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Cristal Baschet

L'Orgue de cristal ou Cristal Baschet est un instrument de musique mis au point en 1952 par les frÚres Bernard (ingénieur) et François (guitariste) Baschet. Il « s'écarte des instruments mélodiques classiques figés au XXe siÚcle depuis le XVIIe siÚcle ». Les premiers montages des frÚres Baschet sont des corps sonores posés sur le piano du compositeur Jacques Lasry ; assemblés ils deviendront la sous-famille dite « percussions multi-timbres ». Si leur son en continu est « cristalin », ce n'est pas dû à la matiÚre et la forme du cristal, contrairement à la famille de l'harmonica de verre. Á ce jour des musées ont intégré cette lutherie-sculpture contemporaine d'ingénieur acousticien et une cinquantaine d'instruments est réparti dans les orchestres dans le monde à l'aube du XIXe siÚcle[1].

Le Cristal Baschet
Image illustrative de l’article Cristal Baschet
F. et B. Baschet avec « Le Trapu », l’un des premiers Cristals Baschet (1960)

Classification Verges encastrées
Famille Structures Sonores Baschet
Tessiture Fa0-Sol5
ƒuvres principales La Marche de l'empereur, Le Testament d'OrphĂ©e
Instrumentistes bien connus Jacques et Yvonne Lasry, Thomas Bloch, Michel Deneuve, Loup Barrow
Facteurs bien connus François Baschet, Bernard Baschet, Association Structure Sonore Baschet
Articles connexes Glassharmonica, Euphone

Fabrication

GenĂšse et fondements acoustiques

Alors que le Vibraphone à transmission dans l'air du son par tubes avec une modulation typique existe de façon populaire depuis 1930, avant de concevoir l'Orgue de Cristal Baschet (et plus généralement, les Structures Sonores Baschet multiformes, structures physiques qui accompagnent le geste de l'intrumentiste[2]), François et Bernard Baschet « subissent » selon leurs dires[2] l'apprentissage de la musique pianistique écrite.

Á l'ùge adulte ils définissent en conséquence un instrument de musique qui n'existerait pas encore et qui serait « manquant ». Ils effectuent des travaux et des expérimentations diverses appuyées par de nombreuses recherches acoustiques à travers les ouvrages et expérimentations de célÚbres physiciens et acousticiens tels que Henri Bouasse, Ernst Chladni[3], Lord Rayleigh, Helmholtz et bien d'autres[4].
Au dĂ©but des annĂ©es 1950, ces recherches permettent de concevoir des instruments qui permettent une musique Ă©crite (partition classique ou partition graphique) ou encore non Ă©crite[5]. Il s'agit de la rĂ©union d’au moins trois des quatre Ă©lĂ©ments suivants :

  1. Un élément donnant une vibration périodique (corde, anche, membrane, plaque...) avec un écho fourni par une « queue de cheval » de fils métalliques[2]
  2. Une forme d’énergie pour activer le vibrateur (archet, vent, percussion...) qui doit ĂȘtre mĂ©canique
  3. Un dispositif permettant d’évoluer au sein de la gamme (clavier, systĂšme de clĂ©s, frettes...)
  4. Un amplificateur de son (caisse de rĂ©sonance, pavillon, table d’harmonie...) qui n'est pas Ă©lectrique[2]

L'entretien de vibration par un systÚme électrique ou une mécanique en mouvement est écarté (voir l'Armonica de verre dont les résonnateurs en cristal sont entrainés par un moteur et l'Orgue Hammond avec sa roue phonique).
Il pouvait Ă©galement ĂȘtre ajoutĂ© des vibrateurs sympathiques afin d’ajouter des formants dans le son, d’en enrichir le timbre. Par ce systĂšme combinatoire, les frĂšres Baschet travaillĂšrent sur l’élaboration d’une table rĂ©capitulative leur permettant de dĂ©crire les instruments existants et ceux pouvant ĂȘtre crĂ©Ă©s par la suite[6]. AprĂšs une autre pĂ©riode d’expĂ©rimentations acoustiques les frĂšres Baschet choisissent d’exploiter les possibilitĂ©s sonores offertes par les tiges de cristal (ou de verre) et plaques mĂ©talliques rĂ©sonnantes encastrĂ©es Ă  une seule extrĂ©mitĂ©. Ils se basĂšrent sur les travaux de l’acousticien Français Henri Bouasse dont les Ă©tudes sur ces Ă©lĂ©ments vibrants n’avaient jamais donnĂ© lieu Ă  des recherches abouties du point de vue organologique[7]. Les frĂšres Baschet, dont l’ambition premiĂšre fut de crĂ©er une famille d’instruments nouvelle et cohĂ©rente, orientent donc leurs recherches sur cette catĂ©gorie de vibrateur (verge idiophone).

Le fonctionnement acoustique du Cristal Baschet

RÎle acoustique des différents composants du Cristal Baschet.

C’est en se basant sur ces Ă©crits acoustiques qu'ils redĂ©couvrent un ensemble instrumental non codifiĂ©, non catĂ©gorisĂ© (harpe Ă  cordes mĂ©talliques, kalimba Ă  lames, euphone inventĂ© en 1789 et achevĂ© en 1790) et dĂ©cident de les continuer en utilisant la technologie depuis 1890 des pavillons acoustiques et plaques de rĂ©verbĂ©ration depuis 1927. Par dĂ©finition de ce qu’est un instrument de musique sur la base de l'Harmonie et l'InharmonicitĂ© les ingĂ©nieurs Baschet donnĂšrent naissance Ă  une lutherie innovante qui compose l’intĂ©gralitĂ© des « Structures Sonores Baschet » intĂ©ressant des musĂ©es.

L’élĂ©ment vibrant

Le vibrateur du cristal Baschet est une tige mĂ©tallique encastrĂ©e par une seule extrĂ©mitĂ© (verge) dans un sommier mĂ©tallique plus lourd. L’énergie vibratoire de la tige se propage dans cette piĂšce avant d’ĂȘtre irradiĂ©e dans l’air par l’intermĂ©diaire d’un radiateur de son.

Mode de mise en vibration

L'euphone utilise le principe de la friction, c'est un mĂ©tallophone Ă  friction (archet). L’élĂ©ment vibrant du Cristal Baschet (la tige mĂ©tallique) est mis en vibration par une baguette de verre (Ă©galement qualifiĂ©e d’archet de verre) que l’on frotte avec les doigts humides. Ce mode de mise en vibration ne doit cependant pas ĂȘtre assimilĂ© Ă  celui du Glassharmonica de Benjamin Franklin dans la mesure oĂč les tiges de verre n’ont qu’un rĂŽle d’excitateur. Elles ne produisent pas de son et ne font que transmettre leurs vibrations. Il est Ă©galement possible de produire le son par percussion. Il faut, pour cela, se munir de diffĂ©rents marteaux utilisĂ©s traditionnellement en percussion. Avec ce mode de jeu, il ne faut cependant pas frapper les tiges de verre au risque de les briser, mais directement les parties mĂ©talliques.

Tempérament, dispositif de hauteur

Les archets de verre servent chacun Ă  exciter une note Ă  une hauteur prĂ©cise. La hauteur de la note (sa frĂ©quence fondamentale) est conditionnĂ©e par la longueur de la tige mĂ©tallique. Les archets de verre furent d’abord verticaux avant de devenir horizontaux Ă  la demande d’Yvonne Lasry. Ce changement eut une grande incidence sur le mode de jeu et le tempĂ©rament et permit par la suite de nombreuses amĂ©liorations techniques de l’instrument. Les baguettes de verre purent ainsi ĂȘtre rapprochĂ©es, permettant un accroissement de la tessiture de l’instrument qui peut s’étendre jusqu’à 5 octaves dans les grands Cristals allant de Fa0-Sol5. De plus, l’instrument autrefois accordĂ© en tierces mineures est ainsi devenu chromatique mais peut Ă©galement ĂȘtre accordĂ© diffĂ©remment. Le jeu du Cristal Baschet se caractĂ©rise par un va-et-vient constant du doigt humide qui caresse[1] ou percute doucement les tiges de verre. Les accords sont faits par plusieurs doigts, les sons entretenus et divers jeux sur la vĂ©locitĂ© sont possibles.

La radiation du son

Les premiers radiateurs du Cristal Baschet furent des vessies pneumatiques[8]. Ce mode de diffusion est hĂ©ritĂ© d’une invention initiale de François Baschet : la guitare gonflable de voyage. La dynamique du son donnĂ© par les vessies est faible avec un timbre trĂšs doux. Des cordes de piano dressĂ©es, que l'on retrouve toujours sur les Cristals Baschet contemporains, Ă©tait ajoutĂ©es, appelĂ©es "moustaches", afin d'enrichir le timbre en aigus[9]. Les frĂšres Baschet entreprirent un vaste travail de recherche des diffĂ©rentes matiĂšres et formes permettant de crĂ©er des radiateurs sonores. Ils utilisĂšrent par exemple des tĂŽles en acier pliĂ©s selon l'effet sonore dĂ©sirĂ© ou des cĂŽnes en carton, en rĂ©sine epoxy ou polyester. Le travail sur ces radiateurs permet de varier le timbre et l'enveloppe dynamique du son de l’instrument[10]. Des fĂ»ts cylindriques furent Ă©galement utilisĂ©s pour le cristal basse. Dans le cas prĂ©sent, la vibration est transmise Ă  une plaque mince de contreplaquĂ© suspendue et retenue par une membrane en caoutchouc. La vibration est donc transmise Ă  la colonne d’air Ă  l’intĂ©rieur d’un fĂ»t mĂ©tallique amplifiant ainsi le son.

Le Cristal Baschet est toujours exclusivement fabriqué aujourd'hui par l'association Structures Sonores Baschet fondée par Bernard Baschet.

Classification et fonctionnement

Représentation simplifiée du Cristal Baschet.

Le Cristal Baschet est parfois assimilĂ© Ă  un euphone ; instrument inventĂ© par Ernst Chladni en 1789. L’euphone et le Cristal Baschet partagent uniquement le fait d’avoir en commun l'Ă©lĂ©ment excitateur : des tiges de verre que l’on frotte avec des doigts prĂ©alablement humidifiĂ©s. L’utilisation de tiges de verre comme Ă©lĂ©ment excitateur d’un Ă©lĂ©ment vibrant est, par ailleurs, un procĂ©dĂ© utilisĂ© dans les laboratoires d'acoustique au XVIIe.

Dans l’euphone, les Ă©lĂ©ments vibrants sont des tiges mĂ©talliques, comme l'attestent les Ă©crits de 1821 publiĂ©s par Pr. Chladni lui-mĂȘme sous le patronage de NapolĂ©on premier et non des lames plates indĂ©pendantes les unes des autres, ce qui revient Ă  inventer un nouvel instrument ! Le systĂšme de couplage de l'instrument de Chladni est basĂ© sur les derniers dĂ©veloppements apportĂ©s Ă  l'Ă©poque au pianoforte, une table d'harmonie mĂ©tallique et une caisse de rĂ©sonance.

La modularité des résonateurs est également un élément caractéristique des structures sonores Baschet et permet ainsi des grandes possibilités quant au travail sur la texture sonore. Le cristal Baschet est donc une évolution sous forme sculpturale de l'euphonie comme l'attestent définitivement les écrits de François Baschet et la littérature universitaire[11].

RĂ©pertoire

Thomas Bloch et le cristal Baschet

À son origine, il est utilisĂ© dans le domaine de la musique concrĂšte (style musical avant-gardiste introduit par Pierre Schaeffer et Pierre Henry) et trouve peu Ă  peu sa technique et son rĂ©pertoire, principalement grĂące aux « cristallistes Â» Jacques et Yvonne Lasry et Bernard Baschet en 1952 puis Michel Deneuve qui s'y consacre dĂšs 1977 ou encore Thomas Bloch.

Peu de compositeurs ont Ă©crit en intĂ©grant principalement cet instrument : FrĂ©dĂ©ric Bousquet, Jean Philippe Calvin, Michel Deneuve, Luc Ferrari, Eric Fischer, Bruno Giner, Karinn Helbert, Alain Labarsouque, Étienne Rolin, Toru Takemitsu, Horatiu Radulescu, Emmanuel SĂ©journĂ©, Roger Steptoe, Loup Barrow, Alain Voirpy, Jean-Michel Hasler.
Il est cependant utilisé accessoirement aux cÎtés d'autres instruments pour diverses compositions de Jean Michel Jarre, Cliff Martinez, Marc Chouarain, Damon Albarn[12], Philippe Sarde, etc.

Frédéric Bousquet a écrit le premier recueil de partitions pour cet instrument et Michel Deneuve une méthode d'enseignement. Il a d'ailleurs été écrit une méthode complÚte en deux volumes ainsi qu'un traité d'instrumentation à l'usage des compositeurs.

Yvonne Lasry sera la premiÚre à développer une technique instrumentale sur le Cristal à clavier horizontal le mettant ainsi, musicalement, au niveau des instruments classiques que voulaient égaler les frÚres Baschet en se refusant à contribuer à la musique de variété et en rendant la musique accessible sans solfÚge dÚs 1979[2].

Un atelier de pratique instrumentale du Cristal Baschet a été ouvert en 1993 au Conservatoire d'Albi par Cathy Tardieu[13], qui le conduit toujours. Une classe de Cristal Baschet a également été ouverte au Conservatoire de Brive-la-Gaillarde en 2003 par Michel Deneuve. Cette classe est conduite depuis 2010 par Antoine Mas.

Le Cristal Baschet a été mis à profit dans des domaines trÚs divers : spectacle de danse, musique de film (La Marche de l'Empereur, Solaris, Le testament d'Orphée, La saison des Orphelins film,...), théùtre, jazz, improvisation, contes (Bruno de La Salle), musique contemporaine, chanson et rock.

Dans ces deux derniers domaines, le multi-instrumentiste Thomas Bloch a joué du Cristal Baschet sur des enregistrements de Daft Punk[14], Gorillaz, Tom Waits, Manu Dibango, Vanessa Paradis, Arthur H, Lokua Kanza, Jarvis Cocker.

Notes et références

Michel Deneuve au cristal Baschet, 2000
  1. « Michel Deneuve présente l'orgue de cristal » (consulté le ).
  2. « Hommage à François et Bernard Baschet », (consulté le ).
  3. (de) PR. E. F. F. Chladni, BeitrÀge zur Akustik, Leipzig, Breitkopf und Hàrtel,,
  4. (en) François Baschet, Les Sculptures Sonores : The Sound Sculptures of Bernard and François Baschet", Soundworld, , p. 12-13
  5. François Baschet, Mémoires sonores, L'Harmattan, , p. 132-133
  6. François Baschet, Mémoires sonores, L'Harmattan, , p. 135-136
  7. Bernard Baschet, Organologie des structures sonores Baschet, (lire en ligne), p. 2-3
  8. (en) François Baschet, Les Sculptures Sonores : The Sound Sculptures of Bernard and François Baschet", Soundworld, , p. 34-35
  9. (en) François Baschet, Les Sculptures Sonores : The Sound Sculptures of Bernard and François Baschet", Soundworld, , p. 36-37
  10. (en) François Baschet, Les Sculptures Sonores : The Sound Sculptures of Bernard and François Baschet", Soundworld, , p. 66-67
  11. FrĂ©dĂ©ric Bousquet, Une approche de la facture instrumentale du Titanium Euphone Ă  travers l’étude de l’orgue de verre Lasry Baschet et du Cristal Baschet, Ă©tendue Ă  celle de l’Euphon de E. F. F. Chladni, Paris, UniversitĂ© Paris 8, , 1083 p.
  12. Damon Albarn works in his studio (London) with music supervisor David Coulter and French multi-instrumentalist virtuoso Thomas Bloch during the preparation of his first opera : "Monkey: Journey to the West", in April 2007.
  13. (http:www.cathytardieu.fr)Les ateliers de Cristal Baschet sur le site internet du conservatoire de musique et danse du Tarn
  14. Thomas Bloch et ses collaborations en tant que "cristalliste"

Bibliographie

  • Bernard Baschet, "Organologie des structures sonores Baschet"
  • François Baschet, "MĂ©moires sonores", L'Harmattan (collection "l'Écarlate"), 2007 (ISBN 978-2-296-03383-2)
  • (en) François Baschet, "Les Sculptures Sonores: The Sound Sculptures of Bernard and François Baschet", Soundworld, 1999 (ISBN 978-1902440026)
  • FrĂ©dĂ©ric Bousquet, Une approche de la facture instrumentale du Titanium Euphone Ă  travers l’étude de l’orgue de verre Lasry Baschet et du Cristal Baschet, Ă©tendue Ă  celle de l’Euphon de E. F. F. Chladni., ThĂšse de doctorat. UniversitĂ© Paris 8. 2018.

Articles connexes

Liens externes

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