Confrérie du Saint-Sacrement de Laval
La Confrérie du Saint-Sacrement de Laval est une confrérie religieuse établie à Laval au XVIIe siècle.
Historique
Fondation
La confrérie du Saint-Sacrement fut fondée dans l'église Saint-Vénérand de Laval, le 26 juin 1605 sous le bon plaisir et autorité de MM. les grands-vicaires commis par le chapitre, le siège épiscopal étant vacant, par le bas âge de Mr de Beaumanoir, évêque du Mans nommé. L'autorisation fut accordée le 5 juillet 1605 par Claude Le Febvre, chantre et official et Guillaume Chapelet archidiacre de Passais, vicaires généraux, commis par le chapitre du Mans[1].
Cette confrérie fut autorisée par une bulle du pape Paul V, donnée à Rome le onze des calendes de décembre de la même année.
But
Son but était que le Saint-Sacrement fût porté et administré aux malades de la paroisse avec plus d'honneur, révérence et solennité, l'augmentation de la foi, l'entretien de la religion chrétienne et le maintien et la restauration de L'église catholique, ainsi que l'extirpation des hérésies allumées dans la chrétienté.
Ses statuts étaient compris dans vingt et un articles. Pour ajouter aux solennités dos fêtes de la confrérie, L'orgue devait jouer. Le salaire des enfants de chœur devait, être payé par leur instruction tant en ce qui concernait les cérémonies de l'Église que dans les lettres.
Guillaume Riviers, l'un des fondateurs eut pour cet effet, sa vie durant, la jouissance d'une maison au bas du cimetière, qui fut donnée à la confrérie pour le régent chargé de l'instruction des enfants de chœur. Il était à la présentation du prieur-curé et des marguilliers de la paroisse, conjointement avec le bâtonnier et le receveur de la confrérie.
Monastère des Ursulines de Laval
A l'extrémité du cimetière de Saint-Vénérand, sur le bord de la rue Sainte-Anne[n 5], se trouvait une maison dite de l'Armurerie[n 6] donnée depuis peu pour servir de Petit Séminaire[n 7],. Cette maison appartenait alors à la confrérie du Saint-Sacrement, érigée dans l'église de Saint-Vénérand. La maison était dirigée par Guillaume Riviers[n 8]. Le 27 avril 1616, les membres de la confrérie du Saint-Sacrement, font à Françoise de la Croix[n 9], des lieux, maisons, cours et jardins appelés le Séminaire de la Confrérie, exploités par Guillaume Riviers pour leur servir de couvent et maison religieuse selon la règle de l'ordre. Les Ursulines s'y établissent et y restent pendant plusieurs années.
La maison était située non loin d'une chapelle de Saint-Jacques[n 10] qui leur sert d'église, et où le Saint-Sacrement est placé le 30 juillet un mois après leur arrivée. Elles habitent longtemps cette maison qui, après leur départ est enfin appliquée à la destination indiquée par les fondateurs[n 11].
Il est question un moment d'établir définitivement les Ursulines dans cette maison. Le 19 novembre 1617, Jean Pellier[n 12], rassemble un conseil de paroisse, pour proposer aux habitants de céder aux religieuses le bas du cimetière. Le projet n'a pas de suite, sans doute parce que le local ne pouvait convenir à une communauté en règle. Néanmoins, les Ursulines admirent des novices et une d'elles, nommée Jeanne de la Porte meurt le 19 mars 1618, et est enterrée dans la chapelle Saint-Jacques.
Inventaire
Une chapelle de veloux rouge cramoisy acoustrée de clinquant d'or fin et de toile de soye et dentelle, chef et lettres, le tout de fil d'or et acommodée de pommerettes dorées et menuiserie, en laquelle on mect et dépose le Sainct Sacrement sur le grand autel de ladicte église (de Saint-Vénérand) tant aux festes de ladicte confrarie que aux jours et festes Dieu dites le Sacre que durant l'octave et aultres jours. Une custode d'argenl dans laquelle on porte le Sainct Sacrement aux malades. Une croix d'argent dorée acommodée de sou baston, laquelle on porte devanl Le Sainct Sacrement, Ung encensoir d'argenl garny de chaignes et pendans. Une navette d'argent dans laquelle on met l'encens. Ung benoistier d'argent doré avecq son gestouer[n 13] aussy d'argent. Ung poille[n 14] de velour figuré blanc et rouge, garny de quatre pommerettes dorées et bastons paincts pour porter ledict poille. Une tunique ou daumoniere[n 15] du mesme veloux pour revestir le prestre qui porte ledict Sainct Sacrement. Trois sourpliz de toille blanche garnis de dentelle pour servir à revestir le prestre et porter soubz ladicte tunicque. Une chapelle d'aornemens, sçavoir trois chapes, une chasuble etdeuxtunicques oudaumonere letout dedamas blanc à grands feuillages, et les chaperons et paremens de satin blanc recouvert d'orfraries et histoires, le tout de bon fil d'or et soye[n 16]. Deux fallots de fer blanc sur manches. Une clochette ou eschelette. Un calice d'argent doré avecq sa paterne, une paix d'argent, laquelle est figuré de Sainct François, ung missel,ung corporallier, deux corporaulx, le couvercle de calice, une aultre saincture et amyt, avecq deux orseuls 3 cl'estain légués et donés à ladicte confrarie par deffunct M re Anthoine Berset vivant vicaire de ladicte paroisse pour servir aux services divins qui se célèbrent par ladicte confrarie.
L'inventaire de la confrérie contient cette mention : « Copia d'accord passé par devant ledict Croissant notaire le 6 avril 1617 entre Jean SergeulBrochardière et Julien Loriot le jeune Gandonniere, bastonniers de ladicte confrarie d'une part, et M e Jean Levesque prestre chapelain de l'église de Sainct Venerand d'aultre, contenant que ledict Levesque se seroit obligé monstrer et enseigner la grammaire et langue latine à tous les coristres qui sont et pourront estre receus en ladicte église, selon les jours heures et règles des pères jésuites, lesquels coristres ledict Levesque fera renger au son de la cloche et fera revestir en l'église de leurs robes et sourplis, et les mènera et conduira chantans, dont il lèvera le chant, allans processionnellement portans le Sainct Sacrement aux malades, et autres submissions moiennant 25 livres p. de la manière que dessus, cinquante livres par an[3]. »
En 1625, la maison que la confrérie avait jadis acquise « pour servir de séminaire et logement à un prestre capable d'instruire les enfans de chœur en la piété et bonnes lettres » fut donnée à vie à Julien Terrier, licencié en théologie, chantre de Saint-Vénérand, et principal au collège de Laval, à charge « d'y enseigner gratuitement et sans salaire les enfans de chœur de ladicte paroisse, tant en ce qui est de la piété que de la congnoissance des bonnes lettres, d'assister à la conduicte du Saint Sacrement avec lesdicts enfans de chœur, lorsqu'il sera porté et administré aux malades en ladicte paroisse, chantant et psalmodiant ainsi que de coustume ; pourra neantmoins ledict Terrier tenir si bon lui semble un prestre homme de bien et capable à ses gages pour le soulager soit à l'instruction desdicts enfans de chœur, et veiller sur leurs actions, soit à la conduicte dudict Sainct Sacrement, sans que ladicte confrarie soil tenue pour ce de fournir aucune chose, et tousjours luy et ledict prestre demeure et non autrement audict séminaire. »[4].Réforme
Une requête fut présentée en 1749 à Mgr de Froullay, évêque du Mans, tendant à réformer des abus qui s'étaient glissés dans la confrérie, pour lui rendre sa première splendeur.
Un nouveau règlement fut fait le 4 mars 1750 par Me Léon de Sévérac, prieur-curé de Saint-Vénérand, Jean Passard et Pierre Duchemin de Bléré, prêtres, avec les sieurs Mathurin Le Breton et Jean de la Porte, commissaires nommés par les membres de la confrérie. Ce nouveau règlement comprenait onze articles ; il fut approuvé par une ordonnance de Charles-Louis de Froullay évêque du Mans, du 7 avril 1757. On trouve les Statuts et des instructions pour les confrères et sœurs de la confrérie du très Saint-Sacrement érigée en l'église de Saint-Vénérand de Laval par Marie de Kenaize, prêtre, contenus en un petit volume in-32, imprimée la Flèche en 1770.
XIXe siècle
Isidore Boullier persuadé que les confréries sont un des moyens les plus propres à entretenir l'esprit de piété et de charité, remet sur pied au XIXe siècle celles dépendantes de sa paroisse : celle du Saint-Sacrement et celle des Prêtres.
Notes et références
Notes
- Guillaume Rivière était chantre à Saint-Vénérand et frère de Gervais Riviers, seigneur de la Sénéchaussée, en Villiers-Charlemagne, qui, avec Magdeleine Mousteul sa femme, vendit cette terre au Monastère de Patience de Laval.
- Jean Loriot, seigneur des Gaudèches, avocat, né le 8 novembre 1560, fils de René Loriot des Gaudèches et de Catherine Marteau, épousa Louise Berset. Cette famille a donné des maires à la ville d'Angers. — Armes : d'or à 4 vergettes de gueules.
- Charles Gaudin du Coudray, né le 29 novembre 1543, fils de Guillaume et de Catherine Gougeon, épousa Renée Le Comte de la Morandière, le 15 avril 1621. — Armes : de sinople à une coupe d'or en cœur et 3 besants d'argent 1 et 2..
- Jeanne, femme de Pierre Berset. maître lavandier, était fille de François Glorial et de Françoise Saibouez.
- La rue Sainte-Anne était nommée précédemment la rue des Quatre-Œufs.
- (1559). Maison dite de l'Armurerie, située rue des Quatre-Œufs, avec deux jardins derrière, situés au faubourg du Pont-de-Mayenne, joignant d'un côté à la maison et jardin de François Lirochou. D'autre côté à la rue des Quatre-Œufs, abutant d'un bout à une petite rue tendant des dites maisons au cimetière Saint-Vénérand et d'autre bout au jardin de Guillaume Malherbe. — Le 19 décembre 1597 la maison de l'Armurerie fut adjugée par le juge de Laval à Tugale Baudeu, veuve de Guillaume Babou ; elle était saisie sur Pierre Herbebière et Renée Fournirr sa femme, par Jean Prudhomme et Nicolas Martin de Laval, ô défaut de paiement de sommes a eui dues par les dits Herbetière et Fournier. — Cette maison fut achetée 305 escus par la veuve Babou. (1598 ou vers 1600). Le sieur Riviers veut acheter la maison de l'Armurerie, tant celle qui est à la veuve Babou que ce qui était à la dame de la ville de Laval, pour y faire un collège. Il demande trois choses à M. et Mme de la Flotte, seigneur et dame ayant des droits sur cette maison : 1° Qu'il leur plaise que les dites choses demeurent quittes et franches de toutes les choses qui sont de debvoirs. (Il était dû deux boisseaux de froment rouge). — 2° Qu'ils lui donnent et quittent les ventes et issues qu'il pourra devoir pour le dit acquest. — 3° Qu'ils indemnent les dites choses. — Le dit Riviers promet qu'il fera mettre dans la chapelle neuve qui se fait, engravée en la muraille, une table de cuivre où sera reconnu le bienfait des dits seigneurs et dames etautres choses à leur louange. — Il sera dit tous les ans et fera dire à perpétuité une messe solennelle à tel jour qu'il plaira aux dits seigneur et dame où assistera le clergé et enfans et seront faites les recommandations des dits seigneur et dame à l'offairtouère de la messe comme bienfaiteurs. — Seront aussi les dits seigneur et dame tous les soirs en mémoire par les enfans du dit collège comme bienfaiteurs
- C'était plutôt une sorte de psalette, dans laquelle un ecclésiastique donnait des leçons de latin aux enfants de chœur de la paroisse et à quelques autres élèves. Pierre Berset et Jeanne Glorial, sa femme, avaient légué aussi 800 livres de rentes pour cette intention. C'était une dotation faite à la confrérie pour y loger un régent dont les fonctions consistaient à instruire les choristes de la paroisse. On y instruisait aussi les jeunes gens qui se destinaient à l'état ecclésiastique.
- Prêtre, chantre de l'église de Saint-Vénérand, il est l'un des fondateurs de la Confrérie du Saint-Sacrement, et un des signataires de la demande adressée à l'archevêque de Bordeaux.
- Représentée par Robin Beauvais, prêtre, docteur en théologie, prieur du prieuré de Châtillon en Bordelais, son procureur spécial, cession aux sœurs religieuses.
- Chapelle Saint-Jacques : bâtie dans le cimetière par Jacques Guéret, trente ans auparavant.
- Quoiqu'on l'appelat le Séminaire, ce n'était pas tout à fait ce qu'on entend par ce mot ; mais seulement une maison dirigée par un ecclésiastique qui enseignait le latin aux enfants de chœur de Saint-Vénérand et à quelques autres.
- Prieur de Saint-Vénérand.
- Gestouer : goupillon.
- Dais de velours Ă figures.
- Daumonière : dalmatique.
- Cet ornement était l'œuvre du brodeur angevin Gabriel Bouffart, et avait coûté 720 livres, suivant marché passé le 25 janvier 1621.
Références
- Morin et al. 1891, p. 291. (Archives de la Mayenne, E. 347 ?)
- Morin et al. 1891, p. 125.
- Morin et al. 1891, p. 309-310.
- Morin et al. 1891, p. 310. (Archives de la Mayenne, E. 355)
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article..
- Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval 818-1855, Godbert, [détail des éditions]
- [Morin et al. 1891] Louis-Julien Morin de la Beauluère (manuscrit), Louis de La Beauluère (publiées et annotées par) et J.-M. Richard (avec des additions de), Études sur les communautés et chapitres de Laval, Laval, éds. Moreau, Goupil, , 391 p., sur archive.org (lire en ligne).