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Comté de Bullfrog

Le comté de Bullfrog, nommé d'après la ville fantôme et le district minier de Bullfrog (en) était un comté des États-Unis ayant existé de 1987 à 1989, après avoir été détaché du comté de Nye, au Nevada.

Comté de Bullfrog
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GĂ©ographie
Pays
État
Superficie
370 km2
Altitude
1090
Coordonnées
36° 51′ 10″ N, 116° 25′ 36″ O
Le comté de Bullfrog dans l'État du Nevada.
DĂ©mographie
Population
0 hab.
Densité
0 hab./km2
Fonctionnement
Statut
Comté des États-Unis, entité territoriale disparue (d)
Histoire
Fondation
1987
Dissolution
1989
Identifiants
GNIS
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Histoire

Création

Le comtĂ© est Ă©tabli Ă  la suite d'une proposition du gouvernement amĂ©ricain de crĂ©er un dĂ©pĂ´t nuclĂ©aire (en) Ă  Yucca Mountain, qui Ă©tait alors dans le comtĂ© de Nye[1]. D'autres emplacements proposĂ©s pour l'implantation d'un dĂ©pĂ´t Ă©taient le comtĂ© de Deaf Smith, au Texas, et le complexe nuclĂ©aire de Hanford, dans l'État de Washington[2]. Les trois États impliquĂ©s ont tout tentĂ© pour repousser les propositions du gouvernement amĂ©ricain. Le gouvernement a alors proposĂ© un versement monĂ©taire similaire Ă  des taxes au comtĂ© de Nye, conformĂ©ment au Nuclear Waste Policy Act (en), en contournant les lois du gouvernement de l'État[3] - [4]. En rĂ©ponse Ă  la proposition, le dĂ©putĂ© Paul May introduit un projet de loi qui implĂ©menterait un comtĂ© de 370 kilomètres carrĂ©s autour du site choisi pour le dĂ©pĂ´t nuclĂ©aire, le nouveau comtĂ© de Bullfrog[3] - [5]. Le nom vient du district minier de Bullfrog, situĂ© tout près, qui avait reçu son nom après que les gisements d'or trouvĂ©s Ă©taient d'une couleur similaire Ă  une grosse grenouille (en anglais : bullfrog)[6]. Il y avait eu des propositions pour la crĂ©ation d'un comtĂ© qui porterait ce nom au sud du comtĂ© de Nye en 1909, mais qui avaient Ă©tĂ© rejetĂ©es par le comtĂ©[1] - [6].

Le comté a été créé dans une zone inhabitée, et ainsi, les paiements du gouvernement fédéral au comté étaient directement envoyés à la trésorerie du Nevada[3]. La taxe foncière y avait aussi été imposée à 5 %, au-delà du seuil légal de 3.64 %[7]. Il y avait eu des propositions pour la création d'un comté qui porterait ce nom au sud du comté de Nye en 1909, mais qui avaient été rejetées par le comté[1] - [6]. Cette taxe, pouvant aller jusqu'à 25 million $ (USD), était censée dissuader le gouvernement d'y implanter le site d'enfouissement de déchets nucléaires en rendant la taxe extrêmement coûteuse[8] - [2]. Le gouvernement fédéral avait pourtant déjà promis au Nevada qu'une grosse somme allait leur être donnée une fois le site construit[3]. La loi finit par être adoptée le à 3:45 (PT) et est signée par le gouverneur Richard Hudson Bryan. La loi stipulait que si le site n'était pas créé, le comté allait être dissout[9].

Le comté de Bullfrog a été le deuxième comté ayant duré le moins longtemps, derrière le comté de Beckham (en), au Kentucky, le seul comté à être enclavé, le seul à être avoir été inhabité et la seconde plus récente création de comté au pays[1].

Dissolution

La constitution du Nevada prévoyait que tout crime commis soit jugé dans le comté où il a été commis et par des résidents du comté, mais cela était impossible dans le comté de Bullfrog, puisqu'il n'y avait aucun district judiciaire, et ainsi aucun juge ou procureur[2]. Si un crime y avait été commis, il aurait été théoriquement possible d'échapper à la justice, donc commettre le crime parfait (en)[2] - [9]. Le Procureur général du Nevada (en) de l'époque, Brian McKay, a insisté sur le fait que si un crime était commis, il pouvait être jugé par doctrine de nécessité, et plusieurs officiels ont affirmé qu'il y avait peu de chances qu'un crime allait être commis[2]. Cependant, le juge d'État William P. Beko a constaté que les manifestants anti-nucléaires posaient un danger immédiat concernant cette omission[2]. Le Département de l'Énergie a offert au comté voisin de Clark une amélioration de statut et une compensation monétaire pour apaiser la situation. Le plan s'est retourné contre le Département, puisque le comté de Clark a utilisé l'argent pour financer des études contre le site nucléaire[10].

Des critiques ont affirmé que la création du comté relevait du conflit d'intérêts, puisque l'État acceptait d'agir en tant que « dépotoir » en échange d'argent[8] - [10]. Le sénateur Chic Hecht (en) a fait part de la situation en séance du Sénat et a fait savoir que les Névadains n'allaient pas accepter ce projet de « dépotoir »[11]. Le parti en faveur de la création du comté de Bullfrog ont quant à eux ajouté que le comté servait à décevoir les habitants du comté de Nye, car ils voulaient le placement des déchets nucléaires dans leur comté pour les bénéfices monétaires[9]. Même si son nom est expliqué par l'histoire de la mine adjacente, le nom du comté a été ridiculisé et certaines critiques avancent qu'à cette époque, le Nevada était la risée du pays[6] - [7].

Déçus d'avoir été contourné et de n'avoir pas reçu d'argent, le comté de Nye a demandé au gouverneur de réviser le projet, mais après son refus, le comté a traduit l'État en justice, clamant que la création était anticonstitutionnelle, puisque l'État avait déjà banni le fait pour un comté d'avoir un statut spécial[1] - [7] - [8]. À la fin d'octobre 1987, McKay annonce que l'État n'aura vraisemblablement pas l'intention de défier la loi en ce qui concerne le comté, puisque selon lui, sa création était bel et bien anticonstitutionnelle[12]. Le , l'ancien juge de la Cour suprême du Nevada (en) David Zenoff (en) tient une audience spéciale et en conclut l'état anticonstitutionnel. Zenoff conclut aussi que puisque le comté de Bullfrog est inhabité, son gouvernement n'était pas représentatif. Le fait que les commissaires étaient choisis par le gouverneur lui-même allait selon lui à l'encontre d'un régime démocratique. À la suite de cela, l'État dissout le comté de Bullfrog et le territoire est rétrocédé au comté de Nye. La Yucca Mountain est cependant retenue comme le lieu futur pour la création d'un dépôt de déchets nucléaires, mais en date de 2021, la construction n'avait toujours pas débuté, surtout dû à l'opposition des Névadains[13].

Administration

Le comtĂ© de Bullfrog n'avait pas de commissaires de comtĂ© (en), ni de shĂ©rifs Ă©lus par le comtĂ©[2]. Au contraire, les fonctionnaires publics Ă©taient directement nommĂ©s par le gouverneur[6]. Chaque poste judiciaire Ă©tait fixĂ© Ă  un salaire de 1 $ (USD) par an, et une personne pouvait occuper chaque poste en mĂŞme temps, sauf celui de commissaire[6]. Puisqu'aucune loi ne permettait de dĂ©terminer la distribution des fonds publics du comtĂ©, la tâche Ă©tait attribuĂ©e au commissaire[6]. Les commissaires Ă©lus Ă©taient Mike Melner, David Powell et Dorothy Eisenberg, successivement[14]. La nouvelle loi adoptĂ©e n'avait pas non plus assignĂ© le comtĂ© Ă  un des neuf districts judiciaires de l'État, et il n'y avait donc pas de juges ou procureurs[2]. Le siège du comtĂ© Ă©tait Ă  Carson City, Ă  plus de 430 kilomètres des frontières du comtĂ©, faisant de lui le seul comtĂ© hors de la Virginie dont le siège n'Ă©tait pas dans son territoire[2]. La dĂ©signation du siège Ă©tait ainsi faite pour augmenter le contrĂ´le de l'État sur celui-ci[6].

Plus des trois quarts du comté étaient fermés au public; la moitié était occupée par le Nevada Test Site et un quart était occupé par le Nevada Test and Training Range. Le restant du territoire était géré par le Bureau of Land Management, mais peu de visiteurs y allaient[2]. Puisqu'il n'y avait aucun édifice ou infrastructure routière, la seule façon de s'y rendre était par un chemin de terre via l'U.S. Route 95[2] - [9].

Notes et références

  1. Duncan 1993, p. 251.
  2. (en) Tom Knudson (en), « Bullfrog County, Nev., (Pop. 0) Fights Growth », New York Times,‎ (lire en ligne).
  3. Blowers, Lowry et Solomon 1991, p. 217.
  4. (en) Dina Titus, « Bullfrog County: A Nevada Response to Federal Nuclear-Waste Disposal Policy », Publius: The Journal of Federalism (en), vol. 20, no 1,‎ , pp. 123-135 (DOI https://doi.org/10.1093/oxfordjournals.pubjof.a037849).
  5. (en) LĂ©gislature du Nevada, Legislative History, AB 756 (1987), Carson City, LĂ©gislature du Nevada, , 299 p. (lire en ligne).
  6. (en) Laura Myers, « Not everyone's croaking about Bullfrog County », Reno Gazette-Journal (en),‎ , pp. 5A (lire en ligne).
  7. (en) Laura Myers, « Not everyone's croaking about Bullfrog County », Reno Gazette-Journal,‎ , pp. 1A (lire en ligne).
  8. Driggs et Goodall 1996, p. 175.
  9. (en) Charles Hillinger (en), « Bullfrog, Nevada: Empty County to Croak Unless It Goes to Waste », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
  10. Stewart et Stewart 2011, p. 212.
  11. (en) Congrès des États-Unis, United States of America Congressional Record Proceedings and Debates of the 100th Congress 1st session, Washington, Bureau d'impression du gouvernement des États-Unis, , 1440 p. (lire en ligne).
  12. (en) « Nevada Governor Gives Up on Bullfrog County », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
  13. (en) Gary Martin, « Nevada House Democrats draw lines on plutonium, Yucca », Las Vegas Review-Journal,‎ (lire en ligne).
  14. (en) Laura Myers, « Bullfrog commissioners oppose nuke dump, plan to visit county », Reno Gazette-Journal,‎ , pp. 1A (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Andrew Blowers (en), David Lowry et Barry D. Solomon, The International Politics of Nuclear Waste, New York, St. Martin's Press, , 362 p. (ISBN 978-0-333-49364-9, lire en ligne) ;
  • (en) Don W. Driggs et Leonard E. Goodall, Nevada Politics & Government: Conservatism in an Open Society, Lincoln, University of Nebraska Press, , 268 p. (ISBN 0-8032-1703-X, lire en ligne) ;
  • (en) Dayton Duncan (en), Miles from Nowhere: Tales from America's Contemporary Frontier, Lincoln, University of Nebraska Press, , 320 p. (ISBN 0-8032-6627-8, lire en ligne) ;
  • (en) Richard Burleson Stewart et Jane Bloom Stewart, Fuel Cycle to Nowhere: U.S. Law and Policy on Nuclear Waste, Nashville, Vanderbilt University Press (en), , 450 p. (ISBN 978-0-8265-1774-6, lire en ligne).

Liens externes

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