Contre-choc pétrolier
Après les chocs pétroliers de 1973 et 1979 et l'envolée du prix du baril, la surproduction de pétrole due au ralentissement de l’économie a entrainé une baisse brutale du prix du brut dans la première moitié des années 1980. Cette période, souvent qualifiée de « contre-choc pétrolier », a vu le prix du baril de pétrole atteindre un minimum de 10 dollars en 1986.
Cette baisse est le résultat d'un accord politique entre les États-Unis et l'Arabie saoudite visant à augmenter la production de pétrole en vue de satisfaire les besoins occidentaux en énergie. D'autres considérations géopolitiques étaient également prises en compte : la baisse des prix du pétrole entraînerait avec elle la diminution des revenus de l'Union soviétique, à l'époque fortement exportatrice de pétrole, l'empêchant d'entretenir les pays satellites du bloc communiste.
Dans la foulée de cet accord, la plupart des pays du Moyen-Orient et de l'Opep ont augmenté leur production à leur tour. Afin de compenser la baisse du prix du baril, ils ont cherché à augmenter artificiellement les quotas de production et ont donc augmenté les chiffres annoncés pour leurs réserves de pétrole[1].
Le contre-choc pétrolier est ainsi appelé car il fait suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979. Ces deux chocs avaient des raisons essentiellement économiques : le premier choc pétrolier en 1973 est la conséquence directe de la réaction de l'OPEP à la forte baisse du dollar après la fin des accords de Bretton Woods. Le , les États-Unis suspendent la convertibilité du dollar en or permettant au dollar de « flotter ». Le résultat en est une dépréciation de la valeur du dollar américain, monnaie dans laquelle les prix du pétrole sont fixés et a pour conséquence pour les producteurs de pétrole un revenu inférieur pour le même prix nominal. Les hausses de prix substantielles de 1973-1974 ont largement rattrapé ces écarts de revenus en comparaison d'autres produits tels que l'or[2]. La guerre du Yom Kippour pour le premier choc pétrolier, et la Révolution iranienne pour le deuxième choc pétrolier sont des simples accélérateurs de ce rattrapage des prix.
En 2008, après une forte augmentation des prix du pétrole à partir de 2003, le pétrole a à nouveau fortement baissé à la suite de la crise financière de 2008, à des prix de l'ordre de 40 dollars le baril. Le prix du baril a ensuite assez rapidement remonté pour atteindre fin 2010 de l'ordre de 90 dollars. Toutefois, lorsque l'on parle de contre-choc pétrolier, on ne fait généralement pas allusion à la baisse de 2008.
On peut aussi citer dans l'histoire deux contre-chocs pétroliers d'une ampleur spectaculaire. Celui de 2014-2016[3], volontairement provoqué par l'OPEP dans le but de mettre en difficulté l'essor du pétrole de schiste américain[4], et celui d'avril 2020 qui, à la suite de la baisse de la demande de brut due à la crise sanitaire du SRAS-CoV-2 et d'une crise entre l'Arabie saoudite et la Russie, a vu les prix du WTI se négocier en territoire négatif pour atteindre en clôture le 20 avril le niveau de -38,95 dollars[5].
Référence
- Jean-Luc Wingert, La vie après le pétrole
- (en) Black Gold, The End of Bretton Woods and the Oil-Price Shocks of the 1970s, David Hammes Douglas Wills, The Independent Review, Vol. IX Num. 4, Printemps 2005
- « Le contre-choc pétrolier de 2014-2016 n’a pas eu d’effet dopant sur la croissance mondiale », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « 2017 s’annonce comme une nouvelle année noire pour le pétrole », sur Les Échos,
- Laurence Allard, « Pétrole : pourquoi le prix du baril est tombé sous le zéro dollar », sur Le Point, (consulté le )