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Communs (Colombie)

Communs (espagnol : Partido Comunes), anciennement Force alternative rĂ©volutionnaire commune (espagnol : Fuerza Alternativa Revolucionaria del ComĂșn, FARC), est un parti politique colombien fondĂ© en 2017 par l'ex-guĂ©rilla des Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie (FARC)[3].

Communs
(es) Comunes
Image illustrative de l’article Communs (Colombie)
Logotype officiel.
Présentation
Chef Rodrigo Londoño Echeverri
Fondation
LĂ©galisation
Organisation féminine et LGBT Farianas y Diversidad
Positionnement Gauche Ă  gauche radicale
Idéologie Marxisme-léninisme[1]
Communisme
Bolivarisme
Affiliation internationale Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers[2]
Couleurs
Rouge, blanc et vert
Site web Comunes
Représentation
Députés
5 / 172
SĂ©nateurs
5 / 108

Histoire

Antécédents

Le , Ă  Oslo, des dĂ©lĂ©guĂ©s des FARC et du gouvernement donnent une confĂ©rence de presse commune marquant le dĂ©but de nĂ©gociations qui ont lieu dans un premier temps dans la capitale norvĂ©gienne, puis par la suite Ă  La Havane, avec comme pays garants du processus la NorvĂšge et Cuba. Ces pourparlers qui, sur refus du gouvernement, se tiennent sans mise en place d'un cessez-le-feu sur le terrain, ont pour objectif de permettre la fin du conflit armĂ©[4]. Un accord complet est finalement trouvĂ© le 24 aoĂ»t 2016, dont la ratification est soumise au peuple le suivant par rĂ©fĂ©rendum[5]. Mais, Ă  cette occasion, la majoritĂ© des votants (50,21 %) s'exprime contre « la paix avec la guĂ©rilla des FARC »[6]. Le , Ă  la suite d'un « dialogue national » notamment avec les partisans du non, le gouvernement colombien et les FARC signent un nouvel accord de paix Ă  La Havane[7]. Ainsi, selon un communiquĂ©, « le texte prend en compte les prĂ©cisions et les propositions suggĂ©rĂ©es par les secteurs les plus divers de la sociĂ©tĂ© »[7]. MalgrĂ© l'opposition, le nouvel accord de paix est signĂ© le , au thĂ©Ăątre CristĂłbal ColĂłn de Bogota, entre le gouvernement et les FARC[8].

Création

À partir du , quelque 1 200 ex-guĂ©rillos des Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie (FARC) se rĂ©unissent en congrĂšs pour prĂ©parer leur entrĂ©e en politique et dĂ©finir le nom, les statuts et les candidats du nouveau parti pour les Ă©lections de 2018[9], Ă  savoir les lĂ©gislatives en mars et la prĂ©sidentielle en mai[10]. Le congrĂšs a lieu au Centro de Convenciones Gonzalo JimĂ©nez de Quesada de Bogota[11]. Le , l'ex-guĂ©rilla choisit son nouveau nom qui symbolise sa reconversion en parti politique lĂ©gal[9]. Elle dĂ©cide de n'abandonner ni son acronyme ni son identitĂ© rĂ©volutionnaire[9]. En effet, la dĂ©cision de conserver l'acronyme FARC, sous la nouvelle signification Fuerza Alternativa Revolucionaria del ComĂșn (Force alternative rĂ©volutionnaire commune), a Ă©tĂ© votĂ©e par 628 dĂ©lĂ©guĂ©s contre 264 en faveur de Nueva Colombia (Nouvelle Colombie)[9]. Les dĂ©lĂ©guĂ©s les plus attachĂ©s Ă  leur identitĂ© rĂ©volutionnaire passĂ©e, menĂ©s par IvĂĄn MĂĄrquez l'emportent ainsi sur les partisans d'une refondation radicale, comme Rodrigo Londoño[10]. Cependant, le dĂ©bat a Ă©tĂ© vif, plusieurs participants s'inquiĂ©tant des inconvĂ©nients Ă  conserver le sigle FARC, compte tenu de l'image de la guĂ©rilla auprĂšs du public[12]. Par ailleurs, lors d'un sondage prĂ©alable lancĂ© par Londoño sur Twitter, la proposition Nueva Colombia l'avait emportĂ© avec 36 % des 10 387 votes[9]. Selon le sociologue et anthropologue FabiĂĄn Sanabria, « ils gardent le mĂȘme sigle parce qu'ils veulent conserver leurs bastions paysans », mais « c'est consternant » car « les gens attendaient autre chose, (
) cela ne va pas les rapprocher des classes moyennes, ni de la population urbaine »[9].

De plus, lors du congrĂšs, la FARC choisit son emblĂšme : une rose rouge ornĂ©e d'une Ă©toile en son centre, au-dessus du sigle FARC inscrit en lettres vertes[9]. Mais, le logotype est sujet Ă  polĂ©mique, une clinique colombienne d'Envigado revendiquant cette mĂȘme image de fleur[12]. Les Farc se dĂ©fendent alors, en expliquant avoir pris ce logo auprĂšs de la banque d'images Shutterstock, aprĂšs s'ĂȘtre acquittĂ©es des droits[12]. Le nouveau parti politique « rĂ©volutionnaire » est prĂ©sentĂ© publiquement le sur la place BolĂ­var de Bogota par Londoño qui dĂ©clare Ă  cette occasion : « Nous laissons les armes pour faire de la politique par des voies pacifiques et lĂ©gales, nous voulons construire avec vous tous et toutes un pays diffĂ©rent »[13].

Durant le congrĂšs fondateur de la FARC, il est dĂ©cidĂ© que les chefs de l'ex-guĂ©rilla restent en place, Ă  savoir les 71 membres de l'ancien Ă©tat-major et Rodrigo Londoño qui est maintenu comme chef suprĂȘme[14]. De plus, la direction nationale du mouvement, qui sera un organe de dĂ©cision Ă  caractĂšre collectif, est Ă©largie afin d'intĂ©grer des reprĂ©sentants du parti communiste clandestin et de communautĂ©s ethniques[14]. Parmi les 111 personnes Ă©lues pour la premiĂšre fois Ă  la suite d'un vote dĂ©mocratique, on dĂ©nombre 26 femmes et 10 civils[15]. C'est IvĂĄn MĂĄrquez qui remporte le plus de voix (888), devant Pablo Catatumbo (es) (866) et JesĂșs Santrich (835)[15]. La femme remportant le plus de suffrages lors de ce congrĂšs est Criselda Lobo Silva, la veuve de Manuel Marulanda VĂ©lez, avec 802 voix[15].

Un nouveau nom de parti

Le parti change de nom à l'issue de son second congrÚs, le , afin de rompre avec l'image combattante à laquelle l'acronyme renvoie[16]. Il se nomme désormais Comunes, le parti des communs[16]. Ce nom fait référence à l'histoire colombienne de la révolte des Comuneros contre la couronne espagnole en 1781, aux biens communs ou encore aux « gens du commun »[17]. Au-delà de la symbolique, ce changement reflÚte les difficultés rencontrées par les ex-guerilleros, telles que les violences auxquelles ils sont exposés, depuis la signature de l'accord de paix[17].

RĂ©sultats Ă©lectoraux

La FARC annonce le ses candidats aux principaux postes Ă  pourvoir lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2018. Rodrigo Londoño sera candidat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique sur un ticket avec Imelda Daza, membre de l'organisation Voces de paz. La tĂȘte de liste pour le SĂ©nat sera IvĂĄn MĂĄrquez (Luciano MarĂ­n selon son nom d'Ă©tat-civil). Sur la liste sĂ©natoriale, on trouve Ă©galement Pablo Catatumbo (es) (Jorge Torres Victoria), Carlos Antonio Lozada (es) (JuliĂĄn Gallo Cubillos), Victoria Sandino (Judith Simanca Herrera) et Sandra RamĂ­rez (Criselda Lobo Silva), veuve de Manuel Marulanda VĂ©lez. Les candidats Ă  l'AssemblĂ©e incluent Olmedo Ruiz (Omar de JesĂșs Restrepo Correa), JesĂșs Santrich (es) (Seusis Pausias HernĂĄndez Solarte), Jairo Quintero (Reinaldo Cala SuĂĄrez), Marco LeĂłn CalarcĂĄ (Luis Alberto AlbĂĄn Burbano) et Byron Yepes (Jairo GonzĂĄlez Mora). Ces candidatures n'auront une valeur lĂ©gale que lorsque le cadre lĂ©gislatif relatif au chapitre des accords de La Havane portant sur la justice et sur la participation politique aura Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©[18].

Outre la dĂ©fense de l’accord de paix, leur programme met l’accent sur la lutte contre la corruption et les inĂ©galitĂ©s, ou encore une rĂ©forme du systĂšme de santĂ© et des retraites, voulant dĂ©fendre les plus dĂ©favorisĂ©s[19]. Parmi les mesures proposĂ©es figurent la gratuitĂ© des Ă©tudes universitaires, une meilleure assurance maladie (financĂ©e par des impĂŽts pour les plus riches), la construction de routes et de lignes Ă©lectriques dans les campagnes, ainsi que le financement de la recherche scientifique[20].

La FARC est exposĂ©e Ă  la rĂ©pression des groupes paramilitaires. Au 25 juin 2018, 63 anciens combattants ont Ă©tĂ© assassinĂ©s depuis la transition de la guĂ©rilla en parti politique[21]. Rodrigo Londoño est par ailleurs contraint d’interrompre sa campagne en raison des violences lors de ses dĂ©placements, que son parti attribue Ă  des agitateurs proches de l’ex-prĂ©sident Álvaro Uribe. Il retire par la suite sa candidature, laquelle Ă©tait essentiellement symbolique et visait Ă  montrer Ă  l'opinion publique le 'nouveau visage' des FARC, alors qu'il recueillait selon les sondages 2 % des intentions de vote. « Ils ont littĂ©ralement Ă©tĂ© sortis de la place publique », selon le spĂ©cialiste du conflit Ariel Ávila[19].

Des représentants du parti sont invités au Forum de São Paulo en 2018 mais la justice colombienne leur interdit de s'y rendre[22].

L'ancien guérillero Julian Conrado est élu maire de la municipalité de Turbaco (76 000 habitants) à l'issue des élections municipales de 2019[23]. Le siÚge du parti à Bogotå fut frappé par un attentat durant la campagne électorale[24].

Notes et références

  1. (es) « AtenciĂłn! Estos son los estatutos de la Fuerza Alternativa Revolucionaria del ComĂșn »
  2. (en) IMCWP, « Communist and Workers' Parties », sur IMCWP (consulté le )
  3. « En Colombie, les Farc deviennent le parti Force alternative révolutionnaire commune », sur Le HuffPost, (consulté le )
  4. (es) « Gobierno y FARC en Oslo: golpe de realidad », Semana,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. (es) « 'Acuerdo cerrarĂĄ capĂ­tulo de la guerra y abrirĂĄ el de la paz': Santos », El Tiempo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. « Les Colombiens rejettent de peu l'accord de paix avec les Farc », France Info,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. Marie Delcas, « En Colombie , acte II de la paix avec les FARC », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. Marie Delcas, « Le nouvel accord de paix avec les FARC signĂ© en Colombie », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. « En Colombie, l’ex-guĂ©rilla des FARC lance son parti », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. Anne Proenza, « En Colombie, l'ex-guĂ©rilla se convertit Ă  la politique », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. (es) Salud HernĂĄndez-Mora, « Las FARC inician su congreso polĂ­tico en el corazĂłn de BogotĂĄ », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  12. (es) « 'Fuerza Alternativa Revolucionaria del ComĂșn', el nuevo nombre de las Farc », El Espectador,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. « Colombie : les Farc entrent en politique en demandant pardon », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. « Colombie : l'ex-guĂ©rilla des FARC devient un parti politique », Sud Ouest,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  15. (es) Gloria CastrillĂłn, « Esta es la direcciĂłn del nuevo partido polĂ­tico de las Farc », El Espectador,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. AFP, « En Colombie, la FARC devient le Parti des Communs », Le Temps,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  17. Anne Proenza, « En Colombie, les Farc font peau neuve », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  18. Farc anunciĂł su lista de candidatos para elecciones de 2018, El Tiempo,
  19. Pascale Mariani, « Colombie: l’ex-guĂ©rilla des Farc intĂšgre avec difficultĂ© le jeu Ă©lectoral », sur Mediapart,
  20. « Les Farc lancent leur premiĂšre campagne Ă©lectorale en Colombie », Boursorama,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  21. « Qui a trahi le camp de la paix en Colombie ? - Maurice Lemoine », sur www.medelu.org,
  22. « La voix dissonante du Forum de São Paulo - Maurice Lemoine », sur www.medelu.org,
  23. « Colombie : Claudia Lopez, premiÚre femme élue maire de Bogotå », sur Les Echos,
  24. « Colombie: des partis politiques de gauche dénoncent des attaques contre leurs siÚges », sur Le Figaro.fr,
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