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Effet De Haas–Van Alphen

L'effet De Haas–Van Alphen, souvent abrĂ©gĂ© Ă  dHvA, est un effet de la mĂ©canique quantique dans lequel la susceptibilitĂ© magnĂ©tique d'un cristal de mĂ©tal pur oscille Ă  mesure que l'intensitĂ© du champ magnĂ©tique B augmente. Il peut ĂȘtre utilisĂ© pour dĂ©terminer la surface de Fermi d'un matĂ©riau. D'autres quantitĂ©s oscillent Ă©galement, comme la rĂ©sistivitĂ© Ă©lectrique (effet Shubnikov–De Haas), la chaleur spĂ©cifique, ou encore l'attĂ©nuation du volume et de la vitesse du son[1] - [2] - [3]. L'effet a Ă©tĂ© nommĂ© en l'honneur de Wander Johannes de Haas et son Ă©tudiant Pieter M. van Alphen[4]. L'effet dHvA provient du mouvement orbital des Ă©lectrons itinĂ©rants dans le matĂ©riau. Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec le diamagnĂ©tisme de Landau, qui est provoquĂ© par des champs magnĂ©tiques d'intensitĂ© bien plus faibles.

Description

La susceptibilité magnétique d'un matériau est définie comme

,

oĂč est le champ magnĂ©tique externe appliquĂ©, et et l'aimantation du matĂ©riau, avec , oĂč est la permĂ©abilitĂ© du vide. À des fins pratiques, le champ appliquĂ© et mesurĂ© sont approximativement les mĂȘmes (pour peu que le matĂ©riau ne soit pas ferromagnĂ©tique).

Les oscillations de la susceptibilitĂ©, lorsqu'elle est tracĂ©e en fonction de , ont une pĂ©riode (en teslas‑1) qui est inversement proportionnelle Ă  la surface dĂ©crite par l'orbite externe sur la surface de Fermi (m‑2), dans la direction du champ appliquĂ©. Cette pĂ©riode est alors donnĂ©e par

,

oĂč est constante de Planck, et est la charge Ă©lĂ©mentaire[5]. Une formule plus prĂ©cise, appelĂ©e Ă©quation de Lifshitz–Kosevich, peut ĂȘtre obtenue en utilisant des approches semi-classiques[6] - [7].

La formulation moderne permet de déterminer expérimentalement la surface Fermi d'un métal à partir de mesures effectuées avec différentes orientations du champ magnétique autour de l'échantillon.

Histoire

Expérimentalement, l'effet a été découvert en 1930 par W. J. de Haas et P. M. van Alphen lors de l'étude de l'aimantation d'un cristal de bismuth. L'aimantation a oscillé comme fonction de champ[4]. Pour mener leur expérience, leur source d'inspiration avait été l'effet Shubnikov-De Haas, alors découvert il y a peu par Lev Shubnikov et De Haas, qui montrait des oscillations de la résistivité électrique lors de la présence d'un fort champ magnétique. De Haas a alors envisagé que la magnétorésistance devait se comporter d'une maniÚre analogue[8].

La prĂ©diction thĂ©orique du phĂ©nomĂšne avait alors Ă©tĂ© formulĂ©e avant l'expĂ©rience, la mĂȘme annĂ©e, par Lev Landau. Mais ce dernier, pensant que les champs magnĂ©tiques nĂ©cessaires Ă  sa dĂ©monstration ne pouvaient pas encore ĂȘtre crĂ©Ă©s dans un laboratoire, n'avait jamais cherchĂ© Ă  aller au-delĂ  de l'aspect thĂ©orique[9] - [10] - [11] - [8]. D'un point de vue mathĂ©matique, l'effet avait Ă©tĂ© dĂ©crit en utilisant la quantification de Landau des Ă©nergies des Ă©lectrons soumis Ă  un champ magnĂ©tique. Pour que l'effet se manifeste, cela requiert un champ magnĂ©tique homogĂšne et puissant — gĂ©nĂ©ralement plusieurs teslas — et une tempĂ©rature basse[12]. Quelques annĂ©es aprĂšs ses recherches, David Shoenberg demanda Ă  Landau les raisons qui l'on fait penser qu'une dĂ©monstration expĂ©rimentale n'Ă©tait pas possible, ce Ă  quoi il lui aurait rĂ©pondu que Piotr Kapitsa, encadrant de Shoenberg, l'avait convaincu qu'un champ magnĂ©tique prĂ©sentant une telle homogĂ©nĂ©itĂ© Ă©tait particuliĂšrement difficile Ă  mettre en Ɠuvre.

AprĂšs les annĂ©es 1950, l'effet dHvA eut un gain d'intĂ©rĂȘt dans les milieux de la recherche lorsque Lars Onsager (1952), et, de maniĂšre indĂ©pendante, Ilya Lifshitz et Arnold Kosevich (1954), eurent mis en Ă©vidence que le phĂ©nomĂšne pouvait permettre d'obtenir une reprĂ©sentation visuelle de la surface Fermi de mĂ©taux[13] - [14] - [15] - [8]. En 1954, Lifshitz et Aleksei Pogorelov ont dĂ©terminĂ© la gamme d'applicabilitĂ© de la thĂ©orie, ainsi que dĂ©crits la maniĂšre avec laquelle dĂ©terminer la forme de n'importe quelle surface de Fermi convexe en mesurant leurs sections extrĂȘmales. Lifshitz et Pogorelov ont Ă©galement trouvĂ© un lien entre la dĂ©pendance de la tempĂ©rature des oscillations et la masse de cyclotron d'un Ă©lectron[6].

Dans les annĂ©es 1970, les surfaces de Fermi de la plupart des Ă©lĂ©ments mĂ©talliques avait Ă©tĂ© reconstruites en utilisant les effets De Haas–Van Alphen et Shubnikov–De Haas[6].

Notes et références

  1. Zhang Mingzhe, « Measuring FS using the De Haas–Van Alphen effect », Introduction to Solid State Physics, National Taiwan Normal University (consultĂ© le )
  2. Holstein, Norton et Pincus, « De Haas–Van Alphen Effect and the Specific Heat of an Electron Gas », Physical Review B, vol. 8, no 6,‎ , p. 2649 (DOI 10.1103/PhysRevB.8.2649, Bibcode 1973PhRvB...8.2649H)
  3. Suslov, Svitelskiy, Palm et Murphy, « Pulse-echo technique for angular dependent magnetoacoustic studies », AIP Conference Proceedings, vol. 850,‎ , p. 1661–1662 (DOI 10.1063/1.2355346, Bibcode 2006AIPC..850.1661S)
  4. De Haas et Van Alphen, « The dependence of the susceptibility of diamagnetic metals upon the field », Proc.Acad.Sci.Amst., vol. 33,‎ , p. 1106–1118 (lire en ligne)
  5. Charles Kittel, Introduction to Solid-State Physics, 8th, (ISBN 978-0-471-41526-8, lire en ligne)
  6. (en) Peschanskii et Kolesnichenko, « On the 60th anniversary of the Lifshitz-Kosevich theory », Low Temperature Physics, vol. 40, no 4,‎ , p. 267–269 (ISSN 1063-777X, DOI 10.1063/1.4871744, lire en ligne)
  7. (en) JĂŒrgen KĂŒbler, Theory of Itinerant Electron Magnetism, OUP Oxford, (ISBN 978-0-19-850028-5, lire en ligne)
  8. David Shoenberg, Solid state science : past, present, and predicted, Bristol, England, A. Hilger, , 115 p. (ISBN 978-0852745847, OCLC 17620910), « Electrons at the Fermi Surface »
  9. Landau, L. D. "Diamagnetismus der Metalle." Zeitschrift fĂŒr Physik 64.9 (1930): 629-637.
  10. David Shoenberg, Low Temperature Physics LT9, Boston, Springer, , 665–676 p. (ISBN 978-1-4899-6217-1, DOI 10.1007/978-1-4899-6443-4_6), « The De Haas–Van Alphen Effect »
  11. Michael P. Marder, Condensed Matter Physics, Wiley,
  12. Harrison, « De Haas–Van Alphen Effect », National High Magnetic Field Laboratory at the Los Alamos National Laboratory (consultĂ© le )
  13. Onsager, « Interpretation of the De Haas–Van Alphen effect », The London, Edinburgh, and Dublin Philosophical Magazine and Journal of Science, vol. 43, no 344,‎ , p. 1006–1008 (DOI 10.1080/14786440908521019)
  14. Lifschitz, I. M., and A. M. Kosevich. "On the theory of the De Haas–Van Alphen effect for particles with an arbitrary dispersion law." Dokl. Akad. Nauk SSSR. Vol. 96. 1954
  15. Lifshitz et Kosevich, « Theory of magnetic susceptibility in metals at low temperatures », Soviet Physics JETP, vol. 2,‎ , p. 636–645 (lire en ligne)

Liens externes

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