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Commentaire loyal

En common law, le concept de commentaire loyal (fair comment) est un moyen de défense à une allégation de diffamation.

Droit québécois

Application historique au Québec avant 2002

D'aprĂšs l'arrĂȘt Lebrun c. Harel[1], il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© qu'un commentaire loyal sur une question d'intĂ©rĂȘt public ou qui est soumise Ă  l'intĂ©rĂȘt du public ne constitue pas de la diffamation parce que le dĂ©fendeur est en train de donner son opinion sur un enjeu d'intĂ©rĂȘt public.

Les auteurs Duncan et Neill [2] définissent ainsi la défense de commentaire loyal :

a) il doit s'agir d'une affaire d'intĂ©rĂȘt public;
b) le commentaire doit s'appuyer sur des faits;
c) le commentaire doit ĂȘtre clairement reconnaissable;
d) le commentaire doit rencontrer le test objectif.

Cette notion de commentaire loyal est ce qui a entraĂźnĂ© le rejet de la poursuite dans l'affaire Michaud c. Angenot[3], l'une des poursuites intentĂ©es dans le cadre de l'affaire Yves Michaud. La Cour d'appel a rĂ©visĂ© la dĂ©cision en rejetant l'argument de commentaire loyal sur le fondement de l'arrĂȘt Prud'homme qui venait tout juste d'ĂȘtre rendu et dont le juge de premiĂšre instance n'avait pas encore connaissance. Toutefois, elle rejette Ă©galement l'appel sur le fondement que le dĂ©fendeur n'a pas commis de faute.

Refus d'application depuis 2002

Dans l'arrĂȘt Prud'homme c. Prud'homme[4] de 2002, la Cour suprĂȘme rejette l'application de la dĂ©fense de commentaire loyal en droit quĂ©bĂ©cois.

« Son importation en droit civil est non seulement injustifiĂ©e, mais aussi inutile. Les rĂšgles du rĂ©gime de la responsabilitĂ© civile prĂ©voient en effet que le dĂ©fendeur peut faire valoir toutes les circonstances qui tendent Ă  nier l’existence d’une faute. Dans la mesure oĂč les critĂšres de la dĂ©fense de commentaire loyal et honnĂȘte sont autant de circonstances Ă  prendre en considĂ©ration dans l’apprĂ©ciation de l’existence d’une faute, ils font partie intĂ©grante du droit civil quĂ©bĂ©cois. »

Cela dit, les juges qui rejettent son application pure et simple considĂšrent tout de mĂȘme que la rĂšgle peut fournir des repĂšres utiles pour analyser un dossier de diffamation [5] - [6]. Vu Ă  la lumiĂšre de l'arrĂȘt Prud'homme, un dĂ©fendeur qui sur le plan des faits plaiderait avoir fait un simple commentaire sur l'actualitĂ© serait en rĂ©alitĂ© en train de plaider un vĂ©ritable argument de droit civil dont le nom exact est l'absence de faute, et la grille d'analyse des critĂšres du commentaire loyal pourrait ĂȘtre utile Ă  apprĂ©cier la valeur de cet argument d'absence de faute.

En outre, la notion de commentaire loyal présente des similitudes avec la bonne foi journalistique du droit français. Bien que la bonne foi journalistique n'est pas codifiée en droit québécois, la notion générale de bonne foi l'est, à l'article 6 du Code civil du Québec[7]. Il demeure que la bonne foi journalistique n'est pas expressément codifiée.

Sous le régime du Code civil du Bas-Canada, le recours supplétif aux rÚgles du droit anglais et du droit français était accepté en cas de silence de la loi[8], mais depuis l'adoption du nouveau Code civil du Québec en 1994, les juges se fient plutÎt aux principes de la disposition préliminaire du Code civil, laquelle énonce que le Code établit le droit commun de façon expresse ou implicite.

Notes et références

  1. 98BE-1198)
  2. Colin Duncan and Brian Neill,Defamation, 2d ed, London: Butterswoth, 1983
  3. [2002] RJQ 1771
  4. [2002] 4 RCS 663
  5. La Me Karim Renno. défense de commentaire loyal ne s'applique pas en droit québécois, sauf que...
  6. Plante c. Société Radio Canada, 2011 QCCS 437
  7. Code civil du Québec, RLRQ c CCQ-1991, art 6, <https://canlii.ca/t/1b6h#art6>, consulté le 2021-03-01
  8. J.-L. Baudouin, « L'interprĂ©tation du code civil quĂ©bĂ©cois par la Cour suprĂȘme du Canada » (1975) 53 R. du B. can. 715 Ă  la p. 732 et s.
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