Directoire révolutionnaire 13 mars
Le Directoire rĂ©volutionnaire 13 mars (Directorio Revolucionario 13 de marzo, DR13M) est une organisation rĂ©volutionnaire cubaine fondĂ©e en 1956 par JosĂ© Antonio EcheverrĂa pour lutter contre la dictature de Batista et active pendant la rĂ©volution cubaine.
Origines
En 1955, l’activitĂ© importante des Ă©tudiants dans la lutte contre la dictature de Batista incite JosĂ© Antonio EcheverrĂa, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration Étudiante Universitaire (FEU) depuis 1954, Ă la crĂ©ation d’une structure spĂ©cialisĂ©e dans la lutte armĂ©e.
L’idée de cette nouvelle structure s’inspire du Directoire Étudiant Universitaire (DEU), une organisation fondée en 1927 par des étudiants pour lutter contre la dictature de Gerardo Machado.
Le Directoire rĂ©volutionnaire commence Ă s’organiser Ă la fin du mois de septembre 1955 autour de JosĂ© Antonio EcheverrĂa, Fructuoso RodrĂguez, Faure ChomĂłn et RubĂ©n Aldama[1]. Le Directoire est alors pensĂ© comme le bras armĂ© de la FEU.
La constitution du Directoire rĂ©volutionnaire est publiquement annoncĂ©e par Antonio EcheverrĂa dans un discours Ă l’universitĂ© de La Havane le 24 fĂ©vrier 1956. Le mĂŞme jour est publiĂ©e un "Manifeste au peuple cubain" qui dĂ©nonce le rĂ©gime de Batista comme ultra rĂ©actionnaire, illĂ©gitime, criminel et despotique[1]
.
Le 15 mai 1956, Rubén Aldama est arrêté par la police de Batista, torturé et exécuté. Il sera considéré comme le premier "martyr" du Directoire révolutionnaire.
Pacte de Mexico
Pendant l’étĂ© 1956, JosĂ© Antonio EcheverrĂa se rend au Chili pour assister Ă un congrès des Ă©tudiants d’AmĂ©rique Latine. Sur le chemin du retour, il fait Ă©tape au Mexique. Le 29 aoĂ»t 1956 Ă Mexico, il y rencontre Fidel Castro qui est en train d’organiser un groupe de combattants pour mener la lutte armĂ©e Ă Cuba.
À l’issue de cette rencontre, les deux dirigeants élaborent un document : la « Carta de Mexico » (appelé aussi « Pacte de Mexico »)[2]. Ce texte appelle à la lutte armée contre le régime de Batista et indique que celle-ci doit être secondée par la grève générale[3].
La « Carta de Mexico » scelle l’alliance entre la FEU/Directoire révolutionnaire et le Mouvement du 26 juillet. Si chaque organisation reste indépendante vis-à -vis de l’autre et mène ses propres actions armées, il est convenu d’accentuer la pression sur le régime et de coordonner les actions.
Lutte armée
Le 13 mars 1957, le Directoire révolutionnaire entreprend une action qui doit porter un coup fatal à la dictature. Des attaques simultanées sont lancées contre le palais présidentiel (devenu aujourd’hui le Musée de la Révolution) et les locaux de Radio Reloj. L’objectif est d’assassiner Batista et de lancer un appel au soulèvement populaire depuis la radio.
Un commando de 50 hommes armĂ©s prend d’assaut le palais prĂ©sidentiel tandis que JosĂ© Antonio EcheverrĂa investit les locaux de la radio avec une quinzaine d’hommes. L’opĂ©ration est un Ă©chec : Batista parvient Ă s’enfuir et la transmission radio est coupĂ©e en plein milieu du discours de JosĂ© Antonio EcheverrĂa sur Radio Reloj. Un grand nombre d’assaillant est tuĂ© pendant l’opĂ©ration. Parmi eux, figure JosĂ© Antonio EcheverrĂa qui trouve la mort dans un accrochage avec la police près de l’UniversitĂ© de La Havane après avoir quittĂ© les locaux de Radio Reloj[4].
Après la mort de JosĂ© Antonio EcheverrĂa, Fructuoso RodrĂguez prend la tĂŞte de l’organisation. Le mouvement est renommĂ© Directoire rĂ©volutionnaire – 13 mars (DR13M) en hommage aux combattants tombĂ©s lors des attaques du 13 mars 1957. Il est dĂ©cidĂ© d’ouvrir un front de guĂ©rilla dans les montagnes de l’Escambray. Le 20 avril, Fructuoso RodrĂguez est arrĂŞtĂ© Ă La Havane par la police de Batista et est assassinĂ©.
La direction de l’organisation passe aux mains de Faure Chomón qui est alors réfugié en Floride. Le 8 février 1958, il débarque à Cuba avec une importante cargaison d’armes. Le DR13M organise alors sa guérilla dans l’Escambray[5].
En juillet 1958, Eloy Gutiérrez Menoyo, membre de la direction du DR13M, scissionne de l’organisation et crée son propre mouvement de guérilla : le Second Front.
Au mois d’octobre, la colonne no 8 du Mouvement du 26 juillet commandée par Ernesto Che Guevara s’installe dans l’Escambray. Les relations entre les deux groupes sont bonnes et le 1er décembre 1958 est signé le “pacte d’El Perdredo” qui réaffirme la coordination entre les deux organisations et initie une coopération militaire plus étroite. Les relations avec les forces du Second Front sont en revanche plus tendues[6].
Les forces du DR13M de l’Escambray participeront aux dernières offensives contre le régime de Batista avec les forces du Mouvement du 26 juillet commandées par Che Guevara et Camilio Cienfuegos.
Parallèlement, un autre front de guĂ©rilla est organisĂ© dans la Sierra de los Ă“rganos près de Pinar del RĂo. La guĂ©rilla du DR13M y collaborera avec les troupes du Mouvement du 26 juillet commandĂ©e par Dermidio Escalona[7].
Chute de Batista et fusion avec les autres groupes révolutionnaires
La fuite de Batista marque la victoire des forces révolutionnaires cubaines. À la Havane, le DR13M occupe le palais présidentiel, le Capitole (siège du Congrès) et l'Université.
En juillet 1961, le DR13M fusionne avec le Mouvement du 26 juillet et les communistes du Parti Socialiste Populaire (PSP) pour former les Organisations Révolutionnaires Intégrées (ORI). Les ORI deviendront en mars 1961 le Parti unifié de la révolution socialiste cubaine (PURSC) puis le Parti communiste de Cuba (PCC).
Notes et références
- « Directorio Revolucionario », sur www. encaribe.org (consulté le ).
- « Carta de México (1956) », sur www. fidelcastro.cu (consulté le ).
- Article 4 de la Carta de Mexico : La insurrecciĂłn secundada por la huelga general en todo el paĂs será invencible.
- « Asalto al Palacio Presidencial », sur ecured.cu (consulté le ).
- « El Directorio Revolucionario 13 de Marzo crea el Frente Guerrillero del Escambray », sur www. granma.cu (consulté le ).
- Paco Ignacio Taibo II, Ernesto Guevara, connu aussi comme le Che, Payot, 1997, page 254-255.
- « Directorio_Revolucionario », sur ecured.cu (consulté le ).