DĂ©lit de fuite en France
En cas d'accident matériel ou corporel, tout conducteur impliqué a des obligations et des devoirs auxquels il doit faire face. Quitter les lieux d'un accident sans respecter ces obligations est sanctionné par le Code de la route (Article L 231-1[1]).
En France en 2021, on comptait 181 000 délits de fuite soit prÚs de 500 par jour[2].
ĂlĂ©ments constitutifs de l'infraction de dĂ©lit de fuite
Ces éléments sont cumulatifs.
1- La conduite d'un véhicule
L'infraction suppose :
- la conduite d'un véhicule quelconque : voitures particuliÚres, poids lourds, véhicules agricoles, véhicule à traction animale, tricycles et quadricycles à moteur, motocyclettes ...
- la fuite du vĂ©hicule auteur de l'accident : le dĂ©lit n'est pas constituĂ© si un conducteur s'Ă©chappe mais qu'il Ă©tait simplement tĂ©moin d'un accident mais pas le conducteur qui a occasionnĂ© l'accident. NĂ©anmoins, l'incrimination de complicitĂ© peut ĂȘtre retenue Ă l'encontre d'un passager qui refuserait de communiquer l'identitĂ© de l'auteur de l'accident. On peut ĂȘtre impliquĂ© dans un accident sans heurter un autre vĂ©hicule[3].
2- La conscience d'avoir causé ou occasionné un accident
De toute Ă©vidence, on ne peut pas reprocher Ă un automobiliste de ne pas s'ĂȘtre immobilisĂ© lors d'un accident lĂ©ger, si celui-ci n'a pu matĂ©riellement et objectivement en prendre conscience.
- La conscience de l'accident ne se présume pas, il faut la prouver ;
- La conscience n'impose pas le souvenir puisque le conducteur ayant commis un accident peut ĂȘtre poursuivi mĂȘme s'il ne se souvient pas avoir Ă©tĂ© acteur d'un dommage ;
- La conscience de l'accident relÚve du pouvoir d'appréciation souverain des juges compétents.
Le dĂ©lit est constituĂ© mĂȘme si :
- le prévenu s'est excusé ou a indemnisé la victime ;
- la victime a par la suite retiré sa plainte ;
- l'accident est minime, ayant occasionné des infimes dommages matériels.
3- La volonté d'échapper à sa responsabilité pénale ou civile
- le délit sera constitué si l'auteur de l'accident a poursuivi sa route afin d'éviter son identification pour échapper à sa responsabilité ;
- l'arrĂȘt doit ĂȘtre volontaire et non contraint par un Ă©vĂšnement extĂ©rieur telle que lâimmobilisation imposĂ©e par les forces de lâordre ;
- l'automobiliste doit s'arrĂȘter immĂ©diatement sur le lieu de l'accident et non Ă proximitĂ©.
La jurisprudence apprĂ©cie lâinfraction notamment en fonction de lâattitude plus ou moins marquĂ©e par la prĂ©cipitation de lâauteur du dommage. Ainsi, le maintien suffisamment long sur les lieux permettant lâidentification du conducteur permet dâĂ©carter la poursuite pĂ©nale pour dĂ©lit de fuite.
4- L'absence d'identification du conducteur
L'infraction sera constituĂ©e dĂšs lors que le prĂ©venu n'aura pas permis volontairement son identification et ne se sera pas arrĂȘtĂ© afin de dĂ©terminer les causes de l'accident. Ce n'est donc pas l'identification du vĂ©hicule qui importe, mais celle de l'auteur de l'accident[4].
Peines encourues
Le délit de fuite est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Il s'expose en outre aux sanctions suivantes :
- suspension de permis pour une durée de 5 ans ;
- annulation du permis de conduire en cas de blessures et d'homicides involontaires ;
- interdiction d'obtenir le permis de conduire ;
- travail d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral ;
- jours-amende ;
- confiscation du véhicule.
La poursuite pour dĂ©lit de fuite n'empĂȘche pas d'ĂȘtre Ă©galement poursuivi pour les infractions suivantes :
- le défaut de maßtrise du véhicule ;
- non assistance à personne en détresse ;
- homicide ou de blessures involontaires.
Si l'accident auquel se rattache le délit de fuite a eu des victimes corporelles (blessures ou décÚs), les peines d'amende et de prison ci-dessus sont doublées.
Distinction entre « délit de fuite » et « refus d'obtempérer »
Le délit de « refus d'obtempérer » (Article L 233-1[5] du code de la route) est le fait, pour un conducteur :
- de faire obstacle à l'immobilisation de son véhicule ;
- ou d'omettre sciemment d'obtempĂ©rer, Ă une sommation de s'arrĂȘter Ă©manant d'un fonctionnaire ou agent chargĂ© de constater les infractions ;
- ou de refuser de se soumettre à toutes vérifications prescrites concernant le véhicule ou la personne.
Ce délit, puni d'un emprisonnement de 3 mois et d'une amende de 3 750 euros, est donc indépendant de la réalisation d'un accident.