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Emmanuel-Louis van Outryve d'Ydewalle

Emmanuel-Louis van Outryve d'Ydewalle (nĂ© Ă  Damme le 7 janvier 1745 - dĂ©cĂ©dĂ© Ă  Bruges le 26 fĂ©vrier 1827), seigneur d'Ydewalle[1], est un entrepreneur et homme d'affaires. Il est l’ancĂȘtre de tous les porteurs du nom van Outryve d’Ydewalle et est un ancĂȘtre direct[2] de la reine Mathilde de Belgique.

Emmanuel-Louis van Outryve d'Ydewalle
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  82 ans)
Bruges
Nationalité
Activité
Famille
Fratrie
Jean-Jacques van Outryve de Merckem (d)
PĂ©tronille van Outryve (en)
Autres informations
Propriétaire de
Blason

Irrésistible ascension

Famille d’agriculteurs dont la filiation remonte Ă  1411[3], les van Outryve (Ă©galement van Houtryve) Ă©taient au XVIIe siĂšcle Ă©tablis principalement Ă  Ooigem, Bavikhove et Oostrozebeke. Ils s’y Ă©taient distinguĂ©s en devenant notables du village et de la rĂ©gion et en remplissant des fonctions officielles telles que bailli ou receveur.

Au XVIIIe siĂšcle quelques membres de la famille vinrent s’établir Ă  Bruges. Au moins trois d'entre eux (deux oncles et un frĂšre d'Emmanuel-Louis) devinrent chanoines de la cathĂ©drale Saint-Donat. D'autres s’occupĂšrent du nĂ©goce de produits d’importation et d'exportation ce qui leur rĂ©ussit et leur apporta une certaine fortune. La premiĂšre Ă  y rĂ©ussir de façon remarquable et conquĂ©rir une renommĂ©e internationale fut Marie-Anne van Outryve (Ooigem, 1674 – Bruges 1746). Lors de sa conquĂȘte Ă©phĂ©mĂšre des Flandres en 1745, le roi Louis XV, accompagnĂ© du dauphin, vint lui rendre visite et faire des achats dans son comptoir de la rue Flamande Ă  Bruges. Elle resta cĂ©libataire et parvint Ă  intĂ©resser son neveu Augustin van Outryve (Oostrozebeke, 1710 - Bruges, 1795) aux affaires. Il demeura lui aussi cĂ©libataire.

Un frĂšre d’Augustin, Pierre-François van Outryve (Oostrozebeke, 1703 - Damme, 1749), vint s’établir Ă  Damme en tant que trĂ©sorier de la commune et y Ă©pousa Jacqueline de Krijger (1711-1764), fille du forgeron local, agriculteur et Ă©chevin de la ville, Jan de Krijger. Ils eurent huit enfants dont cinq parvinrent Ă  l'Ăąge adulte. Emmanuel-Louis et Jean-Jacques van Outryve de Merckem (nl) (Damme, 1740 - Bruges, 1815), continuĂšrent Ă  s’occuper des affaires familiales et firent notamment fructifier la sociĂ©tĂ© d’assurances maritimes qu'ils avaient aidĂ© Ă  crĂ©er Ă  Bruges. La fille unique de Jean-Jacques Ă©pousa Patrice de Coninck qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©fet sous NapolĂ©on Ier, joua un rĂŽle important dans le Royaume uni des Pays-Bas en tant que ministre de l’IntĂ©rieur et ministre des Affaires Ă©trangĂšres. Les autres enfants furent :

  • Jean-Georges van Outryve (Damme, 1741 - Bruges, 1819) qui devint prĂȘtre, chanoine, et reprĂ©sentant de l’état du clergĂ© aux États de Flandre.
  • Jeanne-Françoise van Outryve (Damme, 1743 - Bruges, 1768) qui Ă©pousa Charles Le Bailly de Marloop qui, en tant que premier Ă©chevin de Gand, prĂ©sidait les États de Flandre et Ă©tait dĂšs lors la figure politique la plus importante du comtĂ© de Flandre. Elle mourut jeune.
  • Petronilla van Outryve (en) (Damme, 1748 - Bruges, 1814) fit un mariage malheureux avec Louis-Philippe de Stappens de Harnes (1742 – 1784), mari volage et dĂ©pensier. AprĂšs le jugement de sĂ©paration prononcĂ© en 1779 elle s’épanouit en femme d’affaires avisĂ©e, adepte des “LumiĂšres” et ouverte Ă  la RĂ©volution française.

Pierre-François van Outryve dĂ©cĂ©da jeune et le rĂšglement de sa succession ne se fit pas sans mal. Sa veuve vint s’établir Ă  Bruges avec les enfants. Ils y furent accueillis et aidĂ©s par des membres de la famille de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente qui n’étaient pas sans moyens, en particulier par les chanoines. Les enfants reçurent ainsi une excellente Ă©ducation et purent poursuivre de bonnes Ă©tudes.

Pour Jeanne-Françoise, tout se prĂ©senta bien, lorsque, pourvue d’une belle dot, elle Ă©pousa Charles le Bailly, issu d’une ancienne famille noble qui se hissa rapidement au sommet de la hiĂ©rarchie dans le comtĂ© de Flandre. Ce fut un mariage d’amour car l’inconsolable jeune veuf ne se remaria jamais, ce qui Ă©tait pourtant courant Ă  l’époque. Le Bailly voulut rendre hommage Ă  son Ă©pouse et procurer Ă  son fils unique une gĂ©nĂ©alogie plus glorieuse que celle plutĂŽt modeste du cĂŽtĂ© maternel. C’est pourquoi il obtint en 1771 que son beau-pĂšre, pourtant dĂ©cĂ©dĂ© en 1749, fut anobli, ce qui avait pour consĂ©quence que non seulement son Ă©pouse dĂ©cĂ©dĂ©e, mais aussi les frĂšres et sƓur de celle-ci le soient. Cela entraĂźnait Ă©videmment une plus grande visibilitĂ© et notoriĂ©tĂ© pour chacun d’entre eux.

Chevalier van Outryve d'Ydewalle

L’anoblissement fut accompagnĂ© d'une distinction supplĂ©mentaire pour Jean-Jacques et Emmanuel-Louis, qui reçurent tous deux Ă  titre personnel le titre de chevalier. Afin d’y ajouter davantage de lustre, l’aĂźnĂ© se fit appeler dĂ©sormais ‘van Outryve de Merckem’ d’aprĂšs une seigneurie qu’il possĂ©dait, tandis que le plus jeune acquit une seigneurie Ydewalle et se fit dĂ©sormais appeler ‘van Outryve d’Ydewalle’.

Le chevalier van Outryve d'Ydewalle (souvent rĂ©duit Ă  ‘d'Ydewalle’) avait fait des Ă©tudes universitaires et possĂ©dait une licence en droit. Tout comme son frĂšre et sa sƓur PĂ©tronille il Ă©tait actif dans les sociĂ©tĂ©s de son oncle. Il avait en plus des ambitions politiques et administratives ce qui le mena Ă  l’administration du Franc de Bruges.

En 1787 il devint receveur-gĂ©nĂ©ral du Franc de Bruges. Il devait cette nomination Ă  l’appui de son beau-frĂšre le Bailly. Celui-ci avait un autre beau-frĂšre, Robert Coppieters, bourgmestre de Bruges et qui, en plus de ses autres postes de receveur, nourrissait l’ambition d’y ajouter celui de receveur-gĂ©nĂ©ral. Il fut donc furieux de dĂ©couvrir qu’il n’obtint pas le poste Ă  cause de son propre beau-frĂšre. Dans son Journal on remarque rĂ©guliĂšrement qu’il ne parviendra plus jamais Ă  s’entendre avec les van Outryve.

La RĂ©volution

Lorsqu’arrivĂšrent les annĂ©es de RĂ©volution, Emmanuel-Louis ne montra pas de rĂ©elle opposition Ă  l’ordre nouveau.

Il y eut d'abord, en 1789-1790 la RĂ©volution brabançonne. Lui-mĂȘme et son frĂšre Jean-Jacques intĂ©grĂšrent la gilde de Saint-Georges et son bataillon de troupes au service des États belgiques unis.

Emmanuel-Louis avait Ă©tĂ© nommĂ© Ă©chevin du Franc de Bruges en 1787 et fut confirmĂ© dans cette fonction pendant la courte pĂ©riode des ‘États belgiques unis’. Il ne fut plus reconduit Ă  ce poste lors de la premiĂšre Restauration autrichienne (1791-1792) mais le fut bien lors de la DeuxiĂšme Restauration (1793-1794), Ă  l'Ă©poque oĂč l’Autriche privilĂ©giait la rĂ©conciliation.

Lorsque les Français envahirent les Pays-Bas autrichiens, d’abord en 1792 et de maniĂšre plus dĂ©finitive en 1794, les van Outryve se ralliĂšrent aux nouveaux maĂźtres. Ils avaient d’ailleurs de nombreux intĂ©rĂȘts d’affaires Ă  dĂ©fendre. Ils devinrent membres de la SociĂ©tĂ© des Amis de l’Union, de la LibertĂ© et de l’ÉgalitĂ© mais n’y remplirent aucun rĂŽle. Les rĂ©volutionnaires actifs Ă  Bruges Ă©taient essentiellement des jeunes gens issus de la classe moyenne et de la noblesse. PĂ©tronille van Outryve devint une de leurs Ă©gĂ©ries et mĂ©cĂšnes. Jean-Jacques et Emmanuel-Louis y participaient, mais discrĂštement.

Emmanuel-Louis ne laissa pas passer les occasions de faire des placements intĂ©ressants. Il acheta ainsi, ensemble avec son beau-frĂšre de l’EspĂ©e, un millier d’hectares de bois et de terres de bruyĂšre qui composaient autrefois le patrimoine de l’abbaye de Saint-AndrĂ© prĂšs de Bruges, et qui furent vendus en tant que biens nationaux.

Lorsque, le 25 novembre 1795 fut abolie officiellement et dĂ©finitivement la noblesse dans les dĂ©partements belges, un bal se tint ce mĂȘme soir chez Emmanuel-Louis. L’abolition en Ă©tait-elle la raison ? L’ancien bourgmestre Robert Coppieters, fervent adversaire de ce nouvel ordre des choses, en Ă©tait persuadĂ© et nota dans son journal : « On a dansĂ© chez les Ydewalle, bien mal Ă  propos. » Emmanuel-Louis se fit dĂšs lors appeler Outryve l'EspĂ©e et son frĂšre Outryve Peers, simplifiant chacun leur nom tout en y ajoutant cependant celui de leur Ă©pouse.

La RĂ©volution perdant peu Ă  peu de son ĂąpretĂ©, le Consulat et l’Empire assurĂšrent une certaine paix et les van Outryve purent continuer Ă  se consacrer Ă  leurs affaires. À la tĂȘte de la Chambre de commerce Jean-Jacques fut invitĂ© Ă  la table de l’Empereur et reçut de ses mains la LĂ©gion d’honneur lors de son passage Ă  Bruges en 1810. Emmanuel-Louis Ă©tait prĂ©sent lors de la rĂ©ception donnĂ©e en l’honneur de l’empereur, sa fille Sophie rĂ©cita un compliment et son Ă©pouse fut l’une des douze dames hĂŽtesses qui ouvrirent le bal. Il reçut en sa demeure le ministre de la Marine, le duc Denis DecrĂšs.

Royaume-Uni des Pays-Bas

Lors du remplacement du conseil dĂ©partemental par les États provinciaux en 1816, van Outryve devint membre de cet organe en tant que reprĂ©sentant de la chevalerie. Il est probable qu’il n’y remplit aucune fonction importante et disparut rapidement de cet organe puisqu’il n’introduisit aucune demande de confirmation de son titre de noblesse.

La noblesse ayant Ă©tĂ© abolie par la RĂ©volution française, il n’était possible de recouvrer le statut et le titre qu’en introduisant une demande auprĂšs du roi Guillaume I. Qu’est-ce qui a pu faire qu'Emmanuel-Louis n’en fit la demande qu’en 1822, alors que la plupart des membres de la noblesse brugeoise l'avait fait bien plus tĂŽt ? La reconnaissance qu’il obtint en 1822 est d'ailleurs confuse. Son frĂšre Jean-Georges, chanoine entretemps dĂ©cĂ©dĂ©, avait en son temps reçu reconnaissance de noblesse avec titre de chevalier pour toute sa descendance masculine, qu’il n’avait Ă©videmment pas. PĂ©tronille, Ă©galement dĂ©cĂ©dĂ©e, avait reçu concession de noblesse Ă  titre personnel. Jean-Jacques Ă©tait mort avant d'avoir pu renouveler son statut de noble. Quant Ă  Emmanuel-Louis, la reconnaissance de noblesse de 1822 fut assortie du titre de chevalier Ă  titre personnel. Cependant sur la liste officielle des anoblis il fut mentionnĂ© avec la transmission du titre Ă  toute sa descendance masculine, ce qui fut le cas. La confusion Ă©tait donc assez grande.

Emmanuel-Louis fut briĂšvement membre du conseil communal de Bruges. Le couple d’Ydewalle-de l’EspĂ©e, qui occupa pendant de nombreuses annĂ©es l’hĂŽtel de maĂźtre Ă  cĂŽtĂ© du palais de Gruuthuse, dĂ©cĂ©da un mĂȘme jour, le 26 fĂ©vrier 1827.

Généalogie

Emmanuel-Louis d'Ydewalle Ă©pousa en premiĂšres noces en 1777 Colette Hamelinck (Gand, 1757 - Bruges, 1783). Elle Ă©tait la fille de Willem Hamelinck, Gantois notable, avocat et greffier au Conseil de Flandre. Il n’appartenait Ă  l’époque du mariage pas encore Ă  la noblesse mais fut anobli en 1780. Ils eurent deux filles :

  • Marie-ThĂ©rĂšse, qui Ă©pousa François de Serret
  • Colette qui Ă©pousa Julien-Emmanuel d'Hanins de Moerkerke

AprÚs le décÚs de Colette Hamelinck il épousa en secondes noces, en 1787, Anne de l'Espée (1762-1827). Ils eurent plusieurs enfants dont :

  • Anne Augustine Louise van Outryve (29.07.1788-27.12.1858), qui Ă©pousa le chevalier Jacques de Man (17.01.1816),
  • Sophie Marie ThĂ©rĂšse Louise van Outryve (8.9.1789-30.01.1878), qui Ă©pousa le vicomte Édouard de Nieulant de Pottelsberghe,
  • AdĂšle van Outryve (22.07.1798-21.01.1828), qui Ă©pousa Adolphe Goupy de Beauvolers (3.6.1822).

Deux fils Ă©tant morts en bas Ăąge: Augustin Louis DĂ©sirĂ© (26.7.1792-12.8.1792) et Louis Joseph Marie Ghislain (5.12.1793-6.12.1793), tous les espoirs de succession mĂąle se portĂšrent sur EugĂšne-Augustin van Outryve d'Ydewalle (nl)(2.4.1797-20.9.1854). De son mariage avec ClĂ©mence van Severen (18.6.1821), jeune fille issue de la bourgeoisie aisĂ©e, naquirent quatre fils. Ils sont Ă  la base d’une nombreuse descendance jusqu’à nos jours.

Littérature

  • Alphonse VAN DE WALLE, Annales de la noblesse et du patriciat de Bruges, tome II, pp. 92-94.
  • Alphonse VAN DE WALLE, Armorial de Bruges, 1863, p. 116.
  • Robert COPPIETERS, Journal d'Ă©vĂšnements divers et remarquables (1767-1797), Ă©dition par P. Verhaegen, Bruges, 1907.
  • Antoon VIAENE, NapolĂ©on et Marie-Louise Ă  Bruges, Bruges, 1957.
  • État prĂ©sent de la noblesse belge, Annuaire 1966, Bruxelles, 1966, p. 274 et suiv.
  • Yvan VANDEN BERGHE, Jacobijnen en traditionalisten. De reacties van de Bruggelingen in de revolutietijd, Bruxelles, 1972.
  • Ph. DE BOUNAM DE RYCKHOLT & X. DE GHELLINCK, Recueil de tables et de quartiers, Bruxelles, 1966, pp. 329-331.
  • AndrĂ© VAN HOUTRYVE, Familie van (H)Outryve, Handzame, 1985.
  • Paul JANSSENS & Luc DUERLOO, Armorial de la noblesse belge, Brussel, 1992.
  • Oscar COOMANS DE BRACHÈNE, État prĂ©sent de la noblesse belge, Annuaire 1995, Bruxelles, 1995.
  • Eric HALFLANTS, Quartiers d'ascendance de la princesse Mathilde, duchesse du Brabant, princesse de Belgique, Service de Centralisation des Ă©tudes gĂ©nĂ©alogiques et dĂ©mographiques de Belgique, Bruxelles, 1999.
  • Andries VAN DEN ABEELE, Petronilla van Outryve, een geĂ«mancipeerde vrouw in de 18de eeuw, in: Brugs Ommeland, 2003, p. 99-140.
  • Humbert DE MARNIX DE SAINTE ALDEGONDE, État prĂ©sent de la noblesse belge, Annuaire 2011, Bruxelles, 2011.

Notes et références

  1. Oscar Coomans de BrachĂšne, État prĂ©sent de la noblesse belge, Annuaire 1979, PremiĂšre partie, Nev - O, Bruxelles, 1979, p. 153.
  2. « ParentĂ© entre Emmanuel Louis Joseph van Outryve d’Ydewalle et Mathilde Marie Christine Ghislaine d’ Udekem d’Acoz », sur genealogie.deprelledelanieppe.be, (consultĂ© le )
  3. Jean-François Houtart, Anciennes Familles de Belgique, Recueil LXI de l’Office gĂ©nĂ©alogique et hĂ©raldique de Belgique, 600 pages, format 19x24,5 cm, brochĂ©. Tirage limitĂ©, pp. 77-78.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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