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DĂ©cret sur la paix

Le décret sur la paix est le premier décret du nouveau pouvoir bolchévique lors de la révolution d'Octobre. Rédigé par Lénine, le décret est adopté à l'unanimité par le Congrès des Soviets dès le 26 octobre 1917 ( dans le calendrier grégorien), après le renversement du Gouvernement provisoire russe .

Première page du Décret sur la paix.

Contexte

Marins révolutionnaires de la flotte russe durant l’été 1917.

La Révolution russe laisse apparaître la lassitude des populations russes face à la guerre, le désir de paix est omniprésent dans le pays. Dès leur arrivée au pouvoir, les Soviets ratifient un décret de paix le 26 octobre 1917 et Léon Trotski propose une paix générale. Les bolcheviks veulent une « paix sans annexion ni indemnité »[1]. Les négociations commencent le 22 décembre 1917, alors que l'Empire allemand contrôle une grande partie de l'Ouest de la Russie.

Les relations diplomatiques entre les deux régimes se détériorent lorsque l'Allemagne signe une paix avec la République populaire ukrainienne, qui a fait sécession de la Russie, le 9 février 1918.

Les combats reprennent après la fin de la durée de l'armistice de deux mois, fixée à compter du 15 décembre 1917, à la mi-février 1918. Ne voulant pas perdre le bénéfice de la révolution d' Octobre, les Russes signent alors, dans un rapport de force où ils sont très affaiblis, une paix séparée le 3 mars 1918, à Brest-Litovsk[2]et renoncent à de nombreux territoires. Ainsi est mis un terme à la guerre sur le front de l'Est et l'Allemagne peut se consacrer à à prévoir une série d'offensives en France.

En 1918, la lassitude et l'Ă©puisement des populations europĂ©ennes sont criantes[3]. Les grèves ouvrières des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes prennent davantage d'ampleur. Du 14 au 20 janvier 1918, un grand mouvement de grève s'Ă©tend en Autriche-Hongrie, pays au « bord du gouffre »[4]. Des Ă©meutes Ă©clatent un peu partout dans la monarchie. L'Allemagne est touchĂ©e par les grèves d'ouvriers dès le 28 janvier et la France, ce sera au mois de mai. On compte 500 000 ouvriers allemands en grève[5].

Extraits du décret

  • « La paix juste ou dĂ©mocratique, dont a soif l'Ă©crasante majoritĂ© des classes ouvrières et laborieuses, Ă©puisĂ©es, harassĂ©es, martyrisĂ©es par la guerre, dans tous les pays belligĂ©rants - la paix qu'exigent de la façon la plus rĂ©solue et la plus instante les ouvriers et les paysans russes depuis le renversement de la monarchie tsariste, - cette paix, le gouvernement, estime qu'elle ne peut ĂŞtre qu'une paix immĂ©diate, sans annexions (c'est-Ă -dire sans mainmise sur les terres Ă©trangères, sans rattachement par la force de nationalitĂ©s Ă©trangères) et sans contributions de guerre. »
  • « Le gouvernement abolit la diplomatie secrète et exprime de son cĂ´tĂ© la ferme intention de mener les pourparlers en pleine franchise, devant le peuple entier ; il procède immĂ©diatement Ă  la publication complète des traitĂ©s secrets ratifiĂ©s ou conclus par le gouvernement des propriĂ©taires fonciers et des capitalistes depuis fĂ©vrier jusqu'au 23 octobre 1917. Ces traitĂ©s, dans la mesure oĂą ils visent, comme cela s'est produit dans la majoritĂ© des cas, Ă  l'obtention de profits et de privilèges par les propriĂ©taires fonciers et les capitalistes russes, au maintien ou Ă  l'accroissement des annexions des Grands-Russes, sont annules immĂ©diatement et sans condition par le gouvernement. »
  • « Le gouvernement propose Ă  tous les gouvernements et aux peuples de tous les pays belligĂ©rants de conclure immĂ©diatement un armistice, considĂ©rant pour sa part comme dĂ©sirable que cet armistice soit conclu pour 3 mois au moins, c'est-Ă -dire pour une durĂ©e au cours de laquelle serait possible la conclusion dĂ©finitive des pourparlers de paix avec la participation des reprĂ©sentants de tous les peuples et de toutes les nations sans exception, qui ont pris part Ă  la guerre ou qui ont Ă©tĂ© forcĂ©s d'y prendre part, aussi bien que la convocation d'assemblĂ©es investies des pleins pouvoirs, formĂ©es des reprĂ©sentants dĂ©signĂ©s par les peuples de tous les pays, en vue d'une ratification dĂ©finitive des conditions de paix. »

Notes et références

  1. Pierre Mélandri (dir.) et Serge Ricard (dir.), Les États-Unis face aux révolutions : de la Révolution française à la victoire de Mao en Chine, Paris Budapest Kinshasa, L'Harmattan, coll. « L'aire anglophone », , 226 p. (ISBN 978-2-296-01277-6, OCLC 469629898), p. 19.
  2. Raymond Poidevin, op. cit., p. 218.
  3. Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, La Grande Guerre : 1914-1918, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard » (no 357), , 159 p. (ISBN 978-2-07-053434-0, OCLC 1000090712), p. 95.
  4. (de) Isabella Ackerl, Ă–sterreich, November 1918. Die Entstehung der Ersten Republik, Vienne, 1993, p. 162.
  5. Raymond Poidevin, op. cit., p. 217.

Voir aussi

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