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Edward Seymour (4e baronnet)

Edward Seymour, 4e baronnet, nĂ© en 1633 et mort le Ă  Maiden Bradley[1], est un homme d'État anglais. Il est l'une des personnalitĂ©s politiques prĂ©Ă©minentes de la seconde moitiĂ© du XVIIe siècle, et du Parti tory Ă©mergeant, sa carrière parlementaire s'Ă©tendant sur près de cinquante ans. Orateur talentueux, clair et Ă©loquent, il prĂ©side la Chambre des communes de 1673 Ă  1679, et s'y distingue par sa « connaissance encyclopĂ©dique Â» des dĂ©putĂ©s, de leurs opinions, et des procĂ©dures de la Chambre. Mais il est Ă©galement une figure controversĂ©e, d'une grande arrogance. Ambitieux, et attachĂ© Ă  la dĂ©fense des libertĂ©s, il est trop clivant et trop autonome pour ĂŞtre reconnu comme dirigeant de son parti.

Edward Seymour
Illustration.
Portrait par Sir Peter Lely.
Fonctions
Président de la Chambre des communes d'Angleterre
–
Monarque Charles II
LĂ©gislature « Parlement cavalier Â»
Prédécesseur Job Charlton
Successeur Robert Sawyer
–
Monarque Charles II
LĂ©gislature « Parlement cavalier Â»
Prédécesseur Robert Sawyer
Successeur William Gregory
Membre du Conseil privé
–
Monarque Charles II,
Jacques II
–
Monarque Marie II et Guillaume III
–
Monarque Anne
Trésorier de la Marine royale
–
Monarque Charles II
Prédécesseur Thomas Osborne
Successeur Anthony Cary
Biographie
Date de naissance
Date de décès
Lieu de décès Maiden Bradley, Wiltshire
Nationalité anglais (1633-1707)
britannique (1707-1708)
Parti politique tory
Conjoint Margaret Wale, puis
Laetitia Popham
Enfants huit fils, une fille

Biographie

Sous le règne de Charles II

Il est le fils d'Edward Seymour, 3e baronnet, dĂ©putĂ© royaliste sous Charles Ier et colonel dans l'armĂ©e royaliste (les Cavaliers) durant la guerre civile des annĂ©es 1640. Il est Ă©lu dĂ©putĂ© du village de Hindon, dans le Wiltshire, au premier parlement de la Restauration en 1661, sous Charles II. Ce « parlement cavalier Â», dominĂ© par les royalistes, siĂ©gera jusqu'en janvier 1679. Edward Seymour y est actif, mais y devient hostile au gouvernement, et est perçu comme un « chef de l'Opposition Â», ou comme « l'un des principaux agitateurs Ă  la Chambre Â». Il plaide pour l'interdiction ou la restriction de l'importation de produits agricoles irlandais et français qui font concurrence aux produits de l'ouest de l'Angleterre. En 1667, il « prend la direction des attaques Â» menĂ©es par la Chambre des communes contre le gouvernement menĂ© par Edward Hyde, 1er comte de Clarendon. Seymour et d'autres lui reprochent les dĂ©faites anglaises durant la deuxième guerre anglo-nĂ©erlandaise, mais surtout d'avoir fait emprisonner plusieurs personnes sur l'Ă®le de Jersey en violation du droit Ă  l'habeas corpus. Sur dĂ©cision du Parlement, le comte de Clarendon est exilĂ© en France. Edward Seymour prend par ailleurs la parole Ă  plusieurs reprises pour dĂ©fendre la libertĂ© de conscience religieuse, et s'oppose Ă  la persĂ©cution des non-conformistes[1].

À partir de 1670 toutefois, il se range au camp du gouvernement, et c'est lui qui mène le débat en faveur de l'adoption du budget en janvier 1671. Ses adversaires l'accusent d'avoir été soudoyé par la Cour. Début 1673, il fait partie de la minorité de députés qui soutiennent la Déclaration royale d'indulgence par laquelle Charles II tente d'introduire la liberté de culte aux protestants non-conformistes et aux catholiques. En février, sur proposition du gouvernement et avec l'accord des députés, il devient président de la Chambre des communes. C'est la première fois depuis longtemps que ce poste ne revient pas à un juriste. En avril il est fait membre du Conseil privé du roi, puis trésorier de la Marine royale. Ses adversaires arguent en vain que ces fonctions ne sont pas compatibles avec l'exercice de la présidence de la Chambre. À plusieurs reprises, à la demande du roi ou du gouvernement, il suspend d'autorité les débats aux communes. En avril 1678, à la demande du gouvernement, il feint d'être malade et dans l'incapacité de présider, pour tenter de reporter un débat de la Chambre en matière de politique étrangère ; Robert Sawyer lui succède brièvement à la présidence à cette occasion[1].

Les députés s'inquiètent de voir un catholique, le prince Jacques, succéder un jour au roi Charles II, et souhaitent adopter une proposition de loi pour l'exclure de la succession au trône. Edward Seymour s'oppose à cette proposition, et appelle ses pairs à la modération en leur proposant en vain un compromis : Qu'ils acceptent Jacques pour roi mais adoptent une loi restreignant les pouvoirs de tout monarque catholique, en lui confisquant ses prérogatives en matière de politique religieuse (afin de sauvegarder la foi anglicane) mais aussi en matière de dépenses publiques et d'autorité sur la milice. Il propose également que sous le règne d'un roi catholique, le Parlement puisse siéger un temps de sa propre initiative, pour sauvegarder également les prérogatives de la Chambre. Ces propositions ne trouvent pas d'écho favorable, et agacent Thomas Osborne, comte de Danby et chef du gouvernement. Le roi finit par dissoudre le parlement pour empêcher l'adoption de la proposition de loi d'exclusion à l'encontre de Jacques[1].

Les Ă©lections lĂ©gislatives de mars 1679 produisent une majoritĂ© parlementaire hostile au gouvernement et favorable Ă  l'exclusion de Jacques. MalgrĂ© l'opposition du comte de Danby, la Chambre rĂ©Ă©lit Edward Seymour (dĂ©sormais dĂ©putĂ© du comtĂ© du Devon) Ă  sa prĂ©sidence, « Ă  la quasi-unanimitĂ© Â». Ă€ la demande de son gouvernement, Charles II y met son vĂ©to. Le gouvernement demande alors aux dĂ©putĂ©s d'Ă©lire Thomas Meres pour prĂ©sident, mais essuie un refus. « Avec tact Â», Edward Seymour s'absente du Parlement au moment oĂą son nom circule Ă  nouveau, et permet ainsi l'Ă©lection d'un candidat de compromis, William Gregory. Edward Seymour siège dĂ©sormais comme simple dĂ©putĂ©, mais conserve ses fonctions de membre du Conseil privĂ© et de trĂ©sorier de la Marine. Il prend part Ă  la commission parlementaire qui produit la loi d'Habeas Corpus, et vote contre la proposition de loi d'Exclusion du prince Jacques. Une nouvelle fois, le roi Charles dissout le parlement pour empĂŞcher l'adoption de cette proposition[1].

Aux Ă©lections d'octobre, remportĂ©es Ă  nouveau par l'Opposition, il est Ă©lu dĂ©putĂ© de Totnes, dans le Devon. Charles n'autorise ce parlement Ă  siĂ©ger qu'Ă  partir d'octobre 1680, un an après les Ă©lections. Edward Seymour y est membre de la minoritĂ© favorable au gouvernement, et devient « l'un des principaux conseillers du roi sur les questions parlementaires Â». Le prince Jacques, duc d'York, le dĂ©crit comme « un ami vrai et hardi Â». Seymour prend une nouvelle fois la parole Ă  la Chambre pour s'opposer Ă  la proposition de loi d'Exclusion ; il argue que Jacques n'a nulle intention de s'attaquer Ă  l'Église anglicane. Des dĂ©putĂ©s de la majoritĂ© d'Opposition rĂ©pondent en faisant adopter une motion qui le dĂ©choit de la Chambre, l'empĂŞchant de participer aux dernières sessions avant la dissolution du parlement en janvier 1681. Il n'est pas rĂ©Ă©lu au parlement de 1681, et cède son poste de trĂ©sorier de la Marine Ă  Anthony Carey, 5e vicomte Falkland, mais demeure un temps membre de premier plan du Conseil privĂ©. Son arrogance devient toutefois un problème (il n'hĂ©site pas Ă  interpeller et interrompre le roi), et après une dispute avec George Savile, 1er marquis d'Halifax et autre grande figure du gouvernement, il est contraint de se mettre en retrait[1].

Sous le règne de Jacques II

Il est Ă©lu dĂ©putĂ© d'Exeter aux Ă©lections de 1685, remportĂ©es par le Parti tory dont il est membre. C'est le premier et unique parlement du règne du nouveau roi Jacques II, de confession catholique. Bien que tory, Edward Seymour « forme quasiment une Opposition d'un seul homme Â» dans ce « Parlement loyal Â» acquis Ă  la cause du roi. Il est le seul dĂ©putĂ© Ă  s'opposer Ă  l'octroi de revenus Ă  vie au monarque, octroi qui prive le Parlement de contrĂ´le sur l'utilisation des revenus de la Cour. Il s'oppose ouvertement Ă  l'autoritarisme de Jacques II, avertissant les dĂ©putĂ©s du risque d'un « gouvernement anticonstitutionnel Â». MalgrĂ© ses arguments antĂ©rieurs, il estime par ailleurs dĂ©sormais qu'il existe un risque d'imposition du catholicisme sur le royaume. S'il est huĂ© par bon nombre des autres dĂ©putĂ©s lors des premières sessions, certains se rangent par la suite Ă  son avis, et le soutiennent lorsqu'il prend la parole pour dĂ©noncer la dĂ©cision de Jacques de maintenir en Angleterre une armĂ©e permanente, avec des officiers catholiques[1].

Il ne prend pas part Ă  la « Glorieuse RĂ©volution Â» qui chasse le roi Jacques du trĂ´ne. Le 7 dĂ©cembre 1688, il hĂ©rite du titre de baronnet de son père, quatre jours avant que le roi ne fuie le pays. Il est rĂ©Ă©lu dĂ©putĂ© d'Exeter au « parlement de convention Â» de 1689, dominĂ© par le Parti whig. S'il veut bien reconnaĂ®tre Guillaume d'Orange comme rĂ©gent, il s'oppose Ă  ce que celui-ci soit proclamĂ© roi. Ă€ l'instar de la Chambre des lords, mais Ă  l'opposĂ© de la majoritĂ© des communes, il estime que le trĂ´ne n'est pas vacant, Jacques n'ayant pas abdiquĂ©. Pour autant, il prend part Ă  la rĂ©daction de la DĂ©claration des droits de 1689, qui sauvegarde les libertĂ©s individuelles et les prĂ©rogatives du Parlement en restreignant les pouvoirs du monarque[1].

Sous les règnes de Marie II et Guillaume III, puis d'Anne

Il demeure dĂ©putĂ© d'Exeter au parlement de 1690 sous les nouveaux monarques conjoints Marie II et Guillaume III, et n'est pas fait membre de leur gouvernement. Il apparaĂ®t comme un dĂ©putĂ© d'opposition. Lors du premier dĂ©bat Ă  la Chambre le 22 mars, il affirme qu'il est d'usage que les dĂ©putĂ©s puissent dĂ©battre des griefs du pays avant de voter un budget au gouvernement. Quelques jours plus tard, il appelle la Chambre Ă  ne pas accorder de budget trop gĂ©nĂ©reux aux nouveaux monarques, rappelant que l'octroi de revenus Ă  vie Ă  Jacques II avait permis Ă  ce dernier de s'affranchir du contrĂ´le du Parlement ; il estime ainsi que les dĂ©putĂ©s ne doivent pas « rendre les ministres indĂ©pendants Â» de la Chambre. Par la suite, il demande Ă  savoir comment le gouvernement a dĂ©pensĂ© les sommes prĂ©cĂ©dentes avant l'octroi d'un nouveau budget. Au nom de la dĂ©fense de la libertĂ© individuelle et de l'habeas corpus, il s'oppose Ă  la proposition de loi d'abjuration qui contraindrait toute personne exerçant une fonction publique de dĂ©clarer que Jacques II n'est plus le monarque lĂ©gitime du pays, sous peine d'ĂŞtre inculpĂ©e pour haute trahison[1].

Il modère par la suite ses critiques du gouvernement, qu'il est perçu comme espĂ©rant intĂ©grer. Le 1er mars 1692, il est effectivement nommĂ© membre du Conseil privĂ© de Marie et Guillaume. Tory, il se trouve ainsi intĂ©grĂ© Ă  un gouvernement whig, par des monarques rĂ©ticents qui souhaitent surtout inhiber son « pouvoir de nuisance Â» au Parlement. Il dĂ©fend dès lors en effet les positions du gouvernement Ă  la Chambre des communes. En 1693 et 1694, il est moins actif Ă  cet effet, et le roi l'Ă©carte du gouvernement. Il rejoint alors Ă  nouveau les rangs de l'Opposition, et qualifie le roi d'« Ă©tranger Â» passant trop de temps en Flandres. Il perd son siège d'Exeter aux Ă©lections de 1695, remportĂ©es Ă  nouveau par les whigs, mais est Ă©lu dĂ©putĂ© de Totnes. Il est formellement limogĂ© du Conseil privĂ© en mars 1696, bien qu'il n'en soit dĂ©jĂ  plus membre dans les faits, et fait face au Parlement Ă  des accusations de jacobitisme. Son influence est alors très diminuĂ©e. Il retrouve son siège d'Exeter aux Ă©lections de 1698, mais brigue sans succès la prĂ©sidence de la Chambre, et s'avère ĂŞtre « d'une efficacitĂ© limitĂ©e dans l'opposition Â», d'autant qu'il est souvent en dĂ©saccord avec la majoritĂ© de son parti et qu'il cherche Ă  agir de manière indĂ©pendante[1].

Les élections de janvier 1701 produisent une majorité tory à la Chambre. Edward Seymour, qui demeure député d'Exeter, espère alors retrouver une place au gouvernement, et modère à nouveau ses attaques à l'encontre du roi. Il soutient l'Acte d'établissement qui garantit la succession de la Couronne à la maison de Hanovre, protestante. Le roi, toutefois, ne souhaite pas confier le gouvernement aux tories, et dissout le parlement ; les élections qui suivent, en décembre, restaurent une majorité whig. Elle s'avère de courte durée. La Chambre est dissoute à la mort de Guillaume en mars 1702, et les élections de 1702 produisent une nouvelle majorité tory. La nouvelle reine Anne nomme Edward Seymour membre de son Conseil privé en avril. À ce titre, c'est lui qui annonce à la Chambre la décision du gouvernement de déclencher la deuxième guerre intercoloniale contre la France et l'Espagne. Malade et affaibli à partir de 1704, il est néanmoins réélu député en 1705, et participe aux débats parlementaires jusqu'en décembre de cette année. Il s'y prononce contre l'idée d'union de l'Angleterre et de l'Écosse en un seul royaume, l'Écosse étant à ses yeux trop pauvre. Il meurt le 18 février 1708, deux jours après avoir brûlé son testament[1].

Sept de ses neuf enfants lui survivent. Son fils aîné, Edward Seymour (5e baronnet), hérite de son titre de baronnet. Son deuxième fils, William Seymour (officier) (en), est officier dans l'armée anglaise durant la guerre de Succession d'Espagne. Son troisième fils, Popham Seymour-Conway, l'aîné des enfants issus de son second mariage, est député au Parlement d'Irlande, et est tué lors d'un duel en 1699. Son quatrième fils, Francis Seymour-Conway (1er baron Conway), est député tory au Parlement d'Angleterre de 1701 à 1703 puis est anobli et fait baron Conway ; il deviendra par la suite membre du Conseil privé d'Irlande.

Références

  1. (en) "SEYMOUR, Sir Edward, 4th Bt. (1633-1708)", in D. Hayton, E. Cruickshanks, S. Handley (éds.), The History of Parliament: the House of Commons 1690-1715, 2002. (Et la première version de l'article en 1983, davantage complète sur la période antérieure à 1690.)

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