Erysiphe alphitoides
Erysiphe alphitoides (anciennement Microsphaera alphitoides) est une espĂšce de champignons ascomycĂštes de la famille des Erysiphaceae. parasite biotrophe obligatoire, ce champignon phytopathogĂšne est l'une des espĂšces responsables de l'oĂŻdium du chĂȘne.
Historique
Apparu en France en 1907, c'est seulement en 1911 que les chasmothĂšces, qui correspondent Ă la forme sexuĂ©e ou parfaite, ont Ă©tĂ© observĂ©s et dĂ©crits, jusqu'ici seule la forme anamorphe ou imparfaite avait Ă©tĂ© dĂ©crite. Les chasmothĂšces ont dâabord Ă©tĂ© identifiĂ©s comme Ă©tant de lâespĂšce Microsphaera quercina responsable de la maladie en AmĂ©rique. Une Ă©tude morphologique approfondie Ă©tablit quâil sâagissait en rĂ©alitĂ© dâune espĂšce non encore dĂ©crite[2]. On proposa lâespĂšce Microsphaera alphitoides (actuellement Erysiphe alphitoides) qui doit son nom Ă la racine grecque aleuri (Î±Î»Î”Ï ÏÎŻ) qui signifie farine faisant ainsi rĂ©fĂ©rence Ă lâabondance des spores blanches produites par le champignon.
Erysiphe alphitoides est actuellement observable sous ses deux formes (anamorphe et téléomorphe) en France.
Morphologie
D'aprĂšs S. Takamatsu et al.[1]
Forme téléomorphe (sexuée)
- Asque :
- forme ellipsoĂŻdale Ă ovoĂŻde
- contient 8 ascospores
- Ascospores :
- hyalines
- forme ellipsoĂŻdale Ă ovoĂŻde
- ChasmothĂšces :
- sphériques
- 70 à 140 ”m de diamÚtre
- Fulcres :
- 5 Ă 25 en position Ă©quatoriale
- longueur entre 0,75 et 2 Ă diamĂštre du chasmothĂšce
- aseptés ou (rarerment) uniseptés
- 4 Ă 6 ramifications dichotomiques
Forme anamorphe (asexuée)
- Conidies :
- ellispoïdes en formation, doliiformes à maturité
- 25 à 45 à 13 à 25 ”m
Mycélium
- Hyphes :
- ramifiés
- blancs diffus ou en spots
- septés
- 3 à 7 ”m de diamÚtre
- Apressorium
- lobé
- un seul ou en paires opposées
- 6 à 10 ”m de diamÚtre
Cycle biologique et dispersion
Le champignon réalise plusieurs cycles par an, chaque cycle étant composé de 3 phases principales : infection, sporulation, conservation[5].
Seules les jeunes feuilles non totalement dĂ©veloppĂ©es sont sensibles Ă lâinfection ; 15-20 jours aprĂšs le dĂ©bourrement on estime que la pĂ©riode de sensibilitĂ© est terminĂ©e[6]. En gĂ©nĂ©ral, la maladie se dĂ©veloppe assez tardivement au printemps Ă la fin du dĂ©veloppement des feuilles de premiĂšre unitĂ© de croissance. La maladie est gĂ©nĂ©ralement beaucoup plus sĂ©vĂšre sur les feuilles de deuxiĂšme et troisiĂšme unitĂ© de croissance[7].
La pĂ©riode dâhivernation est une pĂ©riode critique pour les oĂŻdiums. En effet, ces champignons sont des biotrophes obligatoires, il leur faut donc survivre en dehors de la pĂ©riode de disponibilitĂ© de leur hĂŽte. E. alphitoides passe cette pĂ©riode sous forme de chasmothĂšces (organe de dormance qui contient les asques), sur des feuilles mortes de la litiĂšre et surtout sous forme de mycĂ©lium peu actif dans les bourgeons (hĂŽte pĂ©renne)[8].
Les ascospores germent Ă la surface des feuilles de lâhĂŽte, le tube germinatif se diffĂ©renciant en appressorium qui permet la pĂ©nĂ©tration des cellules Ă©pidermiques. Lâessentiel du dĂ©veloppement du champignon est Ă©piphylle[5], il assure sa nutrition grĂące aux haustoria.
Lâessentiel de la reproduction est asexuĂ©e, les conidies en sont le rĂ©sultat. Elles sont formĂ©es sur le mycĂ©lium Ă la surface des feuilles, ce sont elles qui sont dissĂ©minĂ©es et qui permettent les infections secondaires. La sporulation et la dissĂ©mination ont lieu pendant toute la pĂ©riode de vĂ©gĂ©tation de lâhĂŽte. Lâinoculum est dissĂ©minĂ© par le vent[9].
Taxinomie
- synonymes
- Erysiphe quercina Schwein., (1834)
- Microsphaera alphitoides Griffon & Maubl., (1912)
- Microsphaera quercina (Schwein.) Burrill, (1887)
- Oidium alphitoides Griffon & Maubl., (1910)
- Oidium quercinum ThĂŒm.
- Phyllactinia quercus (MĂ©rat) Homma, (1937)
Références taxinomiques
- (en) Référence Index Fungorum : Erysiphe alphitoides (+ MycoBank)
Notes et références
- Takamatsu, S., Braun, U., Limkaisang, S., Kom-Un, S., Sato, Y., Cunnington, J. H., « Phylogeny and taxonomy of the oak powdery mildew Erysiphe alphitoides sensu lato », Mycological Research, no 111 (2007), p. 809-826.
- Griffon et Maublanc in DESPREZ-LOUSTAU, M.-L. 2002 : LâoĂŻdium du chĂȘne une maladie frĂ©quente mais mal connue. Les cahiers du DSF, 1-2002, p. 95-99
- Feuilles de jeune chĂȘne ou sur les branches basses car ce parasite obligatoire se dĂ©veloppe en milieu humide et ombragĂ©, les facteurs abiotiques tels qu'un fort ensoleillement entraĂźnant une sĂ©cheresse excessive. Erysiphe se dĂ©veloppe aussi sur les semis trop denses ou dans les cultures ayant reçu trop d'engrais azotĂ©s. cf. (en) Karla LongrĂ©e, The Effect of Temperature and Relative Humidity on the Powdery Mildew of Roses, Cornell University, , p. 14
- La surface de la feuille grattĂ©e apparaĂźt dessous, verte et marbrĂ©e de brun-jaune par la production de tannins toxiques qui restent accumulĂ©s en vain dans la vacuole. Le parasite n'altĂšre pas les cellules Ă©pidermiques, ce qui rend la rĂ©action de dĂ©fense du chĂȘne contre lui sans effet. cf.Marc-AndrĂ© Selosse, Les GoĂ»ts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'Ă©cologie Ă la santĂ©, Actes Sud Nature, , p. 93
- GLAWE, D. A., 2008 : The powdery mildews : a review of the worldâs most familiar (yet poorly known) plant pathogens. Annual Review of Phytopathology 46, p. 27-51.
- DESPREZ-LOUSTAU, M.-L., VITASSE, Y., DELZON, S., CAPDEVIELLE, X., MARĂAIS, B., KREMER, A. 2010 : Are plant pathogen populations adapted for encounter with their host ? A case of phenological synchrony between oak and an obligate fungal parasite along an altitudinal gradient. Journal of Evolutionary Biology 23, p. 87-97
- MARĂAIS, B., KAVKOVA, M., DESPREZ-LOUSTAU, M.-L. 2009, « Phenotypic variation in the phenology of ascospore production between European populations of oak powdery mildew », Annals of Forest Science, vol. 66, p. 814.
- (en) Benoit Marçais, Miloslava Kavkova, Marie-Laure Desprez-Loustau, « Phenotypic variation in the phenology of ascospore production between European populations of oak powdery mildew », Annals of Forest Science, vol. 66, no 8,â , p. 814â814 (DOI 10.1051/forest/2009077)
- LANIER, L., JOLY, P., BONDOUX, P., BELLEMERE, A. 1976 : Pathologies des essences feuillues : Maladies des ChĂȘnes : III. Maladie des feuilles : lâoĂŻdium ou « blanc » du chĂȘne. In Mycologie et Pathologie ForestiĂšres Tome II : Pathologie forestiĂšre. Paris : Masson, 1976, p. 316-318