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Corts Catalanes

La Cort General de Catalunya (le pluriel est également utilisé : Corts Catalanes, souvent traduit en français par "Cours catalanes") est l'organe législatif de la principauté de Catalogne du XIIIe siècle au début du XVIIIe siècle. Elles furent établies tout au long du XIIIe siècle et définitivement institutionnalisés en 1283 d'après Thomas Bisson, et sont considérées par les historiens comme l'archétype du parlement médiéval[1].

Corts Catalanes
Histoire
Fondation
Dissolution
Prédécesseurs
TrĂŞve de Dieu, Cour comtale de Barcelone (d)
Successeur

Convoquées cinquante ans avant le parlement d'Angleterre, les Cours catalanes trouvent leur origine dans le développement institutionnel et territorial de la Cour comtale de Barcelone et perpétuent la tradition des assemblées de la Paix et de la Trêve de Dieu commencée en 1027. Ils sont considérées comme la première assemblée parlementaire Européenne dans lequel le roi a besoin d'approbation et qui dicte des lois d'un rang supérieur aux édits royaux et qui lient donc le roi lui-même[2].

Les Corts Catalanes se sont réunis pendant près de cinq siècles, jusqu'à ce qu'ils soient abolis par les décrets de Nueva Planta de 1716. Par la suite, les Cortes de Castille fonctionnent comme les Cortes unifiés d'Espagne. Malgré quelques tentatives pour rétablir les Corts, la Catalogne ne put récupérer une assemblée législative qu'en 1932, sous la forme de l'actuel Parlement de Catalogne.

Composition

La Cour comprenait le roi comme comte de Barcelone et les députés des trois Bras (Braços), formant ensemble la représentation du "général" ou "généralité" de la Catalogne, c'est-à-dire la communauté politique. Ces trois États Bras étaient[3]:

  • le Bras ecclĂ©siastique (Braç eclesiĂ stic) composĂ© des membres du clergĂ© et prĂ©sidĂ© par l'archevĂŞque de Tarragone;
  • le Bras militaire (Braç militar) composĂ© des membres de la noblesse laĂŻque sous la prĂ©sidence du duc de Cardona;
  • le Bras royal (Braç reial) composĂ© des reprĂ©sentants des villes et dirigĂ© par le conseiller en chef de Barcelone. Leurs reprĂ©sentants Ă©taient connus sous le nom de "sĂ­ndics".

Actes

Les actes résultant de l'accord du roi et des trois Bras étaient appelées constitutions générales de Catalogne (constitucions generals de Catalunya).

Une constitution (constitució) était une loi proposée par le roi et qui nécessitait l'approbation des trois Bras[4] ; un chapitre (capítol de cort), une loi proposée par les Bras et qui nécessitait l'approbation du roi[5] ; un acte (acte de cort), un acte ayant reçu l'approbation des Bras[6].

Histoire

Antécédents

Les antécédents de la Cort sont la Cour comtale (Cort Comtal) de Barcelone et les assemblées de Paix et Trêve (assemblees de Pau i Treva) dont la première se réunit à Toulouges en 1021 et auxquelles le Bras populaire participa pour la première fois en 1192. Après l'union dynastique du comté de Barcelone et du royaume d'Aragon, aboutissant à la couronne d'Aragon (1164), la Cour comitale devint la Cour royale.

La cour royale de 1214 a été convoquée par le légat papal, le cardinal Pierre de Bénévent dans le château de la Suda, à Lleida et a répondu à la nécessité de régler la situation confuse dans le pays après la mort du roi Pierre d'Aragon à la bataille de Muret (1213) et le début du règne de son fils Jacques Ier qui n'a que six ans. Le nouveau roi d'Aragon et comte de Barcelone prête serment devant les prélats et les magnats de la curie royale, représentants des villes et villages. À l'époque de Jacques Ier (1208-1276), ils se réunirent convoqués par le roi en tant que représentant des classes sociales de l'époque. La Cour de 1218 est la première qui peut être considéré comme une Cour générale, car en 1214 il y avait un manque de représentation des villes et une seule question spécifique était débattue[7].

Institutionnalisation. Les Corts de 1283

Sous le règne de Pierre le Grand (1276-1285), les Cours catalanes prennent une forme institutionnelle. Lors des Corts tenus à Barcelone en 1283, le roi a été contraint de tenir une Cour générale une fois par an, pour discuter du bien de l'État et de la réforme de la terre. Le roi lui-même a déclaré : « Volem, statuïm e ordenam: que si nós o los successors nostres constitutió alguna general o statut fer volrem en Cathalunya, aquella o aquell façam de approbatió e consentiment dels prelats, dels barons, dels cavallers e dels ciutadans de Cathalunya, o ells apellats, de la major e de la pus sana part de aquells » Traduction du Catalan: "Nous voulons, nous statuons et nous ordonnons : si nous et nos successeurs voulons faire une constitution ou un statut général en Catalogne, nous les soumettrons à l'approbation et au consentement des prélats, des barons, des chevaliers et des citoyens ou , de ces apellates, de la partie la plus grande et la plus saine de celles-ci"[8].

Cette décision a représenté un changement radical dans la procédure législative de la principauté : les Cours catalanes sont devenus officiellement un organe législatif car le roi aurait besoin du consentement des Cours pour adopter la législation[2].

La Généralité

Sceau de la Députation du Général de Catalogne à la fin du XVe siècle représentant son patron portant l'écu de la Croix de Saint-George qui étaient les armes de la Généralité. Sur la légende: S(igillum): CORTIUM: ET: PARLAMENTORUM: GENERALIUM: PRINCIPATUS: CATHALONIE (Sceau des Cours et du Parlement de la principauté de Catalogne) [9]

Dans les Cours de Monzón (1289), une députation permanente est désignée pour percevoir le "service" ou tribut que les bras accordent au roi à sa demande; cette députation permanente deviendra en 1359 la députation du General. Les Cours de 1358-1359, tenus à Barcelone, Vilafranca del Penedès et Cervera sous le règne de Pierre IV d'Aragon et III de Catalogne (1336-1387), ont été caractérisés par la guerre contre la Castille. Les grandes dépenses de la couronne d'Aragon motivèrent les Cours à désigner douze députés ayant déjà des attributions exécutives en matière fiscale et des « vérificateurs des comptes » qui contrôleraient l'administration sous l'autorité symbolique du plus haut député ecclésiastique ; celui considéré comme le premier président de la Généralité fut Berenguer de Cruïlles, évêque de Gérone (1359).

Les Corts de 1480

Dans ces Cours, les premieres de Ferdinand II le Catholique, de nombreuses questions restées en suspens après la guerre civile catalane (1462-1472) ont été résolues: le rôle de la députation du Général, le pactisme et la restitution des propriétés. Ces deux derniers points se sont concrétisés par la reconnaissance d'une défaite partagée de part et d'autre, plus axée sur la recherche de la reconstruction du pays que sur la répression des vaincus. Dans ces Cours, le chapitre Poc valdría a été approuvé, appelé plus tard "Constitution de l'Observance", dans lequel l'obligation du roi d'accomplir et de respecter les constitutions catalanes est reprise. Le chapitre charge la députation du Général de s'assurer de son exécution, tant par le roi que par ses officiers, et l'autorise à révoquer tout ordre inconstitutionnel. Il est considéré comme un élément clé du pactisme catalan.

Sessions

Corts Catalanes d'après une miniature d'un incunable du XVe siècle
RoiAnnéeLieu
Jacques Ier1218Vilafranca del Penedès et Barcelone
—1225Tortose
—1228Barcelone
—1235Tarragone
—1239Tarragone
—1240-1241Gérone
—1242Lérida
—1251Barcelone
—1257Lérida
—1260Tarragone
Pierre II1283Barcelone
Alphonse II1289MonzĂłn
Jacques II1291-1292Barcelone
—1300Barcelone
—1301Lérida
—1307Montblanc
—1311Barcelone
—1321Gérone
—1325Barcelone
Alphonse III1333Montblanc
Pierre III1350-1351Perpignan
—1356Perpignan
—1358-1359Barcelone, Vilafranca del Penedès et Cervera
—1362-1363Monzón
—1364Barcelone et Lérida
—1365Tortose
—1365Barcelone
—1367Vilafranca del Penedès et Barcelone
—1368-1369Barcelone
—1370-1371Tarragone, Montblanc et Tortose
—1372-1373Barcelone
—1375Lérida
—1376Monzón
—1377-1378Barcelone
—1379-1380Barcelone
—1383-1384Monzón et Fraga
Jean Ier1388-1389MonzĂłn
Martin Ier1409Barcelone
Ferdinand Ier1413Barcelone
—1414Montblanc
Alphonse IV1419-1420Sant Cugat del Vallès et Tortose
—1421-1423Barcelone
—1429-1430Tortose
—1431-1434Barcelone
—1435Monzón
—1436-1437Barcelone
—1440Lérida
—1442-1443Tortose
—1446-1448Barcelone
—1454-1458Barcelone
Jean II1459Fraga et LĂ©rida
—1460Lérida
—1470Monzón
—1473-1479Perpignan et Barcelone
Ferdinand II1480-1481Barcelone
—1493Barcelone
—1495Tortose
—1503Barcelone
—1510Monzón
—1512Monzón
—1515Lérida
Charles Ier1519-1520Barcelone
—1528Barcelone
—1533Monzón
—1537Monzón
—1542Monzón
—1547Monzón
—1553Monzón
Philippe Ier1564Barcelone et MonzĂłn
—1585Monzón
Philippe II1599Barcelone
Philippe III1626Barcelone
—1632Barcelone
—1640Montblanc
Philippe IV1701-1702Barcelone
Charles III1705-1706Barcelone

Notes et références

  1. Joaquim Albareda, "Estat i naciĂł a l'Europa moderna"
  2. La DiputaciĂł del General, p. 92
  3. Verde i Llorente, J. (2019). "General o Generalitat, Cort general i república. El Principat de Catalunya fins a 1714 en comparació als altres regnes d’Espanya i d’Europa", Res Publica 22.2, 365-392, p 385.
  4. (ca) constitució (consulté le 20 août 2013)
  5. (ca) capítol de cort (consulté le 20 août 2013)
  6. (ca) acte de cort (consulté le 20 août 2013)
  7. El Dret PĂşblic CatalĂ , p. 186
  8. « Las Cortes Catalanas y la primera Generalidad medieval (s. XIII-XIV) » [archive du ] (consulté le )
  9. (es) Alberto Montaner Frutos, El señal del rey de Aragón: Historia y significado, Zaragoza, Fernando el Católico Institución, (ISBN 84-7820-283-8), p. 156 fig. 68

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (ca) VĂ­ctor Ferro, El Dret PĂşblic CatalĂ . Les Institucions a Catalunya fins al Decret de Nova Planta, Ed. Eumo, (ISBN 84-7602-203-4)
  • (ca) Isabel Sánchez, La DiputaciĂł del General de Catalunya (1413-1479), Institut d'Estudis Catalans, (ISBN 9788472837508)

Liens externes

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