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Constellations (Miró)

Constellations est un ensemble de tableaux peints par Joan Miró de 1939 à 1941.

Bien que ces Å“uvres portent toutes un titre différent, elles ont été regroupées sous un seul terme générique lors de leur exposition à la galerie Pierre Matisse de New York en 1945[1]. La « série  Â» a été commencée à Varengeville fin 1939, avec une huile sur toile : Femme au cerf-volant parmi les constellations [1] alors que Miró séjournait près de son ami Braque. Elle a été poursuivie en Espagne à Vic, puis à Mont-Roig.

Sur le nombre de ces œuvres, les biographes avancent des chiffres différents : 23 constellations pour Jacques Dupin, 30 pour la Fondation Miró de Barcelone. André Breton a pris appui sur 24 de ces tableaux pour publier des poèmes hermétiques dont il est l'auteur dans un recueil intitulé Constellations. L'ouvrage édité par Pierre Matisse en 1959, est illustré de 24 fac-similés que Breton commente ainsi :

« Dans une heure d'extrême trouble, celle qui couvre de la première à la dernière ses constellations, il semble que, par une tension réflexe au plus pur et à l'inaltérable, Miró ait voulu déployer, dans l'éventail de toutes les séductions, le plein registre de sa voix.N'importe où hors du monde et, de plus, hors du temps, mais pour mieux retenir partout et toujours, jaillit alors cette voix au timbre de si loin discernable, qui s'élève à l'unisson des plushautes voix inspirées. Pour peu qu'on y songe, du rapport d'une telle œuvre aux circonstances qui l ont vu naître se dégage le même pathétique que la négation éperdue du chasseur dans le chant d'amour du coq de bruyère[2]. »

Toutes ces Å“uvres portent des titres-fleuves, Miró prenant plaisir à rédiger des poèmes qu'il développera plus tard : Une Goutte de rosée tombant de l'aile d'un oiseau réveille Rosalie endormie à l'ombre d'une toile d'araignée (1939), 65 Ã— 92 cm, The University of Iowa Museum of Art, Mark Ranney Memorial Fund.

Beaucoup de constellations sont la propriété de collectionneurs privés : Femme à la blonde aisselle coiffant sa chevelure à la lueur des étoiles (1940) gouache et peinture à l'essence sur papier, 38 Ã— 46 collection particulière. Femmes encerclées par un vol d'oiseau (1941), peinture à l'essence sur papier, 40 Ã— 38 cm, collection particulière. 1940[3].

Vic, 1940 - L’Étoile du matin

L’Étoile du matin
Artiste
Date
Type
Tempera, gouache, huile, pastel sur papier
Dimensions (H Ã— L)
38 Ã— 46 cm
Localisation

L’Étoile du matin est une œuvre de Joan Miró peinte à Vic en 1940. Elle fait partie de la série dite des Constellations. De cette œuvre, l'artiste écrit à Roland Penrose : « Une fois terminé mon travail à la peinture à l'huile, j'ai trempé mes pinceaux dans l'essence, et je les ai essuyé sur des feuilles blanches sans idée préconçue. Ce barbouillage m'a mis de bonne humeur et a provoqué la naissance de mulitples formes : personnages animaux, étoiles, ciel, lune, soleil(…)[4]. »

Le mélange des matériaux utilisés permet à Miró de créer un monde foisonnant sur fond gris, bleu, ocre, formant un ensemble vaporeux sur lequel la mine de crayon passe et envahit la page en tous sens. La ligne s'emmêle, tourne autour de formes où l'on distingue un animal à quatre pattes, avec des crocs et une langue rouge en forme de flèche qui devient noire à son extrémité.

À droite, une femme est peinte avec le signe habituel que le Miro lui attribue : une amande entourée de poils. La tête de femme possède cinq yeux, ce qui lui permet d'observer tous les éléments du tableau en même temps. Métaphoriquement elle observe tout l'univers[5].

Mont-roig, 1941 - Vers l'arc-en-ciel

Vers l'arc-en-ciel
Artiste
Date
Type
Gouache et peinture à l'essence sur papier
Dimensions (H Ã— L)
38 Ã— 46 cm
Localisation

Vers l'arc-en-ciel est une œuvre de Joan Miró, peinte à Mont-Roig en 1941. Elle fait partie de la série dite des Constellations. « Par un singulier destin, les Constellations seront les premiers témoignages artistiques à parvenir d'Europe aux États-Unis d'Amérique à la fin de la guerre. L'exposition que Pierre Matisse en a fait en 1945 a été accueillie avec une très grande ferveur[1]. »

Face à la multitude d'éléments composant ce tableau, Jacques Dupin parle « d’unité constellante » pour définir la rigueur dans le foisonnement ordonnancé « comme un mouvement d'horlogerie[6]. »

André Breton parle de « d'accentuation lumineuse »[7]. Les emplois systématiques de couleurs pures ou dominent les tons outremers, jaunes, verts, orangés, sont encore restreints selon Jacques Dupin, mais sont suffisamment bien ordonnés pour donner une impression de richesse et de puissance chromatique[8].

Sur fond rose, gris, ocre, piqueté de blanc, des formes rassemblées en un seul élan semblent monter vers le ciel. La notion d'accession est suggérée par deux lignes ascendantes qui se rejoignent au milieu du tableau sous une « tête Â» quadrichrome noire ornée d'un bandeau bleu figurant les yeux, des excroissances noires à taches vertes ou oranges figurent le nez et les oreilles. Des yeux-nouilles rappellent que l'artiste était pataphysicien

Bibliographie

  • Jacques Dupin, Miró, Paris, Flammarion, 1961 et 1993, 479 p. (ISBN 978-2-08-011744-1 et 2-08-011744-0)
  • Jean-Louis Prat, Joan Miró, rétrospective de l'Å“uvre peint, Saint-Paul (Alpes-Maritimes), Fondation Maeght, (ISBN 9782900923016)
  • (fr + en) André Breton, Constellations, New York, Pierre Matisse,
  • (en) James Johnson Sweeney, Joan Miró, Comments and interviews, New York, Partisan Review n°2,
  • Raymond Queneau, Joan Miró ou le poète préhistorique, Genève, Albert Skira,
  • Roland Penrose (trad. de l'anglais), Joan Miró, Paris, Londres, New York, Thames & Hudson, , 156 p. (ISBN 2-87811-017-X) traduction de Fabienne Polini, réédition Gallimard -Découvertes, 2004, (ISBN 2070315444)

Notes et références

  1. Dupin 1961 et 1993, p. 255
  2. André Breton, extrait de Constellations de Joan Miró, 1959, cité parPrat 1990, p. 118
  3. Dupin 1961 et 1993, p. 244, 245, 251
  4. Penrose 1990, p. 100
  5. Prat 1990, p. 118
  6. Dupin 1961 et 1993, p. 118
  7. Breton 1959, p. 12-13
  8. Dupin 1961 et 1993, p. 129
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