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DĂ©claration de Pillnitz

La dĂ©claration de Pillnitz fut rĂ©digĂ©e au chĂąteau de Pillnitz en Saxe Ă  la fin d'une confĂ©rence (du 25 au 27 aoĂ»t 1791) entre l’empereur LĂ©opold II et le roi FrĂ©dĂ©ric-Guillaume II de Prusse.

DĂ©claration de Pillnitz
La déclaration de Pillnitz, huile sur toile de J. H. Schmidt (1791).
La déclaration de Pillnitz, huile sur toile de J. H. Schmidt (1791).

Type RĂ©solution internationale
Pays Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Localisation ChĂąteau de Pillnitz en Saxe
Date 25 au
Participant(s) Léopold II et Frédéric-Guillaume II de Prusse

Cette nĂ©gociation traitait de la question polonaise[1] (voir Partitions de la Pologne) et de la guerre entre le Saint-Empire et l’Empire ottoman.

AprÚs la fuite manquée de Louis XVI et son arrestation à Varennes, l'empereur Léopold II proposa une conférence pour examiner les moyens de sauver la royauté française.

Elle aboutit à une convention, renfermant en germe toutes les coalitions qui se formÚrent ensuite contre la premiÚre République française.

Contexte

Les divers souverains de l'Europe s'Ă©taient profondĂ©ment Ă©mus Ă  la nouvelle des malheurs de Louis XVI. Ils se sentaient atteints eux-mĂȘmes dans la personne du roi de France. L'impĂ©ratrice Catherine II de Russie, voyant le principe de l'autoritĂ© absolue chanceler sous les coups que lui portait la RĂ©volution, dĂ©sirait vivement qu'une digue fĂ»t opposĂ©e Ă  ce torrent, qui menaçait d'Ă©branler tous les trĂŽnes. Aussi se hĂąta-t-elle de conclure la paix avec la Turquie, afin d'avoir la libre disposition de ses forces. Le belliqueux Gustave III, roi de SuĂšde, s'attribuait dĂ©jĂ  le commandement de l'armĂ©e qui envahirait la France[2]. FrĂ©dĂ©ric-Guillaume, roi de Prusse, et l'Empereur LĂ©opold II, avaient tu leurs diffĂ©rends[3] pour se concerter en face du danger qui leur semblait grossir tous les jours. Les monarchies Ă©taient Ă©galement sensibles aux arguments des Ă©migrĂ©s. Ces nobles, dont le marquis de BouillĂ©, pour qui la France n'Ă©tait plus rien depuis qu'on avait aboli leurs privilĂšges, Ă©taient les premiers Ă  pousser l'Ă©tranger sur le sol français et prĂȘchaient contre leur patrie une guerre d'extermination.

La conférence

Une entrevue fut dĂ©cidĂ©e d'abord entre FrĂ©dĂ©ric-Guillaume et LĂ©opold ; elle eut lieu le , au chĂąteau Ă©lectoral de Pillnitz, dans le DuchĂ© de Saxe. LĂ  se rendit aussi le marquis de BouillĂ©, avec un plan d'opĂ©rations des armĂ©es Ă©trangĂšres sur les diffĂ©rentes frontiĂšres de la France. On y vit Ă©galement l'ex-ministre Calonne, prĂ©sent partout oĂč il y avait des intrigues Ă  conduire.

Le comte d'Artois prit également contact avec les souverains. Mais, il eut beau les presser de tirer l'épée du fourreau, Bouillé eut beau leur développer son plan d'invasion, Calonne eut beau se montrer souple, hardi, persuasif : la perspective d'une guerre avec la France, d'une guerre avec un peuple révolutionnaire, une guerre de ce caractÚre ne plaisait que médiocrement à l'empereur Léopold II, dont l'esprit circonspect en redoutait les suites. Aussi les résolutions qui furent adoptées se ressentirent de ces dispositions.

En derniĂšre minute, le comte d'Artois, frĂšre du roi de France, non invitĂ©, arrachait la dĂ©claration des deux monarques, aprĂšs la fuite manquĂ©e de Louis XVI de France arrĂȘtĂ© Ă  Varennes et ramenĂ© de force Ă  Paris (juin 1791). Les souverains demandaient le rĂ©tablissement du roi sur son trĂŽne et de ne pas porter atteinte Ă  ses droits. Ils attiraient l’attention de tous les souverains europĂ©ens et les invitaient Ă  "agir d'urgence au cas oĂč ils seraient prĂȘts". L’empereur LĂ©opold menaça, Ă  titre personnel, la France d’une guerre.

Tout ce que purent obtenir le comte d'Artois, Bouillé et Calonne, dans cette conférence fameuse, fut la déclaration suivante, datée de Pillnitz, , et signée par l'empereur Léopold II et Frédéric-Guillaume II :

« Sa majestĂ© l'Empereur, et sa majestĂ© le roi de Prusse, ayant entendu les dĂ©sirs et les reprĂ©sentations de Monsieur et de monseigneur le Comte d'Artois, se dĂ©clarent conjointement qu'elles regardent la situation oĂč se trouve aujourd'hui le roi de France comme un objet d'un intĂ©rĂȘt commun Ă  tous les souverains de l'Europe. Elles espĂšrent que cet intĂ©rĂȘt ne peut ĂȘtre mĂ©connu par les puissances dont le secours est rĂ©clamĂ©, et qu'en consĂ©quence elles ne refuseront pas d'employer, conjointement avec leurs dites majestĂ©s, les moyens les plus efficaces relativement Ă  leurs forces pour mettre le roi de France en Ă©tat d'affermir dans la plus parfaite libertĂ©, les bases d'un gouvernement monarchique, Ă©galement convenable aux droits des souverains et au bien-ĂȘtre de la nation française. Alors, et dans ce cas, leurs dites majestĂ©s, l'Empereur et le roi de Prusse sont rĂ©solues Ă  agir promptement et d'un mutuel commun accord avec les forces nĂ©cessaires pour obtenir le but proposĂ© en commun. En attendant, elles donneront Ă  leurs troupes les ordres convenables pour qu'elles soient Ă  portĂ©e de se mettre en activitĂ©.

[Signé]
LĂ©opold
Frédéric-Guillaume »

— d’aprĂšs Pierre GraniĂ©, Histoire de l'AssemblĂ©e constituante de France (1797)[4]

Cette dĂ©claration renfermait, en outre, des articles secrets portant que le Saint-Empire ne mettrait aucun obstacle aux prĂ©tentions de la Prusse sur une partie de la Pologne. Quoiqu'elle ne spĂ©cifiĂąt aucune mesure immĂ©diate et qu'elle trahĂźt mĂȘme les intentions pacifiques de LĂ©opold, elle n'en avait pas moins un caractĂšre comminatoire dont le premier effet fut d'exaspĂ©rer le sentiment national.

Portée historique

Elle enthousiasma les émigrés qui y virent le signal d'une prochaine coalition européenne contre la France. Elle participa au commencement des guerres de la Révolution française. Bien que simple signe de solidarité avec les émigrés français et le roi de France, elle était sans contenu, parce que toute action était liée à un accord préalable des grandes puissances, et l'Angleterre de Pitt était contre une guerre contre-révolutionnaire. Cependant, en France, la propagande de l'aile gauche des révolutionnaires (dont Brissot) faisait de la déclaration de Pillnitz une vraie déclaration de guerre, dans le désir de radicaliser la révolution moyennant une guerre extérieure.

Cette déclaration, assimilée à un traité, fut reprochée à Louis XVI, au cours de son procÚs dans la séance du .

Notes

  1. Cf. Matthieu Bertozzo, « Le 20 avril 1792, de la RĂ©volution contagieuse Ă  la RĂ©publique belliqueuse », Revue gĂ©nĂ©rale du droit, no 21715,‎ (www.revuegeneraledudroit.eu/?p=21715).
  2. Cf. Albert Sorel, « La Fuite de Louis XVI et les essais d’intervention en 1791 - Varennes et Pillnitz », Revue des Deux Mondes, 3e, vol. 75,‎ , p. 314-346.
  3. Sorel, op. cit., p.317.
  4. Pierre GraniĂ©, Histoire de l'AssemblĂ©e constituante de France: Écrite pour un citoyen des Ètats-Unis de l'AmĂ©rique septentrionale (Messidor VIe. annĂ©e [juin/juillet 1797]), p. 257–258. Paris: Chez Desenne, Libraire, Palais EgalitĂ©.

Voir aussi

Sources

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