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Coupé-décalé

Le coupé-décalé est un genre musical né au début des années 2000 dans la communauté ivoirienne à Paris et devenu populaire en Côte d'Ivoire et dans beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne durant les dix années qui suivirent.

Coupé-décalé
Détails
Origines stylistiques
Origines culturelles
Instruments typiques
Popularité
Mondiale
Scènes régionales
Sous-genres
Kamora, kpangbèlè, kpangor, zoropoto, 202, shamakuana, kuitata, mafouet, yamoukoudi, okininkpin, lumumba, Move Dadass, tchintchin, sympa, valaba
Genres dérivés
Naija, afro trap
Genres associés

Le coupé-décalé prend le contrepied du zouglou. Aux critiques du matérialisme exprimées par le zouglou, le coupé-décalé affirme son attachement aux biens matériels, et au regard satirique sur sa société, le coupé-décalé met en avant le divertissement et la mise en scène. Ainsi, « on passe d’une musique engagée et réflexive sur sa société à une musique d’ambiance qui permet de faire la fête »[2].

Histoire

La danse est nommée décalé-coupé puis coupé-décalé. L'expression à la base était utilisée par les DJ concepteurs du mouvement, pour designer une philosophie de vie, un mouvement et un concept qui vise à créer de l'enjaillement, de la joie, une échappatoire aux difficultés de la vie séculière. Le concept nait par des DJ ivoiriens en France, La Jet Set, qui étaient réputés pour leurs sapes créatives et leurs Atalaku (ambiances musicales chantées par les DJ) parmi qui se trouvait un certain Douk Saga, à l’état civil Doukouré Stephane, que l'on reconnait comme Président et initiateur du mouvement. Lorsque le DJ aux platines invitait ledit Douk Saga sur la piste de danse, il imitait un pas de danse de son confrère Boro Sanguy, qui lui même étant membre de la bande sortait un pas de danse appelé Coupé-Cloué, Mais Douk Saga dansant toujours en contre-temps, cela value au DJ de lui attribuer de donner un nom a sa danse appélée le Coupé-Décalé : Lino Versace affirme: « Le Coupé-Décalé part du Coupé-Cloué que Boro Sangui faisait sur les différents genres musicaux et c'est lors d'une prestation de Douk Saga, qui n’était pas dans le tempo de la musique, que le DJ a dit Douk Saga arrive avec son Coupé-Décalé » sur les plateaux télé de Life Tv et La Nouvelle Chaine Ivoirienne.

Les média ivoiriens, à l'affut de buzz et aussi mal renseignés, ont fait courir la rumeur selon laquelle le coupé-décalé était le fait de « couper », dans le sens de « voler à l'arraché », et de « décaler », dans le sens « partir en courant sans payer ». Par extension, pour la diaspora, les mots ont pris des sens plus généraux : « couper » signifie « gagner de l'argent » d'une façon ou d'une autre et « décaler » l'envoyer par mandat au pays, avec un troisième terme souvent associé dans une formule résumant la vie quotidienne, « travailler », et la nécessité d'y échapper en faisant la fête[3]. Cela a entaché la réputation du mouvement en attribuant une mauvaise image au mouvement comme aux concepteurs, que l'opinion populaire prenait pour des voleurs, des arnaqueurs et même des cybercriminels à une époque où internet n'était pas encore répandu en Côte d'Ivoire, à une époque où le minitel commençait à se déployer en France. Dans un concept où des Ivoiriens de la diaspora reviennent donner de la joie à leurs compatriotes en période de troubles dûs au contexte de guerre entre 2000 et 2002, ils ont nourri un espoir pour un peuple désorienté en le rassemblant à consolider son identité et son pays. Cette rumeur propagée par les médias a, quant à elle, nourrit des jeunes au gain facile, les fameux brouteurs, ces cyber-arnaqueurs qui vont jusqu'au maraboutage, parfois même au péril de vies humaines, pour avoir leurs gains.

Historiquement, l'arrivée du coupé-décalé en Côte d'Ivoire correspond à peu près au début de la guerre civile ivoirienne en 2002. Le message associé (schématiquement, profiter de la vie et faire la fête) est clairement apolitique[4] - [5] - [3].

Débuts (2002 à 2004)

Au début des années 2000, ce mode d'expression musicale apparaît chez de jeunes Ivoiriens vivant en France, fondé sur des rythmes toniques inspirés des percussions ivoiriennes et congolaises, des paroles joyeuses, une obsession pour la fête, un goût pour les danses extravagantes et la frime, notamment sur le plan vestimentaire[4] - [5] - [6] - [7]. Ce mouvement est très vite apparenté à "la sape" zaïroise incarnée par Papa Wemba, en rupture avec le zouglou, plus politique et revendicatif[8].

Les initiateurs du mouvement se trouvent dans un collectif d'amis, qui prendra le nom de La Jet7 et qui sévissait à l'Atlantis, une boîte située quai d'Austerlitz[5]. La Jet Set compte en particulier dans ses rangs Douk Saga, Boro Sanguy, Lino Versace.

Douk Saga sort le premier single, un morceau dénommé Sagacité, en 2003, sous l'impulsion du producteur ivoirien David Monsoh qui vu la Jet7 à l'œuvre en boite de nuit à Paris[8]. Le clip vidéo Sagacité promeut la danse mais aussi l'ensemble des attitudes, la manière d'être dans le coupé-décalé : faire le « faro farot » (faire le malin), le « boucantier » (faire son « boucan », faire parler de soi), le « travaillement » (distribuer des billets de banques à tout-va en soirée),etc. en nouchi (l'argot ivoirien) dans le texte. La chanson est un succès en Côte d'Ivoire[8].

Assez vite, ces danses et ce courant musical se font connaître en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest, où ils deviennent populaires sous l'impulsion de disc jockeys.

Une caravane Sagacité est organisée à travers la Côte d'Ivoire en 2003 malgré les événements et le couvre-feu[5] - [9].

Décollage (2005 à 2006)

Ce courant musical et cette conception de la vie se popularisent. De nouveaux artistes s'y distinguent dont DJ Gaoussou, Oxxy Norgy, Christina DJ, Tata Keny, Matty Dollars, Le Molare, Erickson Le Zulu, pour n'en citer que quelques-uns. Des rappeurs, mais aussi des artistes de rock 'n' roll et de zouk font du coupé-décalé : Singuila, Jacky Brown des Neg'Marrons, Kaysha ou Les Déesses[5].

Douk Saga meurt en 2006 à l'âge de 32 ans[8].

Les générations suivantes

...

La légende DJ Arafat

Dj Arafat, révélé en 2003 avec Hommage à Jonathan, a commencé son ascension qui va accélérer l'internationalisation du genre en Afrique subsaharienne, soutenue par un style plus hardcore[8].

Il fut en suite en duo avec son ami et meilleur rival à la fois, Debordeau Leekunfa

DJ arrafat invente les Roukaskass: un enchainement succinct de sons d'instruments rythmiques, car à la base DJ Arafat jouait à la batterie durant son enfance à l’Église. Il en fait sa marque déposée lorsqu'il en ajoute a chacun de ses sons au fil de ses contacts avec les arrangeurs Max Hero et Champi Kilo qui sont chacun à la base des plus grands tubes du chanteur au début de sa carrière notamment:

- Kpangor ( Max Hero)

- Lèbèdè (Max Hero)

- Bouddha (Max Hero)

- Djéssimidjéka ( Champi Kilo)

- Hommage MC Marie-Claude et Stephane Sésségno ( Champi Kilo)

etc.

Ces arrangeurs sont les initiateurs des RoukasKas de DJ Arafat. Max Hero réputé pour ses caisses claires, ses guitares et ses phrasées quant à Champi Kilo très réputé pour ses cocotes, synthétiseurs et ses instruments rythmiques.

Dj Arafat réussi à demeurer au sommet du mouvement durant plus d'une décennie, durant laquelle il passait à l'arrangement de ses propres chansons et collabora avec de nombreux artistes internationaux tels que;

- Davido dans le titre Nauthy.

- Tenor (sur plusieurs titres)

- Gims

Internationalisation (depuis l'été 2006)

Cette troisième vague est la plus dense avec encore l'apparition de nouveaux artistes, de nouvelles danses dérivées, et une certaine « internationalisation » en Afrique de l'Ouest et centrale. « En soirée africaine, si tu ne passes pas le coupé-décalé, le public te dit que tu as déconné », explique le DJ centrafricain Boddhi Satvao en 2015[10].

Parmi les artistes peuvent être cités par exemple DJ Lewis, Dj Bonano, Francky Dicaprio, Mareshal Dj, Maty Dollar, Debordo Leekunfa, Erickson Le Zulu, Jean-Jacques Kouamé, Vetcho Lolas, Le Molare, Serge Beynaud, ou Claire Bahi, et toujours des artistes des vagues précédentes, notamment Molare et DJ Arafat[9] - [11] - [12].

L'afro trap est un mouvement né en France d'une fusion du trap, un courant musical issu du Dirty South apparu au début des années 2000 dans le sud des États-Unis[13] - [14] et du coupé-décalé populaire en France[15].

En RDC, la commission de censure interdit le coupé-décalé en 2014 afin d'"assainir les mœurs"[8].

Personnalités notoires

Compositeurs et interprètes

Les artistes les plus emblématiques du mouvement sont notamment Douk Saga, Dj Arafat, Molare, Boro Sanguy, La Jet Set (groupe musical), Serge Beynaud, Debordo, Mix Dj, Safarel O et quelques autres[9] - [16].

Des femmes se sont faites un nom dans ce genre, comme Teeyah, la première d'entre elles, Claire Bahi, Vitale "la patronna du coupé décalé" ou encore Bamba Amy Sarah "la capitaine"[8].

Danseurs et chorégraphes

Les fameux danseurs de DJ Arafat: Bébé Sans OS, Magicien Usher et Ordinateur étant les plus connus du mouvement ne sont pas les seuls. On a connu le chorégraphe et DJ du nom de Abobolais qui lui aussi était très impliqué dans les concepts de création de danses du movement.

Zota est l'une des plus célèbres danseuses et chorégraphes du genre et l'une des rares à ne pas encore être passée au micro contrairement à ses collègues Janine Kleane, Sandia Chouchou.

Autres

D'autres musiciens ont surfé sur le phénomène :

  • Le groupe français Les Déesses avec sa chanson Consultation directe
  • L'artiste français Jessy Matador avec sa chanson Décalé Gwada

Notes et références

  1. RFI, Coupé-décalé,tempo sulfureux, (lire en ligne)
  2. Julie Dénommée, On est où là ? Dérision et distanciation dans l’analyse des séries télévisées ivoiriennes, Thèse, (lire en ligne)
  3. René Solis, « Berlin et Abidjan en «coupé- décalé» », Libération, (lire en ligne)
  4. « Côte d'Ivoire : Le coupé-décalé : l'histoire de l'identité culturelle d'une nouvelle génération ivoirienne », Camer.be, (lire en ligne, consulté le )
  5. Patrick Labesse, « Le coupé-décalé ou l'art de faire la fête », Le Monde, (lire en ligne)
  6. (en) John McDonnell, « Scene and heard: Coupé-Décalé ` », The Guardian, (lire en ligne)
  7. « "Coupé-décalé", la danse en Afrique et ailleurs », Politique africaine, no 100, , p. 92–105 (lire en ligne)
  8. « Coupé décalé, tempo sulfureux », sur RFI Musique, (consulté le )
  9. Laureline Savoye, « La playlist de Binetou : DJ Arafat, le « bad boy populaire » du coupé-décalé », Le Monde, (lire en ligne)
  10. Diane-Audrey Ngako, « En soirée africaine, si tu ne passes pas le coupé-décalé, le public te dit que tu as déconné », Le Monde, (lire en ligne)
  11. « Claire Bahi, « première femme du Coupé décalé », promet « cartonner » au FEMUA 12 », Abidjan.net, (lire en ligne)
  12. « Kaaris, DJ Kerozen, Claire Bahi, Femi Kuti, Oumou Sangaré : la playlist du leader des Magic System », Le Monde, (lire en ligne)
  13. (en) Stelios Phili, « Fighting Weight: From the Trap to the Treadmill », GQ (consulté le ).
  14. (en) « The trap phenomenon explained », DJ Mag (consulté le ).
  15. « Afro trap : Retour vers le futur du rap », ARTE (consulté le )
  16. « Awards du "Coupé-décalé" 2016: DJ Arafat, Beynaud, Claire Bahy, Zota ... distingués », abidjan.net, (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Usher Aliman, Douk Saga ou l'histoire interdite du coupé-décalé, éditions Les Classiques ivoiriens, .
  • Anicet Boka, Coupé-décalé, le sens d'un genre musical en Afrique, 2013.

Filmographie

  • Coupé ! Une histoire décalée de Toussaint Aka et Osita Aneke (documentaire sorti en 2015)

Articles connexes

Liens externes

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