Ernest François Cambier
Ernest François Cambier (Ath, - Watermael-Boitsfort, ) [1] est un explorateur belge du Congo où il créa le premier chemin de fer.
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(Ă 65 ans) Schaerbeek |
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Cambier fit d'abord une carrière militaire dans les services topographiques de l'armée avec le grade de major du deuxième régiment de ligne[2]. En tant que chef de la première expédition depuis la côte orientale, il a fondé Karéma (entre 1877 et 1880). Il fut ensuite l'agent de l'Association internationale africaine de 1882 à 1884. Entre 1887 et 1888 il a été le chef de l'expédition d'étude du chemin de fer du Congo. Il assuma le rôle d'inspecteur d'état de l'État indépendant du Congo de 1890 à 1891. L'année suivante, il fut Délégué des Compagnies belges dans le Bas-Congo.
Il fut un des premiers à répondre à l'appel de Léopold II pour la colonisation du Congo.
Biographie
Ernest François Cambier est né à Ath le [3], fils de l'industriel ébéniste Emmanuel Marie Joseph Cambier (né à Ath le et y décédé le ) et de son épouse Marie Louise Joseph Frap(p)art (née à Ath le et y décédée le ). Le grand-père paternel d'Ernest François, Jean Emmanuel Cambier (décédé à Ath en 1830), était né à Renaix le , descendant de la famille Cambier y établie depuis 1675[4], et il alla s'établir à Ath où il épousa Marie Thérèse Wittenberg (Ath 1773, Ath 1831) et y fit souche.
Tôt orphelin de père et de mère, le tout jeune Ernest Cambier s'engagea comme soldat au 2e régiment de ligne le . Il étudia ensuite à l'École militaire () et à l'École de guerre ().
Ernest Cambier épousa en premières noces Jenny Mottin (décédée en Belgique vers 1882 après avoir été rapatriée de Zanzibar où elle avait accompagné son mari), et veuf, convola avec Alice Willems. Alors jeune sous-lieutenant au huitième régiment de Ligne, il avait reconnu par acte notarié, le , un enfant nommé Hector Arthur Cambier, né à Bruxelles[5] le d'Isabelle Sterck, une jeune modiste. Hector Cambier devint agent principal de la "Société anonyme belge pour le Commerce du Haut-Congo" (S.A.B.) et il fut tué[6] par les indigènes en 1898.
Lorsqu'Ernest Cambier rentra en Europe, il s'établit à Schaerbeek. Il était domicilié au n° 50 de l'avenue Rogier à Schaerbeek. Il mourut à Watermael-Boitsfort, en sa résidence de la drève de la Forêt n° 13, le [7].
La commune de Schaerbeek a dénommé une de ses artères avenue Ernest Cambier. De même la ville d'Ath possède une rue Ernest Cambier.
L'exploration vers le lac Tanganyka
En 1878, il accompagna la première expédition de l'Association internationale africaine, dirigée par le capitaine Crespel, comme astronome et géographe et avec le grade de lieutenant d'infanterie.
À la mort de Crespel (le ), suivie très rapidement par le décès d'Arnold Maes quelques jours plus tard, Cambier rentra de son exploration préparatoire et prit le commandement de l'expédition. Afin de pallier la perte de ses compagnons, l'Association Internationale Africaine lui adjoignit le lieutenant Wautier et le docteur Dutrieux. Partie de Bagamoyo, la caravane (composée de 407 hommes) prit la direction de la région des Grands lacs le . Après la désertion de plus de trois cents porteurs en une seule journée, Ernest Cambier fut contraint de réorganiser l'expédition. Il partit ensuite en avant avec quatre-vingts hommes en laissant le gros des bagages aux bons soins de Wautier et Dutrieux[8].
Le , il entra triomphalement au pays de l'Ounyamouési. Le chef local, Mirambo, lui proposa un traité d'alliance en devenant son frère de sang. Ernest Cambier échangea en vue d'obtenir de nouveaux porteurs. Il dut attendre jusqu'au dans le village des nouvelles de Wautier et Dutrieux, il était en outre « retenu » par Mirambo qui lui soutirait nombre de cadeaux. Il dut cependant faire demi-tour au bout d'une dizaine de lieues à cause d'une forte fièvre. Après avoir reçu une lettre annonçant la mort de Wautier, il prit la route pour retrouver le gros de l'expédition à Kwa-Karoumbo le et rejoindre le docteur Dutrieux qui, pour des raisons de santé, repartit vers l'Europe[8].
Alors qu'il peinait a recruter des porteurs fidèles, Ernest Cambier reçut un courrier de l'Association Internationale Africaine qui indiquait, selon les conseils de Henry Morton Stanley, que la station devrait être installée au sud-est du lac Tanganyka. Cambier accepta ses nouvelles instructions et se dirigea vers ce qui deviendra Karema. Après de nombreuses défections, Cambier put se mettre en relation avec le sultan de Karéma et s'en fit un ami. Il atteignit les rives du lac Tanganyka le et commença les travaux de la station de Karéma[8].
Il fut le seul Européen de son expédition à atteindre les rives du lac[9].
C'est à cet endroit qu'il fonda le premier poste scientifique de l'Association Internationale Africaine. Pour cela, il avait acheté un territoire d'environ 20 km2 à des princes locaux. Ce territoire peut être considéré comme le point de départ de ce qui sera l'État indépendant du Congo. En 1885, ce territoire fut cédé à un établissement missionnaire des Pères Blancs[10].
Au départ de Bagomojo, il explora l'intérieur du pays Bagamojo, accompagné de deux agents belges. Le , après de grandes difficultés, il parvint à atteindre Unjmawesi où l'un des accompagnateurs mourut de diphtérie.
Les chemins de fer du Congo
À la suite des voyages d'Henry Morton, il apparaissait clair que sans un chemin de fer qui éviterait les chutes du fleuve Congo, le développement économique serait impossible[11]. Ernest Cambier, qui fut l'un des membres fondateurs de la CCCI, a été chargé par Albert Thys de diriger une analyse topographique du Bas-Congo. Son objectif principal sera d'étudier le meilleur tracé pour la voie ferrée future.
Son équipe est notamment composée d'ingénieurs et de topographes déjà expérimentés dans la construction de chemins de fer[12].
Les premières estimations pour la construction du chemin de fer furent évaluées par Ernest Cambier à 25 millions de francs belges. Il en coûta le double. Le chemin de fer reliant Matadi à Léopoldville (aujourd'hui : Kinshasa) fut construit entre 1890 et 1898. Le parcours se déroulait en environ 24 heures dans des conditions difficiles.
Notes et références
- Reflexcity consulté le 30 avril 2012 est erroné : voyez son acte de décès ci-après en note.
- Le Congo Illustré : voyage et travaux des Belges, vol. 1, , 285 p. (lire en ligne) page 23
- Ath, registre des naissances, acte n° 123 du 22 juin 1844 : L’an mil huit cent quarante quatre le vingt deux du mois de juin à deux heures après-midi pardevant nous François Jenart, échevin officier délégué de l’état civil de la ville d’Ath, province de Hainaut, a comparu Emmanuel Marie Joseph Cambier âgé de vingt neuf ans, ébéniste, domicilié à Ath lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né hier vingt unième jour du présent mois de juin à midi, de lui déclarant et de Marie Louise Joseph Frapart son épouse âgée de trente cinq ans sans profession et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Ernest François lesdites déclaration et présentation faites en présence de Nicolas Thomas âgé de quarante sept ans, de François Grumieux âgé de vingt neuf ans, agent de police, domiciliés à Ath, les père et témoins ont signé avec nous le présent acte de naissance après qu’il leur a été fait lecture (signé) E. Cambier, N. Thomas, F. Grumieaux, Jenart.
- Pierre-Marie Cambier, Descendance de Martin-Emmanuel Cambier et de Thérèse-Ursule Couvreur, dans Le Parchemin, 1999, pages 448 à 458.
- Bruxelles, acte de naissance n° 520 du 1er février 1868 et mention marginale de reconnaissance : N° 520. Le premier février mil huit cent soixante-huit, à onze heures du matin, a été dressé après constatation par Nous, Officier de l’Etat civil de la ville de Bruxelles, l’acte de naissance de Hector Arthur Sterck, né le trente un janvier dernier à deux heures après-midi rue du Midi n° 100, 2e D(ivisi)on, fils d’Isabelle Sterck, modiste, née à Aspelaere, domiciliée à Schaerbeek, rue de la poste n° 79. Sur la déclaration de la mère âgée de dix-neuf ans et d’Eugénie Bertouille, accoucheuse, âgée de quarante-six ans, domiciliée rue du Midi n° 100. En présence de Gilles Joseph Vandenkerckhoven, journalier, âgé de cinquante-trois ans, et de Pierre Farmoy, commissionnaire, âgé de quarante-deux ans, domiciliés en cette ville. Duquel acte il leur a été donné lecture. Les témoins ont déclaré ne savoir signer étant illettrés (signé) E. Bertouille , I.Sterck. Mention marginale : Reconnu par Ernest Cambier, sous-lieutenant au huitième régiment de Ligne demeurant à Saint-Josse-ten-Noode rue de Brabant n° 22 par acte passé devant le notaire Milcamps à Schaerbeek le 24 juillet 1868 (signature illisible) Voyez l’acte de reconnaissance inscrit au registre supplétoire de 1868, n° 29.
- http://www.kaowarsom.be/documents/bbom/Tome_III/Cambier.Ernest_Francois.pdf
- Acte de décès n° 71 à Watermael-Boistfort, daté du 24 juillet 1909 : Ernest François Cambier, né à Ath, décédé le 22 du mois de juillet à onze heures du soir, en sa résidence drève de la Forêt 13, domicilié à Schaerbeek, avenue Rogier n° 50, veuf de Jenny Mottin et époux d'Alice Willems.
- Adolphe Burdo, Les Belges dans l'Afrique Centrale : Voyages, aventures et découvertes de Zanzibar au lac Tanganika, P. Maes, , 570 p. (lire en ligne)
- Paul Briart, Aux sources du fleuve Congo : Carnets du Katanga (1890-1893), l'Harmattan, , 371 p. (lire en ligne) page 18
- Paul Briart, Aux sources du fleuve Congo : Carnets du Katanga (1890-1893), l'Harmattan, , 371 p. (lire en ligne) page 345
- Georges Defauwes, ALBERT THYS, de Dalhem au Congo : “Les facettes méconnues d’un personnage d’exception”, Collection Comté de Dalhem, 72 p. (lire en ligne) page 14
- Jan Vandersmissen, Les ingénieurs et la construction de l’État Indépendant du Congo, Université de Louvain, , 20 p. (lire en ligne) page 14
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Localisation satellite du monument Ernest Cambier au parc Josaphat Ă Schaerbeek
- Extrait de la Biographie coloniale belge, Tome III, 1952, col. 116 à 126, v° Cambier :