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Crazy Blues

Crazy Blues est une chanson de blues Ă©crite par Perry Bradford et enregistrĂ©e par Mamie Smith en 1920. Elle est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme le premier disque de blues de l'Histoire[3]. La chanson est introduite au Grammy Hall of Fame en 1994 et intronisĂ©e au Blues Hall of Fame de la Blues Foundation en 2016 dans la catĂ©gorie « Enregistrement classique du Blues — Single Â»[4].

Crazy Blues
Single de Mamie Smith and Her Jazz Hounds
Face B It's Right Here for You (If You Don't Get It, 'Tain't No Fault of Mine)
Sortie [1]
Enregistré
New York
Durée 3:26
Genre Blues
Format 78 tours
Auteur Perry Bradford
Label Okeh[2]

Singles de Mamie Smith and Her Jazz Hounds

Histoire

Au début des années 1920, le compositeur, pianiste et chef d'orchestre Perry Bradford tente de convaincre l'industrie phonographique que le public noir représenterait un potentiel commercial certain si on lui proposait des disques enregistrés par des artistes de couleur[5]. Au cours de la décennie précédente, il existe déjà de nombreux enregistrements de blues ou de chansons comportant le mot « blues » dans le titre[6], mais elles sont généralement interprétées par des musiciens et des chanteurs blancs.

La chance sourit à Perry Bradford quand Sophie Tucker, qui doit enregistrer une de ses compositions, tombe malade[5]. Il persuade alors Fred Hager, directeur artistique d'Okeh Records, d'engager une chanteuse noire à sa place, malgré les pressions ou les menaces de boycott[7]. Mamie Smith, qui est aussi la vedette de la revue Maids of Harlem dirigée par Bradford[8], entre en studio le pour enregistrer That Thing Called Love et You Can’t Keep A Good Man Down[7]. Elle est entourée pour l'occasion de musiciens blancs, et ces chansons ne diffèrent pas beaucoup du type de ballades interprétées habituellement par les chanteuses de variété[7]. Ce premier disque obtient néanmoins un certain succès et le boycott redouté n'a pas lieu[7].

Bradford renouvelle cette performance quelques mois plus tard, en faisant enregistrer Ă  Mamie Smith une autre de ses compositions qu'elle chante dĂ©jĂ  sur scène, Harlem Blues[5], renommĂ©e Crazy Blues pour l'occasion. L'enregistrement se dĂ©roule Ă  New York le [9]. Pour l'accompagner, on constitue cette fois un groupe de musiciens noirs, baptisĂ© les Jazz Hounds, composĂ© de Johnny Dunn au cornet, Ernest Elliott Ă  la clarinette, et Willie "The Lion" Smith au piano[5]. Celui-ci apparaĂ®t d'ailleurs sur les photographies associĂ©es Ă  la session d'enregistrement, bien que Bradford ait prĂ©tendu avoir jouĂ© du piano sur l'enregistrement (pourtant bien cachĂ© dans le mixage). C'est un succès commercial : 75 000 exemplaires du disque, commercialisĂ© en novembre[1] par Okeh dans les boutiques de Harlem, sont vendus au cours du mois de sa sortie[10]. En moins de sept mois, plusieurs centaines de milliers de copies, voire un million, sont vendus aux États-Unis[1].

Devant ce succès, toutes les maisons de disques veulent avoir leur interprète de couleur. Columbia enregistre presque aussitôt une reprise de Crazy Blues par Mary Stafford (1921)[11]. Des chanteuses de blues comme Trixie Smith, Alberta Hunter ou Ethel Waters sont signées par Black Swan[11], Ma Rainey et Ida Cox par Paramount, et Bessie Smith par Columbia.

Crazy Blues marque un tournant dans l'Histoire du blues. Il est généralement considéré comme le premier disque de blues. Tony Russell précise quant à lui qu'il s'agit du premier enregistrement avec le mot « blues » dans le titre interprété par un artiste noir[12].

Cette version de 1920 de Crazy Blues par Mamie Smith est utilisĂ©e dans l'Ă©pisode 10 de la saison 1 de la sĂ©rie Boardwalk Empire[13].

Crazy Blues a été repris notamment par l'Original Dixieland Jazz Band (1921), Cliff Carlisle (1930), Jerry Wald Orchestra (1934), Clarence Williams (1935), Georgia White (1938), Leon Redbone sur l'album Double Time en 1977, Catherine Russell sur Boardwalk Empire Volume 1: Music from the HBO Original Series (2011), et China Moses avec Raphaël Lemonnier sur l'album Crazy Blues en 2012.

Références

  1. (en) Adam Gussow, Seems Like Murder Here : Southern Violence and the Blues Tradition, University of Chicago Press, , 360 p. (ISBN 978-0-226-31098-5, lire en ligne), p. 160
  2. Okeh Records catalogue no 4169
  3. (en) Herzhaft Gerard, Encyclopedia of the Blues, Fayetteville, Arkansas, University of Arkansas Press, , 518 p. (ISBN 1-55728-252-8, lire en ligne), « Female Blues Singers », p. 113
  4. (en) « “Crazy blues” – mamie Smith (Okeh 1920) », sur The Blues Foundation (consulté le )
  5. Stéphane Koechlin, Le Blues : Les musiciens du diable, Paris, Castor Astral, coll. « Castor Music », , 224 p. (ISBN 978-2-85920-985-8 et 2-85920-985-9, lire en ligne)
  6. « The First Blues Records (1914–1916) », sur Red Hot Jazz (consulté le )
  7. Giles Oakley (trad. Hubert Galle), Devil's Music : Une histoire du blues [« The Devil's Music: A History Of The Blues »], Denoël, , 348 p. (ISBN 978-2-207-23120-3)
  8. Olivier Douville, « Crazy Blues » (consulté le )
  9. (en) Paul Garon et Edward Komara (dir.), Encyclopedia of the Blues, New York, Routledge, , 1440 p. (ISBN 978-1-135-95832-9, lire en ligne), « Black Newspaper Press », p. 87
  10. (en) Ted Gioia, Delta Blues : The Life and Times of the Mississippi Masters who Revolutionized American Music, New York, W.W. Norton and Company, , 449 p. (ISBN 978-0-393-06258-8), p. 38
  11. (en) David Evans, The NPR Curious Listener's Guide to Blues, TarcherPerigee, , 266 p. (ISBN 978-0-399-53072-2, lire en ligne), p. 22-23
  12. (en) Tony Russell, The Blues : From Robert Johnson to Robert Cray, DubaĂŻ, Carlton Books, (ISBN 1-85868-255-X), p. 12
  13. (en) « "Boardwalk Empire" The Emerald City (TV Episode 2010) - Soundtracks », sur Internet Movie Database (consulté le )

Notes

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