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Eléazar Hakalir

ElĂ©azar Hakalir (hĂ©breu: ŚŚœŚąŚ–Śš Ś”Ś§ŚœŚ™Śš Eleazar Haqalir) est un auteur de poĂ©sie liturgique juive ayant vĂ©cu en terre d'IsraĂ«l Ă  l'Ăšre byzantine.

Eléazar Hakalir
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MaĂźtre

Auteur prolifique, il aurait composé plus de deux cents hymnes dont les plus connus sont le tikkoun hagueshem (hymne pour la pluie) et le tikkoun hatal (hymne pour la rosée), chantés respectivement à Pessa'h et à Chemini Atzeret[1].

ÉlĂ©ments biographiques

MentionnĂ© pour la premiĂšre fois dans des Ă©crits des IXe et Xe siĂšcles, ElĂ©azar Hakalir demeure pendant longtemps un personnage Ă©nigmatique, fortement populaire et, dĂ©jĂ , largement lĂ©gendaire. IdentifiĂ© par nombre de rabbins mĂ©diĂ©vaux Ă  ElĂ©azar le fils de Rabbi Shimon ber YohaĂŻ ou Ă  ElĂ©azar ben Arakh (sur base de midrashim qui louent le talent poĂ©tique de ces docteurs)[2], il devrait son nom et son savoir Ă  l’ingestion de petits gĂąteaux (ÎșÎżÎ»Î»ÏÏÎ± kollyra) aux propriĂ©tĂ©s mystiques et comportant des versets bibliques. On le dit aussi mort assassinĂ© par son maĂźtre YannaĂŻ qui, jaloux de son disciple, aurait placĂ© un scorpion dans sa chaussure.

Tentant de situer le personnage, les Ă©rudits du judaĂŻsme en font un natif de l’empire byzantin (le poĂšte signant Ă  trois reprises Kilir, Joseph Perles en dĂ©duit que le vĂ©ritable nom de son pĂšre Ă©tait Kiril), de Cagliari (dont le nom latin est Callir et dont l’appellation Civitas Portus Ă©voque quelque peu Kiryat Sefer, d’oĂč le poĂšte indique Ă©crire), de Babylonie (Kyriat Sefer Ă©tant identifiĂ©e Ă  la ville de Sippara), de GrĂšce, de Syrie


L’étude des manuscrits de la Gueniza du Caire a depuis permis d’établir que Kalir Ă©tait le nom ou surnom de son pĂšre et qu’il a vĂ©cu en JudĂ©e (si Kiryat Sefer correspond Ă  la ville ainsi nommĂ©e dans la Bible) ou en GalilĂ©e (s’il s’agit d’un surnom pour TibĂ©riade) avant la conquĂȘte musulmane. En effet, outre des arguments linguistiques[3], les mentions des souffrances infligĂ©es Ă  IsraĂ«l lors du « rĂšgne d’Édom » (c'est-Ă -dire de la chrĂ©tientĂ©), abondent, alors qu'il n'y a pas la moindre allusion Ă  « IsmaĂ«l »[4].

Certains suggĂšrent qu’ElĂ©azar beirabbi Kalir a menĂ© une vie d’errance, peut-ĂȘtre due au contexte politique troublĂ© de l’époque, et que ses frĂ©quents dĂ©placements rendraient compte Ă  la fois de l’ampleur et de la diffusion de son Ɠuvre[5].

ƒuvres

On attribue Ă  ElĂ©azar Hakalir des centaines de poĂ©sies liturgiques de tous les types et pour toutes les occasions (kerovot pour la priĂšre de l’office matinal du chabbat et des fĂȘtes, shav'atot pour les offices supplĂ©mentaires des mĂȘmes jours, yotzerot intercalĂ©s dans l’office du matin, hoshaanot rĂ©citĂ©es au cours de la fĂȘte de Souccot etc.)[6]. Il semble en outre ĂȘtre le premier auteur Ă  avoir composĂ© des kinot, complaintes pleurant les Temples de JĂ©rusalem, qu’il rĂ©dige pour la plupart sur le modĂšle du Livre des Lamentations.

Son style, ultĂ©rieurement dĂ©nommĂ© « kalirique », innove grandement par rapport Ă  celui de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Il affectionne comme Yannai l’usage de l’acrostiche et de l’ordre alphabĂ©tique mais il dĂ©montre en outre une recherche de la rime et d’une structure mĂ©trique, encore que peu dĂ©veloppĂ©s par rapport Ă  la poĂ©sie juive andalouse. Visant la concision des phrases, il recourt volontiers Ă  l’allusion tirĂ©e des Talmuds, du Midrash ou de la littĂ©rature des Palais (Abraham est gĂ©nĂ©ralement appelĂ© le « citoyen », Isaac le « ligotĂ© » etc.), fait abondamment usage de termes rares voire de nĂ©ologismes, mĂ©lange allĂšgrement hĂ©breu biblique et mishnaĂŻque, y mĂȘle Ă  l’occasion des Ă©lĂ©ments de judĂ©o-aramĂ©en et de grec et prend de nombreuses libertĂ©s avec la grammaire (substitution du masculin au fĂ©minin, abrĂ©viation de formes nominales et verbales, construction de verbes Ă  partir de substantifs et rĂ©ciproquement, etc.).

Il en rĂ©sulte un texte touffu et hermĂ©tique, bien qu’agrĂ©able Ă  entendre et chanter.
S’il est adoptĂ© avec enthousiasme dans les rites romaniote et romain (« ancĂȘtre » du rite ashkĂ©naze), il est rejetĂ© avec vigueur par les Juifs d’Al-Andalus qui se sont fait une spĂ©cialitĂ© de la philologie hĂ©braĂŻque. S’il fait des Ă©mules et influence mĂȘme en partie les premiers Ă©crits en prose (particuliĂšrement chez les KaraĂŻtes), il est vertement critiquĂ© par Abraham ibn Ezra[6] et, sur ses traces, les Juifs maskilites qui tentent, au XIXe siĂšcle de faire revivre l’hĂ©breu.
Cependant, la dĂ©couverte des manuscrits de la Gueniza du Caire a dĂ©montrĂ© que le style kalirique ne se limite pas au « gravier d’Atz kotzatz » (l’expression est de HaĂŻm Nahman Bialik[1]) et qu'il permet mĂȘme d’élucider en grande partie la constitution du lexique hĂ©braĂŻque moderne[4]. Une partie de ce corpus a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© par Shulamit Elizur, dont les recherches ont Ă©galement permis de distinguer ElĂ©azar Hakalir d’un quasi-homonyme, ElĂ©azar beirabbi Kilar avec lequel il Ă©tait occasionnellement confondu[7].

Notes et références

  1. Cf. Wigoder 1996
  2. LĂ©vitique Rabba 30 & Pesiážłta Ă©d. Buber 179a, cf. Jewish Encyclopedia 1906
  3. Cf. Encyclopedia Judaica 2008
  4. Cf. Mirski 1965
  5. (en) Yosef Yahalom, « Who shall be the author, and who shall not », Haaretz, (consulté le )
  6. Cf. « Eleazar Hakalir », sur Daat
  7. Cf. (he) Shulamit Elizur, Piyoutei R' Eleazar beirabbi Kilar, JĂ©rusalem, Magnes Press,

Annexes

Liens externes

Bibliographie

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