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Constante de connectivité

En mathĂ©matiques, la constante de connectivitĂ© est une constante associĂ©e aux chemins auto-Ă©vitants d'un rĂ©seau. Elle est Ă©tudiĂ©e en relation avec la notion d'universalitĂ© dans les modĂšles de physique statistique[1]. Bien que les constantes de connectivitĂ©s dĂ©pendent du choix du rĂ©seau (Ă  l'instar d'autres quantitĂ©s telles que le seuil critique de probabilitĂ© de percolation), elles apparaissent nĂ©anmoins dans des conjectures de lois universelles. En outre, les techniques mathĂ©matiques utilisĂ©es pour les comprendre, par exemple, dans la rĂ©cente preuve rigoureuse par Duminil-Copin et Smirnov de la valeur exacte de cette constante pour le rĂ©seau hexagonal[2], peuvent fournir des pistes pour attaquer d'autres problĂšmes importants, notamment la conjecture que les chemins auto-Ă©vitants convergent dans la limite d'Ă©chelle vers l'Ă©volution de Schramm–Loewner (en).

DĂ©finition

Soit le nombre de chemins auto-Ă©vitants de longueur n partant d'un point donnĂ© du rĂ©seau (graphe infini sommets-transitif). Comme un chemin auto-Ă©vitant de longueur n + m peut ĂȘtre dĂ©composĂ© en deux chemins auto-Ă©vitants de longueur n et m, il s'ensuit que . Puis, en appliquant le lemme sous-additif au logarithme de , on obtient l'existence de

.

Ce nombre est appelé la constante de connectivité du réseau. Sa valeur exacte n'est connue que pour deux réseaux classiques, voir ci-dessous. Pour les autres réseaux, a seulement été approchée numériquement en utilisant la conjecture (seule a été démontrée la limite ).

Il est de plus conjecturé que

lorsque n tend vers l'infini, oĂč dĂ©pend du rĂ©seau, mais oĂč l'exposant est universel (il dĂ©pend de la dimension, mais pas du rĂ©seau). En 2D, il est conjecturĂ© que [3] - [4]. On l'approche numĂ©riquement en utilisant .

Valeurs connues

Ces valeurs donnĂ©es ci-dessous sont tirĂ©es de l'Ă©tude de Jensen–Guttmann de 1998[5].

Type du réseau Description

(code-sommet pour un

pavage semi-régulier)

Constante de connectivité Référence OEIS

pour la suite des décimales

hexagonal (i. e. 3 hexagones par nƓud) suite A179260 de l'OEIS
triangulaire
carré cf : suite A156816 de l'OEIS

Valeur coïncidant sur 8 décimales

échelle Deux droites reliées par des barreaux (nombre d'or) La suite est référencée comme

suite A110935 de l'OEIS .

carré Manhattan-orienté
carré orienté en L
trihexagonal
hexagonal tronqué suite A249776 de l'OEIS
carré tronqué
cubique
hypercubique

Comme chaque pas dans le rĂ©seau hexagonal correspond Ă  deux ou trois pas pour le rĂ©seau hexagonal tronquĂ©, la constante de connectivitĂ© de ce dernier rĂ©seau peut ĂȘtre exprimĂ©e exactement ; c'est la plus grande racine rĂ©elle du polynĂŽme .

Plus d'informations sur ces rĂ©seaux peuvent ĂȘtre trouvĂ©es dans l'article sur le seuil de percolation (en).

Preuve de Duminil-Copin–Smirnov

En 2010, Hugo Duminil-Copin et Stanislav Smirnov ont publié la premiÚre preuve rigoureuse du fait que pour le réseau hexagonal[2].

Cela avait été conjecturé par Nienhuis, en 1982, dans le cadre d'une étude plus large de modÚles en à l'aide de techniques de renormalisation. La preuve rigoureuse est issue d'un programme d'application des outils de l'analyse complexe à des modÚles probabilistes, programme qui a également produit des résultats impressionnants pour le modÚle d'Ising, entre autres[6].

L'argument repose sur l'existence d'une "observable parafermionique" qui satisfait la moitiĂ© des Ă©quations discrĂštes de Cauchy–Riemann pour le rĂ©seau hexagonal.

Nous allons modifier lĂ©gĂšrement la dĂ©finition d'un chemin auto-Ă©vitant en le faisant commencer et terminer au milieu d'une arĂȘte. Soit H l'ensemble de tous les milieux des arĂȘtes du rĂ©seau hexagonal supposĂ© plongĂ© dans le plan complexe. Pour un chemin auto-Ă©vitant  entre les deux milieux d'arĂȘtes a et b , nous appelons le nombre de sommets visitĂ©s et son nombre d'enroulement ou "winding" Ă©gal Ă  la totalitĂ© de la rotation de la direction en radians quand on parcourt de a Ă  b . Le but de la dĂ©monstration est de prouver que la fonction "de partition" a un rayon de convergence Ă©gal Ă  . Cela implique en effet immĂ©diatement que .

Étant donnĂ© un domaine dans le rĂ©seau hexagonal, un milieu d'arĂȘte a et deux paramĂštres x et , nous dĂ©finissons "l'observable parafermionique"

.

Si et , alors pour tout sommet s de nous avons oĂč p,q,r sont les milieux des arĂȘtes Ă©manant de s. Ce lemme Ă©tablit que l'observable parafermionique est de divergence nulle. Il n'a pas Ă©tĂ© montrĂ© que son rotationnel est nul mais cela permettrait de rĂ©soudre plusieurs problĂšmes ouverts (voir les conjectures). La preuve de ce lemme est un savant calcul qui dĂ©pend fortement de la gĂ©omĂ©trie du rĂ©seau hexagonal.Ensuite, nous nous concentrons sur un domaine trapĂ©zoĂŻdal avec 2L cellules formant le cĂŽtĂ© gauche, T cellules au travers, et des cĂŽtĂ©s supĂ©rieur et infĂ©rieur avec un angle de (image nĂ©cessaire).

Nous avons intĂ©grĂ© le rĂ©seau hexagonal dans le plan complexe, de sorte que l'arĂȘte de longueur 1 et  la mi-arĂȘte dans le centre de la gauche est positionnĂ© en −1/2. Puis les sommets sont donnĂ©s par .

Nous définissons alors les fonctions de partition pour les chemins auto-évitants partant de a et aboutissant à la frontiÚre. Soit la partie gauche de la frontiÚre, la droite, la partie supérieure, et la partie inférieure. Soit .

En additionnant l'identitĂ© sur tous les sommets de et notant que le "winding" est fixĂ© en fonction de la partie de la frontiĂšre oĂč le chemin se termine, nous arrivons Ă  la relation aprĂšs un autre habile calcul. Faisant , on obtient une bande et les fonctions de partition .

Il a été montré plus tard que mais nous n'avons pas besoin de cela pour la preuve[7].

Nous nous retrouvons avec la relation . De là, nous pouvons déduire l'inégalité .

Et arriver par induction à une limite inférieure strictement positive pour . Puisque nous avons établi que .

Pour l'inĂ©galitĂ© inverse, pour un chemin auto-Ă©vitant arbitraire d'un treillis hexagonal, nous procĂ©dons Ă  une dĂ©composition canonique due Ă  Hammersley et Welsh du chemin  dans les ponts de largeurs et . Notez que nous pouvons lier ce qui implique .

Enfin, il est possible de lier la fonction de partition aux fonctions de partition de pont : .

Nous obtenons donc comme souhaité.

Conjectures

Flory a estimé la distance moyenne de l'extrémité au point de départ O d'un chemin auto-évitant du réseau carré de longueur n : à (alors que celle-ci est de pour un chemin quelconque.)

L'exposant de mise Ă  l'Ă©chelle et la constante universelle pourrait ĂȘtre justifiĂ©s si les chemins auto-Ă©vitants possĂ©daient un invariant conforme d'Ă©chelle limite, conjecturĂ© ĂȘtre une Ă©volution de Schramm–Loewner (en) avec [8].

Voir aussi

  • Seuil de percolation (en).

Références

  1. N. Madras et Slade, G., The Self-Avoiding Walk, BirkhÀuser, , 427 p. (ISBN 978-0-8176-3891-7)
  2. H. Duminil-Copin et S. Smirnov, « The connective constant of the honeycomb lattice equals sqrt(2 + sqrt(2)) », Annals of Mathematics, vol. 175,,‎ , p. 1653–1665 (Bibcode 2010arXiv1007.0575D, arXiv 1007.0575)
  3. B. Nienhuis, « Exact critical point and critical exponents of O(n) models in two dimensions », Phys. Rev. Lett., vol. 49, no 15,‎ , p. 1062–1065 (DOI 10.1103/PhysRevLett.49.1062, Bibcode 1982PhRvL..49.1062N)
  4. B. Nienhuis, « Critical behavior of two-dimensional spin models and charge asymmetry in the Coulomb gas », J. Stat. Phys., vol. 34, nos 5–6,‎ , p. 731–761 (DOI 10.1007/BF01009437, Bibcode 1984JSP....34..731N)
  5. I. Jensen et A. J. Guttmann, « Self-avoiding walks, neighbor-avoiding walks and trails on semi-regular lattices », J. Phys. A, vol. 31, no 40,‎ , p. 8137–45 (DOI 10.1088/0305-4470/31/40/008, Bibcode 1998JPhA...31.8137J, lire en ligne)
  6. S. Smirnov, « Discrete Complex Analysis and Probability », Proc. Int. Congress of Mathematicians (Hyderabad, India) 2010, vol. 1009,‎ , p. 565–621 (Bibcode 2010arXiv1009.6077S, arXiv 1009.6077)
  7. N. Beaton, J. de Gier et A. J. Guttmann, « The critical fugacity for surface adsorption of SAW on the honeycomb lattice is », Communications in Mathematical Physics, vol. 326, no 3,‎ , p. 727 (DOI 10.1007/s00220-014-1896-1, Bibcode 2014CMaPh.326..727B, arXiv 1109.0358)
  8. G. Lawler, O. Schramm et W. Werner, « On the scaling limit of planar self-avoiding walk », Proc. Sympos. Pure. Math., vol. 72,‎ , p. 339–364 (Bibcode 2002math......4277L, arXiv math/0204277)

Liens externes

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