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Double animal

Un double animal est, en ethnologie, dans le folklore, en histoire des religions, un animal qui est l'alter ego d'un humain. C'est son double, à l'extérieur, sous forme animale. Cette gémellité peut aller au point que le destin de l'homme et de son double animal sont liés : si l'un meurt, l'autre aussi.

Selon Pierre Smith on désigne comme "double animal" cet alter égo sous 3 conditions : 1) la personne et son double sont distincts ; 2) ils partagent une destinée commune ou une conscience commune ; 3) la personne et son double animal sont complémentaires[1].

Exemples

  • "Chez les EkoĂŻs de la rĂ©gion d’Oban, dans le NigĂ©ria mĂ©ridional, il est très frĂ©quent d’entendre une personne dire d’une autre qu’elle « possède » tel ou tel animal, voulant dire par lĂ  qu’elle peut prendre la forme de cet animal. Les gens croient que, par une pratique constante et en vertu de certains secrets hĂ©rĂ©ditaires, un homme peut quitter son corps humain et revĂŞtir celui d’une bĂŞte sauvage. D’après eux, outre l’âme qui anime son corps humain, chacun a une « âme de la brousse » qu’il peut de temps en temps envoyer animer le corps de la crĂ©ature qu’il « possède ». Lorsqu’on dĂ©sire que son âme de la brousse aille rĂ´der, on boit une potion magique, dont le secret se transmet depuis un temps immĂ©morial, et dont on garde toujours une certaine quantitĂ©, prĂŞte Ă  ĂŞtre employĂ©e, dans un vieux pot de terre mis de cĂ´tĂ© Ă  cet effet. A peine a-t-il bu le breuvage mystique que l’âme de l’individu s’échappe loin de lui et va flotter invisible Ă  travers la ville pour pĂ©nĂ©trer dans la forĂŞt. LĂ , elle se met Ă  s’enfler et, abritĂ©e Ă  l’ombre des arbres, elle prend la forme du double animal de l’homme, qui peut ĂŞtre un· Ă©lĂ©phant, un lĂ©opard, un buffle, un sanglier ou un crocodile."[2]
  • Chez les chamanes toungouses, "le Xargi n'est autre que le double-animal du chamane... Ce sera le Xargi, le double-animal du chamane, son auxiliaire le plus puissant durant la sĂ©ance. En pĂ©riode de repos, le Xargi ira se cacher dans l'arbre chamanique du clan, un mĂ©lèze au fond de la taĂŻga."[3]
  • En MĂ©soamĂ©rique, "le tonal est "un animal-compagnon (et un seul) dont est dotĂ© tout individu dès sa naissance et dont il partage le sort. L'animal ou tona habite dans une montagne sacrĂ©e correspondant Ă  la communautĂ© oĂą vit l'ĂŞtre humain. La force de l'animal est fonction de la catĂ©gorie sociale de l'individu. Le lien entre celui-ci et son tona est permanent et dĂ©finitif."[4]
  • En Afrique noire, chez les Dogon "chaque homme a un jumeau dans le monde animal, 'distinct de lui, nĂ© en d'autres zones, de forme apparemment hĂ©tĂ©rogène, mais de mĂŞme essence et appartenant Ă  la mĂŞme promotion rĂ©percutĂ©e jusqu'au ciel' (M. Griaule). Les Diola [Joola] considèrent, de mĂŞme, que chaque humain a son double dans le monde animal et que la parentĂ© est si rĂ©elle que le destin des deux ĂŞtres est solidaire."[5]

Bibliographie

  • James Frazer, Le rameau d'or (1906-1915), VII : Balder le Magnifique (1913), trad., Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1981-1984, t. IV.
  • Laurence Delaby, Chamanes toungouses, Études mongoles et sibĂ©riennes, 1976.
  • Odile Journet-Diallo, "Le monde diffractĂ©. ThĂ©ories joola du double animal", Systèmes de pensĂ©e en afrique noire, t. 15, 1998, p. 203-230.
  • Alain Mabanckou, MĂ©moires de porc-Ă©pic, roman, Seuil, 2006.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Pierre Smith, "Principes de la personne et catégories sociales", in La notion de personne en Afrique noire (1973), L'Harmattan, 1993, p. 467-490.
  2. James Frazer, Le rameau d'or, VII : Balder le Magnifique, chap. 11, § 3 : "L'âme externe chez les animaux".
  3. Laurence Delaby, Chamanes toungouses, Études mongoles et sibériennes, 1976, p. 40-43.
  4. Jacqueline de Durand-Forest, article "Tonalisme et nagualism", apud Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, 1998, p. 1303-1304.
  5. Anne Stamm, article "Totémisme", apud Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, 1998, p. 1310.
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