Crise de Nootka
La crise de Nootka est un incident diplomatique et politique entre le royaume de Grande-Bretagne et le royaume d'Espagne, déclenché par une série d'événements qui ont lieu durant l'été de 1789 dans la baie Nootka. La baie de Nootka est un réseau de criques sur la côte ouest de île de Vancouver, dans la région Nord-Ouest Pacifique de l'Amérique du Nord, aujourd'hui située dans la province canadienne de Colombie-Britannique et sur le territoire des Mowachaht du Nuu-chah-nulth.
Les événements ayant eu lieu dans la baie Nootka, en dehors de la grande crise internationale, sont parfois appelés incidents de Nootka, ou incident de la baie Nootka, entre autres termes. La crise internationale plus large est elle connue sous les termes de crise de la baie Nootka, controverse de Nootka, et le Grand Armement espagnol.
Histoire
La crise Ă©clate dans un contexte plus large de tensions portant sur les revendications de souverainetĂ© et les droits de navigation et de commerce. Entre 1774 et 1789, l'Espagne envoie plusieurs expĂ©ditions dans le Nord-Ouest du Pacifique afin de rĂ©affirmer sa domination et sa souverainetĂ© sur la rĂ©gion. En 1776, ces expĂ©ditions atteignent la baie de Bucareli et l'embouchure de la Columbia River et de la baie Sitka (en). Les revendications territoriales sont affirmĂ©es selon les actes de souverainetĂ© coutumiers de l'Ă©poque. Quelques annĂ©es plus tard, plusieurs bateaux de traite des fourrures britanniques entrent dans la zone que l'Espagne avait revendiquĂ©. Ces marchands britanniques commercent très vite avec les indigènes locaux, les Nuu-chah-nulth, et rĂ©alisent de bons profits. Cependant, les Espagnols, mĂ©contents de cette prĂ©sence de commerçants anglais sur un territoire dont ils se disent propriĂ©taires exclusifs, prĂ©parent au printemps 1789 une expĂ©dition sous le commandement d'Esteban JosĂ© MartĂnez, avec pour objectif l'expulsion des Britanniques de la Baie de Nootka. MartĂnez capture quatre navires anglais, puis, devant les yeux des prisonniers britanniques, prend officiellement possession au nom de l'Espagne de toute la cĂ´te nord-ouest. Plusieurs jours après, il intercepte un autre navire anglais commandĂ© par un certain Colnett, transportant des ouvriers chinois mais aussi un important chargement de matĂ©riel destinĂ© Ă fonder un nouvel Ă©tablissement britannique. MartĂnez arrĂŞte Colnett après une dispute, et se sert des ouvriers chinois pour bâtir le Fort San Miguel. Mais l'un des chefs Nuu-chah-nulth, appelĂ© Callicum, est irritĂ© contre les Espagnols et vient leur rendre visite. On ne connait pas très bien la cause de la colère de Callicum, si elle a Ă©tĂ© provoquĂ© par l'arrestation des Anglais avec qui il commerçait, ou bien par d'autres griefs avec les Espagnols. Quoi qu'il en soit, Callicum est tuĂ©, accidentellement ou non, par MartĂnez, ce qui provoque un conflit d'un an entre Nuu-chah-nulths et Espagnols. Le vice-roi de Nouvelle-Espagne, Manuel Antonio FlĂłrez, ordonne cependant Ă MartĂnez d'Ă©vacuer la Baie de Nootka pour la fin de l'annĂ©e 1789. Mais le successeur de Flores, Juan Vicente de GĂĽemes Padilla Horcasitas y Aguayo, arrivĂ© en , est bien dĂ©cidĂ© Ă faire le contraire et ordonne une nouvelle expĂ©dition espagnole vers la Baie de Nootka afin de rĂ©occuper le territoire. Lorsque la nouvelle de la capture des navires anglais et de l'emprisonnement de leurs Ă©quipages parvient en Europe[1], la Grande-Bretagne demande rĂ©paration, ce que le gouvernement espagnol refuse. Les deux parties se prĂ©parent Ă la guerre et cherchent l'aide de leurs alliĂ©s respectifs. La Grande-Bretagne peut compter sur la Hollande ainsi que sur la Prusse, alors que le Pacte de famille unit naturellement la France Ă l'Espagne. Mais celle-ci est bien obligĂ©e de commencer Ă parlementer avec ses ennemis lorsque la France, en plein dĂ©but de RĂ©volution, dĂ©cide de ne pas prendre part Ă un futur conflit entre l'Espagne et l'Angleterre. La crise est rĂ©solue pacifiquement mais non sans difficultĂ©s avec une sĂ©rie de trois accords, signĂ©s en octobre 1790, connus collectivement sous le nom de Convention de Nootka. Les navires anglais sont restituĂ©s. L’Espagne accepte de partager certains droits d'Ă©tablissement le long de la cĂ´te du Pacifique mais maintient ses principales revendications. L'issue de la crise est considĂ©rĂ©e comme une victoire pour les intĂ©rĂŞts mercantiles de la Grande-Bretagne[2] et ouvre la voie Ă l'expansion britannique dans le Pacifique[3]. En 1792, George Vancouver est envoyĂ© sur place pour rĂ©installer les Ă©tablissements saisis et explorer la cote du Nord Ouest jusqu'au 60° de latitude Nord. Cependant, l'Espagne continue Ă coloniser et peupler la cĂ´te du Pacifique, en particulier dans l'actuelle Californie, jusqu'en 1821.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Nootka Crisis » (voir la liste des auteurs).
- C'est par une dépêche de son chargé d'affaires à Madrid, Anthony Merry, que le gouvernement anglais apprend la nouvelle le 21 janvier 1790.
- Crise de Nootka sur L'Encyclopédie canadienne.
- (en) Derek Pethick, The Nootka Connection : Europe and the Northwest Coast 1790-1795, Vancouver, Douglas & McIntyre, , 281 p. (ISBN 978-0-88894-279-1), p. 18.
Bibliographie
- Alan Frost, « Chapter 2: The Spanish Yoke: British Schemes to Revolutionise Spanish America, 1739–1807 », dans Jane Samson, Glyndwr Williams, Pacific empires: essays in honour of Glyndwr Williams, University of British Columbia Press, (ISBN 9780774807586, lire en ligne), p. 33–52
- Itamar Olivares, « L'affaire de Nootka-Sound (1789-1790) [ », Mélanges de la Casa de Velázquez,‎ 1992 28-2, p. 123-148 (lire en ligne)
- Annick Foucrier, « Rivalités européennes dans le Pacifique : l'affaire de Nootka Sound (1789-1790) », Annales historiques de la Révolution française, 1997, no 307, p. 17-30
- J. P. Poussou, « « Le voyage du "Bordelais" et le commerce des fourrures du Nord-Ouest américain : une tentative de rénovation du commerce bordelais au début de la Restauration » », in Négoce, ports et océans XVIe-XIXe siècle de Silvia Marzagalli et Hubert Bonin, Presses universitaires de Bordeaux,‎ , p. 308, note 2
Voir aussi
Articles connexes
- HMS Discovery (1789)
- Histoire de la Colombie-Britannique
- Expédition Vancouver
- Pedro de Alberni
- Compagnie Franche des Volontaires de Catalogne
- Fort San Miguel
Liens externes
- (en) Nootka Sound Convention, signée le ; Wikisource
- (en) Nootka Claims Convention, signée le ; wikisource
- (en) Convention for the Mutual Abandonment of Nootka, signée le ; wikisource
- (en) Crise de Nootka Crisis sur le site Beyond the Map
- (en) [www.tacomapubliclibrary.org/morgan/Metcalfe.htm Sur Tacoma Public Library]