Dynastie Zhou de l'Est
La dynastie des Zhou orientaux (chinois traditionnel : æ±ćš ; chinois simplifiĂ© : äžćš ; pinyin : , qui commence en -770 et se termine en -256[1] - [2], ayant durĂ© pendant la pĂ©riode des Printemps et des Automnes et pendant les Royaumes combattants. C'est une pĂ©riode rĂ©duite de la dynastie Zhou (-1045 â -256) qui fait suite Ă la pĂ©riode dite de la dynastie Zhou occidentale. Sa capitale Ă©tait Luoyi (chinois : æŽé ; pinyin : ; litt. « ville ou district de Luo »), aujourd'hui, Luoyang. Son fondateur est Zhou Pingwang et la chute de la dynastie a lieu sous le rĂšgne de Zhou Nanwang.
Histoire
En 770 avant J.-C., la capitale de la dynastie Zhou est déplacée de Haojing (ce qui correspond actuellement au Xian de Changan dans la ville de Xi'an) à Luoyi (ce qui correspond actuellement à la ville de Luoyang, province du Henan). Ce changement de capitale marque le début de la dynastie des Zhou orientaux, nommée ainsi car la nouvelle capitale se situe à l'est de l'ancienne. Par opposition, la précédente période est connue sous le nom de dynastie des Zhou occidentaux. Plus de 25 rois ont régné pendant la dynastie des Zhou orientaux, durant 515 ans en tout.
Le changement de capitale se produit Ă la suite de la mort du roi You de Zhou[3], dernier roi de la dynastie des Zhou occidentaux, tuĂ© lors d'une attaque du peuple nomade des Quanrong contre Haojing. Son fils, le prince hĂ©ritier Yijiu est proclamĂ© nouveau roi par les nobles des Ătats de Zheng, LĂŒ, Qin et le marquis de Shen. Il devient alors le roi Ping de Zhou et prend donc la dĂ©cision de dĂ©placer la capitale vers l'est Ă Luoyi pour se mettre Ă l'abri d'une Ă©ventuelle nouvelle attaque des Quanrong.
La premiĂšre moitiĂ© de la dynastie des Zhou orientaux, qui dure d'environ 771 Ă environ 476 avant J.-C., est connue sous le nom de pĂ©riode des Printemps et Automnes. Le nom de cette pĂ©riode provient des Annales des Printemps et Automnes, une chronique des rĂšgnes des douze princes de l'Ătat de Lu, couvrant la pĂ©riode allant de 722 Ă 481 av. J.-C. Cet ouvrage est l'Ćuvre de plusieurs gĂ©nĂ©rations de scribes, mais, si l'on en croit la tradition, leurs travaux auraient Ă©tĂ© compilĂ©s par Confucius au dĂ©but du Ve siĂšcle av. J.-C.
Les Printemps et Automnes marquent le dĂ©but du lent dĂ©clin des Zhou. En effet, la mise Ă sac de l'ancienne capitale royale et leur dĂ©faite lors de la bataille de Xuge provoquent la destruction de leur puissance militaire et de leur prestige. De plus, la popularitĂ© du roi Ping s'effondre au fur et Ă mesure que se propagent les rumeurs selon lesquelles il aurait tuĂ© son pĂšre. Face Ă ce roi affaibli, on trouve des vassaux devenant de plus en plus puissants, renforçant leur position en infligeant des dĂ©faites Ă d'autres Ătats rivaux, et augmentant leur territoire en envahissant des pays voisins. Finalement, les rois Zhou n'ont plus les moyens de contrĂŽler rĂ©ellement le pays et doivent constamment se tourner vers leurs puissants vassaux pour obtenir de l'aide.
Les vassaux les plus importants, qui seront connus plus tard sous le nom de « douze vassaux », se rĂ©unissent lors de confĂ©rences rĂ©guliĂšres oĂč ils dĂ©cident de la maniĂšre de rĂ©gler les questions importantes, telles que les expĂ©ditions militaires contre des groupes Ă©trangers ou contre des nobles offenseurs[4]. Au cours de ces confĂ©rences, le souverain d'un des plus puissants Ătats vassaux est parfois dĂ©clarĂ© hĂ©gĂ©mon. Il s'agit, en gĂ©nĂ©ral, du souverain de l'Ătat le plus puissant, qui a rĂ©ussi Ă rĂ©unir autour de lui une alliance de plusieurs autres Ătats et tente de gouverner la Chine au nom des Zhou. Le pouvoir des hĂ©gĂ©mons est en gĂ©nĂ©ral assez bref et finit par devoir faire face Ă une contre-alliance organisĂ©e autour d'un autre Ătat. Comme aucun hĂ©gĂ©mon ne rĂ©ussit durablement Ă imposer sa puissance aux autres Ătats, le titre perd graduellement de son importance et finit par ne plus ĂȘtre utilisĂ©. Lors d'une de ces rĂ©unions, le Chancelier Guan Zhong de Qi amorce une politique intitulĂ©e : « RĂ©vĂ©rer le roi, expulser les barbares » (chinois : ć°çæ怷, voir SonnĆ jĆi). En l'adoptant et en y adhĂ©rant, le Duc Huan de Qi rĂ©ussit Ă rassembler autour de lui les autres Ătats vassaux le temps d'Ă©carter la menace que des peuples non chinois faisait peser sur le pays.
En 635 avant J.-C., a lieu l'Ă©vĂ©nement connu sous le nom de « Chaos du Prince Dai ». Le roi Xiang de Zhou est expulsĂ© de force de la capitale des Zhou par son frĂšre, le Prince Dai, qui s'empare du pouvoir[5]. Xiang se tourne alors vers le duc Wen de Jin pour obtenir de l'aide, qui intervient rapidement et tue le prince Dai. Le roi Xiang rĂ©compense alors son sauveur en lui accordant le droit de rĂ©gner sur Henei et Yangfan[3]. Mais les relations entre les rois et leurs vassaux ne se dĂ©roulent pas toujours aussi bien. C'est ainsi qu'en 632 avant J.-C., le mĂȘme duc Wen de Jin oblige le roi Xiang Ă assister Ă la confĂ©rence des vassaux Ă Jiantu[3]. Avec le temps, le prestige des Zhou se dĂ©grade de plus en plus, au point qu'en 606 avant J.-C., pendant le rĂšgne du roi Ding de Zhou, le roi Zhuang de Chu demande Ă pouvoir Ă©valuer le " poids des chaudrons (en) » (éźéŒäč蜻é). Les chaudrons en question ne sont pas de simples ustensiles de cuisine, mais des dings (chinois : éŒ ; pinyin : ; Wade : ting), des anciens chaudrons chinois sur pieds dotĂ©s dâun couvercle et de deux anses situĂ©es de part et dâautre. Les ding dont le roi Zhuang dĂ©sire connaĂźtre le poids sont neuf chaudrons tripodes en bronze lĂ©gendaires, dont la tradition raconte quâils auraient Ă©tĂ© fondus par Yu le Grand de la dynastie mythique des Xia lorsquâil crĂ©a les neuf provinces (Jiuzhou)[6] - [7]. Depuis la pĂ©riode de la dynastie Shang, ils sont vus comme un symbole du pouvoir et de l'autoritĂ© de la dynastie rĂ©gnante et depuis les Zhou occidentaux, ils symbolisent Ă©galement l'autoritĂ© de celui qui dĂ©tient le Mandat du Ciel[8]. En demandant Ă pouvoir manipuler ces chaudrons dont l'usage est strictement codifiĂ©, Zhuang lance un dĂ©fi direct au roi Ding, mais le ministre de Zhou, Wangsun Man (çćæ»Ą), clĂŽt la discussion et le dĂ©fi en repoussant cette demande[3]. La partition progressive de l'Ătat de Jin, qui est divisĂ© par les Trois familles en trois nouveaux Ătats, le Han, le Wei et le Zhao, marque traditionnellement la fin de cette pĂ©riode.
La seconde moitiĂ© de la dynastie, qui va d'environ 475 Ă 221 avant J.-C., est appelĂ©e la pĂ©riode des Royaumes combattants[3]. Durant cette pĂ©riode, les rĂ©unions de dirigeants cessent et le titre d'hĂ©gĂ©mon disparait. De nombreux dirigeants des Ătats vassaux se proclament roi, ce qui dĂ©valorise ce titre et limite encore plus l'influence de la famille royale Zhou[9]. Lorsque commence le rĂšgne du roi Nan de Zhou, les rois Zhou ont perdu presque tout pouvoir politique et militaire, car mĂȘme les derniĂšres terres qui restent sous leur contrĂŽle sont divisĂ©es en deux Ătats ou factions, dirigĂ©s par des seigneurs fĂ©odaux rivaux : Zhou Ouest, oĂč se trouve la capitale Wangcheng, et Zhou Est, centrĂ© sur Chengzhou et Kung. Le roi Nan rĂ©ussit Ă prĂ©server sa dynastie affaiblie par la diplomatie et les conspirations pendant cinquante-neuf ans jusqu'Ă sa dĂ©position et mise Ă mort par Qin en 256 avant J.-C. Sept ans plus tard, le Zhou Est est conquis par Qin[3].
Si, techniquement, la dynastie Zhou prend fin avec la chute du Zhou Est, la pĂ©riode des Royaumes combattants ne sâachĂšve qu'avec les guerres d'unification de Qin, qui aboutissent Ă l'annexion par l'Ătat de Qin de tous les autres Ătats rivaux. Ces guerres sâachĂšvent avec la victoire finale de Qin en 221 avant JĂ©sus-Christ, date Ă laquelle cet Ătat devient le premier empire chinois unifiĂ©, connu sous le nom de dynastie Qin.
Rois
Voici la liste des rois de la dynastie des Zhou orientaux. Les dates entre parenthÚses sont celles du début et de la fin de leurs rÚgnes respectifs.
PĂ©riode des Printemps et des Automnes
- Roi Ping de Zhou â Ji Yijiu (772 av. J.-C.â720 av. J.-C.)
- Roi Xie de Zhou â Ji Yuchen (770 av. J.-C.â760 av. J.-C. ou 771 av. J.-C.â750 av. J.-C.)
- Roi Huan de Zhou â Ji Lin (719 av. J.-C.â697 av. J.-C.)
- Roi Zhuang de Zhou â Ji Tuo (696 av. J.-C.â682 av. J.-C.)
- Roi Xi de Zhou â Ji Huqi (681 av. J.-C.â677 av. J.-C.)
- Roi Hui de Zhou â Ji Lang (676 av. J.-C.â652 av. J.-C.)
- Roi Xiang de Zhou â Ji Zheng (651 av. J.-C.â619 av. J.-C.)
- Roi Qing de Zhou â Ji Renchen (618 av. J.-C.â613 av. J.-C.)
- Roi Kuang de Zhou â Ji Ban (612 av. J.-C.â607 av. J.-C.)
- Roi Ding de Zhou â Ji Yu (606 av. J.-C.â586 av. J.-C.)
- Roi Jian de Zhou â Ji Yi (585 av. J.-C.â572 av. J.-C.)
- Roi Ling de Zhou â Ji Xiexin (571 av. J.-C.â545 av. J.-C.)
- Roi Jing de Zhou â Ji Gui (544 av. J.-C.â520 av. J.-C.)
- Roi Dao de Zhou â Ji Meng (520 av. J.-C.)
- Roi Jing de Zhou â Ji Gai (519 av. J.-C.â477 av. J.-C.)
PĂ©riode des Royaumes combattants
- Roi Yuan de Zhou â Ji Ren (476 av. J.-C.â469 av. J.-C.)
- Roi Zhending de Zhou â Ji Jie (468 av. J.-C.â441 av. J.-C.)
- Roi Ai de Zhou â Ji Quji (441 av. J.-C.)
- Roi Si de Zhou â Ji Shu (441 av. J.-C.)
- Roi Kao de Zhou â Ji Wei (440 av. J.-C.â426 av. J.-C.)
- Roi Weilie de Zhou â Ji Wu (425 av. J.-C.â402 av. J.-C.)
- Roi An de Zhou â Ji Jiao (401 av. J.-C.â376 av. J.-C.)
- Roi Lie de Zhou â Ji Xi (375 av. J.-C.â369 av. J.-C.)
- Roi Xian de Zhou â Ji Bian (368 av. J.-C.â321 av. J.-C.)
- Roi Shenjing de Zhou â Ji Ding (320 av. J.-C.â315 av. J.-C.)
- Roi Nan de Zhou â Ji Yan (314 av. J.-C.â256 av. J.-C.)
Notes et références
- "...Eastern Zhou period (770â256 BC)" Early China - A Social and Cultural History, p. 10. Cambridge University Press.
- "Zhou". Random House Webster's Unabridged Dictionary.
- Records of the Historians (ISBN 978-0835106184)
- « Eastern Zhou Dynasty (770 BC-221 BC) in China History », sur www.warriortours.com (consulté le )
- Eastern Zhou Dynasty. "Just at that moment, King Xiang of Zhou was driven to exile by Prince Dai who colluded with the Di tribes. So he, in alliance with other dukes, defeated Prince Dai and brought King Xiang back to the capital Luoyi."
- Art: The Great Bronze Age of China
- (en) The Great Bronze Age of China: An Exhibition from the Peopleâs Republic of China at The Metropolitan Museum of Art, New York, Asia for Educators, universitĂ© Columbia
- Greg Woolf, Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art, Barnes & Noble, (ISBN 978-1-4351-0121-0, lire en ligne), p. 210
- « Zhou Dynasty », Ancient History Encyclopedia,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Eastern Zhou » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
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- Yang Hsien-yi et Gladys Yang (1974), Records of the Historians. Hong Kong: Commercial Press.
- Réimprimé par University Press of the Pacific, 2002. Contient des biographies de Confucius et Lao Tseu. (ISBN 978-0835106184).