EnquĂȘte nationale sur les violences envers les femmes en France
L'enquĂȘte nationale sur les violences envers les femmes en France, ou Enveff, est une enquĂȘte sociologique visant Ă chiffrer les violences contre les femmes en France.
Historique
En 1996, Ă la suite de la quatriĂšme confĂ©rence mondiale sur les femmes (organisĂ©e Ă PĂ©kin en 1995), le Service des Droits des Femmes du MinistĂšre de l'Emploi et de la SantĂ© français demande Ă Michel Bozon, de l'Institut national d'Ă©tudes dĂ©mographiques (Ined), de mettre en place une enquĂȘte nationale sur le sujet des violences faites aux femmes[1].
En 1997, une Ă©quipe pluridisciplinaire coordonnĂ©e par l'Institut de DĂ©mographie de l'UniversitĂ© Paris 1 (Idup) et dirigĂ©e par Maryse Jaspard, commence le travail d'enquĂȘte[1].
Le travail liĂ© Ă l'enquĂȘte est publiĂ© en juin 2003 Ă la Documentation française[2] - [3].
MĂ©thodologie
La collecte des données est menée du 3 mars au 17 juillet 2000, auprÚs d'un échantillon représentatif de 6 970 femmes ùgées de 20 à 59 ans et résidant, hors institution, en métropole[4]. Elle est effectuée par téléphone, selon la méthode CATI (collecte assistée par téléphone et informatique)[5] pendant 45 minutes[4].
Les « 650 questions fermées »[4] qui sont posées abordent les situations de violence sans jamais la nommer explicitement, afin de ne pas engendrer de blocage de la part de la personne sondée.
L'Ă©quipe Enveff note que les femmes hĂ©bergĂ©es en foyer et dans les centres d'accueil d'urgence, ou sans domicile, ont Ă©chappĂ© Ă l'enquĂȘteâŻ; cependant qu'elles sont certainement trĂšs touchĂ©es par les phĂ©nomĂšnes de violence en gĂ©nĂ©ral. En 2001, l'Ă©quipe les Ă©value au nombre maximal de 14 000 Ă 15 000 pour la France mĂ©tropolitaine[6].
Conclusions
D'aprĂšs la coordinatrice de l'enquĂȘte, Maryse Jaspard, « un des enseignements de l'enquĂȘte Enveff a Ă©tĂ© de mettre en Ă©vidence l'ampleur du silence et lâoccultation des violences par les femmes qui les subissent[6]. » Ainsi, environ 5âŻ% des viols de femmes majeures feraient l'objet d'une plainte â viols qui s'Ă©lĂšveraient Ă environ 50 000 par an (sur des femmes de 20 Ă 59 ans).
Une autre conclusion est que les femmes adultes subissent le plus de violences psychologiques, physiques et sexuelles dans leur vie de coupleâŻ: « Les coups et les autres brutalitĂ©s physiques sont majoritairement le fait des conjointsâŻ; toutefois, le terme de «âŻfemmes battuesâŻÂ» couramment utilisĂ© ne rend pas compte de la totalitĂ© des violences conjugales puisque le harcĂšlement moral y tient une grande place. »
Selon le journal Le Monde, l'enquĂȘte fait toujours rĂ©fĂ©rence en France en 2020[7].
Notes et références
- Elizabeth Brown, « Les enquĂȘtes « Enveff » sur les violences envers les femmes dans la France hexagonale et ultramarine », Pouvoirs dans la CaraĂŻbe, no 17,â , p. 43-59 (ISSN 2117-5209, lire en ligne)
- Maud Dugrand, « La famille de tous les dangers », L'humanitĂ©,â , p. 9
- Jaspard 2003.
- « En France, une femme sur dix est victime de violences conjugales », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Enveff, « PrĂ©sentation mĂ©thodologique de lâenquĂȘte Enveff 2000 en MĂ©tropole » [PDF], sur SecrĂ©tariat d'Ătat chargĂ© de l'ĂgalitĂ© entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations (consultĂ© le )
- Maryse Jaspard (dir.), « Nommer et compter les violences envers les femmesâŻ: une premiĂšre enquĂȘte nationale en France », Population et SociĂ©tĂ©s, no 364,â (ISSN 0184-7783, lire en ligne [PDF])
- Nicolas Chapuis et Faustine Vincent, « « Elle voulait vivre pour elle » : la rupture, premier dĂ©clencheur du passage Ă lâacte des fĂ©minicides », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
Source
- Maryse Jaspard (dir.), Les violences envers les femmes : une enquete nationale, La Documentation française, , 370 p. (ISBN 978-2110053237)
- Maryse Jaspard, Les Violences contre les femmes, Paris, La Découverte, coll. « RepÚres. Sociologie », , 122 p. (ISBN 2-7071-4288-3, SUDOC 088653900)