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Corde (marine)

Depuis plusieurs siècles, la tradition veut que, sur un navire, il n'y ait guère qu'une seule « corde », celle de la cloche de quart[1] - [2]. Le terme corde et ficelle étant traditionnellement proscrit par superstition à bord d'un navire[3].

Corde de la cloche du croiseur Chancellorsville

Le lexique maritime, adapté à une tâche précise, distingue chaque cordage en fonction de son utilisation : grelin, amarre, filin, garcette, hauban, écoute, aussière, drisse, élingue… Le mot générique actuellement plus fréquemment utilisé, est celui de bout, avec prononciation du « t » final.

Description

Le mot corde, évoquant la corde utilisée pour pendre les mutins, (ou les « bouts de corde » utilisés pour punir des membres d'équipage[4]) n'était toutefois pas tabou dans la marine, et était utilisé pour les cordages situés à l'extérieur du bateau. Il en était ainsi des « défenses de cordes », amas de cordage utilisés en guise de pare-battage[5], ou des « cordes de retenue », utilisée lors du chargement de la cargaison[6].

La corde de dos, elle, est un élément constituant du chalut, et elle peut être accompagnée d'un « lapin », cordage remplissant une fonction de parpaillot auxiliaire[7]. L'archéozoologue François Poplin voit une équivalence, une « correspondance homologique » dans les deux termes, corde et lapin, à savoir une symbolique de la pendaison. Il attribue l'existence de ces termes appliqués au chalut au fait que celui-ci serait « dans l'œil du cyclone », autrement dit trop « central » pour que la prescription s'applique[8].

« Fuir à mâts et à cordes » (lorsqu'on se met en fuite, « à sec de toile »), avec la pression du vent portant seulement sur les mâts et le gréement, est elle aussi une expression attestée depuis le XIXe siècle[1].

La tradition perdure de nos jours, et la définition de 1829 a été actualisée, conduisant à l'aphorisme: « sur un bateau il n'y a qu'une seule corde : celle de la cloche, et qu'une seule ficelle : celle du saucisson »[9] qui sous-entend que tous les autres cordages portent des noms précis.

Notes et références

  1. Alexandre André Victor Sarrazin de Montferrier et Alexandre Barginet, Dictionnaire universel et raisonné de marine, Bureau du dictionnaire de marine, , 680 p. (lire en ligne)
  2. Répertoire polyglotte de la marine, à l'usage des navigateurs et des armateurs, Louis-Marie-Joseph O'Hier de Grandpré Éditeur Malher, 1829 indique que « Dans la marine, toute corde a son nom, la corde de la cloche est la seule qui conserve le nom de corde »
  3. Guide des termes de marine (Chasse Marée, 1997), page 74
  4. Volume 4 de Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, Denis Diderot, Jean Le Rond d' Alembert, Éditeur Chez Briasson, 1754, p. 224 distingue au singulier le bout de corde : « C'est ainsi qu'on appelle à la mer une corde de moyenne longueur » et, au pluriel, les bouts de corde : « dont le prévôt se sert pour châtier, et que les gens de quart ou de l'équipage tiennent aussi pour frapper sur ceux qui sont condamnés à ce châtiment »
  5. Volume 4 de Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, Denis Diderot, Jean Le Rond d' Alembert, Éditeur Chez Briasson, 1754, p. 211
  6. Annales maritimes et coloniales : publiées avec l'approbation du ministre de la marine et des colonies, Imprimerie royale, (lire en ligne), p. 347-348
  7. Claude Nédellec et Louis Libert, Étude du chalut, Revue des travaux de l'institut des pêches maritimes, 1960, p. 3, [PDF] sur le site d'Archives de l'IFREMER
  8. François Poplin, Le cheval, le canard et le navire, et pourquoi pas le lapin, Anthropozoologica, no 90, p. 31-32 [PDF], sur le site du Musée national d'histoire naturelle
  9. Variante : « il n'y a que deux cordes sur un bateau : celle de la cloche et sa remplaçante »

Voir aussi

Articles connexes

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