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Diapir

En gĂ©ologie, un diapir (du grec diapeirein, « percer au travers Â», terme inventĂ© en 1907 par le gĂ©ologue roumain Ludovic Mrazek (en) pour dĂ©crire ce type de formation salifère dans les Alpes[1]) est un type d'intrusion impliquant une structure plus ou moins globuleuse, rĂ©sultant de la remontĂ©e de roches plus lĂ©gères Ă  travers des roches plus denses. Il peut s'agir de diapir salifère (Ă©vaporites de type sel gemme, gypse), diapir granitique (magmas en fusion peu denses), diapir asthĂ©nosphĂ©rique (remontĂ©e de l’asthĂ©nosphère sous les zones en extension par l’effet de l’amincissement), diapir mantellique (autre nom des panaches). Les grands dĂ´mes de la planète naine CĂ©rès pourraient correspondre Ă  des diapirs de glace[2].

Schéma sur la formation d'un diapir mantellique.
Une lampe à lave illustre de manière simple le principe du diapir.

Le diapirisme est le mécanisme de la formation des diapirs dont la montée prend plusieurs millions d'années.

MĂ©canisme

Le cĹ“ur du diapir est constituĂ© de roches connues pour ĂŞtre facilement dĂ©formables, telles que les Ă©vaporites, ou encore le gypse, les magmas, les boues, etc. Ces roches remontent vers la surface sous l'effet de la poussĂ©e d'Archimède car, en raison de l'hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des tempĂ©ratures (diapir magmatique) ou de la composition minĂ©ralogique (diapir salin) elles sont moins denses et ont une plus grande ductilitĂ© que les roches qui les surmontent. La vitesse de montĂ©e d'un diapir dĂ©croit graduellement au fur et Ă  mesure que la viscositĂ© de l'encaissant augmente. La montĂ©e se fait en partie par repoussement de terrains ductiles, lesquels se referment derrière le passage de la « bulle de magma Â» fluide, et en partie par ingestion des terrains traversĂ©s, ce qui a le double effet de contaminer le magma, et de le refroidir[3].

À première vue, le diapirisme est contrecarré par la pression lithostatique élevée des roches sus-jacentes mais en réalité, la montée du matériau léger est presque spontanée, sous une très faible contrainte ou seulement sous l'influence de la pesanteur : il suffit d'une petite irrégularité d'épaisseur ou de nature des roches, d'une variation horizontale de la surcharge de sédiments sus-jacents, d'un événement tectonique comme le fonctionnement d'une faille, notamment les failles en distension (grandes zones volcaniques : dorsales, rifts continentaux, zones de subduction)[4]. Dans le cas des points chauds océaniques, les quantités de chaleur disponibles sont si importantes que les magmas sont volumineux et les instabilités gravitationnelles grandes.

Le mécanisme physique est comparé à celui d'une instabilité gravitaire inhérente à un fluide de faible densité sous un fluide plus lourd : l'instabilité de Rayleigh–Taylor générée dans certaines lampes lorsque la chaleur de l'ampoule est suffisante pour animer le fluide le plus coloré.

La vitesse d'ascension et la forme du diapir sont contrôlées par le rapport des viscosités de l'intrusion et de l'encaissant[5].

Bien que la montĂ©e de magma par diapirisme ait Ă©tĂ© un modèle très populaire, l'idĂ©e d'acheminer durant la phase terminale de grandes quantitĂ©s de magma par l'entremise de fractures crustales (sous forme de dyke, de propagation de fractures, du « modèle de pull-apart Â»[6]) est de plus en plus proposĂ©e[7] - [8].

Lorsque la différence de densité entre le magma du diapir et son encaissant devient négligeable ou que sa viscosité devient trop importante, l'ascension s'arrête (processus de « stopping ») puis le magma s'étale horizontalement (processus de « ballooning »)[9].

Formes du diapir magmatique

Si au cours de sa montĂ©e le diapir rencontre une couche très compĂ©tente, c'est-Ă -dire très peu dĂ©formable, celle-ci peut bloquer l'ascendance du magma. Le diapir s'Ă©tale alors en forme de « champignon Â» sous son toit sĂ©dimentaire qu'il dĂ©forme en dĂ´me sous sa pression. S'il ne rencontre pas de trop fortes rĂ©sistances, il fait intrusion jusqu'au niveau de rĂ©Ă©quilibrage des densitĂ©s et prend alors souvent une forme de « bulle Â» ou de « poire renversĂ©e Â» parfois coupĂ©e de ses racines profondes[10].

Notes et références

  1. (en) John K. Warren, Evaporites. A Geological Compendium, Springer, (lire en ligne), p. 491.
  2. (en) M. T. Bland, D. L. Buczkowski, H. G. Sizemore, A. I. Ermakov, S. D. King et al., « Dome formation on Ceres by solid-state flow analogous to terrestrial salt tectonics », Nature Geoscience, vol. 12, no 10,‎ , p. 797-801 (DOI 10.1038/s41561-019-0453-0).
  3. Michel Moisy, Évolution de la perméabilité et de la circulation des fluides hydrothermaux dans une zone de cisaillement fragile, éditions du BRGM, , p. 59.
  4. Marcel Lemoine, Pierre Charles De Graciansky, Pierre Tricart, De l'océan à la chaîne de montagnes, Editions scientifiques GB, , p. 27.
  5. Gabriele Morra, David A. Yuen, Scott D. King, Sang Mook Lee, Seth Stein, Subduction Dynamics: From Mantle Flow to Mega Disasters, John Wiley & Sons, (lire en ligne), p. 104.
  6. Injection de magma dans des failles transverses d'une zone de cisaillement, la dilatation entraînant l'élargissement des fissures par
  7. (en) J. D. Clemens, C. K. Mawer, « Granitic magma transport by fracture propagation », Tectonophysics, vol. 204, no 3,‎ , p. 339-360 (DOI 10.1016/0040-1951(92)90316-X).
  8. (en) Bruno Guineberteau, Jean-Luc Bouchez, Jean-Louis Vigneresse, « The Mortagne granite pluton (France) emplaced by pull-apart along a shear zone: Structural and gravimetric arguments and regional implication », Geological Society of America Bulletin, vol. 99, no 6,‎ , p. 763-770 (DOI 10.1130/0016-7606(1987)99<763:TMGPFE>2.0.CO;2).
  9. (en) Catherine Annen, Alain Burgisser, « Modeling water exsolution from a growing and solidifying felsic magma body », Lithos, vol. 402–403,‎ (DOI 10.1016/j.lithos.2020.105799)
  10. J.-J. Lagasquie, « Géomorphologie et diapirisme granitique. L'exemple des plutons de la moitié orientale des Pyrénées », Annales de Géographie, vol. 93, no 515,‎ , p. 4 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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