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Crise constitutionnelle de 1993 au Guatemala

La crise constitutionnelle de 1993 au Guatemala est un coup d'Ă©tat, un autogolpe, perpĂ©trĂ© le mardi par Jorge Serrano ElĂ­as, alors prĂ©sident en exercice du Guatemala. Les principaux faits consistent en la dissolution du Congrès, la tentative de rĂ©organisation des instances judiciaires et de manipulation Ă©lectorale, ainsi que la mise en place d'une censure de la presse. Au bout de dix jours, les forces dĂ©mocratiques du pays ont rĂ©tabli la constitution et ont dĂ©signĂ© comme  prĂ©sident le procureur des droits de l'homme, Ramiro de LeĂłn Carpio. En raison de la courte durĂ©e de la crise, certains la qualifient de putsch ratĂ©.

Contexte

Jorge Serrano ElĂ­as avait succĂ©dĂ© en 1991 Ă  un autre prĂ©sident civil, après trois dĂ©cennies de dictature militaire. La popularitĂ© de ce prĂ©dicateur Ă©vangĂ©liste, sans majoritĂ© au Parlement, Ă©tait très basse, en raison des mesures libĂ©rales qu'il avait imposĂ©es et qui l'avaient privĂ© de l'appui de deux partis. Les nĂ©gociations menĂ©es avec les mouvements de guĂ©rilla semblaient Ă©galement bloquĂ©es[1]. En 1993, le Guatemala est une jeune dĂ©mocratie de sept ans, affaiblie constamment par des frĂ©quents Ă©vĂ©nements violents, par l'existence de mouvements de guĂ©rilla et par la corruption. Les premières manifestations massives de mĂ©contentement populaire se dĂ©roulent en mars et consistent en des protestations Ă  la suite de la hausse des prix de l'Ă©nergie et du transport. La situation change de visage avec un mouvement Ă©tudiant, protestant contre un projet d'uniforme estudiantin considĂ©rĂ© comme un signal de militarisation. Le 12 mai, un Ă©tudiant de 17 ans, Abner Adiel Hernández, est assassinĂ© dans une violente manifestation devant le  Congrès[2]

Le mécontent public continue à grandir. En même temps, une vague d'actes d'intimidations est constatée dans le pays : un professeur d'université est tué par des coups de feu, trois étudiants sont pris en otage sur la voie publique et des cadavres de personnes assassinées et mutilées sont signalés. Concomitamment, un contrôle des finances de la Présidence est demandé par un parti d'opposition, mettant en avant les luxueuses propriétés construites durant son mandat. Le jour qui suit cette demande, la radio nationale annonce le putsch.

RĂ©pression et chute

Visiblement inspirĂ©es par les mesures imposĂ©es par son homologue pĂ©ruvien Alberto Fujimori en [1], les mesures, annoncĂ©es Ă  la tĂ©lĂ©vision guatĂ©maltèque, comprennent la dissolution du Congrès de la RĂ©publique, de la Cour Constitutionnelle et de la Cour SuprĂŞme de Justice, ainsi que la destitution du Procureur GĂ©nĂ©ral de la Nation et du Chef du Ministère Public. De plus, la Cour suprĂŞme Ă©lectorale est sollicitĂ©e pour convoquer, dans les 60 jours, une AssemblĂ©e nationale constituante. Des droits et des garanties constitutionnelles sont suspendues par des Normas Temporales de Gobierno (règles temporaires gouvernementales). Les domiciles du Procureur des Droits de l'homme, du PrĂ©sident de la Cour suprĂŞme Ă©lectorale et du PrĂ©sident du Congrès sont entourĂ©s d'un cordon policier. Les rĂ©unions de plus de trois personnes sont interdites sans autorisation prĂ©alable. Enfin, l'ArmĂ©e dĂ©ploie  des tanks aux entrĂ©es de la Ville du Guatemala et de l'UniversitĂ© de San Carlos[3].

Cependant, la Cour Constitutionnelle, présidée par Epaminondas González Dubón décrète le même jour illégitimes et inconstitutionnelles les mesures prises et dispositions des dénommées Normas Temporales de Gobierno. De même, la Cour suprême électorale, présidée par Arturo Herbruger Asturias, réfute à Serrano le droit de convoquer immédiatement des élections législatives[4]. La presse indépendante, censurée le , réussie à publier quelques exemplaires clandestinement le , reproduits et distribués dans le pays. Dans le quotidien Prensa Libre, le Procureur des Droits de l'homme, qui s'est échappé de son domicile, se déclare le défenseur de la Constitution et du système démocratique. Il appelle la société à la résistance.

Les protestations s'intensifient, dans le pays et de la part de plusieurs pays et organisations internationales. Finalement, risquant de perdre le support de l'armée, Jorge Serrano Elías fuit le pays en destination du Panama. Le vice-président Gustavo Épine Salguero assume la charge quelques jours, jusqu'à ce que, le , le Congrès désigne Ramiro de León Carpio comme nouveau Président de la République[5] - [6].

Notes et références

Notes

    Références

    1. Le Monde Autogolpe au Guatemala, 27 mai 1993
    2. (es) El País Se fuga de la cárcel un oficial guatemalteco condenado por asesinar a un norteamericano, José Elías, 15 mai 1993
    3. (es) Revista Envío ¿Por qué el "serranazo"?, Emma G. Martínez
    4. (es) elPeriĂłdico OpiniĂłn: Regreso
    5. Le Monde Mort de Ramiro de Leon Carpio, ancien président du Guatemala, 18 avril 2002
    6. (en) Barry S. Levitt, A Desultory Defense of Democracy: OAS Resolution 1080 and the Inter-American Democratic Charter, Latin American Politics and Society, volume 48, tome 3, septembre 2006, P.93–123
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