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Enjolras (Les Misérables)

Enjolras (1806[2] - ) est un personnage fictif créé par Victor Hugo dans Les Misérables. Il n'est connu que par son nom de famille, comme ses compagnons des « Amis de l'A B C », alors que beaucoup de personnages du roman sont identifiés par leur unique prénom (Cosette, Fantine...).

Enjolras avec ses amis de l'A B C
dans l'arrière-salle du café Musain
Illustration de Frédéric Lix (1830-1897)[1].
Barricade imaginaire de l'insurrection de juin 1832.
Illustration par Pierre-Édouard Frère (1870).
Enjolras fusillé.
Illustration par Clément-Édouard Bellenger.

En plus d'étudier le droit à la Sorbonne, il est le chef charismatique des « Amis de l'A B C », coterie révolutionnaire aux accents républicains et bonapartistes, que fréquente succinctement Marius. Il participe notamment à l'insurrection républicaine à Paris en juin 1832.

Description

Il intervient pour la première fois dans le roman au début du tome 3 (Marius), chapitre 4.1 : Les amis de l'A B C. Un groupe qui a failli devenir historique.

« Enjolras était un jeune homme charmant, capable d'être terrible. Il était angéliquement beau. C'était Antinoüs farouche. On eût dit, à voir la réverbération pensive de son regard, qu'il avait déjà, dans quelque existence précédente, traversé l'apocalypse révolutionnaire. Il en avait la tradition comme un témoin. Il savait tous les petits détails de la grande chose. Nature pontificale et guerrière, étrange dans un adolescent. Il était officiant et militant ; au point de vue immédiat, soldat de la démocratie ; au-dessus du mouvement contemporain, prêtre de l'idéal. Il avait la prunelle profonde, la paupière un peu rouge, la lèvre inférieure épaisse et facilement dédaigneuse, le front haut. [...] Il était sévère dans les joies. Devant tout ce qui n'était pas la république, baissait chastement les yeux. C'était l'amoureux de marbre de la Liberté. Sa parole était âprement inspirée et avait un frémissement d'hymne. Il avait des ouvertures d'ailes inattendues. Malheur à l'amourette qui se fut risquée de son côté ! Si quelque grisette de la place Cambrai ou de la rue Saint-Jean-de-Beauvais, voyant cette figure d'échappé de collège, cette encolure de page, ces longs cils blonds, ces yeux bleus, cette chevelure tumultueuse au vent, ces joues roses, ces lèvres neuves, ces dents exquises, eût eu appétit de toute cette aurore, et fût venue essayer sa beauté sur Enjolras, un regard surprenant et redoutable lui eût montré brusquement l'abîme, et lui eût appris à ne pas confondre avec le chérubin galant de Beaumarchais le formidable chérubin d'Ézéchiel. »

— Livre III, Marius - 4

Contrairement à Marius qui se laisse tenter à une fascination pour l'Empereur, Enjolras est l'allégorie parfaite du révolutionnaire républicain du XIXe siècle. Il puise ses convictions chez les révolutionnaires de l'An II, des jacobins, de Saint-Just et de Robespierre, comme l'atteste son comportement belliqueux et brave, dicté par les seules convictions vertueuses que doit arborer le citoyen de cette grande nation républicaine qu'est la France :

« Enjolras avait en lui la plénitude de la révolution ; il était incomplet pourtant, autant que l'absolu peut l'être ; il tenait trop de Saint-Just, et pas assez d'Anacharsis Cloots ; cependant son esprit finit par subir une certaine aimantation des idées de Combeferre ; depuis quelque temps, il sortait peu à peu de la forme étroite du dogme et se laissait aller aux élargissements du progrès, et il en était venu à accepter, comme évolution définitive et magnifique, la transformation de la grande république française en immense république humaine. Quant aux moyens immédiats, une situation violente étant donnée, il les voulait violents ; en cela, il ne variait pas ; et il était resté de cette école épique et redoutable que résume ce mot : Quatre-vingt-treize. »

Son rôle prend une importance considérable lors de l'insurrection de , il dirige en effet une barricade avec panache, il possède également une verve qui galvanise les patriotes :

« Citoyens, vous représentez-vous l'avenir ? Les rues des villes inondées de lumière, des branches vertes sur les seuils, les nations sœurs, les hommes justes, les vieillards bénissant les enfants, le passé aimant le présent, les penseurs en pleine liberté, les croyants en pleine égalité, pour religion le ciel. Dieu prêtre direct, la conscience humaine devenue l'autel, plus de haines, la fraternité de l'atelier et de l'école, pour pénalité et pour récompense la notoriété, à tous le travail, pour tous le droit, sur tous la paix, plus de sang versé, plus de guerres, les mères heureuses ! » (Enjolras du haut de la barricade)

Enjolras est un chef, un chef aimé et acclamé par les patriotes. Comme eux, il meurt sous les balles... pour que la France vive !

Portée

Enjolras devint une figure emblématique du mouvement révolutionnaire parisien du XIXe siècle. Louise Michel (1830-1905), militante anarchiste française qui prit part à la Commune de Paris de 1871, fut ainsi surnommée Enjolras par ses camarades de révolte.

Au cinéma

Hormis quelques exceptions, comme dans le film américain de 1952, le personnage d'Enjolras est présent dans la plupart des adaptations à l'écran. Il a été notamment incarné au cinéma et à la télévision par :

Au théâtre

Plus de détails sur la page réservée à la comédie musicale.

Versions en français

Versions en anglais

Notes et références

  1. Source : catalogue général de la BnF
  2. Source : à la page 32 de la section Une histoire qui date d'Yves Gohin, de l’étude collective universitaire Lire Les Misérables, librairie José Corti, Paris, 1985 (ISBN 2714300863).
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