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Diabolo menthe

Diabolo menthe est un film français réalisé par Diane Kurys et sorti en 1977. Il s'agit d'une comédie dramatique centrée sur la thématique de l'adolescence.

Diabolo menthe
Description de l'image Diabolo menthe.png.
RĂ©alisation Diane Kurys
Scénario Diane Kurys
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
DurĂ©e 100 minutes
Sortie 1977

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Il remporte le prix Louis-Delluc la même année.

Synopsis

Les vacances d'été 1963 viennent de se terminer et les deux sœurs Anne (Éléonore Klarwein) et Frédérique Weber (Odile Michel) commencent leur année scolaire dans un lycée parisien pour jeunes filles. Leurs parents sont divorcés et elles ne voient guère leur père que pendant les vacances.

Anne a treize ans, est plutôt réservée mais est aussi très dissipée dans ses études, rêvant d'un garçon rencontré pendant les vacances. Elle vole et ment continuellement et sans scrupule à sa mère et à sa sœur. Frédérique, elle, a quinze ans et ses études ne sont pas brillantes non plus. Elle joue les adolescentes rebelles : elle a une liaison avec un garçon, qui lui écrit des lettres torrides, elle fume et milite dans un groupe de gauche, alors que la politique est interdite dans le lycée.

Fiche technique

Distribution

Production

Le lycée Jules-Ferry (Paris), où sont tournées plusieurs scènes.
La plage de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados), où sont tournées la première scène et la scène finale.

Premier long métrage de Diane Kurys, le film est en grande partie autobiographique[1].

Genèse

Diabolo Menthe est d'abord une ébauche de roman, devenu un scénario. La réalisatrice Diane Kurys confie : « J'ai fait Diabolo pour me venger de ma mère et de ma sœur aînée. Elles étaient dures avec moi quand j'étais petite. Même en lui dédiant le film, je n'ai pu m'empêcher d'envoyer une pique à Nadia [sa sœur] en inscrivant à l’écran : “À ma sœur, qui m'a toujours pas rendu mon pull-over orange…” », bien que ce pull n'ait jamais existé. Elle commence à écrire son histoire en 1976 et, sur les conseils d'Alexandre Arcady, le transforme en scénario, se basant sur ses propres souvenirs de jeunesse, ayant fréquenté le lycée Jules-Ferry, eu une professeure de mathématiques apeurée par ses élèves et une autre, sadique, éléments qui apparaissent dans le film. Mais si, dans le long métrage, c'est la sœur de l'héroïne qui joue dans la pièce de théâtre de fin d'année, dans la réalité, c'est Diane Kurys qui tint ce rôle, l'amenant à écrire sur un papier (qu'elle cacha mais qui fut découvert par Nadia) qu'elle voulait devenir célèbre[1].

La réalisation du film coûte 2,4 millions de francs. Inconnue, Diane Kurys part en quête d'un financement. Un tiers du budget est couvert par une avance sur recettes du CNC. Le premier jet du script, intitulé T'occupe pas du chapeau de la gamine, laisse flotter les rubans, est rejeté. Le second, titré Histoire de petites filles et présenté quelques semaines plus tard, est accepté. Gaumont s'engage à distribuer le film et à en financer un deuxième tiers. L'imprimeur Serge Laski paie le dernier[1].

Diane Kurys se rend au festival de Cannes. Elle y recrute son équipe de tournage parmi d'anciens camarades comédiens. Éléonore Klarwein, l'actrice principale, est âgée de 13 ans et n'a jamais tourné. Elle est recrutée au dernier moment mais la réalisatrice sent qu'elle ne se trompe pas : « Elle entre dans mon bureau et c'est une évidence. Je ne lui fais même pas jouer une scène. Elle a le rôle[1]. »

Tournage

Le tournage débute le . Les jeunes actrices sont peu disciplinées. Le travail du preneur de son est compliqué par la voix d'Éléonore Klarwein, qui déclare que trois scènes l'ont déstabilisée : « D'abord, celle où j'ai mes règles, parce que je ne les ai pas dans la réalité et parce que ça touche à l'intime. Ensuite, celle où je prends un bain avec ma sœur qui me met ses doigts de pied dans la bouche. Dégoûtant. En plus, je suis topless dans la baignoire et ça me gêne. Enfin celle où ma sœur me fait tomber d'un canapé : là, je me fais mal. »

En cours de tournage, le titre du film passe d’Histoire de petites filles à Diabolo menthe, qui ne convainc tout d'abord personne. Pour le justifier, on ajoute la séquence du café, où, malgré une journée froide, les jeunes héroïnes commandent un diabolo-menthe. Le tournage prend fin le [1].

Les scènes scolaires sont filmées au lycée Jules-Ferry, à Paris, que Diane Kurys a fréquenté durant son adolescence[2]. L'immeuble où vivent les sœurs Weber (aujourd'hui détruit) se situe au 7, rue des Cloÿs, dans le 18e arrondissement de Paris. Une scène est tournée au Musée national de Port-Royal des Champs. On reconnaît en effet, les portraits des religieuses ainsi que les boiseries de la bibliothèque ainsi que les cent marches qui se trouvent dans le parc de l'établissement. Les vacances se déroulent à Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados)[3].

Promotion et sortie

La société Gaumont insiste pour que Diabolo menthe sorte le : aucun film majeur n'occupe alors les écrans et les fêtes de Noël approchent, propices aux séances de cinéma. Réalisée par l'illustrateur de bande dessinée Floc'h, l'affiche détonne par rapport aux productions contemporaines. On y lit : « En 1963, que faisiez-vous ? Frédérique avait 15 ans, Anne 13… » (idée empruntée à l'affiche du film American Graffiti : “Where were you in '62 ?”). L'équipe fait de l'affichage sauvage dans la capitale…

Diabolo menthe sort dans une dizaine de salles Ă  Paris et une trentaine en province. Bien que personne ne l'ait pressenti, il connaĂ®t le succès (70 000 entrĂ©es dans la capitale la première semaine et le double la semaine suivante). Finalement, il enregistre trois millions d'entrĂ©es[1].

Chanson

La chanson-titre Diabolo menthe, composée et interprétée par Yves Simon — qui en écrit les paroles et la musique en deux heures, avant un concert à Sarrebrück, sur sa guitare Epiphone — connaît un grand succès après la sortie du film. Elle entraîne la sortie d'un 45 tours. Sur les premiers exemplaires, le chanteur figure sur la pochette car c'est la seule personnalité connue. Dans les rééditions, vu le succès du long métrage, l'affiche du film remplace sa photo[1].

Humour

Plusieurs traits d'humour — visant principalement le personnel enseignant — ponctuent le film :

  • l'ignorance de la surveillante gĂ©nĂ©rale (Tsilla Chelton), qui prend la ville d'Oran pour une Ă©cole privĂ©e ;
  • l'accent très approximatif de la professeure d'anglais (Marthe Villalonga) ;
  • la rĂ©ponse en chĹ“ur « Du boudin ! » Ă  la question de la professeure de sciences naturelles, qui demande Ă  ses Ă©lèves ce qu'on fait avec le kaolin, en espĂ©rant s'entendre dire « Du talc » ;
  • l'absence de souplesse de la professeure de gymnastique, immobilisĂ©e par un bâton qui lui entrave les deux bras ;
  • l'indignation de la professeure prĂ©citĂ©e, qui chasse les curieux observant ses Ă©lèves en exercice au prĂ©texte qu'ils sont des voyeurs ;
  • la relation (qu'on devine fictive) par une camarade d'Anne Weber d'une première expĂ©rience amoureuse, oĂą un garçon lit Spirou Ă  cĂ´tĂ© d'elle après son dĂ©shabillage ;
  • son affirmation selon laquelle un pĂ©nis en Ă©rection peut atteindre deux mètres ;
  • les ridicules socquettes jaunes de la professeure de français ;
  • son dialogue en latin avec un ecclĂ©siastique, durant la visite du musĂ©e de Port-Royal ;
  • la somnolence de la professeure de dessin au spectacle de fin d'annĂ©e ;
  • le couple mal assorti formĂ© par la professeure de gymnastique et son cavalier, un homme âgĂ© nettement plus petit qu'elle, pendant le bal final…

Autour du film

Le film évoque plusieurs événements politiques ou culturels qui l'ancrent dans la première moitié des années 1960[1] :

Certains éléments permettent une datation plus précise. Les obsèques d'Édith Piaf et l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, relatés à la radio, ont lieu à l'automne 1963 : l'action se déroule donc durant l'année scolaire 1963-1964. De ce fait, deux événements présentent un anachronisme : l'affaire de Charonne « l'année dernière, en février », évoquée par le professeur d'histoire au premier semestre 1964, s'est en fait déroulée deux ans plus tôt, en ; la hausse du prix du timbre-poste de 25 à 30 centimes, annoncée à la radio, n'interviendra qu'en 1965[6].

Distinction

Postérité

Grâce à la télévision, le succès de ce film générationnel[7] se poursuit. FR3 le diffuse une première fois le , alors que la télévision ne compte que trois chaînes. De multiples rediffusions suivent, sur TF1, France 2, Arte, M6 ou Gulli. En 2008 sort une version DVD avec des bonus. En 2017, la distributrice Sophie Dulac le ressort dans une quinzaine de salles en France. Évoquant ce succès, Diane Kurys déclare : « C’est un film d'époque. Et ça, ça vieillit toujours mieux. Et puis c'est un film sur l'adolescence. Ça parle à tout le monde[1]. »

Notes et références

  1. Thierry Dugeon, « Diabolo menthe, toujours vert », Vanity Fair, no 48, juillet 2017, p. 90-97.
  2. François-Guillaume Lorrain, Les Enfants du cinéma, éditions Grasset, 2011, p. 222.
  3. Diabolo Menthe sur l2tc.com (lieux de tournage cinématographique).
  4. Dominique Vidal, « Ce que voulait de Gaulle en quittant l’OTAN », sur monde-diplomatique.fr, (consulté le )
  5. Philippe Marcy, « Une grève peu ordinaire : Decazeville 1961-1962 », Arkheia,‎
  6. voir http://www.info-collection.fr/dater-timbre.html.
  7. « Ce film va devenir « culte » pour toute une génération ». cf Alexandre Arcady, 7 rue du lézard. Mémoires, Grasset, (lire en ligne), n. p.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Thierry Dugeon, « Diabolo menthe, toujours vert », Vanity Fair, no 48, , p. 90-97. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Diane Kurys (scĂ©nario) et Cathy Karsenty (dessin), Diabolo menthe, Dargaud, 2022. Adaptation en bande dessinĂ©e.

Liens externes

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