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Djeddar

Un djeddar est un type de monument funéraire berbère daté du Ve et VIe siècles.

Djeddar
Image illustrative de l’article Djeddar
Djeddar de Frenda
Localisation
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
CoordonnĂ©es 35° 06′ 47″ nord, 1° 12′ 45″ est
Géolocalisation sur la carte : Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
Djeddar
Djeddar

Localement, ces constructions sont parfois dénommées différemment sous les appellations de redjem ou chouchet[1].

Datation et origine

Les djeddars auraient été construits pour inhumer les rois berbères durant la période qui s'étend entre la fin de l'empire romain et la conquête musulmane (soit entre 429 et 671). Selon Adrien Berbrugger, leur construction serait postérieure à l'occupation byzantine[2].

Selon Gabriel Camps, il existerait une filiation entre tombeaux en pierres sèches connus dans le nord de l'Afrique depuis six mille ans[3]et les djeddars dont le Madracen et le Mausolée Royal de Maurétanie seraient les formes les plus abouties. Toutefois, les tumuli protohistoriques à enceinte bâtie nommés bazina ont la forme d'un cône à degré[4], alors que les djeddars comporte un soubassement carré et une élévation pyramidale[5].

Djeddars de Frenda

Les djeddars sont situés à trente kilomètres au sud-ouest de Tiaret, sur des hauteurs à l'ouest de Medroussa, dans la commune de Tousnina (wilaya de Tiaret) en Algérie. Ils forment deux groupes séparés de six kilomètres. Trois djeddars (dénommés A, B, C) sont situés sur le djebel Lakhdar, et les dix autres (D à M) sur le djebel Araoui. Plusieurs d'entre eux sont dans un état de ruine très avancé[5].

Plan du djeddar C levé par O. Mac Carthy.

Le plus ancien des djeddar (nommĂ© A) date du Ve siècle et comporte une inscription latine concernant un haut personnage, peut-ĂŞtre romano-africain. La construction des treize djeddar rĂ©pertoriĂ©s s'Ă©chelonne sur deux siècles. L'ornementation prĂ©sente des formes gĂ©omĂ©triques (rosaces, Ă©toiles, chevrons), des signes distinctifs chrĂ©tiens (colombes entourant un calice), et des reprĂ©sentations d'animaux dĂ©jĂ  prĂ©sentes Ă  la prĂ©histoire (bovins, chevaux, lions, etc.). Certains Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs se retrouvent plus au nord dans ce que les archĂ©ologues nomment « le Royaume d'Altava Â»[6]. Selon Yves ModĂ©ran, les trois djeddar les plus anciens pourraient dater du IVe et du tout dĂ©but du Ve siècle, et ĂŞtre l'Ĺ“uvre de princes paĂŻens d'origine saharienne, ce qui remettrait en cause l'idĂ©e admise jusqu'alors que Rome aurait contrĂ´lĂ© la rĂ©gion jusqu'en 455. Pour les autres djeddar, ceux du djebel Araoui, Ă©difiĂ©s de la fin du Ve jusqu'au VIIe siècle, et portant des fresques chrĂ©tiennes, il est admis qu'ils ont servi de sĂ©pulture Ă  des chefs chrĂ©tiens d'un Ă©tat berbĂ©ro-romain successeur de Rome en MaurĂ©tanie.

Le plan intĂ©rieur du djeddar F est complexe: deux galeries de forme carrĂ©e, comprenant en tout dix-huit salles, entourent deux chambres sĂ©pulcrales ornĂ©es de fresques d'inspiration chrĂ©tienne. Le djeddar A, qui a Ă©tĂ© le plus explorĂ©, a une base de 34 mètres de cĂ´tĂ© et pouvait atteindre 17 mètres de hauteur. Il dispose Ă©galement d'un système de galeries comportant huit salles qui entourent la chambre funĂ©raire centrale, ornĂ©es de sculptures en bas-relief d'animaux et de scènes de chasse. Il est le seul des djeddars Ă  possĂ©der une enceinte extĂ©rieure comprenant un petit Ă©difice pour le culte qui fait face au cĂ´tĂ© oriental du mausolĂ©e.

Les dimensions de leur base carrĂ©e varient de 11,50 mètres de largeur pour le djeddar B Ă  46 mètres pour le djeddar F, dont la hauteur pouvait atteindre 18 mètres Ă  l'origine. Certaines pierres de taille ayant servi Ă  leur construction portent encore des marques de tâcherons Ă  noms berbères ou romains[5]. Les monuments ont Ă©tĂ© fouillĂ©s dans les annĂ©es 1970 par l'archĂ©ologue Fatima Kadra[6]. Ils ont Ă©tĂ© proposĂ©s pour figurer dans la liste du patrimoine mondial par les autoritĂ©s algĂ©riennes en 2002[7].

LĂ©gende

Selon la légende locale, ces monuments ont été construits par les Djohala ou Djouhala, géants qui habitaient la contrée bien antérieurement à l'avènement de l'Islam dans la région [8].

Notes et références

  1. Reygasse 1950, p. 38
  2. Le tombeau de la chrétienne, Adrien Berbrugger, p 64
  3. Ginette Aumassip, L'Algérie des premiers hommes, Ibis Press 2001, p.14
  4. Meynier 2010, p. 33
  5. Modéran 2009, p. 290-291
  6. Meynier 2010, p. 291
  7. UNESCO
  8. C. Agabi, « Djohala », dans Salem Chaker (dir.), Encyclopédie berbère, Aix-en-Provence, Edisud, , p. 2476-2477

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Maurice Reygasse, Monuments funĂ©raires prĂ©islamiques de l'Afrique du Nord, Paris, Gouvernement GĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie, Arts et MĂ©tiers Graphiques,

Liens externes

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