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Commande desmodromique

Une commande desmodromique est un dispositif mécanique de commande — par exemple des soupapes — qui réalise la fermeture de celles-ci sans ressort de rappel. Le terme « desmodromique » est issu des deux mots grecs : « desmos » (« lien ») et « dromos » (« course »)[1].

L'adjectif « desmodromique » s'applique de façon générale à des dispositifs mécaniques où la fonction de rappel utilise une commande active. Par exemple, beaucoup de motos sont équipées d'une commande d'accélérateur sur laquelle un deuxième câble permet de couper activement les gaz au cas où le ressort de rappel des carburateurs lâcherait, ou si un grippage du câble d'accélération résistait davantage que la force du ressort de rappel. On parle alors de commande de gaz desmodromique.

Principe

Distribution desmodromique Ducati ; Ă  noter le culbuteur de rappel sous la queue de soupape.

Sur un moteur quatre-temps, Ă  6 000 tr/min, chaque soupape doit s'ouvrir et se fermer cinquante fois par seconde. Si la raideur du ressort chargĂ© de la fermeture de la soupape est trop faible, les spires ne peuvent pas se dĂ©tendre suffisamment vite et assurer la fermeture dans les temps. Ne remplissant plus leur rĂ´le, celles-ci se dĂ©synchronisent. Ce dĂ©calage se traduit par un rebondissement du poussoir qui vient heurter l'arbre Ă  cames qui, dans l'intervalle de temps nĂ©cessaire Ă  la dĂ©tente du ressort, a tournĂ©[2] De plus, Ă  chaque ouverture, la force exercĂ©e par l'arbre Ă  cames (directement ou indirectement) pour comprimer le ressort n'est pas intĂ©gralement « rĂ©cupĂ©rĂ©e » lors de sa dĂ©tente. Il y a lĂ  une source importante de perte de rendement.

Avec une commande desmodromique des soupapes sur les moteurs Ă  combustion interne, non seulement l'ouverture des soupapes est commandĂ©e par un culbuteur, mais aussi la commande de fermeture, contrairement Ă  la distribution classique qui fait appel Ă  un ou plusieurs ressorts pour l'opĂ©ration de fermeture. Du fait que le rappel de la soupape est contrĂ´lĂ© de façon « positive Â», il n'y a plus de danger que la soupape reste enfoncĂ©e trop longtemps : on Ă©vite ainsi l'affolement de soupapes.

Histoire

Dans la réalisation d'un moteur automobile, les phases d'admission et d'échappement étaient les phases les plus complexes à traiter pour les ingénieurs. Diverses solutions ont été mises au point : soupapes à tiroir, soupapes automatiques à disques obturateurs, etc.. Ces systèmes présentaient tous le désavantage de ne pouvoir atteindre des régimes élevés. De ce fait, ils furent rapidement abandonnés et ne sont plus aujourd'hui utilisés que sur des moteurs très lents (marine ou pompes mécaniques à essence) ou sur certains moteurs à deux temps (clapet)[2].

Dans un moteur classique, chaque soupape doit s'ouvrir et se fermer entre environ 25 fois et 50 fois par seconde (3 000-6 000 tr/min). La fermeture est confiĂ©e Ă  un ressort de rappel. Si le temps laissĂ© pour que le ressort passe de sa phase de compression Ă  sa phase de dĂ©tente n'est pas suffisant, la soupape ne se referme ou ne s'ouvre pas Ă  temps, le rĂ©gime moteur maximal s'en trouve donc limitĂ© car il devient alors inefficace, une casse moteur peut mĂŞme survenir.

La commande desmodromique, permettant notamment d'atteindre des rĂ©gimes supĂ©rieurs Ă  10 000 tr/min, fut alors imaginĂ©e par les ingĂ©nieurs : l'invention fut brevetĂ©e, le , par le Parisien Claude Bonjour[3]. La première tentative de commande desmodromique date de 1910. Elle fut installĂ©e sur le moteur d'une Arnott, un modèle anglais et utilisait le principe de la came Ă  rainure[4].

  • Dès 1912, Peugeot s'intĂ©ressa au système et opta pour une came tournant dans un cadre.
  • En 1914, Delage entreprit Ă©galement la fabrication d'un moteur oĂą levĂ©e et fermeture Ă©taient assurĂ©es par une double came.
  • En 1916, Isotta Fraschini s'engagea dans cette voie et dĂ©veloppa des moteurs desmodromiques « mixtes » (le ressort existait toujours mais son mouvement Ă©tait contraint par un asservissement mĂ©canique). Ces moteurs Ă©taient essentiellement destinĂ©s Ă  l'aĂ©ronautique naissante[5].
  • A partir de 1921, Salmson dĂ©veloppa un petit moteur 4-cylindres (1 086 cm3) Ă  commande desmodromique. Grâce Ă  la conception d'Emile Petit, ingĂ©nieur Arts-et-MĂ©tiers, ce moteur beaucoup plus performant remporta de très nombreux succès en compĂ©tition, Ă  commencer par Le Mans en 1921.

La mise en place du système desmodromique, très complexe, mit un terme à son utilisation dans les années 1930. Il fallut attendre 1954 pour le voir réapparaître. La première firme à se lancer à nouveau dans l'aventure fut Mercedes-Benz qui équipa ses Formule 1 et son modèle 300 SLR de deux systèmes desmodromiques. Tous deux faisaient appel à une double came, mais l'un utilisait un basculeur à levier, l'autre un basculeur à pincette. Cette technique a été utilisée également par la firme O.S.C.A. appartenant aux frères Maserati sur la barquette 2000 Desmodrimico présentée en 1960.

Finalement, cette technologie est restée rare. Elle présentait un avantage certain à une époque où les aciers employés pour les ressorts étaient de moyenne qualité, afin d'éviter l'affolement des ressorts qui limitait le régime moteur. Cependant, elle est plus complexe, car elle met en jeu plus d'éléments mécaniques. Les nombreux frottements entre les pièces limitent le gain et nécessitent évidemment une lubrification de haute qualité. Son coût est également important, ce qui a pour conséquence une production en série marginale. Du fait que l'affolement de soupapes est également dû à des phénomènes vibratoires dans le ressort, on le combat le plus souvent en montant deux ressorts de diamètres différents, qui ont donc un régime d'affolement différent, pour chaque soupape.

Le constructeur Ducati est l'un des seuls à l'employer sur ses modèles : c'est sa marque de fabrique.

Notes et références

  1. La commande desmodromique, Histomobile
  2. Technique : La commande desmodromique, p. 1, MotorLegend.com
  3. (it) Carlo Perelli, « Desmo story », dans Motociclismo d'Epoca, , Edisport, Milan, p. 106
  4. Technique : La commande desmodromique, p. 2, MotorLegend.com
  5. Technique : La commande desmodromique, p. 3, MotorLegend.com

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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