Emilia Pardo Bazán
Emilia Pardo Bazán, comtesse de Bazán Brun, également connue comme Emilia, comtesse de Pardo Bazán (née le à La Corogne et morte le à Madrid) est une écrivaine espagnole, célèbre pour ses romans naturalistes.
Comtesse |
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Naissance | |
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Décès |
(Ă 69 ans) Madrid |
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Nom de naissance |
Emilia Antonia Socorro Josefa Amalia Vicenta Eufemia Pardo Bazán y de la Rúa-Figueroa |
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Père |
José Pardo Bazán (d) |
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José Quiroga Pérez de Deza (d) (de à ) |
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Biographie
Femme de lettres féconde, elle a écrit quarante-et-un romans, sept drames, deux livres de cuisine, plus de cinq cent quatre-vingts contes et des centaines d'essais.
Enfance
Elle appartenait Ă une famille galicienne noble, parmi les plus riches d'Espagne : ses parents sont don JosĂ© Pardo Bazán et Amalia de la RĂşa. Ă€ partir de 1890, elle utilisera le titre de comtesse de Pardo Bazán, titre octroyĂ© par Alphonse XIII[1]. Ce fut sa mère qui l'encouragea Ă lire et, Ă l'âge de 9 ans, elle montrait dĂ©jĂ un grand intĂ©rĂŞt pour l'Ă©criture. Outre leur maison de la calle de Tabernas, sa famille possĂ©dait deux autres rĂ©sidences, l'une près de Sanxenxo, un village de pĂŞcheurs, et un manoir dans les environs de La Corogne, le Pazo de Meirás. Dans la bibliothèque paternelle elle put accĂ©der Ă des lectures d'une grande variĂ©tĂ© ; ses livres prĂ©fĂ©rĂ©s, devait-elle dire, Ă©taient alors Don Quichotte, la Bible et L'Iliade. Dans la maison de La Corogne elle lut en outre La conquĂŞte du Mexique de SolĂs et Les Vies parallèles de Plutarque. Les livres sur la RĂ©volution française la fascinaient. Quand la famille allait Ă Madrid passer l'hiver Emilia suivait des cours dans un collège français protĂ©gĂ© par la Maison Royale, c'est lĂ qu'elle apprit Ă connaĂ®tre l'Ĺ“uvre littĂ©raire de La Fontaine et de Racine. Quand elle a douze ans la famille dĂ©cide de rester Ă La Corogne pendant l'hiver et Emilia y Ă©tudie avec des prĂ©cepteurs. Elle s'Ă©vade du rituel de l'Ă©ducation fĂ©minine jusqu'Ă se refuser Ă toucher Ă un piano et Ă prendre des cours de musique. Elle consacre tout le temps qu'elle peut Ă sa vraie passion : la lecture.
Débuts littéraires
Elle s'Ă©tablit Ă Madrid en 1869, un an après s'ĂŞtre mariĂ©e Ă dix-sept ans avec JosĂ© Quiroga. Ses parents s'installèrent eux aussi Ă Madrid quand JosĂ© Pardo fut nommĂ© dĂ©putĂ©, mais celui-ci perdit bien vite ses illusions sur la politique et toute la famille partit pour la France. Ils voyagèrent en Europe (Angleterre, Italie, Allemagne) et Emilia apprit encore l'anglais et l'allemand. Lectrice assidue des classiques espagnols, elle s'intĂ©ressa aussi aux nouveautĂ©s littĂ©raires Ă©trangères et se fit connaĂ®tre comme femme de lettres avec une Étude critique des Ĺ“uvres du père Feijoo (1876), pour lequel elle gagna un prix, en rivalisant dans ce concours avec ConcepciĂłn Arenal. La mĂŞme annĂ©e naquit son premier fils, Ă qui elle consacrera un livre de poèmes intitulĂ© Jaime, publiĂ© par Francisco Giner de los RĂos. En 1879, coĂŻncidant avec la naissance de sa première fille, Blanca, elle publia son premier roman, Pascual LĂłpez, biographie d'un Ă©tudiant de mĂ©decine oĂą l'on voit l'influence de la lecture de Pedro Antonio de AlarcĂłn et de Juan Valera ; elle est encore Ă la marge de l'orientation que sa façon d'Ă©crire devait prendre dans la dĂ©cennie suivante. Avec Un voyage de fiancĂ©s (1881), publiĂ© l'annĂ©e oĂą naquit sa dernière fille, Carmen, et avec La tribune (1882) commença son Ă©volution vers un naturalisme nuancĂ©.
Maturité
En 1882 elle commença, dans la revue L'Époque, la publication d'une sĂ©rie d'articles sur Émile Zola et le roman expĂ©rimental, qu'elle devait rĂ©unir par la suite dans le volume La question palpitante (1883), qui la fit reconnaitre comme l'un des principaux promoteurs du naturalisme en Espagne. Ce livre causa un tel scandale, que son mari, que la situation Ă©pouvantait, exigea qu'elle cessât d'Ă©crire et qu'elle dĂ©savouât publiquement ses Ă©crits; elle n'en fit rien, mais dĂ©cida de se sĂ©parer de lui deux ans plus tard, en 1884. La mĂŞme annĂ©e elle publia La jeune maĂ®tresse, qui traite prĂ©cisĂ©ment des crises du mariage. Benito PĂ©rez GaldĂłs, proche lui aussi du naturalisme, commence avec elle une relation amoureuse qui durera plus de vingt ans. Elle le trompe cependant dans de brèves amourettes avec de jeunes hommes comme Lázaro Galdiano y NarcĂs Oller, et en se faisant pardonner. En ce qui concerne le naturalisme de Bazán Brun, et celui de GaldĂłs, face aux principes idĂ©ologiques et littĂ©raires de Zola, elle accentua la liaison de l'Ă©cole française avec la tradition rĂ©aliste espagnole et europĂ©enne, ce qui lui permettait de se rapprocher d'une idĂ©ologie plus conservatrice, catholique et bien-pensante en ce qui la concernait, car elle n'avait jamais rompu avec le catholicisme, alors qu'elle admettait les bases idĂ©ologiques du dĂ©terminisme social et darwinien.
De son Ĺ“uvre d'essayiste il faut citer en outre La rĂ©volution et le roman en Russie, (1887), PolĂ©miques et Ă©tudes littĂ©raires (1892) et La littĂ©rature française moderne (1910), dans lesquelles elle continue Ă rester attentive aux nouveautĂ©s de la fin de siècle en Europe. La mĂ©thode naturaliste culmine avec Los pazos de Ulloa (1886-1887), son chef-d'Ĺ“uvre, peinture pathĂ©tique de la dĂ©cadence du monde rural galicien et de l'aristocratie, et sa suite La mère Nature (1887), affabulation naturaliste qui, Ă la diffĂ©rence de ce que l'on voit dans JosĂ© MarĂa de Pereda, dĂ©montre que les instincts conduisent au pĂ©chĂ©. En 1888 elle rend visite Ă Venise au prĂ©tendant carliste au trĂ´ne de l'Espagne ; les articles qu'elle Ă©crit Ă ce sujet contribuent Ă la scission dans le carlisme.
D'autre part, Insolation (1889) et Mal du pays (1889) continuent Ă s'insĂ©rer dans l'idĂ©ologie et dans l'esthĂ©tique naturaliste. Par la suite, coĂŻncidant avec la mort de son père en 1890, elle Ă©volua vers un symbolisme et un spiritualisme plus prononcĂ©s, manifeste dans Une ChrĂ©tienne (1890), L'Épreuve (1890), La pierre angulaire (1891), La chimère (1905) et Doux sommeil (1911). La mĂŞme Ă©volution se remarque dans ses contes et rĂ©cits, rĂ©unis en Contes de ma terre (1888), Contes choisis (1891), Contes de Marineda (1892), Contes sacrĂ©s et profanes (1899), entre autres. Doña Emilia utilisa l'hĂ©ritage paternel pour fonder une revue Ă©crite par elle seule, El Nuevo Teatro CrĂtico, dont le nom rappelle l'Ĺ“uvre de Benito JerĂłnimo Feijoo.
Dans Une Chrétienne et L'Épreuve, de 1890, elle semble lancer une polémique à travers la fiction avec certains de ses détracteurs en morale, comme le Père Coloma, Menéndez Pelayo y Pereda. La différence de l'âge entre des amoureux, le heurt des affections ou des devoirs familiaux et le remords religieux prouvent dans les deux romans que Doña Emilia tenait plus compte de l'opinion qu'elle ne l'affectait. Adán et Eva, qui regroupe les romans Mémoire d'un vieux garçon (1891) et Doña Milagros (1894), paraissent la justification de son idylle avec Galdós. Mais dans La Chimère (1895) elle revient à l'eau-forte pour dépeindre le Madrid poussiéreux et versatile.
En 1892 elle fonde et dirige la revue La Bibliothèque de la femme[2]. Elle assiste à des congrès comme le Congrès Pédagogique, où elle dénonce l'inégalité d'éducation entre l'homme et la femme. Encore conscient du sexisme dans les cercles intellectuels, elle propose Concepción Arenal à l'Académie Royale de la Langue, mais la candidature est repoussée ; on n'acceptera pas plus Gertrudis Gómez de Avellaneda ni elle-même (qui fut repoussée trois fois, en 1889, en 1892 et en 1912) ; en 1906 elle devint tout de même la première femme à présider la Section de littérature de l'Athénée de Madrid et la première à occuper une chaire de littératures néo-latines à l'université centrale de Madrid, bien qu'un seul étudiant assistât à son cours.
L'œuvre d'Emilia Pardo Bazán comprend aussi des livres de voyages (À travers la France et l'Allemagne, 1889; À travers l'Espagne pittoresque, 1895) et des biographies (Saint François d'Assise, 1882; Hernán Cortés, 1914). Le chercheur Varela Jácome a découvert un roman inédit : Forêt.
Œuvres traduites en français
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (es) Carmelo Virgillo et al., Aproximaciones al estudio de la literatura hispánica, New York, McGraw Hill, 2004.
- Antolini-Dumas Tatiana, « De la fragmentation à la perte du sens. Étude du château naturaliste dans Los Pazos de Ulloa d’Emilia Pardo Bazán et Une Vie de Maupassant », in Ô saisons, Ô châteaux. Châteaux et littérature. Des Lumières à l’aube de la modernité 1761-1914, PUBP, 2004.
Liens externes
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- (en) Union List of Artist Names
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Œuvres de Emilia Pardo Bazán sur le projet Gutenberg
- (es) Emilia Pardo Bazán, « Progreso. CuestiĂłn de razas », La IlustraciĂłn ArtĂstica, Barcelone, no 964,‎ , p. 394 (lire en ligne)
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Emilia Pardo Bazán » (voir la liste des auteurs).
- Voir biographie de sur le site Cervantes virtual :
- DarĂo R. Varela Fernández, « L'Ă©crivaine galicienne Emilia Pardo Bazán et le fĂ©minisme espagnol Ă la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siècle: un engagement lettrĂ© pour les droits des femmes », En Envor,‎ , p. 1-10 (ISSN 2266-3916, lire en ligne)