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Elkan FrÀnkel

Elkan FrÀnkel est un juif de cour qui dénoncé par jalousie empreinte d'antisémitisme, finira sa vie en prison.

Elkan FrÀnkel
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs

WĂŒlzburg (en)
Activité

Son ascension

Elkan FrĂ€nkel est le fils de R. Enoch Levy qui a Ă©pousĂ© la fille de Koppel Ritschel, un riche juif de Vienne. La famille d'Elkan FrĂ€nkel fait partie de l'Ă©lite Ă©conomique et rabbinique de la ville. Lors de l'expulsion des juifs de Vienne en 1670, il s'installe Ă  FĂŒrth en BaviĂšre avec une grande partie de sa famille.

Á FĂŒrth, les juifs reprĂ©sentent environ 20 % de la population et sont sous la protection de deux dirigeants antagonistes qui se disputent le pouvoir sur le dos des juifs. Chacun accorde des privilĂšges spĂ©ciaux Ă  « ses » juifs, tout en harcelant ceux de la partie adverse. La communautĂ© de FĂŒrth est donc divisĂ©e en deux groupes, une petite minoritĂ© dĂ©pend du margrave d'Ansbach, alors que la majoritĂ© est sous la protection de l'Ă©vĂȘque de Bamberg.

FrĂ€nkel va se trouver impliquĂ© dans ce conflit quand il dĂ©cide de profiter de deux Ă©vĂšnements survenant vers 1703, la fin d'un contrat duodĂ©cennal de coopĂ©ration entre les deux communautĂ©s juives de FĂŒrth, et l'arrivĂ©e d'un nouveau margrave, pour essayer de faire prĂ©valoir les intĂ©rĂȘts de la maison d'Ansbach (et les siens). Il s'impose au nouveau margrave en lui suggĂ©rant un meilleur contrĂŽle de la communautĂ© juive au bĂ©nĂ©fice du prince. En peu de temps, par dĂ©lation, il traine en justice les principaux dirigeants juifs de FĂŒrth.

En retour, FrĂ€nkel devient rapidement dĂšs 1704 Barnoss (dĂ©formation du mot hĂ©breu parnass), prĂ©sident, de la partie de la communautĂ© juive de FĂŒrth dĂ©pendant d'Ansbach et est nommĂ© en 1708, Oberbarnoss de l'ensemble de la communautĂ© juive vivant sur le territoire d'Ansbach. En plus, il a accĂšs au margrave et en profite pour le conseiller et servir d'intermĂ©diaire dans de nombreuses affaires financiĂšres, Ă©conomiques et administratives sur tout le territoire. FrĂ€nkel devient une personne influente Ă  la cour, aidant certains Ă  obtenir des positions officielles importantes. Les juifs du margraviat lui sont reconnaissant d'avoir en 1708 obtenu la remise d'une lourde amende qui leur Ă©tait imposĂ©e Ă  la suite d'une investigation sur leur pratique usuraire.

Sa chute

Mais sa consécration comme juif de cour obtenue par manigances lui attire de nombreux ennemis non seulement chez les juifs mais aussi chez les chrétiens jaloux de sa réussite.

En fĂ©vrier 1712, FrĂ€nkel est dĂ©noncĂ© par un juif converti pour ĂȘtre en possession de livres blasphĂ©matoires, d'utiliser son influence Ă  la cour pour intervenir dans tous les domaines de la politique et pour avoir dĂ©tournĂ© des fonds publics. Une commission d'investigation est nommĂ©e, dirigĂ©e par un ennemi personnel de FrĂ€nkel. Celle-ci ordonne l'arrestation de FrĂ€nkel et son incarcĂ©ration Ă  l'isolement. De nombreux tĂ©moins juifs et chrĂ©tiens sont interrogĂ©s, mais les interrogatoires sont partiaux et biaisĂ©s : toutes les accusations sont dĂ©clarĂ©es vraies, bien qu'aucune preuve tangible n'ait pu ĂȘtre apportĂ©e et qu'aucune malversation n'ait pu ĂȘtre dĂ©couverte.

Le margrave n'intervient pas pour protéger son ancien favori, mais le condamne à la prison à vie, à la confiscation de tous ses biens et à l'expulsion de sa famille.

Le , une foule importante se presse vers la place du marchĂ© pour assister Ă  la punition publique du vieux juif. AprĂšs avoir dĂ©nudĂ© son torse, le bourreau lui assĂšne neuf violents coups de canne, puis FrĂ€nkel est conduit Ă  la forteresse de WĂŒlzburg (prĂšs de Weißenburg in Bayern). EnchainĂ© et uniquement nourri de pain et d'eau, il meurt neuf ans plus tard en 1720, Ă  l'Ăąge de 67 ans.

Son frÚre, le grand-rabbin Hirsch FrÀnkel, lui aussi accusé de détenir des livres blasphématoires en hébreu, est emprisonné à la prison de Schwarbach jusqu'à sa mort en 1723.

Interprétation des historiens

Pour, Rotraud Riess de l'université Gerhard Mercator de Duisbourg, l'affaire Elkan FrÀnkel est un cas d'étude holistique:

« Le protagoniste peut ĂȘtre examinĂ© comme un individu, comme un membre d'une famille, de la communautĂ© juive et de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral

Les ambitions politiques de FrĂ€nkel ne sont pas uniquement une attitude Ă©gotiste-individualiste de la vie, mais une tentative de jeter un pont entre ses origines juives et la sociĂ©tĂ© chrĂ©tienne. Il Ă©choua, car l'Ă©poque n'Ă©tait pas encore arrivĂ©e d'atteindre un tel but, et qu'il surestima son influence sur le margrave et la capacitĂ© du margrave de s'affirmer et finalement parce qu'il manqua d'intelligence Ă©motionnelle et de sensibilitĂ© pour reconnaitre les limites des activitĂ©s politiques d'un juif, qui Ă©taient encore trĂšs faibles, malgrĂ© un certain progrĂšs dans le domaine Ă©conomique et mĂȘme de coopĂ©ration diplomatique entre chrĂ©tiens et juifs[1]. »

Notes

  1. (en): Rotraud Ries: Bridging the Gaps – Reflections on the trial of a Court Jew and a Modern Concept of Jewish History in Germany; in Zutot 2001 (Perspectives on Jewish Culture); Ă©diteur: Springer; 2013; directeurs de publication: Shlomo Berger; Michael Brocke et Irene Zwiep; (ISBN 9401737320 et 978-9401737326)

Bibliographie

  • (en) Cet article contient des extraits de l'article « FRÄNKEL, ELKAN » par Gotthard Deutsch & Alfred Feilchenfeld de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 dont le contenu se trouve dans le domaine public.
  • Bibliographie de la Jewish Encyclopedia :
    • (de): S. HĂ€nle, Geschichte der Juden im ehemaligen FĂŒrstentum Ansbach, Ansbach, 1867, rĂ©Ă©dition Hansebooks, 2017 (ISBN 3743650193 et 978-3743650190).
    • (de) Bernhard Ziemlich, Eine BĂŒcherconfiscation zu FĂŒrth im Jahre 1702, in Gedenkbuch zu errinerung an David Kaufmann, directeurs de publication : Marcus Brann et F. Rosenthal, Breslau, 1900, p. 457.
  • (en): Hugo Barbeck, History of the Jews in NĂŒremberg and Fuerth, traduction : Susan Edel, Willie Glaser, Gerhard Jochem, Harry Katzman, Esther Ramon, Marcelo Rosenbaum, Heinz Skyte, Thea Skyte et David Stern, coordinateur : Michheline Guttmann, projet GenAmi et RIJO, .

Liens externes

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