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Conversion Ă  l'agriculture biologique

La conversion à l'agriculture biologique est un programme de développement rural comprenant deux types de mesures à la disposition des exploitants : le dispositif d’aide à la conversion en agriculture biologique (CAB) et le dispositif d’aide au maintien en agriculture biologique (MAB). En France, les aides à la conversion et au maintien à l’agriculture biologique, d’un montant de 11 M€ en 2008, ont été augmentées de 15 M€ en 2009, et sont estimées à environ 29M€ pour 2010. Par ailleurs, la Politique Agricole Commune conclue sous Présidence française a mis en place une aide annuelle de 50 millions d’euros au soutien de l’agriculture biologique afin d’accompagner les exploitations certifiées au-delà des cinq ans des aides à la conversion[1].

Aujourd'hui, de plus en plus d'exploitations agricoles se convertissent Ă  l'agriculture biologique, plus respectueuse de l'environnement que des modèles de production plus classiques : dĂ©but 2011, 20 600 exploitations agricoles sont engagĂ©es dans l'agriculture biologique[2]. Cette agriculture biologique est dĂ©finie comme une « agriculture n'utilisant pas de produits chimiques de synthèse » (selon la dĂ©finition officielle française). Pour illustrer les obligations nouvelles auxquelles sont soumis les Ă©leveurs qui souhaitent convertir leur exploitation, on peut s'intĂ©resser au cas d’un Ă©levage bovin laitier conventionnel dans le Cantal qui veut s'orienter vers une production fromagère biologique. De nombreux paramètres intervenant Ă  tous les niveaux de l'exploitation sont concernĂ©s par cette conversion.

Choix de la race animale ou de la variété végétale

Les animaux sont nourris d'herbes, de foin et de céréales cultivés sans engrais chimiques dits "de synthèse" ni pesticides mais à l'aide de fertilisants naturels, également appelés engrais organiques. La rotation des cultures est pratiquée pour favoriser la pérennité des terres. Il n’y a pas de limite concernant le choix de la race pour la conversion à l’agriculture biologique. Cependant, il faut tenir compte de la capacité des animaux à s’adapter aux conditions du milieu, de leur vitalité et de leur résistance aux maladies. En outre, les races ou les souches d’animaux doivent être sélectionnées afin d’éviter certaines maladies ou des problèmes sanitaires spécifiques plus particulièrement rencontrés chez certaines races ou souches utilisées en élevage intensif. La préférence doit être donnée aux races et souches autochtones (Salers, Montbéliarde, Simmental, Aubrac, … dans le cas présent). Certaines races sont en plus interdites dans le cadre d'une production fromagère AOC.

Gestion de la santé et de la reproduction

Dans l’agriculture biologique, la conduite sanitaire du troupeau met l’accent sur la prévention dans un premier temps. Les mesures qui doivent être mises en place concernent le renforcement des défenses immunitaires naturelles de l’animal (choix de races appropriées, utilisation d’une alimentation appropriée de qualité, maintien d’une densité limitée de peuplement). Lors d’interventions vétérinaires, les traitements apportés vont privilégier la prophylaxie et l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et homéopathiques, qui ont l’avantage par rapport aux antibiotiques et médicaments vétérinaires conventionnels de ne pas laisser de résidus dans les produits mais dont l'efficacité n'est parfois pas prouvée. Néanmoins, l’usage de médicaments conventionnels est toléré sous certaines conditions lorsqu’ils sont indispensables à la survie de l’animal. L’usage de ces traitements peut éventuellement entraîner le retrait temporaire de la certification de l’animal. Lors de la constitution du cheptel, si l’éleveur ne peut pas obtenir suffisamment d’animaux élevés en agriculture biologique il peut par dérogation introduire dans le cheptel d’autres animaux destinés à la reproduction si :

  • les veaux sont âgĂ©s de moins de six mois et Ă©levĂ©s dès leur sevrage selon le mode biologique
  • les mâles adultes sont Ă©levĂ©s après leur arrivĂ©e selon le mode biologique.

Dans ce type d’agriculture, l’usage de substances stimulant la croissance, comme les hormones, ou maîtrisant la reproduction est strictement interdit. De plus les formes de reproduction artificielles ou assistées autres que l’insémination artificielle (le transfert d'embryon par exemple) sont strictement interdites. L’éleveur doit de plus tenir un cahier de gestion de son élevage biologique dans lequel sont disponibles toutes les informations sur la reproduction et la santé notamment. On recommande aussi de se baser sur des méthodes naturelles pour la reproduction (l’insémination artificielle est autorisée).

Bien-ĂŞtre et logement des animaux

Les animaux doivent disposer d'un espace vital suffisant pour pouvoir librement s'Ă©tirer. Par exemple, les bovins doivent avoir accès Ă  une aire d’exercice extĂ©rieure telle que chaque vache laitière dispose d’au moins 4,5 mètres carrĂ©s. La superficie du bâtiment doit ĂŞtre telle que chaque animal dispose d’au moins deux mètres carrĂ©s et puisse effectuer tout mouvement naturel. Les sols des bâtiments d’élevage doivent ĂŞtre lisses mais pas glissants et la moitiĂ© au moins de la surface totale du sol doit ĂŞtre en dur. De plus, le niveau de poussière, la tempĂ©rature, l’humiditĂ© relative de l’air et la concentration de gaz doivent rester dans des limites non nuisibles pour les animaux. Les bâtiments doivent comporter une aire de couchage propre et sèche recouverte d’une litière constituĂ©e de paille ou de matĂ©riaux naturels adaptĂ©s et qui peut ĂŞtre amĂ©liorĂ©e avec tous les produits minĂ©raux autorisĂ©s. Seuls les produits autorisĂ©s peuvent ĂŞtre utilisĂ©s pour le nettoyage et la dĂ©sinfection des bâtiments et des installations. Les excrĂ©ments, l’urine et la nourriture non consommĂ©e ou dispersĂ©e doivent ĂŞtre enlevĂ©s aussi souvent que nĂ©cessaire pour minimiser les odeurs et Ă©viter d’attirer des insectes ou des rongeurs. L’éleveur peut bĂ©nĂ©ficier d’une dĂ©rogation transitoire jusqu’au 31 dĂ©cembre 2010 si ses bâtiments datent d’avant le 24 aoĂ»t 1999. Les bovins peuvent ĂŞtre maintenus attachĂ©s s’ils font rĂ©gulièrement de l’exercice, si les bâtiments datent d’avant le 24 aoĂ»t 2000, et si l’élevage est conforme aux exigences de bien-ĂŞtre. Cette dĂ©rogation requiert l’accord d’un organisme de contrĂ´le et s’applique pendant une pĂ©riode transitoire prenant fin le 31 dĂ©cembre 2010.

Conduite des surfaces fourragères et alimentation des animaux

Dans le cas qui nous est proposé, pendant et après une période de conversion, seuls les produits qui contiennent des substances mentionnées aux annexes I et II du RCEE 2092/91 peuvent être utilisés comme produits phytosanitaires, engrais, amendements du sol, aliments des animaux, matières premières pour aliments des animaux, aliments composés pour animaux, additifs alimentaires pour animaux : les produits végétaux sont cultivés sans engrais chimiques et sans pesticides. Seuls les fumiers et les minéraux naturels sont utilisés pour nourrir la terre. La fumure organique prévient les carences en potasse. Les organismes génétiquement modifiés et/ou les produits dérivés de ces organismes ne peuvent être utilisés. La fertilité et l'activité biologique du sol doivent être maintenues ou augmentées, en premier lieu par :

  • la culture de lĂ©gumineuses (luzerne, trèfles, soja, pois, lupins), d'engrais verts (ray-Grass, vesces avoines, crucifères) ou de plantes Ă  enracinement profond dans le cadre d'un programme de rotation pluriannuelle cĂ©rĂ©ales/cultures fourragères la plus diversifiĂ©e et la plus longue possible (cinq Ă  sept ans),
  • un travail du sol qui respecte la vie microbienne (aĂ©ration sans retournement, limitation du nombre de passages, travail au moment le plus propice),
  • l'incorporation d'effluents d'Ă©levage provenant de la production animale biologique, l'incorporation d'autres matières organiques, compostĂ©es ou non, dont la production est assurĂ©e par des exploitations se conformant aux dispositions du REPAB-F.

Les pratiques d'engraissement sont autorisées dans la mesure où elles sont réversibles à tout stade du processus d'élevage. Les animaux doivent être nourris avec des aliments provenant de l'unité de production ou, à défaut, d'autres unités ou entreprises soumises aux dispositions du REPAB-F, avec au moins 50 % des aliments provenant de l'unité de production elle-même, sauf pendant la période où annuellement les animaux sont en transhumance. L'incorporation, dans la ration alimentaire, d'aliments en conversion provenant d'une unité de l'exploitation même est autorisée à raison de 60 % de la matière sèche de la formule alimentaire en moyenne sur l'année ou la durée de vie d'un lot d'animaux. Les pâturages doivent être utilisés au maximum. Au moins 70 % de la matière sèche composant la ration journalière doit provenir de fourrages grossiers, frais, séchés ou ensilés. L'autorité ou l'organisme de contrôle peut néanmoins permettre que ce chiffre soit ramené à 60 % pour les animaux élevés pour la production laitière, pour une période maximale de trois mois en début de lactation. La part de l'ensilage dans la ration journalière est limitée à 50 % de la matière sèche de la ration quelle qu'en soit la matière (herbe, maïs, céréales...). La proportion des concentrés dans la ration est limitée à 30 % de la matière sèche (40 % pendant les trois premiers mois de lactation). Les additifs et auxiliaires de fabrication de l'ensilage ainsi que les vitamines, minéraux, oligo-éléments, enzymes, etc. pouvant être utilisés sont limités (annexe II du REPAB-F). Les jeunes bovins doivent être nourris au lait naturel, de préférence maternel, pendant au moins trois mois. Aucune substance destinée à stimuler la croissance ou la production n'est utilisée.

Lutte contre les ravageurs

La lutte contre les parasites, les maladies et les mauvaises herbes est axée sur l’ensemble des mesures suivantes :

  • choix d’espèces et de variĂ©tĂ©s rĂ©sistantes aux parasites,
  • programme de rotation et procĂ©dĂ©s mĂ©caniques de culture appropriĂ©s (voir point prĂ©cĂ©dent),
  • protection des ennemis naturels des parasites par des moyens adĂ©quats (par exemple haies, nids, dissĂ©mination de prĂ©dateurs),
  • dĂ©sherbage par le feu.

L’utilisation des produits inscrits à l’annexe II du REPAB-F ne peut intervenir qu’en cas de danger immédiat menaçant la culture, car la chimie est interdite d’usage dans le cadre de l’agriculture biologique.

Gestion des effluents d’élevage

La quantitĂ© totale d’effluents utilisĂ©e sur l’exploitation ne doit pas dĂ©passer 170 kg d’azote par an et par hectare de surface agricole utilisĂ©e et la densitĂ© de peuplement totale est limitĂ©e de façon Ă  ne pas dĂ©passer ce seuil, ce qui correspond ici Ă  deux vaches laitières par hectare. Si l’éleveur souhaite coopĂ©rer avec d’autres exploitations afin d’épandre des effluents excĂ©dentaires, il ne peut s’associer qu’avec des exploitations pratiquant l’agriculture biologique. L’élevage doit possĂ©der des Ă©quipements de stockage des effluents dont la capacitĂ© de stockage est supĂ©rieure Ă  celle requise lors de la pĂ©riode la plus longue de l’annĂ©e oĂą l’épandage est impossible. De plus, ces Ă©quipements ne doivent pas entraĂ®ner de pollution des eaux. Il est Ă©galement recommandĂ© Ă  l’éleveur de corrĂ©ler la taille de son cheptel Ă  la superficie disponible afin d’éviter tout impact nĂ©gatif sur l’environnement Ă  la suite de l’épandage des effluents.

Possibilités de primes et avantages liés à ce type de production

Les nouveaux "adhérents" peuvent accéder aux aides à la conversion grâce au CTE (Contrat Territorial d'Exploitation) : elles permettent de compenser la baisse de production et l'impossibilité d'une vente des produits en AB pendant la période de conversion; en contrepartie, les bénéficiaires s'engagent à rester en agriculture biologique pendant cette période. Le paiement est échelonné sur cinq ans avec une répartition dégressive. L'éleveur peut aussi bénéficier de la prime herbagère agri-environnementale (PHAE) qui permet de maintenir les surfaces en herbe et d'y maintenir des pratiques respectueuses de l'environnement. Même si les comparaisons sont délicates, il semble que les performances économiques des élevages en AB sont comparables à celles d'élevages conventionnels, mais avec des niveaux de plus-value compris généralement entre +10 et +25 %.

Mise en place et contrĂ´les

Avant de pouvoir utiliser le logo « agriculture biologique » sur ces produits, l’éleveur doit suivre une période de conversion. Ici il y a deux types de conversion : la conversion des terres destinées à l’élevage des animaux d’une part, celle du troupeau d’autre part. Cette période est en général de 2 à 3 ans (sauf dérogation)[3]. Dans le cas présenté, le lait destiné à la production fromagère ne pourra être vendu en tant que produit issu de l'agriculture biologique que deux ans au plus tôt après la date à laquelle l'éleveur a notifié son activité biologique. Cependant cette durée ne s'applique qu'aux animaux et à leur descendance qui existaient déjà avant la conversion, et aux terres et pâturages utilisés pour l'alimentation de ces animaux : si l'éleveur décide d'acheter de nouvelles vaches laitières non issues de l'agriculture biologique, celles-ci devront avoir été élevées conformément aux prescriptions du REPAB-F pendant au moins six mois avant que leur lait ne puisse être considéré comme produit issu de l'agriculture biologique. De même, si l'éleveur décide d'utiliser de nouvelles terres ou pâturages dans l'alimentation de ses animaux, ils devront subir une période de conversion :

  • dans les parcelles d'au moins deux ans avant l'ensemencement;
  • dans le cas de prĂ©s, d'au moins deux ans avant leur exploitation en tant qu'aliments pour animaux issus de l'agriculture biologique;
  • dans le cas de cultures pĂ©rennes autres que les prĂ©s, d'au moins trois ans avant la première rĂ©colte des produits.

Au niveau des contrôles, il y a tout d’abord un contrôle initial avant lequel l’éleveur doit établir une description complète de l’unité de production, des locaux et de l’activité. Il doit également se mettre aux normes vis-à-vis de l’ensemble des mesures concernant l’agriculture biologique. L’ensemble est réuni par écrit sous forme d’une déclaration signée par l’éleveur. Le producteur doit ensuite prendre contact avec un des organismes de contrôle certifiés par le Ministère de l'Agriculture, à savoir : Ecocert, Qualité France, Agrocert, Ulase, Aclave, SGSICS. L’organisme certificateur qui a été prévenu réalise un contrôle de certification une fois par an, plus quelques contrôles inopinés. En moyenne l’organisme réalise 1,5 contrôles par an. De plus l’éleveur doit se soumettre aux contrôles aléatoires de la DGCCRF, du CNASEA (qui est l’organisme payeur à l’aide de la conversion) et de la DDAF (gérant les CAD, Contrat d’Agriculture Durable qui a été approuvé par l’éleveur). Enfin l’éleveur doit prévenir l’Agence Bio de son activité de producteur biologique et renouveler cette opération chaque année. Si la production fromagère est reconnue comme une AOC, l’éleveur doit se soumettre en plus aux contrôles de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine).

Voir aussi

Notes et références

  1. Le plan d’actions Agriculture biologique : horizon 2012 a été présenté le 12 septembre 2007, à l’occasion du Grand Conseil d’Orientation de l’Agence BIO.
  2. « Agriculture biologique », sur encyclo-ecolo.com (consulté le ).
  3. Certisys, RĂ©glementation de l'agriculture biologique pour les producteurs, , 44 p. (lire en ligne), p. 28


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