Deinacrida heteracantha
Deinacrida heteracantha, également connu sous le nom de Wētā géant de la Petite Barrière ou Wētāpunga[1], est une espèce de wētā de la famille des Anostostomatidae (ordre des Orthoptères). Il est endémique de Nouvelle-Zélande, où il ne survit quasiment plus que sur l'île de la Petite Barrière, des introductions étant en cours sur d'autres îles exemptes de prédateurs. Ce très grand wētā, incapable de voler, se nourrit principalement la nuit, mais est également actif le jour, se déplaçant dans la végétation basse. Il a été classé comme vulnérable par l'UICN en raison du déclin continu de sa population et de sa distribution restreinte.
Règne | Animalia |
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Embranchement | Arthropoda |
Classe | Insecta |
Ordre | Orthoptera |
Sous-ordre | Ensifera |
Famille | Anostostomatidae |
Genre | Deinacrida |
VU : Vulnérable
Systématique
L'espèce Deinacrida heteracantha a été décrite en 1842 par le zoologiste écossais Adam White (1817-1878).
Caractéristiques
D. heteracantha pèse en moyenne entre 9 et 35 g, mais peut atteindre plus de 70 g. La longueur moyenne du corps est d'environ 75 mm[2] - [3] - [4]. L'espèce présente un dimorphisme sexuel, les femelles étant beaucoup plus grandes que les mâles. Ces grands wētā ont un abdomen large, une tête ronde et des mandibules courtes[3]. Par rapport aux autres espèces de grillons, les wētā ont des antennes relativement courtes mais des pattes arrières puissantes. Ils sont généralement dépourvus d'ailes[2]. L'espèce est principalement herbivore et se nourrit de feuilles[3].
Comportement
À l'âge adulte, ces wētā géants mènent une vie nomade, changeant régulièrement de lieu de vie[3]. Ils mènent une vie solitaire et plutôt nocturne[4]. Ils apprécient se loger sous des écorces ou dans les cavités des arbres mahoe et pohutukawa[3]. Les mâles ont tendance à plus se déplacer que les femelles[4].
Cycle de vie et reproduction
Les wētāpungas peuvent vivre jusqu'à deux ans. Les œufs sont pondus pendant les mois d'été, d'octobre à décembre. Les œufs éclosent ensuite entre mars et avril de l'année suivante. Ils s'accouplent toute l'année à l'exception des mois d'hiver, de juin à août. L'accouplement commence le matin et se poursuit tout au long de la journée, le spermatophore du mâle restant inséré dans la plaque sous-génitale de la femelle. Les femelles pondent leurs œufs la nuit dans un sol humide. Les œufs sont pondus individuellement ou par groupes de cinq dans une zone d'environ 15 cm2 et à environ 2 à 3 cm de profondeur. Les femelles pondent des œufs régulièrement, mais seule une petite partie d'entre sont fertilisés lors des accouplements. Les œufs incubent en moyenne pendant 125 jours et seuls 36 % de ceux-ci éclosent[5].
Après l'éclosion des œufs, les wētāpungas muent neuf fois. Chez les femelles, l'ovipositeur devient visible après la deuxième mue. Au sixième stade, la différence entre les individus mâles et femelles devient évidente. Chaque stade dure en moyenne entre cinq et six semaines. D. heteracantha possède un stade supplémentaire par rapport aux autres espèces de son genre, ce qui explique le taille importante[5].
D. heteracantha show no courtship rituals. No stridulatory signals have been observed; sex recognition is done by contact only.
Stridulation
D. heteracantha possède un appareil stridulatoire, qui lui permet de produire du son en frottant deux parties de son corps[2]. Il en existe une grande variété chez les orthoptères[6]. Les stridulations de D. heteracantha sont très variées et jouent un rôle dans les mécanismes de défense interspécifiques. Ils utilisent un mécanisme fémoro-abdominal pour produire du son, qui comporte deux parties : une cheville fémorale et une crête abdominale. Les chevilles fémorales sont une structure allongée et surélevée. Il y a deux crêtes abdominales présentes sur D. heteracantha, une crête majeure et mineure. La crête principale est plus longue et plus haute que la crête mineure. La crête mineure n'entre normalement pas en contact avec les chevilles fémorales. D. heteracantha a un spectre de magnitude linéaire à large bande (kHz) qu'il produit pour les sons défensifs. Ils ont un pic majeur à 20 kHz et un pic mineur autour de 40-50 kHz. La forme de leur mécanisme stridulatoire est la raison pour laquelle ils peuvent produire ces gammes de fréquences[7].
Habitat et répartition
D. heteracantha est un insecte forestier arboricole que l'on trouve sur l'île de la Petite Barrière, une petite île de 3 083 ha au large des côtes de la Nouvelle-Zélande[3]. Il occupait autrefois les forêts du Nord de la Nouvelle-Zélande, notamment autour de Northland et Auckland[4]. Sa gamme d'habitats sur l'île va des forêts secondaires proches des côtes à la forêt de Kauri à moyenne altitude[3]. Les forêts secondaires sont dominées par la fougère argentée, le palmier Nikau, le Mahoe et le Kohekohe[4].
Menaces
Les effectifs de D. heteracantha sur l'île de la Petite Barrière ont fortement diminué depuis les années 1950, principalement à cause de la prédation[8].
Jusqu'à leur éradication complète dans les années 1980[3], de nombreux chats harets peuplaient l'île et ont pu s'être nourris de D. heteracantha[5].
Les rats polynésiens (Rattus exulans), ou "kiore" en langue maorie, étaient l'un des principaux prédateurs de D. heteracantha et ont eu un impact négatif sur les populations, comme c'est généralement le cas avec les rongeurs invasifs[9]. La population de rats polynésiens a fortement augmenté après l'élimination des chats harets de l'île à la fin du XXe siècle. Les rats se nourrissaient principalement de juvéniles wētās qu'ils tuaient pendant la nuit. Les créadions les chassant pendant la journée, D. heteracantha était donc constamment sous pression[8]. L'éradication du kiore en 2004 fut un succès. La taille de la population de wētās a augmenté d'année en année et une multiplication par quatre du nombre d'individus a été signalée six ans après la disparition du rat[10].
D'autres prédateurs incluent le Tuatara (Sphenodon punctatus), les geckos, le Kiwi de Mantell (Apteryx mantelli) pendant la nuit, et les martins-pêcheurs et le Coucou de Nouvelle-Zélande (Urodynamis taitensis) le jour[5].
Élevage en captivité et remise en liberté
D. heteracantha est actuellement classé comme vulnérable par l'UICN. Depuis 2008, le département de conservation est impliqué dans un programme d'élevage et de réintroduction sur d'autres îles pour éviter que toute la population réside sur une seule. Des individus capturés sur l'île de la Petite Barrière ont été élevés avec succès en captivité à Butterfly Creek et au zoo d'Auckland. Les descendants ont été relâchés sur les îles Motuora et Tiritiri Matangi, en plus d'adultes capturés directement sur la Petite Barrière, l'objectif étant de constituer des populations viables et autosuffisantes sur ces îles dépourvues de prédateurs. En 2016, une femelle adulte a été observée sur l'île de Tiritiri Matangi, dans la zone où la première population a été relâchée ; elle ne peut être qu'une descendante des 25 individus de la population initiale libérée en 2011[11]. Des individus transférés sur l'île de Tiritiri Matangi en 2014 ont été observés en train de s'accoupler. En 2018, 300 wētāpungas du zoo d'Auckland ont été relâchés sur une île des Noises, au nord-est de l'île de Rakino ; à ce moment-là, 4 300 individus élevés en captivité avaient été relâchés sur des îles du golfe d'Hauraki[12].
Articles connexes
Notes et références
- « Giant Wētā/Wētāpunga », New Zealand Department of Conservation (consulté le )
- Nasrecki, P. 2013.
- Field, L.H. 2001.
- Thornburrow et Watts, « Habitat use, Behavior and Movement Patterns of a Threatened New Zealand Giant Weta, Deinacrida heteracantha (Anostostomatidae: Orthoptera) », Journal of Orthoptera Research, vol. 20, no 1, , p. 127–136 (ISSN 1082-6467, DOI 10.1665/034.020.0112)Thornburrow, Danny; Watts, Corinne (2011).
- Richards, A.O. 1973.
- Field, L.H. 1993.
- Field, L.H. 1981.
- Gibbs, G. and M., McIntyre. 1997.
- St. Clair, J.J.H. 2011.
- Green, C. J, G.W, Gibbs, and P.A, Barrett. (2011).
- « Heading for Tiritiri? », Dawn Chorus, (ISSN 1171-8595)
- (en) Saxton, « The island life for hundreds of giant wētāpunga » [archive du ], Stuff, (consulté le )
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Deinacrida heteracantha (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Deinacrida heteracantha White, A., 1842 (consulté le )
- (fr+en) Référence EOL : Deinacrida heteracantha White, 1842 (consulté le )
- (fr+en) Référence GBIF : Deinacrida heteracantha White, 1842 (consulté le )
- Deinacrida heteracantha discuté dans RNZ Critter of the Week, 30 août 2022
Bibliographie
- (en) W. Colenso, 1881, « On some new and undescribed species of New Zealand insects of the orders Orthoptera and Coleoptera », Transactions and Proceedings of the New Zealand Institute, vol. 14, p. 277–280 [publié en 1882 ?] (lire en ligne)
- (en) G. W. Gibbs, « Four new species of giant weta, Deinacrida (Orthoptera: Anostostomatidae: Deinacridinae) from New Zealand », Journal of the Royal Society of New Zealand, Taylor & Francis et Société royale de Nouvelle-Zélande, vol. 29, no 4, , p. 307-324 (ISSN 0303-6758 et 1175-8899, DOI 10.1080/03014223.1999.9517600)
- (en) Steven A. Trewick et Mary Morgan-Richards, « Phylogenetics of New Zealand's tree, giant and tusked weta (Orthoptera: Anostostomatidae): evidence from mitochondrial DNA », Journal of Orthoptera research, Pensoft Publishers (d), vol. 13, no 2, , p. 185-196 (ISSN 1082-6467 et 1937-2426, lire en ligne)
- (en) J. C. Watt, « The Rediscovery of a Giant Weta, Deinacrida heteracantha, on the North Island Mainland », New Zealand Entomologist, Taylor & Francis, vol. 3, no 2, , p. 9-13 (ISSN 0077-9962 et 1179-3430, DOI 10.1080/00779962.1963.9723052)