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Corrélation d'images

La corrélation d'images numériques (digital image correlation ou DIC en anglais) est une méthode optique 2D ou 3D qui permet de mesurer les déplacements entre deux images. Elle est de plus en plus employée en sciences des matériaux pour déterminer des champs de déformations, détecter des fissures ou pour fournir des champs de déplacements à des procédures d'identification de propriétés matériaux.

SystÚme stéréo à deux caméras.

Introduction

Apparue dans les annĂ©es 1980 aux États-Unis, la corrĂ©lation d'images est une technique expĂ©rimentale utilisĂ©e en mĂ©canique, en science des matĂ©riaux afin de mesurer des dĂ©placements et en dĂ©duire des dĂ©formations. Elle est inspirĂ©e de la vĂ©locimĂ©trie par images de particules (en) (PIV en anglais), trĂšs utilisĂ©e en mĂ©canique des fluides. Contrairement aux moyens de mesures traditionnels (extensomĂštres et jauges de dĂ©formation) qui donnent des valeurs moyennĂ©es en un point, la corrĂ©lation d'images permet d'accĂ©der Ă  des champs de valeurs sur l'ensemble de la surface observĂ©e.

Principe

Le développement rapide des appareils photos et des caméras CCD donne accÚs à une grande quantité d'informations. En effet, chaque pixel du capteur apporte une information codée sur un nombre de bits définis par la sensibilité du capteur (typiquement 8, 12 et 16 bits). Cette information correspond au flux lumineux reçu sur ce pixel. Par exemple, l'information sur un pixel d'un capteur 8 bits prendra une valeur comprise entre 0 (noir) et 255 (blanc). Chaque image brute est stockée sous la forme d'une matrice 2D dont chaque case a une valeur que l'on appelle niveau de gris. Ces matrices sont les données d'entrées de la corrélation d'images.

La corrélation d'images est une technique pour mesurer le champ de déplacement d'une surface d'une image déformée par rapport à une image de référence. On suppose donc que toute différence entre l'image de référence et l'image déformée provient du seul effet du champ de déplacement de la structure observée.

Mesure d'un champ de déplacement par corrélation d'images

MĂ©thodes locales

DĂ©veloppĂ©es initialement aux États-Unis Ă  partir des annĂ©es 1980, les mĂ©thodes de corrĂ©lation d'images dites locales sont les plus largement rĂ©pandues aujourd'hui. Elles reposent sur l'utilisation de la fonction de corrĂ©lation croisĂ©e (aussi appelĂ©e fonction d'intercorrĂ©lation).

La fonction de corrélation croisée est un opérateur qui agit sur deux fonctions (f(x,y) , g(x,y)), correspondant chacune à une image. Cet opérateur a la propriété de valoir 1 lorsque les deux fonctions sont identiques et de tendre vers -1 quand les fonctions sont différentes. En 2D, pour mesurer le déplacement relatif de deux images selon les axes x et y de l'image, un algorithme de corrélation utilise cet opérateur, en prenant comme fonctions f et g des portions respectivement des images de référence et déformée. L'algorithme recherche les valeurs des déplacements dx et de dy telles que g(x+dx,y+dy) maximise l'opérateur de corrélation avec f. Ces valeurs sont retenues comme les meilleures estimations des déplacements de l'image g par rapport à l'image f.

La fonction de corrĂ©lation croisĂ©e r i j peut ĂȘtre dĂ©finie de plusieurs maniĂšres, en particulier:

La corrélation s'effectue sur des images en niveaux de gris : chaque pixel ne correspond qu'à une seule valeur. f(m, n) est la valeur du pixel au point (m, n) de l'image, g(m, n) est la valeur du pixel au point (m, n) de l'image à comparer, et sont les valeurs moyennes des pixels des images f et g.

Dans la pratique, l'algorithme applique cette procédure sur une série d'imagettes, qui sont des portions de l'image de référence. Il calcule la fonction de corrélation entre une imagette de référence et une imagette déformée. L'imagette de référence est fixée, et l'utilisateur paramÚtre une zone dans laquelle peut se trouver l'imagette déformée correspondante. L'imagette déformée de cette zone qui permet d'obtenir la plus grande fonction de corrélation croisée avec l'imagette de référence est retenue comme étant l'alter ego de celle-ci dans l'image déformée, et permet ainsi d'estimer le déplacement en ce point.

Les imagettes dites « dĂ©formĂ©es » avaient Ă  l'origine la mĂȘme forme et la mĂȘme taille que l'imagette de rĂ©fĂ©rence ; tous les codes de corrĂ©lation recherchent dĂ©sormais la rotation et la dĂ©formation de l'imagette en plus de son dĂ©placement.

La rĂ©pĂ©tition de cette procĂ©dure permet d'obtenir une cartographie des dĂ©placements entre les deux images. Cette cartographie donne la valeur moyenne du dĂ©placement de chaque imagette. On voit donc l'intĂ©rĂȘt d'avoir des imagettes les plus petites possible, afin d'obtenir le champ de dĂ©placements le plus local possible. NĂ©anmoins, si l'imagette choisie est trop petite, l'opĂ©rateur de corrĂ©lation n'a « pas assez d'informations » pour retrouver l'homologue de cette imagette sur l'autre image, car le nombre de faux amis potentiels augmente et la sensibilitĂ© au bruit numĂ©rique des capteurs devient critique.

Cette approche est dite locale car chaque imagette est analysée indépendamment de ses voisines. La grande majorité des codes de corrélation d'images commerciaux utilisent les méthodes locales et permettent de mesurer des déplacements inférieurs au 1/10Úme de pixel.

MĂ©thodes globales

Développées en France dans les années 2000, les méthodes de corrélation d'images dites « globales » sont moins courantes, que ce soit dans les codes commerciaux ou universitaires. Ces approches reposent sur l'ajout d'hypothÚses cinématiques pour améliorer la résolution du problÚme mathématique pour corréler deux images.

Ainsi, une hypothĂšse cinĂ©matique est prise a priori par l'utilisateur (continuitĂ© du dĂ©placement, fissuration, flexion, traction...) pour utiliser des fonctions de forme adaptĂ©es au problĂšme mĂ©canique suivi par corrĂ©lation d'images. À partir de lĂ , le problĂšme est dĂ©composĂ© avec un certain nombre de degrĂ©s de libertĂ© qu'il convient de dĂ©terminer par minimisation d'une erreur globale de corrĂ©lation ("rĂ©sidu de corrĂ©lation"). L’erreur de corrĂ©lation est la diffĂ©rence entre l’image de rĂ©fĂ©rence et l’image dĂ©formĂ©e corrigĂ©e du champ de dĂ©placement mesurĂ©. Les images de rĂ©fĂ©rence et dĂ©formĂ©e sont ensuite sous-dĂ©coupĂ©es Ă  l’aide d’un maillage, plus ou moins fin, de type Ă©lĂ©ments finis. La forme du dĂ©placement Ă  l’intĂ©rieur de chaque Ă©lĂ©ment dĂ©pend des fonctions de forme au prĂ©alable choisies. Puis, une fois trouvĂ©e la valeur des degrĂ©s de libertĂ© qui minimisent l’erreur globale de corrĂ©lation, l’ensemble du champ de dĂ©placement est obtenu sur la surface observĂ©e.

L’approche globale la plus rĂ©pandue est basĂ©e sur les Ă©lĂ©ments finis oĂč l’on suppose seulement un dĂ©placement 2D continu de la surface observĂ©e. Ainsi, chaque Ă©lĂ©ment (imagette) est par dĂ©finition reliĂ© Ă  ses voisins de par ses nƓuds. La prĂ©cision de cette approche dite "FE-based" (pour Finite Element) est meilleure que les approches locales oĂč chaque imagette est analysĂ©e indĂ©pendamment.

DĂ©formations

La technique de corrélation d'images ne permet pas de mesurer directement les déformations. Elles sont estimées par post-traitement à partir des déplacements.

Utilisation en géophysique

La corrĂ©lation d'images est utilisable Ă  partir d'images satellites. Elle permet de suivre Ă  grande Ă©chelle les dĂ©placements du sol consĂ©cutifs Ă  un Ă©vĂ©nement gĂ©ologique. Ainsi, les dĂ©placements provoquĂ©s par des sĂ©ismes, les dĂ©placements des glaciers, les glissements de terrain peuvent ĂȘtre suivis depuis l'espace[1].

Les satellites haute résolution (Pléiades) permettent de suivre des déplacements de l'ordre de la dizaine de centimÚtres, et sont utilisés pour suivre les déformations consécutives à des séismes ou des glissements de terrain[2]. L'imagerie RADAR, généralement de plus faible résolution, permet de suivre des déplacements importants (glaciers par exemple). La déformation liée aux processus volcaniques est généralement trop faible, et est plutÎt suivie par interférométrie RADAR (InSAR).

La corrélation d'images permet de mesurer les déplacements horizontaux du sol, mais ne donne pas accÚs aux mouvements verticaux. Elle est donc souvent couplée à d'autres techniques de mesure (InSAR, GPS) qui elles, peuvent donner accÚs à cette information.

Notes et références

Articles connexes

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