Concours Long-Thibaud-Crespin
Le concours Long-Thibaud-Crespin, anciennement concours international Marguerite-Long-Jacques-Thibaud est un concours de piano, de violon et d'art lyrique ouvert aux jeunes interprètes du monde entier. Il a lieu à Paris (France).
Histoire
Ce concours est né de la volonté des deux musiciens français dont il porte le nom[1] : la pianiste Marguerite Long (1874-1966) qui créa notamment le Concerto en sol sous la direction de Maurice Ravel et le violoniste Jacques Thibaud (1880-1953).
C’est en 1943 que Marguerite Long fait appel à son ami violoniste pour créer ce concours[1]. (Un concours Jacques Thibaud s'était tenu l'année précédente à Bordeaux : Jacques Thibaud présidait le jury et le premier prix fut décerné à Jacques Dejean.) Prenant très à cœur la révélation de jeunes interprètes, Marguerite Long fait don de toute sa fortune pour permettre la mise en œuvre du premier concours, relayée par la suite par de nombreux mécènes.
La première édition se tient donc en 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale et ce sont donc seulement de jeunes Français qui peuvent y participer. Dès la Victoire cependant, le concours ouvre ses portes au monde entier et très vite, le concours devient célèbre et doit abandonner en 1949 sa formule triennale pour avoir lieu tous les deux ans. En 1957, le concours obtient le patronage de l’État français.
À partir de 1983, face à la multiplication des concours internationaux dans le monde et à des problèmes de financement, le concours adopte une nouvelle formule : les concours de piano et violon qui avaient lieu auparavant simultanément sont séparés. Une année est maintenant consacrée au piano, la suivante au violon tandis qu’est organisée pendant la troisième une soirée de gala où se produisent jeunes et moins jeunes lauréats.
Depuis 2011[1], s'ajoute dans cette alternance l'art lyrique, dont le concours aura lieu une fois tous les trois ans, comme désormais le concours de piano et le concours de violon. Le concours porte désormais le nom Concours Long-Thibaud-Crespin, en mémoire de la soprano Régine Crespin (1927-2007)[2].
Jury
Le jury rassemble chaque année des personnalités reconnues du monde musical: artistes, directeur de grandes salles, journalistes. Yehudi Menuhin fut ainsi le président du jury de violon de 1993 à sa mort en 1999[3]. L'actuel président du jury de violon est Renaud Capuçon, tandis que Martha Argerich et Bertrand Chamayou dirigent conjointement le jury de piano. Quant au jury d'art lyrique, il est principalement composé de directeurs de grandes maisons d'opéras (festival de Bayreuth, Metropolitan Opera de New York, Fenice de Venise, etc.), et est dirigé par Dominique Meyer.
Déroulement
Les concurrents subissent tout d'abord une phase de présélection, sous forme d’auditions organisées dans 10 villes autour du monde.
À l'issue de cette présélection, les concurrents sont invités à Paris pour le concours, qui se divise en éliminatoires, demi-finale et finale. Ils sont accompagnés soit par l'Orchestre philharmonique de Radio France, soit par l'Orchestre National de France. Les phases finales sont organisées dans différentes salles parisiennes selon l'instrument et les années : Salle Cortot, Maison de Radio-France, etc.
Voici, à titre indicatif, les montants des prix des lauréats de 2019[4] :
- Premier grand prix : 25 000 €
- Deuxième grand prix : 12 000 €
- Troisième grand prix : 6 000 €
- Quatrième prix : 4 000 €
- Cinquième prix : 3 000 €
- Sixième prix : 2 000 €
En outre, de nombreuses associations, orchestres, maisons de disques et autres mécènes offrent leur prix : SAS Albert II de Monaco, la Sacem, Warner-Erato, etc.
Premiers grand prix
Année | Concours Long (piano) | Concours Thibaud (violon) | Concours Crespin (chant) |
---|---|---|---|
1943 | Samson François (France) | Michèle Auclair (France) | |
1946 | Hédy Schneider (Hongrie) | Arnold Eidus (États-Unis) | |
À partir de 1949, le concours adopte une formule biennale | |||
1949 | Aldo Ciccolini (Italie) Ventsislav Yankoff (Bulgarie) | non décerné | |
1951 | Janine Dacosta (France) | Gérard Jarry (France) | |
1953 | non décerné | Nelly Chkolnikova (URSS) | |
1955 | non décerné | Devy Erlih (France) | |
1957 | Peter Frankl (Hongrie) | Boris Goutnikov (URSS) | |
1959 | Toyoaki Matsuura (ja) (Japon) | György Pauk (apatride) | |
1961 | Marina Mdivani (URSS) | Jean Ter-Merguerian (URSS) | |
1963 | Victor Eresko (URSS) | Irina Botchkova (URSS) | |
1965 | non décerné | Liana Issakadze (URSS) | |
1967 | Edward Auer (États-Unis) | Nana Yachvili (URSS) | |
1969 | Loubov Timofeeva (URSS) | non décerné | |
1971 | Vladimir Feltsman (en) (URSS) Pascal Rogé (France) | Lydia Doubrovskaïa (URSS) | |
1973 | non décerné | Roussoudane Gvassalia (URSS) | |
1975 | Mikhaïl Rudy (France) | Alexandre Brussilovsky (URSS) | |
1977 | Jorge Luis Prats (Cuba) | non décerné | |
1979 | Frédéric Aguessy (France) | non décerné | |
1981 | Kazuné Shimizu (Japon) | Nina Bodnar-Horton (États-Unis) | |
À partir de 1983, les deux concours n'ont plus lieu la même année, mais un après l'autre, avec une année vide entre les cycles | |||
1983 | Stanislav Bounine (URSS) | ||
1984 | non décerné | ||
1986 | José Carlos Cocarelli (Brésil) Yukino Fujiwara (Japon) | ||
1987 | Zhou Qian (Chine) | ||
1989 | Jeffrey Biegel (États-Unis) | ||
1990 | Mie Kobayashi (ja) (Japon) | ||
1992 | Midori Nohara (Japon) | ||
1993 | Bartolomiej Niziol (Pologne) | ||
1995 | non décerné | ||
1996 | Daishin Kashimoto (Japon) | ||
1998 | Cédric Tiberghien (France) | ||
1999 | Yi-Jia S. Hou (en) (Chine/Canada) | ||
2001 | Dong-Hyek Lim (Corée du Sud) | ||
2002 | Akiko Yamada (ja) (Japon) | ||
2004 | Siheng Song (Chine) | ||
2005 | Frederieke Saeijs (en) (Pays-Bas) | ||
2007 | Hibiki Tamura (Japon) | ||
2008 | Hyun-Su Shin (Corée du Sud) | ||
2009 | non décerné | ||
2010 | Solenne Païdassi (France) | ||
2011 | Kihwan Sim (Corée du sud) | ||
2012 | non décerné | ||
2014 | Aylen Pritchin (Russie)[5] | ||
2015 | non décerné | ||
2018 | Diana Tishchenko (Ukraine)[6] | ||
2019 | Kenji Miura (Japon)[4] | ||
2020 | annulé[7] | ||
2021 | annulé[8] | ||
2022 | Hyuk Lee (Corée du Sud) et Masaya Kamei (Japon) ex æquo[9] |
D'autres lauréats
Comme dans tout concours, remporter le 1er prix n'est pas forcément synonyme de célébrité future. À l'inverse, certains des lauréats des autres prix du concours Long-Thibaud sont devenus aujourd'hui des musiciens renommés, à l'image de :
- Gabriella Lengyel (violon, Hongrie) - 2e grand prix en 1946[10]
- Paul Badura-Skoda (piano, Autriche) - 3e grand prix en 1949
- Pierre Barbizet (piano, France) - 5e prix en 1949[11]
- Christian Ferras (violon, France) - 2e prix en 1949
- Philippe Entremont (piano, France) - 5e prix en 1951
- Ivry Gitlis (violon, Israel) - 5e prix en 1951[11]
- Dimitri Bashkirov (piano, URSS) - 2e grand prix en 1961
- Bruno Leonardo Gelber (piano, Argentine) - 3e grand prix en 1961
- Bruno Rigutto (piano, France) - 6e prix en 1963
- Jean-Jacques Kantorow (violon, France) - 6e prix en 1963
- Elisabeth Leonskaïa (piano, URSS) - 3e grand prix en 1965
- Vladimir Spivakov (violon, URSS) - 3e grand prix en 1965
- Patrice Fontanarosa (violon, France) - 6e prix en 1965[11]
- Miłosz Magin (piano, France/Pologne) - 6e prix en 1967
- Jean-Philippe Collard (piano, France) - 5e prix en 1969
- Myriam Birger (piano, France) - 4e prix en 1967
- Brigitte Engerer (piano, France) - 6e prix en 1969[11]
- Jacques Rouvier (piano, France) - 3e grand prix en 1971
- Vladimir Viardo (en) (piano, Russie) - 3e grand prix en 1971
- Ramzi Yassa (piano Egypte) 6e prix 1971
- Marie-Annick Nicolas (violon, France) - 3e grand prix 1973
- Akiko Ebi (piano, Japon) - 2e grand prix en 1975
- Raphaël Oleg (violon, France) - 3e grand prix en 1977
- Géry Moutier (piano, France) - 5e prix en 1979
- Olivier Charlier (violon, France) - 2e grand prix en 1981
- Christophe Boulier (violon, France) - 2e grand prix en 1984
- Laurent Korcia (violon, France) - 3e grand prix en 1984
- Per Tengstrand (piano, Suède) - 4e grand prix en 1995
- Bertrand Chamayou (piano, France) - 4e grand prix en 2001[11]
- Deborah Nemtanu (violon, France) - 4e grand prix en 2002[11]
- Ann-Estelle Médouze (violon, France) - Prix Serge Den Arend en 2002
- Tristan Pfaff (piano, France) - 6e prix en 2007
- Julian Trevelyan (pianiste) (piano, Royaume-Uni) - 2e Grand Prix en 2015 - plus jeune lauréat de l’histoire de la compétition
- Keigo Mukawa (piano, Japon) - 2e grand prix en 2019
Sources et références
- Clotilde Fourrier, « Long-Thibaud-Crespin, l’histoire d’un concours », sur France Musique, (consulté le )
- Emmanuelle Giuliani, « Le Concours Long-Thibaud célèbre ses 70 ans », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Concours Long-Thibaud : de 1991 à 2006
- Victor Tribot Laspière, « Le japonais Kenji Miura remporte le concours Long-Thibaud 2019 », sur France Musique, (consulté le )
- « Aylen Pritchin remporte le premier grand prix du concours Long-Thibaud-Crespin 2014 », sur France Musique, (consulté le )
- France Musique, « Diana Tishchenko remporte le 1er prix du Concours Long-Thibaud-Crespin 2018 », sur France Musique, (consulté le )
- Victor Tribot Laspière, « Annulation du concours Long-Thibaud-Crespin 2020 », sur France Musique, (consulté le )
- « Annulation du Concours international Long Thibaud Crespin 2021 », France Musique, 29 janvier 2021.
- La Rédaction, « Palmarès du Concours International Long-Thibaud 2022 », sur ResMusica,
- Marina Chiche, « Aux origines du concours Long-Thibaud-Crespin », sur France Musique, (consulté le )
- Mattéo Iachkine, « Long Thibaud Crespin : Ils n’ont pas remporté le premier prix, et pourtant… », sur France Musique, (consulté le )