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Défense d'automatisme

En droit pĂ©nal canadien, la dĂ©fense d'automatisme est un moyen de dĂ©fense Ă  une accusation d'acte criminel qui peut ĂȘtre utilisĂ© quand un accusĂ© n'a pas l'Ă©lĂ©ment volontaire minimal qui est intrinsĂšque Ă  l'actus reus.

Pour commettre une infraction criminelle, il faut ĂȘtre minimalement conscient du geste que l'on est en train de poser. Cette exigence pĂ©nale d'avoir un Ă©tat d'esprit minimal n'est pas la mĂȘme chose que la mens rea, qui est l'exigence de culpabilitĂ© morale. Les personnes qui prĂ©sentent cette dĂ©fense sont dans un Ă©tat dissociatif au moment des faits.

La dĂ©fense d'automatisme a notamment Ă©tĂ© soulevĂ©e avec succĂšs dans l'arrĂȘt R. c. Parks[1] oĂč un homme a Ă©tĂ© accusĂ© de meurtre alors qu'il Ă©tait dans un Ă©tat de somnambulisme. Son Ă©tat de somnambulisme l'empĂȘchait d'avoir minimalement conscience que le geste qu'il a commis Ă©tait mauvais. Il a donc Ă©tĂ© acquittĂ©.

Dans l'arrĂȘt R. c. Daley[2], la Cour suprĂȘme du Canada affirme que la dĂ©fense d'intoxication extrĂȘme s'apparente Ă  une dĂ©fense d'automatisme car on ne peut pas condamner une personne qui n'a pas l'Ă©lĂ©ment volontaire minimal en raison du degrĂ© d'intoxication extrĂȘme dans son corps.

L'arrĂȘt R. c. Stone[3] explique comment un accusĂ© peut utiliser une dĂ©fense d'automatisme. L'automatisme peut provenir de deux possibilitĂ©s : il y a l'automatisme avec maladie mentale et l'automatisme sans maladie mentale. L'automatisme avec maladie mentale a des causes internes et il conduit Ă  un verdict de non-responsabilitĂ© pour troubles mentaux (voir dĂ©fense fondĂ©e sur les troubles mentaux). L'automatisme sans maladie mentale a une cause externe, il inclut des cas comme le somnambulisme et il mĂšne Ă  un acquittement. En outre, pour qu'une dĂ©fense d'automatisme avec maladie mentale rĂ©ussisse, il faut une preuve que la condition mentale allĂ©guĂ©e a entraĂźnĂ© « l’incapacitĂ© de juger de la nature et de la qualitĂ© de l'acte ou de l'omission, ou de savoir que l'acte ou l'omission Ă©tait mauvais »[4].

La défense d'automatisme est soumise sur la balance des probabilités, tout comme la défense de troubles mentaux, et elle nécessite une preuve médicale.

Défense d'automatisme ou de troubles mentaux dans un contexte d'intoxication volontaire

Dans l'arrĂȘt R. c. Bouchard-Lebrun[5] de 2011, la Cour suprĂȘme du Canada a jugĂ© que la dĂ©fense de troubles mentaux ne peut pas ĂȘtre soulevĂ©e lorsqu'une psychose toxique provient d'une intoxication volontaire. Les deux moyens de dĂ©fense sont mutuellement exclusifs[6].

Cette rĂšgle a entre autres Ă©tĂ© appliquĂ©e par la Cour d'appel lors de l'appel du premier procĂšs du docteur Guy Turcotte[7]. Dans l'arrĂȘt Turcotte, la Cour d'appel a jugĂ© qu'il faut analyser la source de la maladie mentale pour dĂ©terminer si c'est ou bien l'art. 16 C.cr. ou bien l'article 33.1 C.cr. qui doit s'appliquer[8] et elle juge en l'espĂšce que c'est plutĂŽt l'art. 16[9] C.cr., ce qui a permis d'exclure la dĂ©fense d'intoxication dans cette affaire[10].

Toutefois, ces jugements n'avaient pas examinĂ© la constitutionnalitĂ© de l'art. 33.1 C.cr, ils se sont plutĂŽt prononcĂ©s sur les conditions d'application de cette disposition. Dans l'arrĂȘt R. c. Brown[11], la Cour suprĂȘme a conclu Ă  l'inconstitutionnalitĂ© de l'article 33.1 du Code criminel, que le lĂ©gislateur avait ajoutĂ© en rĂ©action Ă  l'arrĂȘt R. c. Daviault[12].Dans l'arrĂȘt Brown, la Cour suprĂȘme affirme que le lĂ©gislateur peut corriger la situation en modifiant l'article 33.1 C.cr. de maniĂšre Ă  crĂ©er une infraction d'intoxication criminelle.

Le lĂ©gislateur fĂ©dĂ©ral a rapidement produit un texte qui prĂ©voit que l'individu commet l'infraction reprochĂ©e si, avant de se trouver en Ă©tat d'intoxication extrĂȘme, la personne a une mens rea de nĂ©gligence pĂ©nale (l'Ă©cart marquĂ© par rapport Ă  la norme de diligence)[13]. Selon le professeur de droit Hugues Parent, pour ĂȘtre pleinement efficace, la nouvelle disposition ne doit pas se limiter Ă  dĂ©finir l'intoxication extrĂȘme Ă  un Ă©tat s'apparentant Ăą l'automatisme (la maĂźtrise consciente de soi ou la conscience de sa conduite), elle doit Ă©galement englober les intoxications qui ne perturbent pas la conscience mais affectent le rapport Ă  la rĂ©alitĂ© de l'individu, comme dans les psychoses toxiques[14].

Voir aussi

Bibliographie générale

  • Barreau du QuĂ©bec, Collection de droit 2019-2020, volume 13 -Infractions, moyens de dĂ©fense et peine, MontrĂ©al, Éditions Yvon Blais, 2019

Notes et références

  1. [1992] 2 RCS 871
  2. [2007] 3 RCS 523
  3. [1999] 2 RCS 290
  4. R. c. Turcotte, 2013 QCCA 1916 (CanLII), au para 66, <https://canlii.ca/t/g1td0#par66>, consulté le 2022-05-14
  5. [2011] 3 RCS 575
  6. R. c. Bouchard-Lebrun, 2011 CSC 58 (CanLII), [2011] 3 RCS 575, au para 37, <https://canlii.ca/t/fp2qz#par37>, consulté le 2022-05-14
  7. 2013 QCCA 1916
  8. R. c. Turcotte, 2013 QCCA 1916 (CanLII), au para 80, <https://canlii.ca/t/g1td0#par80>, consulté le 2022-05-14
  9. R. c. Turcotte, 2013 QCCA 1916 (CanLII), au para 83, <https://canlii.ca/t/g1td0#par83>, consulté le 2022-05-14
  10. R. c. Turcotte, 2013 QCCA 1916 (CanLII), au para 84, <https://canlii.ca/t/g1td0#par84>, consulté le 2022-05-14
  11. 2022 CSC 18,
  12. [1994] 3 RCS 63
  13. PremiĂšre session, quarante-quatriĂšme lĂ©gislature,70-71 Elizabeth II, 2021-2022CHAMBRE DES COMMUNES DU CANADA PROJET DE LOI C-28 Loi modifiant le Code criminel (intoxication volontaire extrĂȘme)
  14. La Presse. « Un projet de loi qui comporte une faille majeure, selon un expert ». En ligne. Page consultée le 2022-06-22
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