la confiance en l’orateur. Ces trois notions ont été diversement traduites et complétées au cours des siècles.
L’éthos s’oppose au logos, qui représente la logique, le raisonnement et le mode de construction de l’argumentation et s’adresse à l’esprit rationnel de l’interlocuteur, ainsi qu’au pathos, qui s’adresse à sa sensibilité — ses tendances, passions, désirs, sentiments, émotions. L’orateur cherche à faire ressentir à l’auditoire des passions : la colère, l’amour, la pitié, l’émulation, etc. De son côté, il ne doit pas se départir de son calme, de son rôle de sage. L'éthos et le pathos cherchent à séduire l’auditoire.
Des chercheurs incluent dans la notion de construction discursive celle liée au paraître. Ils considèrent que l’ethos repose autant sur ce que dit le locuteur que sur le ton qu’il emploie et l’usage qu’il fait de son corps[5].
S'inspirant de la rhétorique aristotélicienne, Roland Barthes liait l’éthos à l’émetteur, le pathos au récepteur et le logos au message[6].
La notion d’ethos devient, à partir du XIXe siècle, un concept d’analyse des comportements moraux et sociaux en sciences sociales[2].
Notes et références
- Larousse en ligne, « ethos ». https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ethos/31434
- « Conflits de l’ethos : entre représentation sociale et pratiques du pouvoir (I) », Revue historique, vol. 705, no. 1, 2023, pp. 91-92.
- « Définition ethos », sur www.larousse.fr (consulté le )
- Aristote, Poétique :
« par exemple dans le Chapitre VI, XI ; 1450b 27 : « la tragédie est une imitation non des hommes, mais des actions, de la vie, du bonheur et du malheur » (trad. A. Dacier). »
- Anthony Glinoer (Université de Sherbrooke) et Denis Saint-Amand (FNRS – Université de Liège) Ethos, Socius : ressources sur le littéraire et le social, [lire en ligne]
- Roland Barthes, « L'ancienne rhetorique », sur www.persee.fr, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Frédérique Woerther, « Aux origines de la notion rhétorique d’éthos », Revue des études grecques, t. 118,‎ , p. 79-116 (lire en ligne, consulté le ).
- Bernard Fusulier, « Le concept d’ethos. De ses usages classiques à un usage renouvelé », Recherches sociologiques et anthropologiques, vol. 42, no 1,‎ , p. 97–109 (DOI 10.4000/rsa.661, lire en ligne)
- Ruth Amossy, La Présentation de soi : ethos et identité verbale, Paris, Presses universitaires de France, coll. « L'Interrogation philosophique », 2010.